N° 21. Jeudi,
15 Mars 1890.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
La séance de la Chambre.
Au Sénat.
Devoir et félicitations.
*-»■■■■■■■■■■■■■■■■■■■——P—MP—
50e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQCIRIT EUNDO.
Heures de départ d'Ypres pour
YPRES-FURNES.
5-00 8-10 11-10 1-40 3-00
FURNES-YPRES.
Nous faisions l'autre jour l'énumération des
chefs de cabinet qui, dans les grands pays d'Eu
rope, avaient donné ou allaient donner leur dé
mission. Un nouveau nom vient de s'ajouter
cette liste, où figuraient M. Constans, lord Salis-
bury, le prince de Bismarck et M. Tisza. Ce nom
est celui de M. Crispi, le premier ministre
d'Italie.
Voici dans quelles circonstances il signor
Crispi a été amené envoyer sa démission au
roi Humbert
Il y avait Samedi séance la Chambre des
députés, Rome. Un membre de cette assem
blée, M. Imbriani, interpellait le ministre, et
l'attaquait avec une grande violence de langage.
A un certain moment, il s'emporta jusqu'à dire
que M. Crispi avait usé de jésuitisme son
égard.
M. Crispi s'attendait sans doute ce que le
président de la Chambre, M. Biancheri, inter
vint pour rappeler l'orateur l'ordre. Mais, soit
que M. Biancheri n'eût pas entendu le mot. soit
qu'il n'y attachât pas le sens blessant que lui
attribuait le président du conseil, celui-ci se
leva et quitta la Chambre en disant haute voix:
Avec un pareil président, je ne reste pas ici.
Restez, vous autres, si vous voulez.
Le soir, il devait y avoir un grand dîner au
palais du Roi en l'honneur du ministre de Tur
quie. M. Crispi, peine sorti de la Chambre des
députés, écrivit au maître des cérémonies du
palais pour l'inviter prévenir le Roi que, par
suite d'un incident parlementaire il n'assis
terait pas le soir au dîner de la cour.
Et," immédiatement, M. Crispi convoqua ses
collègues en un grand conseil des ministres, qui
se prolongea pendant deux heures. Très irrité,
M. Crispi déclara ses collègues qu'il allait en
voyer sa démission au Roi et que, dans tous les
cas, il ne retournerait pas la Chambre des dé
putés, si M. Biancheri ne donnait pas sa démis
sion.
La question ainsi posée, il semblait que la
solution de l'incident s'indiquait de la façon la
plus simple et la plus naturelle. M. Biancheri
devait se retirer mais les choses n'ont pas mar
ché aussi facilement qu'on pouvait le croire.
M. Biancheri a beaucoup d'amis, et, dans la si
tuation actuelle, une crise présidentielle aurait
de très graves inconvénients et présenterait de
sérieuses difficultés.
Le Roi Humbert s'est interposé dans l'inten
tion d'amener un arrangement mais M. Crispi
n'a pas voulu céder. D'autre part, les paroles
(ju'il avait prononcées en quittant la Chambre
étaient extrêmement blessantes pour le prési
dent de la Chambre, lequel prétendait n'avoir
pas entendu le mot de M. Imbriani qui avait
motivé la sortie de M. Crispi. Et c'est lui qui, de
son côté, retournant la situation, déclare qu'il
donne sa démission de président si M. Crispi ne
retire pas les paroles offensantes dont il s'est
servi son égard.
Yoilà où en est la situation. Un correspondant
de Rome télégraphie
Dans le cas où la crise serait évitée et où
l'incident serait clos, du moins pour le moment,
la conduite de M. Crispi en cette circonstance
serait loin de rencontrer l'approbation générale.
On lui reproche d'avoir manqué de sang-froid.
C'est ce qui résulte évidemment des faits que
nous venons de faire connaître.
Suite de la discussion de plus en plus« géné
rale du budget de l'agriculture, de [industrie
et des travaux publics. Les orateurs succèdent
aux orateurs et les coq-à-lane aux coq-à-l'âne.
Cela fait un horrible mélange d'industrie et
d'agriculture confondues.
