20 Avril 1890.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
Aî° 32. Dimanche,
50e ANNÉE.
■se
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIRIT EPNDO.
Heures de départ cê'Ypres pour
Popennghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
YPRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
Le général de Caprivi, le successeur du grand
chancelier, a prononpé hier devant la Chambre
des députés de Prusse, son maiden speech, comme
on dit en Angleterre.
Notons d'abord que son discours de début lui
a concilié des sympathies presque unanimes au
sein de la Chambre prussienne.
Arrivé, avec une exactitude militaire, midi
précis, M. de Caprivi portait l'uniforme de géné
ral. Accompagné de M. de Bœtticher, il prit
place au banc des ministres, dans le même fau
teuil de droite occupé autrefois par M. de Bis
marck.
Les députés de tous les partis, pendant que le
président lisait divers documents, vinrent saluer
le nouveau chancelier. M. Rickert, libéral alle
mand, fut un des premiers serrer la main du
général.
Tout coup la sonnette du président retentit;
les députés regagnent leur place. Un vif mouve
ment de curiosité se produit.
M. de Caprivi prend la parole au milieu d'une
grande attention.
M. de Caprivi parle bien il a un organe
agréable, avec l'accent propre aux hautes classes
de la société berlinoise la voix, bien sonore,
porte distinctement jusque dans les coins de la
salle l'élocution est concise, d'une précision
toute militaire, disant tout sans dire trop. M.
de Caprivi a débité son discours, d'un bout
l'autre, sans se reprendre il a un geste sobre et
mesuré.
En somme, le nouveau président du conseil
prussien, puisque c'est en cette qualité que
M. de Caprivi a pris la parole, inspire de la con
fiance et de la sympathie. Aussi la Chambre ne
lui a pas ménagé ses applaudissements.
Les passages relatifs aux réformes ainsi qu'à
la solidarité ministérielle ont été accueillis cha
leureusement par toute la gauche.
""'Nous accueillerons le bien d'où qu'il vienne
el quèls que soient ceux qui nous l'apportent,
dit M. Caprivi. Les bravos ont éclaté, bien
nourris. C'est, en effet, la répudiation du sys
tème exclusiviste de M. de Bismarck.
A partir d'aujourd'hui, il n'y a plus de
Reichsfeinde (ennemis de l'empire) tous
peuvent prétendre contribuer servir la chose
publique. Cela serait même le seul changement
résultant du nouveau régime, qu'il faudrait le
saluer avec une sincère satisfaction.
Les discours de MM. Rickert et Windthorst,
qui ont suivi celui du général de Caprivi, ont
montré déj que les rapports entre le gouverne
ment et l'opposition sont entièrement changés.
Certainement, il y aura des luttes, mais elles
seront courtoises, affranchies de ces provoca
tions, de ces calomnies, de cet esprit d'ostra
cisme qui étaient la caractéristique du régime
bismarckien.
Les journaux anglais, particulièrement inté
ressés aux conséquences de l'évolution qui s'ac
complit en ce moment en Allemagne, constatent
que le discours de M. de Caprivi prouve que la
distance s'est encore accrue entre Guillaume II
et son ancien chancelier.
Et le Standard dit, ce propos
Il est facile de s'imaginer avec quel dédai
gneux sourire le reclus de Friedrichsruhe va les
lire. Comme tant d'autres aspirations sentimen
tales, il se peut que celles qui viennent d'être
formulées hier Berlin n'aient jamais de réali
sation pratique, mais pour le moment, elles sont
bien accueillies par les représentants des divers
groupes du Landtag et elles impliquent une
ferme adhésion la politique de paix. Tant
mieux pour la Prusse et pour l'Europe.
Le Temps, de Paris, dit de son côté
Le nouveau chancelier a fait, sans prétention
oratoire, ses débuts d'orateur. Il n'est pas venu
exposer un programme, il a pris soin de le dé
clarer. Ce qu'il a voulu, c'est entrer en rela
tions personnelles avec les députés prussiens
pour faciliter la marche des aflaires. Ce que
sa déclaration exprime surtoutc'est qu'il
compte prendre assez souvent le contre-pied
des habitudes et de la politique de M. de Bis
marck. n
Nous venons de lire dans un journal, qu'on
n'a pas l'habitude de citer Bruxelles, un entre
tien qu'un de ses rédacteurs a eu avec M. l'abbé
Van Soom, aumônier de la garnison de la
capitale, au sujet des attaques qui ont été diri
gées dans ces derniers temps contre l'aumônerie
militaire.
