M0 20. Dimanche, 50e ANNÉE. 9 Mars 1890 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Heures de départ cTYpres pour YPRES-FURNES. FURNES-YPRES. Ypbes, le 8 Mars 1890. Nous sommes enfin arrivés la solution. Il doit y avoir eu un soulagement universel la Chambre des représentants. Après 32 séances le projet de loi sur les grades académiques a été admis mais nous devons nous attendre une répétition générale quand les diverses dispo sitions seront soumises aux délibérations du Sénat, vu que déjà ont surgi des réclamations de la part des professeurs de nos universités. A examiner le déluge d'amendements, qui ont été présentés et admis, on aurait pu suppo ser que nous nous serions trouvés en présence d'un travail parfait, que les nouvelles disposi tions allaient apporter de notables améliora tions en faveur des études supérieures. Il n'en sera point ainsi. Le gouvernement et ses adeptes n'ont eu qu'un seul but celui de favoriser d'une manière toute spéciale les éta blissements privés, savoir ceux de nos sei gneurs les évéques, les maîtres de la majorité parlementaire. Alors que M. Coremans a tout pu obtenir en faveur de l'enseignement de la langue flamande dans les établissements de l'Etat, ce contraire ment l'avis de bien de personnes compéten tes et de beaucoup de pères de famille, nous avons vu tous les collèges du clergé se refuser au nouveau système et ne point vouloir ad mettre le nouveau régime scolaire. Ils conti nuent comme par le passé suivre un pro gramme calqué sur celui de l'Etat, tel qu'il existait avant les modifications de ces derniers temps. Comme résultat, les collèges épiscopaux ont vu augmenter le nombre de leurs élèves au détriment des établissements publics. C'était là le but atteindre. L'appui donné par la droite l'homme aux. ciseaux n'avait aucune autre raison. De notre affirmation les preuves abondent. La plus péremploire est celle qui a surgi pendant la discussion du projet de loi sur les grades académiques la séance du 14 Janvier dernier. M. Coremans, qui avait sans doute oublié que la collation des grades académiques touche au cœur les collèges épiscopaux, avait proposé d'ajouter l'article 11 un paragraphe obligeant tous les établissements d'instruction, sans excep tion, de donner des cours en langue flamande. Mal lui en prit. Combattu immédiatement par le ministre M. Devolder, M. Woeste eut soin de faire résonner la trompette épiscopale sous prétexte que pareille disposition porterait une atteinte une de nos précieuses libertés constitutionnelles en matière d'enseignement. Ce qui prouve que les mandataires de nos évé ques ont deux poids et deux mesures. Ils font précisément le contraire pour les établisse ments de l'Etat de ce qu'ils veulent pour leurs propres collèges. Ce spectacle est édifiant et le résultat que désirent obtenir nos maîtres reçoit une nouvelle consécration. Il ne peut exister sur ce point le moindre doute. Qu'on en juge On vient de mettre sous nos yeux une petite brochure, rédigée en langue flamande, dans laquelle on fait un appel aux pères de famille flamands pour les engager exprimer un très humble vœu auprès de Monseigneur Faict, afin qu'il plaise Sa Grandeur de vouloir bien faire donner tant en flamand qu'en français l'instruction fournie par les établissements pla cés sous sa haute direction. Point d'arrogance ici. On n'exige rien. On s'humilie. On dépose toute dignité humaine pour se prosterner devant une autorité ecclé siastique afin que la langue flamande ne con tinue pas être complètement mise hors d'usage comme par le passé. Parmi les fiers Sicambres, qui ont mis leur nom au bas de cette humiliante supplique, nous avons trouvé deux de nos concitoyens, M. Sobry, avocat, et M. Vanraes, docteur en médecine. Pas le moindre doute que Monseigneur Faict ne fasse cette supplique le même accueil 2u'a fait M. Woeste l'amendement de M. oreinans, qui, repentant et contrit, s'est em- Jressé de le retirer. 