Élections communales.
LA JUSTICE D'EN HAUT.
On écrit de Braine-I'Alleud Y Étoile belge
Vous publiez des observations fort justes au
sujet de l'illégalité commise par le gouverne
ment en annulant un bulletin libéral non timbré,
pour proclamer un de ses amis en qualité de
conseiller communal Braine-I'Alleud. Mais il
est une circonstance que vous ignorez sans doute
et qui rend cette décision particulièrement
odieuse ce bulletin avait été validé par le bu
reau, l'unanimité, du consentement des té
moins des deux partis, sur la proposition d'un
scrutateur catholique, avant d'avoir été ouvert
c'est-à-dire un moment où l'on ignorait en
faveur de quelle liste l'électeur avait voté.
Le fait était mentionné au procès-verbal et
néanmoins le gouvernement a annulé le bulletin!
Que dire de ce procédé
Voyons finissons-en
Que les Colaert et les Struye soumettent vite
la Chambre un projet de loi conçu comme
suit
Ce serait, pour les Conseils communaux, le
régime d'aujourd'hui, avec l'arbitraire, la déri
sion et l'hypocrisie en moins.
Article 1T. Il n'y a d'électeurs que les cléri
caux.
Article 2. Il n'y a d'éligibles que les mêmes.
Article 3. Tous le3 corps électifs, Chambre,
Sénat, Conseils provinciaux et communaux, etc.
sont dissous.
Article 4. Il sera partout, dans les quinze
jours de la publication de la présente loi, pro
cédé de nouvelles élections.
RÉPONSE
aux accusations formulées 'par M. Struye, membre de
la Chambre des Représentants, contre la Commission
Administrative des Hospices Civils d'Ypres.
(suite et fis.)
V. Faut-il que je relève ici, Monsieur le Représen
tant, ce que vous dites du prétendu projet de laïcisation
des Hospices de Belle et de SJean et de l'Hôpital Notre
Dame Je n'ai qu'a répondre, catégoriquement, que ja
mais il n'en a été question Et juger d'après nos actes,
nous nous demandons, M. le Représentant, comment vous
avez pu insérer dans votre discours, le paragraphe relatif
ces trois établissements et néanmoins, vous semblez
prétendre être au courant de ce qui regarde l'Administra
tion des Hospices! N'est-ce pas nous qui avons sollicité
et obtenu pour la Supérieure et la sœur la plus ancienne
l'hôpital, la croix civique de Ie classe N'avons-nous pas,
l'occasion du jubilé de 50 ans de service, de cette
même Supérieure, organisé, après la solennité religieuse,
une solennité civile laquelle nous nous sommes associés
de grand cœur, et qui a laissé d'heureux souvenirs chez
tous ceux qui y assistaient N'admettons-nous pas, pério
diquement, pour chacun des trois établissements des no
vices, chaque fois que l'âge de quelques religieuses et les
nécessités du service l'exigent Agirions-nous de la sorte,
si nous méditions la laïcisation et par conséquent, le ren
voi de ces dignes sœurs Nous avons lieu d'être satisfaits
des services de notre personnel de religieuses et nous
n'hésitons pas reconnaître leurs mérites et cependant,
tout au moins, pour ce qui concerne l'Hospice Belle,
l'origine de la fondation, l'Hospice avait été desservi par
des Dames laïques pieuses de telle sorte qu'une laïci
sation ne serait pas du tout contraire la volonté des fon
dateurs mais nous reconnaissons volontiers que, dans le
siècle où nous vivons, les mœurs et les habitudes d'au
jourd'hui n'étant plus celles de jadis, même parmi les
femmes pieuses du meilleur monde, nous trouverions dif
ficilement un groupe de six Dames laïques ayant assez de
dévouement et d'abnégation pour vivre comme le font nos
religieuses, sans autre pensée que celle du soin des fem
mes infirmes ou accablées d'années
Quant l'Hospice S' Jean qui, son origine, avait été
un asile pour les voyageurs et les pèlerins, et qui, devenu
refuge de vieilles femmes, avait été supprimé la fin du
siècle dernier (1), nous avons songé un instant, le sup
primer, comme Hospice séparé mais en le confondant
avec l'Hospice de Belle où nous aurions versé pensionnai
res et personnel religieux, afin de diminuer les frais géné
raux d'admiuistration, mais, là encore, il ne devait, en
aucune façon, s'agir de laïcisation
VI. Reste l'Orphelinat des garçons. J'ai montré qu'à
l'époque de sa création en 1610, c'était, de même que
l'Orphelinat S" Elisabeth, une fondation civile. Cette
i; Vu arrêté du préfet Soult en date du 2 Juillet 1812 supprime l'Hos
pice St. Jean et réunit les quatre Sœubs hospitalières et les 16 pension
nants qui en composaient la population, l'Hospice dit Belle.
