N°17. Jeudi,
27 Février 1890.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
La chèvre et le chou.
Le gouvernement clérical
et les fermiers.
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PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
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Courtrai, 5-30 8-20 9-58 - 11-16 2-43 5-20
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Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-58 11-162-41 5-20.
Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
Y PRES-FURNES
S-00 8-10 11-10 1-40 3-00 6-55.
FURNES-YPRES.
5-40 7-35 10-20 11-30 3-04
L'affaire du duc d'Orléans n'est pas seulement
terminée, mais il parait qu'elle s'est compliquée
depuis Samedi.
Et ce sont encore une fois les boulangistes qui
ont aggravé la chose, en cherchant en tirer
parti leur profit.
Voici comment
C'était Samedi, comme on sait, qu'expiraient
les délais d'appel. Au coucher du soleil, le jeune
duc d'Orléans ne s'étant pas pourvu ên appel, la
condamnation devenait définitive, et c'était alors
au gouvernement de décider s'il la ferait exécu
ter effectivement ou s'il renverrait le jeune
délinquant la frontière, après l'avoir admo
nesté sévèrement.
Dans la matinée de Samedi, le conseil des
ministres s'était réuni. Il était naturel de suppo
ser qu'il s'était occupé de la question et qu une
mesure, dans un sens ou dans un autre, avait
été soumise la signature du président de la
République.
Tout portait croire qu'on se prononcerait
pour le renvoi pur et simple, par les-voies les
plus rapides, du jeune prince la frontière. Les
sentiments bien connus du chef de l'Etat et de
la majorité des membres du conseil ne laissaient
pas de doute ce sujet. C'était, du reste, la
solution la plus logique qu'il y eût donner
cette équipée.
Ce que sachant, les boulangistes imaginèrent
de saisir l'occasion pour demander la Chambre
de voter aussi l'amnistie pour le général et ses
amis condamnés par la haute cour de justice.
Et, le bruit s'en étant répandu dans les cou
loirs du Palais-Bourbon, Samedi, avant l'heure
de la séance, M. Maujan, député du dixième
arrondissement de Paris, résolut de présenter
aussi une proposition de loi d'amnistie pour les
grévistes condamnés.
Plus correct que les boulangistes, qui vou
laient faire de leur proposition un coup de sur
prise, M. Maujan prévint le gouvernement de
son intention Si le cabinet met en liberté le
duc d'Orléans, nous demandons la mise en liberté
des grévistes.
A quoi M. Tirard a répondu qu'aucune déci
sion n'avait été prise en ce qui concernait le duc
d'Orléans. Sur quoi la conspiration boulangiste
n'eut pas l'occasion de se manifester, la Cham
bre n ayant pas s'occuper d'une décision qui
n'existait pas.
Mais l'intention des députés les républi
cains d'une part, les monarchistes de l'autre
était assez nettement manifestée pour que le
gouvernement fut averti qu'une mesure de grâce
provoquerait un tumulte parlementaire, dans
un sens ou dans un autre, peut-être dans les
deux en même temps.
Et M. Tirard, le chef du cabinet, est allé
trouver M. Carnot, le président de la Républi
que, pour lui expliquer que, dans la disposition
d'esprit que manifestait la Chambre, il n'y avait
pas moyen de mettre en liberté, quelque inten
tion qu'on en eût, le fils du comte de Paris.
Quoiqu'il fût maître de maintenir l'exercice
de sa prérogative présidentielle ou d'y renoncer,
M. Carnot comprit qu'il ne pouvait pas donner
suite son projet, pour le moment du moins.
Aussi s'est-il résigné laisser la justice suivre
son cours.
M. Tirard s'est alors rendu auprès du ministre
de l'intérieur, auquel il a fait part du résultat de
son entrevue avec le président de la République.
Il a été alors décidé que M. Constans, dans le
département ministériel duquel se trouvent les
services pénitentiaires, était chargé de faire
exécuter le jugement du tribunal correctionnel.