Cet interview est intéressant plus d'un
titre. Il indique clairement la conduite du
prêtre catholique dans sa nouvelle charge, qui
consiste se faire passer pour un agneau dont
la toison immaculée n'aurait jamais qlé souillée
d'une tâche politique Comedie Tolérer cette
race mensongère, cést l'autoriser agrandir
son empire. C'est la répétition continuelle du
précepte de Lafontaine, quand il dit
Laissez leur prendre un pied chez vous,
Us en auront bientôt pris quatre.
En effet, parmi les nombreuses questions
posées, nous rencontrons entre autres celles-ci:
D. Qu'en est-il du «plantureux traitement
des aumôniers
R. L'aumônier touche de 2,000 2,500 fr.
Celui de Beverloo a un traitemeut de 3,000 fr.,
il y en a qui louchent 1,500 fr., mais par contre
il y a un casuel qu'on peut évaluer ,000 fr.
D On prétend que vous jouez le mouchard
de MM. les officiers
R. C'est une imputation calomnieuse, une
véritable infamie. Nous n'avons avec MM. les
officiers que des rapports volontaires de la part
de ceux-ci. Ils sont des plus bienveillants et
nous n'avons qu'à nous louer de leur exquise
courtoisie.
D. On prétend que votre but est d'acquérir
une grande influence sur le soldat?
R. Nous n'avons en vue que notre ministère
de prêtres. Nous sommes des aumôniers, non
des hommes politiques.
Puis viennent des demandes et des réponses
au sujet de l'autorité chargée de pourvoir aux
nominations, qui échoient naturellement Mgr
le cardinal archevêque de Malines. C'est lui
certainement qui est le grand maître et c'est
grâce l'influence dont disposent les représen
tants de l'église romaine, que nous sommes
arrivés l'établissement de l'aumônerie mili
taire. C'était la seule institution nationale de
laquelle était exclue le prêtre. Vu qu'il domine
partout, l'armée présentait une anomalie. Au
jourd'hui il y a uniformité partout.
Mais remarquons, qu'à peine entré dans la
caserne, M. l'aumônier, sous une forme bien
anodine, il est vrai, montre déjà les dents.
Ainsi, fort de son autorité, il ne craint plus de
difficultés. L'autorité militaire se garderait bien
de lui en susciter, parce qu'elle est trop res
pectueuse des lois.
Quant aux cercles militaires, M. l'aumônier
déclare qu'ils sont présidés par lui, qu'en 1889
il y a eu 60,000 présences, qu'on n'y fait autre
chose que de parler du village et que jamais
on ne s'y occupe de politique.
Toutes ces réponses ne sont-elles pas em
preintes de cette habilité, qui distingue le
casuisle Comment le prêtre catholique n'est
pas dans ce pays un agent politique C'est là
réellement un comble, attendu que rien ne se
fait en matière gouvernementale sans son inter
vention.
M. l'aumônier Van Soom aurait dû ajouter
que l'opinion libérale joue la comédie, quand
on fait passer le clergé pour des politiciens,
eux qui ont volontairement renoncé toutes
les faveurs et tous les honneurs de ce bas-
monde et qui après mille et mille privations,
ne songent qu'au bonheur de leur prochain et
de leur salut éternel. Amen
Ab uno disce omnesa dit Virgile, et si nous
devons préjuger cequedoitdevenir l'armée qui
s'adressent ces mielleux propos, d'après ce que
nous constatons tous les jours de l'intervention
du même prêtre politique dans toutes nosatfaires
publiques et privées, nous devons nous atten
dre voir se former dans tous les régiments des
écuries d'Augias que l'opinion libérale, coûte
que coûte, sera obligée un jour de nettoyer, de
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAB AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
et f>e de l'Enseignement, Bruxelles.
4-00 6-42 9-05 9-58.
Poperinglie-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00
6-42 6-05.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
Comines, 5-30 - 7-55 8-20 - 9-58 10-03 11-16
2-43 - 2-54 5-20 7-50 8-55.
Comines-Armentières, 5-30 11-16—2-545-20—8-55
Roulers, 7-45— 10-45— 12-20 2-45 4-10 6-42
Langemarck-Ostende, 4-30 (Cortemarck) 7-18 9-57
-12-17 3-56—6-21.
Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20
7-50 8-55. (Dép. de Comines Courtrai 9-35.)
Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-58—11-16—2-41 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
5-00 8-10 11-10 1-40 3-00 6-55.
5-40 7-35 10-20 11-30 3-04 6-20.
Ypres, le 19 Avril 1890.