Ecole fut dirigée par un Régent. Lorsque je consulte la
liste des Régents, en tenant «compte des qualifications
données aux titulaires lorsqu'ils étaient prêtres, je dois
conclure qu'à l'origine, de même qu'à S1" Elisabeth, c'é
tait une suite de plusieurs laïques puis, vient une série
de prêtres, puis encore un laïque, des prêtres, un Ex-
Jésuite, uu Frère religieux de je ne sais quel ordre un
ex-religieux du mont des Kats, un préfet des Etudes
Ypres non religieux deux anciens moines, etc.
A une époque plus récente, partir de 1828 jusqu'en
1850, nous avons eu, la direction de l'Orphelinat, le po
pulaire et sympathique Régent M. Desiefe, ancien pro
fesseur au collège de Thielt, vicaire la paroisse de S1
Nicolas Ypres, nommé curé Wulverghem le 14 Dé
cembre 1849 puis un autre prêtre M. De Block, nommé
vicaire, et démissionnaire le 9 Septembre 1851; et enfin,
M. l'Abbé Gravet installé en qualité de Régent le 8 Octo
bre 1851, et nommé curé Aelbeke le 7 Avril 1867.
A partir de cette époque l'Orphelinat des garçons n'a
plus été dirigé que par des laïques.
Que résulte-t-il de ce relevé fastidieux peut-être
mais instructif, Monsieur le Représentant que si le plus
grand nombre des Régents ont été des Prêtres ou des Re
ligieux, il n'était point de règle primordiale de nommer
des ecclésiastiques et que l'Autorité civile choisissait
laïcs ou religieux, selon les circonstances. Donc, lorsqu'en
1867, nos prédécesseurs n'ont plus nommé de Régent-
Prêtre ils n'ont pas obéi un esprit anti-religieux
mais ils ont, simplement, cru devoir faire cesser des in
convénients qu'ils avaient constatés nous avons continué
leur tradition. Ces prêtres, du moins au siècle où nous
sommes, n'étaient point chargé de l'instruction un in
stituteur laïque était préposé ce service, notamment sous
M. le Régent Desiere. Depuis 1867 jusqu'à ce jour, toutes
les pratiques religieuses, chrétiennes ont été maintenues
et, ici, encore, c'est méchamment que vous nous imputez
des sentiments tels que ceux que vous anathématisez si
énergiquement en ces quelques mots du berceau la
tombe, la religion est de trop
Interpellant des auditeurs qui,n'ont point connu les Ré
gents de l'Orphelinat, vous vous écriez Comparez les
fruits de l'Ecole des Orphelins dirigée par un prê-
tre-régent, et les produits de l'Ecole des Orphelins,
militairement montée et conduite La chanson actuelle
de l'Ecole est van 't ongediert der Papen, verlost ons
Vaderland Puis, vous pleurez toutes les larmes de
vos yeux sur le sort des pauvres familles catholiques qui
ont des orphelins dans cette école ne vous fussiez-vous
point contenu, vous eussiez dit dans cet antre de perdi
tion
En fait de prêtres-régents, c'était M. le Régent Desiere
qui en était la personnification vivante L'avez-vous con
nu, M. le Représentant J'ai eu l'honneur d'être recher
ché par lui, dans ma jeunesse il avait appris me
connaître, chez son ancien protecteur Monsieur de Patin,
jadis Président de l'Administration des Hospices, dont le
fils, mort encore enfant, était mon ami intime! M. De
siere était l'homme le plus aimable et le plus jovial, le
prêtre le plus tolérant, le meilleur et le plus agréable con
vive, l'ami de tous les libéraux de l'époque, et particuliè
rement des célibataires dont il prenait cœur de faire
