t\° 25. Jeudi, 50e ANNÉE. 20 Mars 1890. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Résumé politique. A la Chambre. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acquirit eundo. Heures de départ d'Ypres pour YPRES-FURNES. FURNES-YPRES. On s'occupe beaucoup du Dahomey depuis quelque temps. Tous les journaux ont parlé de ce singulier pays, dont le Roi, potentat sangui naire, a pour garde d'honneur plus de deux mille amazones, et qui se plaît faire décapiter en sa présence des centaines d'esclaves, le plus souvent pour honorer par ces sacrifices les cen dres de ses ancêtres. Dans le cours de l'année dernière, un envoyé du gouvernement français, M. Bayol, a été forcé d'assister un certain nombre de sacrifices hu mains au Dahomey. Il a consigné ses impressions en un récit écrit au jour le jour et dont voici quelques extraits Les victimes sont nombreuses nous voyons passer une quantité considérable de poules, ca nards, pintades, dindes pendus par les pieds de longs bambous 77 moutons, 2 loups, 2 bi ches, 12bœufs, etc., etc. Puis viennent 15 femmes et 35 hommes. Ceux- ci sont bâillonnés, attachés sur eux-mêmes, les genoux repliés vers le menton, les bras liés aux jambes. Ils sont maintenus par des cordes dans de grands paniers anse que les nègres portent sur leurs têtes. Le roi arrive dans une espèce de chariot orné de rideaux bleus en coton. On nous fait mettre sa suite, pied. Sa Majesté est entourée de ses femmes armées en guerre, qui exécutent des feux nourris de mousqueterie, tandis que des troupes de noirs dansent et poussent des cris aigus. Le spectacle est diabolique. La place où nous arrivons est entièrement pleine, et j'ai toutes les peines du monde trou ver un coin près des immenses estrades où vont se faire les sacrifices royaux. Ces estrades sont élevées de 15 16 pieds. On apporte sur l'estrade les animaux qui doi vent être sacrifiés en même temps que les cap tifs. Leur tour est venu on les égorge tous la fois. Pendant près d'une heure, ç'a été un spec tacle horrible. On donnait jusqu'à trois et quatre coups de coutelas avant de pouvoir séparer la tête sou vent on n'y parvenait pas alors on achevait de couper les chairs qui liaient encore les têtes aux troncs. Tous ces corps sans tête étaient ensuite jetés du haut de l'estrade sur la place. Le sang coulait partout, les sacrificateurs en étaient couverts, ainsi que les malheureux pri sonniers placés au bas de l'estrade, et qui furent exécutés, pendant la nuit, avec le même céré monial. 6' et 7 Août. Quatre nouveaux captifs sont sacrifiés sur la place. Le soir, le Chacha de Wydah offre en son nom et au nom de toute sa famille ses victimes, soit un nombre incalcula ble de volailles, 29 moutons, 12 bœufs et 13 captifs. Ces cérémonies vont encore durer un mois, pendant lequel on tuera tous les jours. Le Roi partira ensuite en guerre avec tout son peuple pour se procurer des prisonniers et recommencer au mois d'Octobre les mêmes cérémonies, durant lesquelles sept ou huit cents têtes de prisonniers seront abattues... Ypbes, le 19 Mars 1890. Séance du 18 Mars. La séance tout entière a été occupée par la suite du discours de M. De Bruyn. Le ministre a répondu divers orateurs, distribuant, com me il l'avait dit, de l'eau bénite de cour plusieurs. Notons dans cet interminable discours l'an nonce de deux projets de loi. Le premier aug mente les indemnités dues aux propriétaires de bestiaux abattus pour cause de maladie conta- §ieuse, projet qui sera complété par un système 'assurance obligatoire. Le second projet de loi a pour objet les sociétés de secours mutuels. Il sera déposé encore au cours de la présente session. Parlant des droits d'entrée sur les céréales, le ministre les a combattus en faisant valoir notamment qu'ils seraient défavorables au com merce général du pays et qu'ils seraient inuti les au salut de l'agriculture. Un