Beaux-Arts. chez des marchands aussi bien pourvus que le bruxellois qui vient manger ici l'herbe sous leurs pieds. Nous avons ici des négociants qui ont du foin dans les bottes et qui sont même, autant si pas mieux que les hommes tam-tam de la capitale, de livrer ce qu'il faut pour trans former en faux tziganes ces malheureux cordon niers, tisserands et autres sonneurs de cloches. 'N'avons-nous pas des maîtres-tailleurs dont la coupe élégante ne le cède en rien aux ciseaux prétentieux des faiseurs de Bruxelles Nos Pompiers, tous habillés par des Yprois, avec du drap acheté Ypres, des buffletteries comman dées Ypres, n'ont-ils pas remporté, plus d'un concours, le premier prix de belle tenue Il ne faut donc pas sortir de la ville pour s'équiper convenablement et militairement Que nos catholiques, le3 plus huppés, se fas sent faire beaux garçons Bruxelles que pour briller parmi les Blauive Koussen, ils se croient tenus un dandinisme plus ou moins bien venu, c'est affaire de cléricaux entr'eux s'ils se meu blent, Bruxelles, croyant être quittes envers leurs dupes avec un coup de chapeau s'ils font venir de Bruxelles leur menuiserie toute faite, en souriant gracieusement aux petits me nuisiers qui fréquentent leurs cercles, c'eBt en core affaire entre cléricaux. Mais ce qui passe la mesure, c'est la façon dont ils s'y prennent avec ces marchands et ces tailleurs. Je suis marchand,mon magasin est bourré d'é toffes de première qualité je puis les laisser un prix qui défie toute concurrence on a chez moi un choix, satisfaire les plus difficiles j'ai de plus pignon sur rue et des biens au soleil je suis un bourgeois cossu et honorable on a be soin de moi chaque instant de la vie je paie largement quand on s'adresse ma générosité je contribue, sans compter, toutes les œuvres cléricales je sacrifie mon repos au triomphe de la bonne cause, mais je fais le commerce. Je fais le commerce, non avec fierté mais avec dignité, et j'aime qu'on me traite avec dignité, et savez- vous comment on s'y prend La commission des fanfares, au grand com- Slet, sonne ma porte. On ouvre. M. le président emande parler Monsieur. Monsieur, (c'est moi) apparaît, on se salue jusqu'à terre et, sans préambule, M. le président vient me proposer d'acheter.... une pièce, deux pièces de drap Non, il croit me rendre heureux en me disant qu'ils ont imaginé ce qui ne s'est encore jamais vu. M. le Président ne m'achètera pas de drap, il ne veut pas m'en priver. Le drap viendra de Bruxelles, mais moi, au lieu de m'acheter deux pièces de drap, on m'offre deux pièces de cent sous je ne livrerai rien, mais on me fera une aumône de deux ou trois pièces de cent sous Vit-on jamais camouflet plus humiliant Et on appelle cela favoriser le commerce yprois A côté, est un maître-tailleur, rompu au mé tier, dans l'atelier duquel on travaille la der nière mode de Paris. Son expérience est grande et le journalle Fashionable, n'a plus de secrets pour lui. 11 compte que de sa main d'artiste sor tiront une demi-douzaine d'uniformes dans les- ?[uels pourront parader, la tête haute, et en aisant de l'œil aux jeunes filles, les Tziganes de S1 Laurent; déjà il s'apprête donner un échan tillon de son savoir-faire, quand, l'interrompant brusquement, M. le président des fanfares lui demande s'il a de bonnes aiguilles et du fil fort pour coudre ensemble les pièces de drap coupées Bruxelles et destinées l'équipement des Blaurce Koussen Tête du maître-tailleur Le patron Yprois devenant le petit ouvrier du patron de la capitale Et les catholiques appellent cela favoriser les amis et semer l'opulence C'est cependant là, en raccourci, le tableau fidèle de ce qui se passe aujourd'hui et un dimi nutif de ce qui se passerait s'ils étaient les maîtres. Bourgeois, attention. Le Journal