Notons, en passant, ceci, qui n'est pas géné
ralement connu en Belgique, c'est que, en
France, du moment qu'un individu est condam
né, il cesse d'être sous la juridiction du minis
tère de la justice, pour appartenir au ministère
de l'intérieur, chargé du service des prisons.
C'est ce qui explique pourquoi les voitures cel
lulaires qu'on attelle parfois des trains de
chemin de fer en France portent pour inscrip
tion Ministère de l'intérieur.
C'est pour cela que M. Tirard est allé s'abou
cher avec M. Constans pour l'exécution du juge
ment devenu définitif.
On sait que le roi a de grandes sympathies
fiour le service personnel. Plusieurs fois déjà il
es a solennellement manifestées, et ses préoc
cupations l'endroit de la réforme militaire se
trahissent fréquemment jusqu'en ses moindres
discours.
Mais la majorité parlementaire, qui craint
pour ses sièges, ne veut pas du service person
nel.
Cette divergence de vues mettait le Gouver
nement dans une fausse positidn. Car si M.
fieernaert doit s'appuyer sur la majorité cléri
cale, il faut aussi qu'il ménage le Roi, qui a bien
des choses lui pardonner. De là des situations
désagréables et ae continuelles perplexités.
Notre Premier a cherché et trouvé le remède
ces cruels embarras. C'est une application
nouvelle de la recette de Ponce-Pilate. ou bien
plutôt encore la mise en action de la célébré
fable de La Fontaine
Je suis oiseau, voyez mes ailes
Je suis souris, vivent les rats.
Nous sommes partisans convaincus, a-t-il
dit la Chambre dans la séance du 11 Février,
de l'abolition du remplacement. Mais dire que
cette réforme fait partie de notre programme
de Gouvernement, c'est une légende. La majo
rité n'en veut pas, et nous sommes ici pour
servir la majorité. Si nous tenons nos con
victions, nous tenons encore plus nos porte
feuilles.
Deux langages divers, suivant qu'on s'a
dresse au Roi ou au Parlement. Au Roi Ion
dit Nous voulons avec vous le service per
sonnel. A la majorité Puisque vous ne
voulez pas du service personnel, c'est bon
nous ne songeons pas vous l'imposer. Au
Roi on laisse entendre que s'il ne tenait qu'au
Ministère le service personnel serait décrété de
main la maj'orité cléricale on déclare qu'on
ne proposera le service personnel que quand
elle s'y sera ralliée.
Voilà bien, n'est-ce pas, l'art de ménager la
chèvre et le chou.
Mais où est la chèvre, où est le chou
Pour le quart d'heure, il apparaît clairement
que la chèvre est au Palais de la nation et le
chou l'autre Palais.
La chèvre cléricale mange le chou royal.
D'un métal si précieux on connait la magi
que puissance. Aussi il faut voir avec quel
mépris nos bons cléricaux traitent ceux qui ne
possèdent pas le nerf de la guerre. Basile s'en
tend merveille sur ce point avec Figaro. Il
croit aux arguments irrésistibles et ne croit
)asaux élans du patriotisme, tout se réduit
>our lui une question, non pas de gros sous
loin des rouges Iiards, c'est avec de l'or qu'on
achète les consciences politiques, fabriquées en
caoutchouc. Elles fondent souvent comme les
ailes d Icare au soleil de Juin.
Le gouvernement clérical s'est posé en toutes
circonstances comme le sauveur et le défenseur
de l'agriculture.
Il lui a toujours manifesté en paroles le plus
vif intérêt. Rarement les faits ont répondu aux
intentions bruyamment exprimées en temps
électoral surtout.
Une question intéresse vivement l'agricul
ture, c'est la durée des baux accordés aux fer
miers par les propriétaires fonciers.
Les agronomes les plus expérimentés sont
d'avis que le bail ordinaire de neuf ans est déjà
trop court, qu'il ne permet pas au cultivateur
de faire les transformations et améliorations in
dispensables la terre pour lui permettre de
LE PROGRÈS
i ,„.-n
Heures de départ cê'Ypres pour
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
6-20.
Ypres, le 26 Février 1890.