11 est question successivement du raccorde
ment du boulevard Léopold II, de l'élargisse
ment des chaussées de Wavre et de Tervueren,
des débordements du Maeibeek, des lignes de
tramway réclamées par la commued'Elterbeek,
du pont de Weyenbergh, de la prolongation de
l'avenue de la Reine, de la rectification de la
place Liedts, du déplacement de l'Ecole vétéri
naire et des voies de communications réclamées
par les communes de l'arrondissement de Bru
xelles. On se rend compte du caractère de gé
néralité d'un discours traitant de toutes ces
matières
Et le canal de Roulers Handzaeme, et le
pont réclamé par la commune de Melle, et les
aspirations de la Compagnie d'Anvers-Gand
qui tend pouvoir écarter sa voie et celles
de la Société d'agriculture d'Heyst-op-den-Berg
qui demande être érigée en Comice agricole,
et les plaintes des riverains de la Senne qui ne
peuvent plus établir d'écluses sans l'autorisation
de l'Etat, et la déplorable situation du canton
de Glabbeek qui est éloigné de toutes voies fer
rées, et l'abolition des barrières de Wandre et
Argenteau, voilà des choses pour lesquelles
la généralité des citoyens ne peut manquer de
se passionner 1
A noter cependant quelques matières d'inté
rêt un peu moins local. Ainsi l'on a réclamé
l'exécution de cartes agricoles détaillées et
grande échelle, l'achèvement des travaux de
canalisation de la Meuse en aval de Liège et
l'amélioration du régime de l'Ourthe, l'abais
sement du prix des analyses agricoles, des
indemnités qui fassent rentrer dans leurs frais
de fumure les cultivateurs qui arrivent au bout
de leurs baux, une modification de la loi de
1806 qui régit encore la police du roulage (on
ne peut transporter en été que 2,800 kilogram
mes sur une charrette quatre chevaux et
2,000 kilogrammes seulement en hiver, lorsque
les routes gelées sont transformées en véritables
monolithes!), l'interdiction de la chasse
courre dans 1er régions de petites plaines où les
propriétés sont morcelées et où les fermiers ont
la main forcée pour accorder des autorisations
de chasser sur leurs terres, qui leur occasion
nent de grands dommages; 1 appui du gouver
nement pour les caisses de prévoyance des ou
vriers mineurs.
L'une des réclamations qui reviennent le
plus fréquemment et l'une de celles qui offrent
un intérêt véritablement général, concerne
l'opposition systématique et ridicule que l'ad
ministration des Chemins de fer de l'Etat fait
la diffusion des chemins de fer vicinaux. Il est
incroyable que, de parti pris, cette administra
tion s'oppose par crainte de la concurrence
des abaissements de tarif et des établis
sements de lignes demandés de toute part, et
profitables tout le monde.
Il est remarquer qu'à peu près toutes les
questions qui ne sont pas d'intérêt purement
local ont été jusqu'à présent traitées par des
membres de la gauche. Les autres abstrac
tion faite des droits protecteurs se contentent
de parler des petites affaires de leurs arrondis
sements et de se tailler des réclames électorales.
Quelle majorité I
Du train dont vont les choses, nous sommes
condamnés la discussion perpétuité du
projet sur la collation des grades académiques.
Hier, le Sénat a voté un seul article, l'art. 5.
A l article 6, M. de Coninck a défendu un
amendement tendant exiger que deux cours
d'humanités seront donnés en flamand.
M. Dellafaille a également parlé en faveur
de l'amendement, qui a été combattu par MM.
d'Huart et Lammens.
La discussion de l'art. 6 continuera aujour
d'hui.
Le Sénat a adopté une convention interve
nue entre l'Etat et les hospices de Froidmont.
La sotte équipée du duc d'Orléans, mécon
naissant les lois de son pays sous prétexte de le
servir, a naturellement fait trépigner de joie
les cléricaux. Le Bien Publicdans son zèle
royaliste, va jusqu'à écrire
Pour les âmes vulgaires, si l'exil a des tris—
tesses, il offre des compensations, car en pri-
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Ypkes, le 12 Mars 1890.