Chronique locale.
Mais la logique et M. De Bruyn, étant depuis
longtemps en brouille complète, le ministre a
fait de M. Van Oye, le représentant du vête
ment. Par quelle mystérieuse relation le vête
ment est-il en rapport avec l'osier? Ah si la
mode des paniers subsistait encore comme au
dix-huitième siècle, ladécision ministérielle s'é
clairerait d'une vive lumière mais depuis
longtemps les jupons se passent de ce concours
gênant I Mieux vaut ne pas approfondir. D'ail
leurs, notre grand ministre du commerce a
généralisé son système de nominations. Il a dé
signé des agriculteurs comme M. Ancion
l'armurerie, etc., etc. Les membres du Con
seil n'en reviennent pas eux-mêmeset ne
se gênent pas pour qualifier M. De Bruyn de
ministre d opérette.
SOCIÉTÉ DES CHŒURS.
Le concert de Mercredi dernier a été des plus
brillante. Aussi présentait-il un attrait tout par
ticulier par l'annonce du concours de Mlle Dyna
Beumer, la charmante cantatrice, que le tout
Ypres musical connaissait, mais qu'il n'avait plus
eu l'occasion d'entendre depuis longtemps.
Un6 vraie bonne fortune ce concert Quelle
admirable artiste que MB# Beumer Quelle voix,
quelle savante méthode, quelle mélodieuse dic
tion, quelles vocalises Nous nous trouvons en
core sous le charme de ses magiques varia
tions et de son chant les échos qui ont tenu
la salle attentive, silencieuse, ne perdant pas
une note, ne perdant pas un son, et finalement
éclatant en applaudissements enthousiastes.
MUe Beumer a été admirablement secondée
Çar son accompagnateur, M. T.... (disons M.
immerman, dut sa modestie en souôrir.) M.
Timmerman est un pianiste distingué, possédant
son instrument fond, et sachant faire ressortir
avantageusement les moindres nuances. Outre
son talent d'accompagnateur, M. Timmerman
s'est fait valoir comme chanteur (baryton). Ses
deux morceaux Air de la coupe du roi de
Thulé v et la Marche ^yers l'Avenir ont
beaucoup plu.
Rendons ici un éclatant hommage l'admira
ble talent de M. Eugène Van Elslande, flûtiste,
chef d'orchestre de la Société philharmonique
de Poperinghe, qui, savamment et élégamment
accompagné au piano par M. Timmerman, nous
a donné une fantaisie hongroise et un solo de
concert pour flûte, avec un brio et une sûreté
d'attaque que peut seule procurer une science
musicale approfondie.
Parlerons-nous de la section symphonique di
rigée par M. Jules Goetinck Le nom seul du
directeur suffit pour rendre compte des qualités
d'ensemble, et de pureté dans l'exécution, que
possède cette savante phalange, qui compte dans
son sein des artistes tels que MM. Gaimant,
Ligy, Weckesser, etc., dont nous n'avons plus
faire l'éloge. Le choix des morceaux ne lais
sait rien désirer. L'ouverture de Guillaume
Tell, une Berceuse, Pizzicati (bissé) et Flirta-
tion ont été exécutés la perfection.
M. Vits est un désopilant chanteur de genre.
Parmi tous ces flots d harmonie, c'est lui qui je
tait la note comique. Rire fait diversion et l'on
a ri de bien bon cœur c'est dire combien M.
Vits a eu de succès, et combien la salle l'a ap
plaudi.
Terminons en félicitant et en remerciant les
organisateurs de cette belle soirée que nous as
pirons voir se renouveler aussi souvent que
possible.
Nous venons de parcourir avec le plus vif in
térêt une brochure émanant de M. J. Iweins,
Président de la Commission administrative des
Hospices Civils d'Ypres et intitulée RÉPONSE
aux accusations formulées par M. Struyemembre de
la C h tu r: des Représentants, contre la Commission
Administrative des Hospices Civils d'Ypres.
Ce travail clair et précis, dénote chez son
auteur une connaissance approfondie de l'his
toire de nos établissements de bienfaisance.
On y voit en même temps combien sont sin
cères et véridiques les hommes du parti clérical,
quand ils parlent de nos affaires communales
leur troupeau de moutons qu'ils trompent en
tout et toujours.
Tout autre commentaire de notre part serait
superflu. Le meilleur éloge que nous puissions
faire de cette brillante réfutation, c'est de la
reproduire textuellemeut. La parole est donc
MIweins
A Monsieur Eugène Struye,
Membre de la Chambre des Représentants.
H. le Représentant,
Le Journal d'Ypres en supplément son n° du 15
Octobre 1890, a publié un discours que vous avez pro
noncé le 12 du même mois, l'assemblée de l'Association
conservatrice et constitutionnelle de notre ville, en vue des
élections communales du 19 Octobre dernier. Vous y avez
attaqué, violemment, l'Administration des Hospices Civils
d'Ypres qui n'étaitme semble-t-il pas en cause.
Vous avez signalé mes Collègues l'animadversion des
électeurs catholiques; comme ayant préconisé la laïcisa
tion de l'orphelinat S,e Elisabeth et, opposant leur opi
nion celle que j'aurais prélendûment soutenue, vous
avez affirmé qu'ils n'avaient échoué dans leurs visées, que
grâce l'énergie du Président de l'Administration.
Comme je me tiens absolument en dehors de la Poli
tique je me suis abstenu, depuis nombre d'années, de
suivre dans les journaux d'Ypres, quelle que fût leur cou
leur, les polémiques locales et, ayant dû m'absenter les
17 et 18 Octobre, je n'ai eu connaissance du contenu de
votre discours que postérieurement aux élections du 19.
Je n'aurais donc pu intervenir en temps utile auprès de
vous, pour protester contre, vos appréciations erronées.
Mais, lorsque j'ai été mis au courant de ce qui s'était pas
sé, j'ai jugé nécessaire de vous signaler vos erreurs, at
tendant de votre loyauté que vous les reconnaissiez vis-à-
vis du public Yprois.
J'avais appris depuis quelques mois, que certains per
sonnages ardens du parti catholique, avaient, propos du
dernier compie 1888 et du Budget de 1890 de l'Adminis
tration des Hospices, ouvert, contre celle-ci, une campa
gne aussi malveillante que fantaisiste mais des attaques
aussi peu sérieuses, partant d'hommes anssi peu autorisés
que ceux qui s'étaient faits les porte-voix du parti, ne
m'avaient pas semblé dignes d'une réfutation de la part
des membres de la Commission dont j'ai l'honneur d'être
le Président; mais les appréciations que vous, Monsieur,
Membre de la Chambre des Représentants, avez émises
dans votre discours du 12 Octobre, ne me permettent plus
de garder le silence. Désigné d'une manière nette et pré
cise, par opposition mes honorables Collègues, je crois
être fondé prendre la plume pour redresser les faits et
je nourris l'espoir que vous reconnaîtrez vos erreurs, en
donnant cette reconnaissance la publicité qui a été don
née votre discours.
I. J'extrais de votre harangue destinée exciter le
zèle des ardens dn parti catholique, les seuls passages
qui mettent en cause l'Administration des Hospices, et je
cite, tout d'abord, le paragraphe suivant
Avec les catholiques, l'Administration sera paternelle.
Les catholiques ne seront plus exclus de tous les em-
plois, privés de toutes les faveurs, repoussés pour toutes
les fournitures et pour tous les travaux. On ne dira
plus: donnez nous vos suffrages; livrez nous vos enfants
vendez nous votre conscience et votre âme, si non, rien
t obtenir l'Hôtel de Ville, aux Hospices et au Bureau
t de Bienfaisance Et plus loin, énumérant les établis
sements libres, vous vous écriez
Yprois, ce sont vos concitoyens catholiques qui ont
érigé de leurs deniers, et qui entretiennent pour vous et
pour eux, de leur argent, toutes ces excellentes institu-
lions auxquelles, en dépit de la contrainte de l'Hô-
te! de Ville, de la Bienfaisance et des Hospices la
très-grande majorité des Yprois confient leur fils et
leur filles.
Passant l'examen des œuvres catholiques d'un autre
ordre, vous dites Ce n'est pas tout ce que les eatho-
ques font pour l'enseignement, ils le font pour la Bien
faisance Jugez les encore une fois sur leurs œuvres
et vous énumérez des œuvres de bienfaisance libres puis
vous vous exclamez
Et n'oubliez pas, ouvriers yprois, le Bureau de Bien-
faisance catholique, de salutaire et bonne mémoire
quand nos maîtres de l'Hôtel de Ville disaient la elasse
ouvrière vous nous donnerez vos eufants pour les li-
béraliser et gueusifier, ou vous n'aurez plus ni pain, ni
t vêtements, ni chauffage, vos concitoyens catholiques
n'ont pas voulu que vous fussiez victimes de la fidélité
vos devoirs de père et de chrétien, et ils vous ont, cha-
rilablement, donné de leur poche, ce que nos maîtres
assis sur les caisses de la Bienfaisance publique, vous
refusaient inhumainement
Plus loin, vous poursuivez les libéraux ont bien des
écoles libérales, une bienfaisance libérale mais ce sont
nos écoles publiques et notre bienfaisance publique
qu'ils ont injustement libéralisées. De leur argent, ils
n'y mettent pas un sou c'est avec l'argent des contri-
buables, qui est le nôtre aussi bien que le leur, qu'ils
font du libéralisme Or, vous le savez notre ensei-
gnement public, ils l'ont libéralisé etc., etc.
Puis cela ne leur suffit pas Ils nous ont encore
confisqué nos fondations catholiques l Je ne rappelle-
rai, dites-vous que l'ancienne Ecole Lamotte, et ce
ne sera plus que, pour vous dire que l'heure est venue
où l'Ecole Lamotte confisquée portera définitivement
malheur nos maîtres...!. Les laïcisations, les sécula-
risations des choses religieuses portent malheur ceux
qui les font. Mais hélas il y a plus, ce qui était un ar-
bre de vie, devient alors un arbre de mort
Comparez les produits de l'Ecole Lamotte laïque aux
fruits de l'Ecole Lamotte religieuse
Mais, tout en disant que vous ne rappellerez que l'E-
coleLamotle, vous continuez votre comparaison en prenant
partie l'Administration des Hospices, d'une façon aussi
odieuse que contraire la vérité des faits
i Comparez, dites-vous, les fruits de l'Ecole des Or-
phelins dirigé par un prêtre-régent, et les produits de
l'Ecole des Orphelins militairement montée et conduite
La chanson actuelle de l'Ecole est Van 't ongediert
der Papen,verlost ons Vaderland Pauvres familles
catholiques, qui avez des orphelins cette école, pleurez
sur leur sort, et vous qui avez encore des orphelins
placer, avant île les y engager, allez voir l'Eglise St.
Pierre, aux jours réglementaires de confession et de
communion, et vous saurez quel esprit domine l'Ecole,
ce que vous avez en attendre et ce que vous avez en
craindre.
L'Ecole des Orphelines, elle aussi, sans l'énergie de
l'honorable Président des Hospices, était laïcisée nos
maîtres de l'Hôtel de Ville faillirent le casser pour sa
résistance...., il tint bon et triompha. Heureuses Orphe-
lines, nous arriverons en temps l'Hôtel de Ville pour
vous sauver définitivement du régime laïcisant.
