50. Dimanche,
50e ANNÉE.
22 Juin 1890
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
L'enseignement clérical.
Nouvelles locales.
K
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ gJ'Ypres pour
YPRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
5-40 7-35 10-20 11-30 3-04
En même temps que notre appréciation sur
le résultat des élections du 10 Juin était sous
presse, paraissait dans Etoile Belge un article
sous l'intitulé Danger national, développant
les mêmes idées. Notre consœur considère
comme un malheur public l'antagonisme poli
tique, qui vient de s'établir entre la population
Wallonne et la population Flamande. Cette
situation a amené une subdivision du pays en
représentants cléricaux et libéraux, suivant
qu'ils sont les élus des communes agricoles ou
qu'ils représentent les centres industriels.
On ne saurait trop insister sur ce fait accom
pli, qui provient uniquement de l'intervention
du prêtre politique dans toutes nos affaires pu
bliques et qui, peut-être déjà, porte en lui-
même le germe de graves événements.
Si dans le cœur de nos ministres vibre un
sentiment de patriotisme, il est probable que
cet antagonisme de langue et d'intérêts aura
fait l'objet de leurs méditations.
Pour toute personne non prévenue qui veut
examiner impartialement nos mœurs politi
ques, il ressort cette vérité que notre gouver
nement ne possède ni au Sénat ni la Chambre
une majorité morale suffisante pour pouvoir
légiférer dans un esprit de parti. S il comprend
son devoir, il se gardera de prendre des mesu
res qui pourraient surexciter les esprits et
provoquer une animosité de race.
Pour agir avec modération, il devrait encore
se rappeler que la capitale ne lui appartient
qu'avec surprise et que la majorité de ce corps
électoral est hostile la politique cléricale.
Nous pouvons dire que le ministère n'est pas
en communauté d'idées avec le pays et que s'il
veut forcément faire voter des lois, ayant pour
but de faire prévaloir une opinion sur une
autre, il pourrait parfaitement constater trop
tard que la roche Tarpéenne est près du capi-
tole.
Nous le savons, les pointus de l'école Woeste,
sous prétexte de devoir satisfaire aux vœux ex
primés pas la fédération des cercles catholiques,
voudront réaliser leurs rêves et feront leur
possible pour forcer le ministère de marcher
en avant sans s'inquiéter de l'avenir.
Mais on ne peut certainement pas oublier
que la force appelle la force et que toute mesure
de vengeance pourrait soulever une opposition
devant laquelle cette majorité fanatique, si
puissante qu'elle soit, devrait forcément re
culer.
Gomme exemple, nous pouvons citer cette
force exceptionnelle du second empire, qui osa
tout braver et tout se permettre pour, en défi
nitive et peu après, échouer si misérablement
Sédan.
C'est nous, libéraux, nous tenir sur nos
gardes. Nous devons conserver nos postes de
combat, parce que nous avons la conviction
que nos adversaires sont simplement les man
dataires d'une secte et nullement ceux de la
population intelligente du pays. Si aujourd'hui
ils ont la majorité ils ne la doivent quà la cor
ruption et l'intervention directe de ces odieux
agents électoraux ensoulanes, passant leur vie
cabaler contre l'Etat quoique rétribués par
l'Etat, et ne s'apercevant pas que, par leurs de-
loyales menées, ils diminuent de jour en jour
dans l'esprit des populations le prestige de la
Religion dont ils devraient être les plus fermes
soutiens.
Le peuple, même le peuple campagnard,
n'estime plus le prêtre et ne le croit plus. Quand
il vote dans son sens, c'est par terreur ou par
intérêt. Celte situation est périlleuse et ne
s'éternisera pas.
ENCORE UN
Un instituteur libre de l'école de la rue du
Niveau, Molenbeek, le sieur Henri Leroy,
prévenu d'attentats la pudeur sur de jeunes
garçons, ses élèves, a été condamné Lundi par
le tribunal correctionnel 10 années de prison
et 5 ans d'interdiction de ses droits civils.
Les débats ont eu lieu huis clos. Une
vingtaine d'enfants ont été entendus comme
témoins.
