50e ANNÉE 10 Août 1890. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. l\os 65-64. Dimanche, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQUIR1T EUNDO Ypbes, le 9 Août 1890. Sous forme de manifeste, imprimé en grands caractères, le Journal d'Ypres, dans son numéro du 2 Août, vient de' mettre nu toute la haine qu'il professe l'égard des efforts louables que fait la Ville pour répondre aux voeux des habitants qui demandaient des fêtes. Partout, l'occa sion du vingt-cinquième anniversaire du règne de Léopold II, on voit des program mes, rivalisant de zèle et de sacrifices,pour célébrer ce jubilé mémorable la ville d'Ypres n'a pas voulu encourir le reproche de ladrerie, et, ses finances le permettent, s'iospirant de son patriotisme et heureuse de saisir cette occasion pour apporter parmi ses administrés une animation qui ne peut que contribuer la prospérité générale, elle s'est lancée dans le grand mouvement national. Tous les bons ci toyens lui en sauront gré. Les catholiques, en croire le Journal d'Ypres, seuls, sont les ennemis déclarés de ces festivités po pulaires. Nous ne prendrons donc, dit la sainte feuille, aucune part aux fêtes, dussions-nous paraître des grincheux. Et là-dessus, elle recommande ses amis de refuser toute participation ces ré jouissances. Que les cléricaux sont des grincheux, on le sait, mais il faut toute la colère, toute la haine, toute l'aberration de ces écervelés qui maudissent tout ce qui ne leur appartient pas exclusivement, pour vomir aussi cyniquement d'aussi écœu rantes déclarations. Les catholiques ont été invités la fête, comme tout autre ils ont commence par le nier, aujourd'hui, ils l'avouent leurs sociétés (des catholiques), dit le Journal, ont été invitées, il est vrai, prendre part au festival, mais leur con cours a été rendu impossible la commis sion des fêtes est composée exclusivement de membres de sociétés libérales. Donc les sociétés catholiques ont été invitées. Premier aveu, après tant de dé négations mensongères. Le mauvais vouloir des catholiques était patent; leur opposition manifeste; fallait- il les introduire dans la Commission d'or ganisation, pourquoi? iN'est-il pas d'usage que celui qui a l'initiative d'une chose en ait la direction Et fallait-il appeler les catholiques, eux si désireux de faire pièce la Ville, pour gâter le tout et se réserver, après coup, le bénéfice de la critique de tout ce qui s'était passé? A d'autres. Nous n'analyserons pas ce factum où le dépit égale l'étroitesse de la haine cléricale, la population Yproise l'a jugé, et si quel que doute avait pu subsister jusqu'ici dans l'esprit de quelques habitants, désormais le nuage est crevé, la toile de la comédie est déchirée, les cléricaux veulent vivre seuls, dans le mystère ténébreux de leurs congrégations toujours en guerre contre la société leur maxime est: périsse le monde, plutôt que le triomphe du libéra lisme. même le plus sage. Que la population s'en souvienne Aujourd'hui s'ouvre la seconde série des fêtes. Quatre-vingt-dix-sept musiques et du monde en conséquence, quelle journée, mes amis Les catholiques feront la grimace, ils bouderont, ils mangeront leur bile et le soleil déversera ses rayons réjouissants sur cinquante mille coeurs tous la joie. Oh oui, mes amis, quelle féte Et les boulangers, et les bouchers, et les caba- retiers, et les hôteliers, et les brasseurs, et les marchands de tabac et toute cette ruche de pe tits détaillants, de confiseurs, de faiseurs de toute sorte, sans compter ces artistes en cou leurs, en charpenterie et en menus articles, ac cessoires sans nom, mais qui tous y trouvent leur profit, se frotteront les mains et rendront grâce au ciel qui leur aura été si clément et aux ardents commissaires qui secondent si cor dialement les édiles, les promoteurs et soutiens indispensables d'un succès sans pareil dans nos annales Tuindagesques. Seuls, les grincheux comme les appelle le Journal d'Ypresn'auront pas été contents. Mais qui la faute Qui en peut que les cata ractes du ciel s'ouvrent larges traînées sur les rues de notre ville, au moment où la proces sion, dans laquelle devaient briller, avec l'éclat tant escompté d'avance, les costumes bruxellois de l'harmonie cléricale, devait s'arrêter au seuil de sa porte Le doigt de Dieu Et n'allons pas plus loin, mais tout est là, selon ce que nous ont appris les interprètes infaillibles des phé nomènes de la nature. Le soleil est radieux, protection divine Le ciel est couvert, les nua ges crèvent sur la tête des manifestants, signe ae malheur, anathème aux insensés qui croient que le ciel est aux orgueilleux Avertissement sérieux et qu'on ne saurait assez méditer. Et onze heures sonnent, et l'horizon s'éclaire, et les nuages se dissipent. Le cortège des so ciétés de billard parcourent la ville au milieu de visages radieux; midi, les messagers ailés s'élèvent dans les airs et sillonnent l'ether aux applaudissements d'une foule réjouie; les pom piers font retentir les échos de leurs notes har monieuses. La Kermesse bat son plein et on ne se promet plus que beau temps, plaisirs et réjouissances. A peine le temps de se réconforter et voilà Goliath, aux formes colossales, dominant ces myriades de têtes, de toute la hauteur de son imposante stature. Et la foule se masse, se presse, se pousse, se bouscule, et pas un acci dent Mais place ces gentils gavroches, légers et étmcelants sous leurs costumes multicolores, qui dansent, gambadent, sautillent, joyeux, autour de ce géant, toujours grave et sévère, comme il convient au dominateur de ce monde liliputien qui l'entoure et le contemple. Ah quelle snrprise, quel succès, quel triom phe Jamais revenant reçut-il meilleur ac cueil Et Tilan enlevant dans ses doigts de chanvre cet inconscient pégase I Huit cents mètres de hauteur, et Titan en descend, comme vous ou moi, d'un escabeau de pierre I Quel monde, quel monde, tudieul Le jubilé de 1883 où se co tisaient dans un mélange plus ou moins réussi, libéraux et catholiques, n'était qu'une Ker messe de village en comparaison de l'enthou siasme et de la cohue impénétrable qui ont salué cette Tuindag, organisée par les libéraux et honnie par les catholiques. Que sera-ce aujourd'hui ■■TOweefleewi'" La vieille Europe est trop peuplée on y étouffe toutes les carrières sont encombrées. Expatriez-vous, si vous tenez vous tirer d'af faire tant de pays nouveaux s'offrent vous. L'émigration, il n'y a que ça l Ainsi parlent beaucoup d'hommes graves, économistes convaincus pour la plupart, les quels ont d'ailleurs bien soin de se borner au rôle de conseilleur et de rester prudemment chez eux. Et ils n'ont pas tout fait tort, car il vous arrive parfois, des pays nouveaux, des nouvelles faire tomber la renverse les enfants de la vieille Europe. C'est ainsi que tout récemment, en Australie, Melbourne, l'administration des chemins de fer a fait publier une annonce demandant six cents employés secondaires. LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. ton», ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20 INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrés Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, J ét A, rte de l'Enseignement, Bruxelles.

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 1