cesser le célibat Mais j'ai beau me creuser l'esprit et
réveiller ma mémoire pour découvrir les fruits remar
quables de l'Ecole des Orphelins sous sa direction, je ne
trouve guères qu'un employé de l'autorité communale, de
venu commis d'un fabricant, puis successeur de son pa
tron quia dû son intelligence individuelle de recueillir
une certaine fortune, et a eu le bonheur de donner le jour
un futur négociant d'élite, aujourd'hui officier de l'ordre
de Léopold, et un membre distingué de notre législa
ture. Je trouve encore un digne artisan joailler, membre
du Conseil des Prud'hommes depuis nombre d'années, et
décoré de la décoration ouvrière; et puis, enfin, quelques
musiciens qui, Ypres, sont parvenus se créer une po
sition honorable Et n'avons-nous point signaler de
résultats favorables sous le régime actuel Je pourrais ci
ter un professeur de musique, d'honnêtes et de laborieux
artisans, chefs d'ateliers de métiers divers; des sous-offi
ciers méritans dans l'armée, des agents de police, des em
ployés de l'administration des prisons; même un religieux
en Italie; et je puis signaler surtout ce fait que, chaque
année, ou peu près, sur une trentaine d'élèves de l'E
cole d'adultes de l'Orphelinat, cinq, six, sept d'entr'eux
conquièrent des diplômes d'électeurs capacitaires ou des
diplômes au concours régional des écoles d'adultes Cela
n'est-il pas remarquable, Monsieur le Représentant, pour
des jeunes gens qui ne peuvent suivre de cours que le ma
tin avant l'ouverture de l'atelier, et le soir avant l'heure
du coucher Votre parallèle entre l'Orphelinat sous les
prêtres-régents et l'Orphelinat militairement monté, Mon
sieur le Représentant, est une insinuation malveillante,
l'adresse du Directeur actuel, M. Deneus, capitaine-com
mandant d'infanterie pensionné. L'insinuation est d'autant
plus malveillante que vous caractérisez l'esprit de l'Or
phelinat d'aujourd'hui par la chanson que vous dites être
devenue sienne van 't ongedierte der Papen!... Eh bien!
Monsieur le Représentant, il est regrettable pour votre in
sinuation, que l'homme de cœur, l'homme au caractère
loyal, franc et bon qui a recommandé, il y a quelques an
nées, le plus chaudement, nos suffrages, Monsieur le
capitaine-commandant Deneus. chevalier de l'ordre de
Léopold, décoré de la croix militaire, ancien commandant
de t école régimentaire d'un régiment de chasseurs pied,
soit précisément, l'un de vos amis politiques de la droite
la Chambre des Représentants, Monsieur le Comte Léon
Visart de Bocarmé, Représentant de Fumes 11 n'y a pas
trois mois qu'il s'honorait encore, vis-à-vis de moi, de
nous avoir recommandé son ancien compagnon d'armes!..
Non seulement, M. Deneus administre l'Orphelinat dans la
perfection; mais il exerce sa surveillance auprès des pa
trons, et partout où il le peut; il donne ses pupilles, les
conseils les meilleurs et les plus paternels; et il leur en
seigne le français que, grâce au système déplorablement
exclusif d'enseignement flamand qui prévaut aujourd'hui,
nos jeunes gens des Flandres ne parviendraient plus ap
prendre El c'est cet homme là que vous voulez signaler
l'animadversion des naïfs. Monsieur le Représentant
Si l'Orphelinat est monté et conduit militairement il
l'était déjà, avant la direction de M. