N° 54. Dimanche, 50e ANNÉE 6 Juillet 1890. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acquirit edndo. Heures de départ partir du 1r Juillet d'Ypres pour Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 YPRES-FURNES-NIEUPORT-VILLE. 5-00 7-35 10-20 1-00 4-00 6-20. NIEUPORT-VILLE-FURNES-YPRES. 5-10 6-27 9-08 11-35 1-40 5-27. Ypkes, le 5 Juillet 1890. La Constitution belge reflète fidèlement cet esprit d'union et de concorde, qui existait entre les divers partis politiques au moment de notre révolution, dont la principale raison d'être était de nous soustraire l'oppression de l'étranger. Les conservateurs ou catholiques de cette époque, qui n'étaient point les cléricaux ou les ultramontains de nos jours, contribuèrent lar gement proclamer les principes immortels des droits de fhomme en décrétant que dans l'Etat il n'y a aucune distinction d'ordres, en suite l'égalité des Belges devant la loi, la liberté des cultes, sans pouvoir contraindre qui que ce soit concourir d'une manière quelconque aux actes et aux cérémonies d'une religion, ni en observer les jours de repos la liberté de l'en seignement tout en établissant une instruction publique donnée aux frais de l'Etat et régle mentée par la loi la liberté de la presse et de la pensée en abolissant la censure. Nous pouvons être fiers d'avoir produit ce monument politique et humanitaire, malheu reusement il est triste de devoir constater qu'une secte religieuse foule continuellement notre pacte fondamental sous les pieds, tel point que bien de patriotes se demandent ce qui peut nous rester encore de nos précieuses conquêtes de 1830. Aujourd'hui, comme aux siècles précédents, l'église veut dominer la société civile et la faire venir devant elle, humiliee et anéantie, comme Henri IV son retour de Canossa. C'est cause d'exigences similaires qu'éclata surtout notre révolution, que nous avons vu se répéter dans daulres pays. Les leçons de l'his toire pour nos cléricaux sont lettre morte. Après 60 ans de pratique et sous l'empire des immortels travaux de nos constituants, nous constatons tous les jours qu'il n'y a plus qu'un ordre, celui de l'Eglise, qui domine tout en Belgique et qui, son profit et sa gloire ex clusifs, fait des parias de tous les Belges qui ne pensent pas comme elle ou qui ne se mettent pas servilement ses ordres. On la voit forcer moralement concourir son culte nombre de citoyens, dont elle fait de véritables hypocrites. Depuis la loi de malheur de 1884, l'enseignement qui devrait exister tous les degrés est devenu problématique. Nos écoles communales sont devenues des pépiniè res de couvents. Que dire de la liberté de la presse, quand le prêtre a le pouvoir, sous peine d'excommu nication, de defendre l'homme libre la lec ture d'un journal libéral Cest le rétablisse ment de la censure, pire que celle que pourrait introduire le plus puissant despote de la terre. Aussi a-t-elle pour conséquence de faire con duire nos ruraux furne électorale, sous la conduite du curé et du vicaire, comme nous voyons conduire nos troupeaux de moulons l'abattoir sous la houlette du berger. Il nous restait encore la liberté de penser et de s'exprimer. Le cas deMenin nous enlève toute illusion cet égard. Quoique rentrant dans fordinaire de notre vie publique, ce fait con firme une fois de plus qu'il n'existe dans notre pays plus qu'une seule liberté, celle de nous soumettre aveuglément aux ordres et injonc tions de nos seigneurs les évêques. Dès que le cas de iVlenin s'est produit, les journaux pointus de l'école Woeste ont brave ment applaudi la délibération intolérante de cette édilité. On n'a pas craint d'insinuer que c'est ainsi que doivent être mis au pain et l'eau tous ceux qui pensent ou s'expriment comme M. Compernolle. Depuis, craint-on des représailles ou bien nos maîtres croient-ils une interpellation la Chambre Toujours est-il, qu'à la brutalité de la rage a succédé l'accalmie du jésuitisme. C'est ainsi qu'un organe clérical Gantois ne critique pas l'acte, mais