conseil supérieur du commerce et de l'in dustrie sera constitué bref délai pour examiner toutes les questions relatives au renouvellement des traités de commerce. Ce conseil sera nommé par un corps électoral spécial, composé d'industriels, de négociants et, en général, des principaux intéressés. Puis M. De Bruyn, passant du sérieux au fo lâtre, a, dans un moment d'expansion, chargé M. De Malander, qui avait protesté contre la destruction des grenouilles, certaines époques de l'année, d'empêcher cette destruction et de surveiller la reproduction de ces intéressants batraciens. M. De Malander a semblé très heureux, et M. Nothomb a fait entendre quelques croasse ments approbatifs. M. De Bruyn a contesté ensuite que certaines lacunes du cahier des charges pour les entre prises de l'Etat fussent «attentoires» la liberté des entrepreneurs. En ce qui concerne le repos dominical des canaux le ministre a déclaré qu'il avait fait faire une longue enquête par les fonctionnaires de son département ce sujet. 11 en résulte que l'on va faire un essai partiel. La navigation sera donc, sur certains canaux, interdite le Dimanche après midi. Plus tard, s'il n'y a pas trop d'inconvénients, la mesure sera généralisée et les canaux repo seront toute la journée. Des mesures sont également prises pour per mettre aux éclusiers d'aller la messe le Diman che matin. Les éclusiers pieux seront remplacés pendant la durée des offices aux frais du dépar- LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. 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Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. 5-00 8-10 11-10 1-40 3-00 6-55. 8-40 7-35 10-20 - 11-30 3-04 - 6-20. 5 Août. C'est le jour où le Roi offre ses vic times. Nous prenons place sous un arbre pour voir défiler le cortège, dont la longue procession n'a pas mis moins d'une heure et demie se dérouler jusqu'à la place. Au pied de l'estrade sont attachés leB malheu reux captifs accroupis dans leurs paniers. Ils semblent souffrir atrocement du bâillon qui leur enserre la tête leurs yeux sont fixes, sor tant, énormes, de l'orbite... Le roi tue de sa main quatre captifs puis, ayant allumé sa pipe, il donne le signal des sacrifices. Aussitôt tous les coutelas se sont levés la fois et des centaines et des centaines de têtes de volailles, moutonB, cabris, sont tombées on les ramassait précipitamment pour les jeter aux pieds des malheureux prisonniers qui allaient être exécutés de pareille sorte. 8 Août. Tous les fils de l'ancien roi Guézo sacrifient leur tour 29 prisonniers. N'ayant pas eu le temps de tout égorger aujourd'hui, on a renvoyé la séance demain. 9 Août. On continue massacrer les prison niers de la veille et deux d'aujourd'hui. 40 Août.Toute la famille de Ohacha immole des victimes 10 bœufs, 30 moutons et 13 cap tifs. H Août. La mère du Roi sacrifie son tour des bœufs et deux captifs. 11 en est de même du nègre qui garde la maison de feu Nobié il sa crifie, lui aussi, quelques animaux et un prison nier. 42 et 43 Août. Tous les marchands d'huiles appelés mercaders ont offert leurs victimes parmi lesquelles vingt-trois captifs. 43 Août. Veille du jour où tout le peuple doit se raser la tête. Toute la journée et toute la nuit, la foule, a fait un vacarme infernal sur la place du Palais où l'on a tué sans relâche des prisonniers. Nous avons grand besoin que ces cérémonies prennent fin nous sommes bout de forces. 45 Août. On n'a pas cessé un instant, durant toute la journée, de tirer des feux de mousque terie. On a officiellement ouvert la fosse du Roi pour y enterrer vivants une partie des eunuques jadis son service. On y a jeté égale ment les têtes de cinquante prisonniers décapi tés dans la matinée le sang de ces victimes sert arroser la tombe du Guezo. On l'y apporte dans de grandes calebasses.

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 1