t Les refuges de la Belle et de S1 Jean et F hôpital civil,
tout devait être laïcisé, sécularisé, libéralisé avec le
reste :^du berceau la tombe la religion est de trop
ainsi l'a décrété la Maçonneriec'est ce que comptait
faire, sous le ministère libéral, la rageuse minorité qui
s'imposait déjà l'Hôtel de Ville d'Ypres
II. Je reprends, pour y répondre, Monsieur le Repré
sentant, votre première catégorie d'atlaques contre la
commission administrative dont j'ai l'honneur d'être le
Président, la prétendue contrainte exercée par les Hos
pices sur les pauvres pour se rendre maîtres des enfants
de ceuc-ci, afin de les gueusifier. Vendez nous vos
enfants et votre conscience sinon, plus ni pain, ni vête-
ments, ni chauffage en un mot, plus de secours
Ces phrases, aussi creuses que sonores, peuvent pro
duire un effet prodigieux dans un meeting politique où
personne ue serait admis y répondre mais, en ce qui
me concerne, j'attribuerais infiniment plus d'importance
une articulation de faits qu'à ces vagues coups de tam-
tam mais vous ne sauriez, Monsieur le Réprésentant,
procéder par cette voie Les faits vous échappent, paree
qu'ils n'existent point A défaut de faits rencontrer, je
ne puis, moi, vous répondre que par une dénégation for
melle Il y a 21 ans que je fais partie de l'Administration
des Hospices et jamais jamais, entendez-vous, M. le
Représentant, la Commission des Hospices n'a subordonné
l'allocation d'un secours pécuniairealimentaire ou autre,
ou l'augmentation d'un secours, la condition que les
parents, contrairement au cri de leur conscience, envoyas
sent leurs enfants aux écoles publiques Jamais cette
Commission n'exige que les parents retirent leurs enfants
des écoles libres dites catholiques Il arrive que l'on de
mande aux parents si leurs enfants fréquentent une école
et laquelle, parce qu'on tient ce que ces malheureux re
çoivent de l'éducation et de l'instruction mais jamais,
ma connaissance, la fréquentation d'une école déterminée,
n'a été imposée, sous peine de privation de secours
Certains parents, vous auraient-ils déclaré le contraire?
S'il en était ainsi, je répondrais vous avez, Messieurs,
créé, vous le dites vous mêmes, un Bureau de Bienfaisance
catholique or, manger deux râteliers, tout est béné
fice Vous vous êtes, probablement, trouvés en présence
de pauvres secourus par les Hospices et qui voulaient, en
même temps, bénéficier des secours du Bureau de Bien
faisance catholique vis-à-vis de vous, ils se sont posés
en victimes de l'Administration des Hospices le moyen
devait leur paraître infaillible ils n'ont point manqué de
le mettre en pratique Mais ils vous en ont imposé
Vous et vos amis de la législature, Monsieur le Repré
sentant, avez voté, contre les membres des commissions
de charité publique, une loi par laquelle vous érigez en
délit le fait que vous nous reprochez Si, comme vous le
prétendez, nous commettons les actes délictueux que vous
signalez l'indignation des électeurs, que ne dénoncez-
vous les faits au parquet mais vous ne sauriez en libel
ler N'ai-je pas le droit de dire, Monsieur le Représentant,
que vos premières imputations sont injustes et calomnieu
ses Encore un mot, et je passe l'examen de la seconde
catégorie de vos attaques. Vous accusez, tort, la Com
mission des Hospices de violenter la conscience des parents,
en subordonnant l'allocation de secours l'envoi de leurs
enfants aux écoles publiques mais la Bienfaisance catho
lique n'agit-elle pas en sens inverse?... Vous signalez,
dans votre discours, l'admiration de vos amis politiques,
parmi les institutions libres, la belle et grande OEuvre
de la Maternité catholique mais serait-il bien vrai,
comme d'aucuns l'assurent, que le Comité des Dames pa-
tronnesses de cette belle OEuvre refusent tout secours aux
mères dont les enfants fréquentent les écoles publiques
s'il en était ainsi, ne serait-ce pas attenter la liberté de
conscience de ces mères, un moment où la privation de
secours est toujours redoutable, et peut-être même fatale
(Pour être continuéj.