la forme dans lequel il est conçu. Le Journal de Bruxelles vient la rescousse en imprimant que les renseignements lui manquent pour asseoir convenablement son jugement. Demain il sera de l'avis de nos maîtres et trouvera une argumentation pour prouver que tout cas est niable. Et c'est ainsi qu'on fait disparaître une une, avec enterrement de dernière classe, nos précieuses libertés, pour l'établissement des quelles nos pères ont fait le sacrifice de leur sang et de leur vie. Jusqu'à quand le pays intelligent pourra-t-il supporter cette humiliation - rm-ja-jgaaaa» La session législative s'ouvre le Mardi 8 Juillet. On sait au moins que le ministère n'y présentera pas son projet de loi supprimant les capacitaires de droit. L'eût-il présenté, que cela ne pouvait servir pour les élections d'Oc tobre, et pour notre part nous n'y avons jamais cru. Le présentera-t-il au cours de la session ordinaire Nous ne le croyons pas davantage, et nous serions étonnés s'il n'y avait renoncé définitivement. Mais d'où vient tout-à-coup ce recul Faut- il en reporter tout l'honneur la modération du gouvernement, ou faut-il remonter plus haut? Il est certain qu'il y a déjà assez d'éléments d'effervescence pour qu'on n'y en ajoute un nouveau, non moins dangereux que les autres, le retrait de droits des citoyens qui déjà en ont joui. Un droit donné est un droit acquis et ne s'enlève plus facilement. Et puis est-ce bien le moment de diminuer le corps électoral quand, d'un autre côté, surgissent des mouve ments, en sens opposé, dans les rues, dans les meetings et dans des organes qui ne sont pas disposés lâcher pied sur ce terrain Est-ce au moment où le suffrage universel veut rem placer le capacitariat qu'il serait prudent de réduire celui-ci Le capacitariat, sous toutes les formes, est une digue opposée au suffrage universel et si le gouvernement a peur de ce dernier, il en terrera définitivement son projet de loi, pour ne plus jamais y revenir. Mais les curés ont-ils réellement peur du suffrage universel? Jusqu'ici chaque étape dans l'extension du droit de vote, le parti ca tholique y a trouvé son compte. 11 a toujours pu, après lui avoir fait grise mine, tirer bon parti de tout élargissement du corps électoral plus il y a de petits électeurs, plus l'agent ton suré et le hobereau multiplient leurs moyens d'action et s'en rendent maîtres. Il est donc fort douteux que le gôuvernement prenne le suf frage universel en horreur, mais il ne parlera que quand le moment sera venu et, si les socia listes chevelus le lui imposent, il l'acceptera sans trop se plaindre et en dressant ses batte ries dont il connaît le mécanisme et le secret. Si donc le gouvernement renonce son pro jet, ce n'est pas par crainte ou haine du suffrage universel, c'est parce qu'il cède une autre influence et c'est cette influence qu'il faut faire remonter tout l'honneur de cette modéra tion apparente du gouvernement. Conclusion. Si le gouvernement veut déjouer les efforts des partisans du suffrage universel, il jettera son projet de loi là où Alceste voulait mettre le sonnet dOronte; si.au contraire, le suffrage universel ne l'effraie pas, le projet de loi n'en suivra pas moins le même chemin que dans le premier cas, mais pour un autre motif. Condamnéde toute façonle fameux projet. Le Conseil provincial de la Flandre occiden tale, dans sa séance du 3 dernier, a procédé la nomination d'un nouveau membre de la Dèputation permanenteen remplacement de M. Liebaert. II y avait quatre candidats MM. le baron Bethune-de Villers, Vercruysse, Bie- buyck et Kervyn. Contrairement nos prévi sions, c'est M. Belhune qui a été nommé, après un ballottage entre lui et M. Vercruysse. Voilà de nouveau la ville d'Ypres exclue de la Dèputation permanente. Nos conseillers sont- ils donc sans influence Bruges Autrefois, LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne un franc. 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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 1