d'Fpres, qui s'entend en affaires comme pas un, qui sait comment s'y sont pris les membres de la Commission des Blauwe Kous sen pour enrichir les négociants de la ville, écrit la désopilante phrase suivante La Commission des fanfaresson généreux et sympathique président, M. Imeins d'Eeckhoutte en tête a tout concilié l'intérêt de la société, l'intérêt des ouvriers et des four nisseurs et.... l'intérêt des contribuables qui la dé pense ne coûte pas un sou. A remarquer dans le texte ce pointillé précé dant le dernier intérêt. Le Journal a hésité avant de risquer ce dernier genre d'intérêt, mais enfin il s'est décidé en disant vogue la galère Oh Journal, mon ami, cessez, je vous prie, je n'y tiens plus Aïe, aïe ma rate, ma rate. Déjà, deux reprises différentes, répondant au Journal d'Ypres qui tient mordicus faire croire ses lecteurs que les plaques B ont été commandées l'étranger, nous avons catégori quement déclaré que ces plaques (après tout une misère) ont été achetées Ypres, un négociant d'Ypres, né Ypres, y patentéachetées, avons-nous dit, directement et sans autre intermédiaire. Cela est clair et il n'y a que S4 Thomas pour nepasy croire. Cela est bien plus clair que quand le Journal, propos de M. Surmont qu on dit ne plus se remettre sur les rangs, comme conseiller communal, nous dit qui vivra verra Mais le Progrès ne sera pas consulté.» Pourquoi cette ré ticence Qu'on ne nous consultera pas, nous n'en avons jamais douté. Et si cependant le Jour nal nous consultait, sait-il ce que nous lui répon drions Nous lui répondrions, que cela nous est égal. Mais revenons aux plaques qui empêchent le repos du Journal. Après notre explication ci-haut, il revient la charge et imprime Nous vérifierons, confrère; et si par hasard un négociant Yprois un négo ciant, entendez-vous, et non un simple particulier a fait la livraison, nous vous accorderons un bon point. Nous disons donc itérativement que les pla ques viennent, non d'un simple particulier, (pas S lus simple que double) mais qu'elles sont prises ans un magasin de la ville, dont c'est l'article, et avec lequel la ville a traité, sans l'intermédiaire d'aucun bruxellois ou autre fabricant. Est-ce clair Et votre bon point, ami Journal Quand cela finira-t-il En viendra-t-il donc sans cesse? 11 y a huit jours, il y en avait quatre- vingt on se demandait où on caserait tout ce monde nous avons fait un appel pressant Po- peringhe pour qu'elle vînt nous soulager. Poperinghe fait la sourde oreille et les musiques arrivent toujours. On en compte actuellement quatre-vingt-huit et le dernier mot n'est pas dit. Dieu de miséricorde, faites que les cléricaux ne combattent plus nos festivités. Sans eux, cela va bien quand ils nous contrarient, cela va trop bien. Voici maintenant encore une nouvelle manière d'endosser ses fautes aux autres. Ne sachant comment se justifier, aux yeux de la population, de la manière dont ils entendent enrichir le com merce, nos bons cléricaux ont imaginé de répan dre le bruit que Goliath ou Reuske est fabriqué ou habillé Bruxelles. Holà, Journal, rentrez cette formidable ca rotte. Mentir est un art que d'ordinaire vous pratiquez avec une adresse qui est propre aux gens de votre poil et de votre race, et souvent vous réussissez mais cette fois, c'est trop fort. Il n'y a pas une cuisinière, il n'y a pas un enfant de quinze ans qui avalera jamais celle-là. Le morceau est trop gros et vous le servez mal. Ha billez vos gens Bruxelles, si cela vous plaît Reuske, comme tout bon Yprois, est habille dans sa ville natale. Et non seulement il est habillé, mais il y est fabriqué depuis les pieds jusqu'à la tête, la face exceptée. C'est Ypres qu'il est étoffe, costumé,pimponné, chaussé, gante, ficelé, astiqué, pommadé, fardé, cosmétique, maquillé, frise et