Le propre des gens embarrassés et qui veulent
se défendre tout prix, est de tourner autour
du pot, comme on dit, et de compter sur les
ambiguités dont ils émaillent leur récit et grâ
ces auxquelles ils espèrent empêcher les autres
de voir clair. Vous leur direz, par exemple, que
M. Colaert s'est calfeutré, le 10 Juin, toute la
soirée, rue S1 Jacques, ce qui eBt l'exacte
vérité, la vérité toute nue, ils vous répon
dront que M. Colaert a été vu au Cercle 9
heures 1/2 du soir. M. Colaert aurait été au
Cercle avant 9 heures, rien que comme une
ombre qui passe, pour se renfermer ensuite
toute la soirée chez lui, tournant ainsi le dos
ses amis du Cercle, que notre assertion resterait
vraie. Alors pourquoi épiloguer, et qu'est-ce que
cela fait qu'il y ait été 2 h. de l'après-midi,
encore comme une ombre qui passe
Mais tout cela, c'est le Journal qui nous le dit.
Et en admettant que cela soit, sommes-nous
dans le vrai en disant que ce n'est plus au Cercle
que M. Colaert plie sous les compliments Qui
faut-il croire, le Journal qui se retranche, après
tout, derrière une équivoque,ou M. Colaert qui,
dans plus d'un moment d'abandon, exhale un
soupir qui pourrait se traduire par
Et pour prouver que le contrôleur est toujours
l'enfant gâté de tout ce qui a l'âme tant soit peu
sensible aux charmes de l'homme prodige, le
Journal propose M. Cornette, (pourquoi M.
Cornette plus que tout autre, M. Cornette ne se
pique pas d'être un charmeur), de se retirer du
conseil communal M. Colaert en fera autant et
puis les deux se représenteront devant le corps
électoral. Et puis, nous verrons... dit le naïf
confrère.
Si le Journal a trouvé cela tout seul, fût-ce
même avec l'aide de M. Colaert, c'est très fort...
en apparence. Au fond, c'est une pure blague.
Si la proposition est sérieuse, il y a mieux faire
que cela dans trois mois auront lieu les élec
tions et M. Colaert aura l'occasion belle de se
mesurer, non avec un seul, mais avec huit.
Vaincre contre huit, voilà ce qui s'appelle vain
cre avec gloire. Parions qu'il n'en fera rien.
Nous ne parions pas mille francs, parce que,
par expérience, nous savons que le Journal n ac
cepterait pas. Déjà nous lui avons jeté le gant,
propos de chiffres du budget, avancés par la
véridique feuille, et que nous tenions pour faux,
et il ne l'a jamais relevé. Avec un adversaire
qui a refusé le combat, on ne descend pas dans
la plaine. Quand donc le Journal parie mille
francs, c'est une fanfaronnade qui n'a d'autre
but que de faire voir aux simples qu'il a de
l'argent. Nous savons cela tout le monde con
naît la caisse diocésaine mais avec un peu de
pudeur, le Journal ne devrait pas appeler l'at
tention sur ce fonds dont nous lui laissons tout
le bénéfice. Et qu'il s'en promette monts et
merveilles en Octobre prochain, l'instar de ce
qui s'est fait Gand le 10 dr, personne n'en
doute mais les Yprois ne sont pas encore des
cendus ce degré d'avilissement où espèrent les
avoir amenés les patrons de la sainte cause, pour
avoir perdu toute notion d'honneur et pour
qu'ils ne le leur fassent sentir coups de tam-
n. Nous sommes, cet endroit parfaitement
aise.
Aussi faut-il que l'illusion soit devenue, chez le
Journal, un état incurable, pour qu'il croie nous
avoir rendus furieux, en rapportant un prétendu
propos d'un libéral qui aurait dit que nous
n'avions pas une voix perdre.
Nous avons dit ce qu'il fallait penser de ce
propos qui n'a jamais existé que dans l'imagi
nation du confrère qui prend volontiers ses aé-
LE PROGRÈS
vires acqoirit e0n1k).
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Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
5-00 8-10 11-10 1-40 3-00 6-55.
6-20.
Ypres, le 21 Juin 1890.
En ces saints lieux, où sifflent les serpents,
Ce n'est qu'avec horreur que je me rends