11 est prévoir aussi que es promoteurs de la brochure, pour le bon- îeur de la Flandre chrétienne, feront de même. 1s s'arrêteront leur première escapade. Ils savent qu'à la moindre velléité de résistance il leur serait enjoint un ordre de ne plus s'occu per de choses dont l'évêque est seul compétent et maître souverain. Il n'est permis aux esclaves de l'Eglise, que de crier: vive le flamand pour les établisse ments de l'Etat mais bas le flamand pour les collèges des évêquesl C'est très joli et très édifiant I Au tour du Sénat maintenant discuter la loi sur les grades académiques. Nous osons espérer que les affaires marcheront là plus ex- péditivement et non moins bien pour cela qu'à la Chambre des représentants. Car chez ceux- ci, il faut bien en convenir, le gâchis est lamen table. C'est désespérer du régime parlemen taire. Heureusement que cela ne se voit que sous une majorité catholique, chez ces mêmes hommes qui promettent monts et merveilles quand ils sont dans l'opposition et qui, au pouvoir, donnent le spectacle le plus affligeant de leur impuissance. Ce que la loi sur les prud'hommes et celle sur les grades académiques ont mangé d'argent au pays, on l'a calculé, c'est ruineux, et tout cela pour aboutir un amalgame de disposi tions insignifiantes ou mauvaises, c'est-à-dire sans apporter l étal de choses existant aucune amélioration, aucun progrès. Les projets de lois élaborés avec une certaine maturité, reçoivent la Chambre des mutilations, des altérations qui les rendent méconnaissables et qui font regretter l'ancienne loi disparue. Comment en serait-il autrement Nos honorables, brûlant du désir de faire parler d'eux dans leurs districts respectifs, croiraient passer inaperçus s'ils n'apportaient leur petit amendement. Sans préparation aucune, ne s'étant pas même donné la peine d'étudier la question, au milieu de la discussion, ils jettent leur petit boniment, parce qu'il faut absolument qu'on parle d'eux. Un représentant qui n'est pas intervenu dans une discussion, cela se conçoit-il 11 faut donc tout prix que le nom de Mr X soit cité. La facilité des communications des chemins de fer y est pour beaucoup dans cette ma nie parlotière. Autrefois le représentant se rendait Bruxelles, avec son coflre, bourré de ses plus beaux habits, il s'installait l'hôtel ou dans un garni et ne quittait la capitale que de loin en loin. Il était ses occupations pour lesquelles le corps électoral l'avait élu. Il pre nait une part assidue aux travaux des sections il étudiait, il travaillait, il prenait son mandat au sérieux et se mettait au courant des ques tions l'ordre du jour. Aujourd'hui il en va tout autrement. M. le représentant prend le train qui l'amène dans la capitale vers les deux heures de l'après-midi; tout essoufflé, il se jette sur la ba- zane et, peine a-t-il repris haleine, le voilà avec son amendement. L'honneur est sauf pour ce jour.A cinq heures,il reprend le train, rentre chez lui, n'a plus d'autres soucis que ses plai sirs ou ses petites affaires, s'endort et, le lende main, reprend le train comme la veille ou ne le reprend pas pendant quelquesjourspour repa raître la Chambre quand cela lui fera plaisir. La Chambre est plus ou moins en nombre, très souvent ne l'est pas et cela s'appelle une session parlementaire. Affaires mal digérées, mal com prises, hâtivement bâclées, voilà l'œuvre de nos mandataires selon le cœur de nos seigneurs les évéques. Et la nation assiste ce spectacle en murmurant, et demain elle n'émettra pas un vote pour balayer ces gâcheurs de lois I D'après une déclaration faite par M. Delvaux l'Association Libérale d'Anvers, il ressort que sur 63 nominations faites dans l'ordre judi ciaire, il y en a 60 de cléricales. LE PROGRÈS 4 VIRES ACQCIRIT EUKDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles. Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 4-00 6-42 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00 6-42 6-05. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. Comines, 5-30 7-55 8-20 - 9-58 10-03 11-16 2-43 - 2-54 5-20 7-50 8-55. Comines-Armentières, 5-30 11-16—2-545-20—8-55 Roulers, 7-45 10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42 Langemarck-Ostende, 4-30 (Gortemarck) 7-18 9-57 -12-17 3-56—6-21. Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20 7-50 8-55. (Dép. de Comines Courtrai 9-35.) Courlrai-Bruxelles, 5-30—9-58—11-16—2-41 5-20. Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. 5-00 8-10 11-10 1-40 3-00 6-55. 5-40 7-3» TO-20 11-30 3-04 6-20.

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 1