coiffé. Toute Ba toilette est faite Ypres, par des Yprois,sous la direction de M. D. Bôhm, et, si vous êtes curieux, allez voir dans le maga sin ou atelier de la ville, vous verrez qu'on se livre là, sur sa personne, toutes les opérations qui doivent le rendre propre être présenté convenablement la société. Il n'y a dans tout Goliath qu'une seule partie qui soit faite Bruxelles, c'est le masque mais son turban, ses longs cheveux et toute l'orne mentation de la tête sont, comme tout le reste, livrés et fabriqués ici. Et le masque celui-là vient de Bruxelles. On nous objectera qu'il ne manque pas de masques ici en ville. En effet, il n'en manque pas, dans le parti catholique, mais ceux là ne sauraient guère servir, trop attachés qu'ils sont aux épau les qui les portent, et la décollation étant une opération laquelle ne se livrent généralement pas les libéraux. Les cléricaux n'ont qu'à en prendre leur par ti. Tant pis pour eux si les libéraux font tout le contraire d eux. Pour Reuske tout est Yprois charpentier, nattier, tailleur, chemisier, coiffeur, livrancier et ordonnateur. Digne descendant de son aïeul il saura faire bonne figure dans le monde et l'étranger, comme ses concitoyens, lui rendra le respect dû sa haute stature, sa prestance, sa bonhomie et son imperturbable gravité. Le Journal d'Y près aurait voulu voir mettre en adjudication publique les plaques bleues. C'est une misérable chicane que celle-là. Pourquoi ses patrons n'ont-ils pas mis au concours la confec tion d'un dolman pour les fanfares, par les tail leurs de la ville Cela eût mieux valu que de leur délivrer tous un brevet d'incapacité; de même pour les fournitures. ■■meceoeccecw—" Mais que doivent se dire les lecteurs du Journal d'Ypres Il leur apprend que les plaques bleues viennent de l'étranger que le géant est fait Bruxelles, et c'est le contraire seul qui est vrai. Si le Journal d'Ypres n'avait que cela sur la conscience, on y passerait facilement l'éponge. Une fredaine de plus ou de moins, cela se par donne, mais c'est tous les jours recommencer. 11 est incorrigible et c'est vraiment perdre son temps tenter de le mettre en bon chemin. Il a même de ces thèmes tellement bêtes qu'on serait honteux de leur consacrer la moindre réfutation. Quand le ridicule est outré, c'est lui faire trop d'honneur de raisonner, se taire est meilleur. Pendant, que les protecteurs de S1 Hubert lui votent un subside de 500 fr. Anvers, ses disci ples, Ypres, se font une rude concurrence. La chasse, l'étang de Dickebusch, louée, l'an passé, 200 fr., a été adjugée, hier, fr. 610. C'est M. Iweins, fils, qui a décroché cette fière timbale. Après une journée torride nous avons eu Jeudi dernier un orage épouvantable. Le premier coup de tonnerre s'est fait entendre vers 4 heures. La pluie est alors tombée torrents pendant une demi-heure. Chaque seconde amenait de nou veaux éclairs et de nouveaux coups de tonnerre réellement formidables. La foudre est tombée plusieurs endroits, no tamment au hameau la Eooghe, territoire de Zil- lebeke. sur une propriété appartenant M. le baron de Vinck et occupée par le sieur De Roo. La ferme a été incendiée et on a eu toutes les peines du monde circonscrire le feu. Les dégâts sont considérables. Nous nous empressons de signaler la connais sance du public l'honneur dont vient d'être l'objet une des dernières œuvres de notre jeune etsympathique compatriote, Mlle Louise De Hem. Son tableau VEncensoir acquis l'an dernier par le gouvernement français, a été envoyé par celui-ci au Musée de Rouen, où il figurera défi nitivement. Comme on le sait, le Musée de Rouen est un des plus importants de la France, après ceux de Paris. GOLIATH calomnié par le Journal d'Ypres. Violent orage.

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 2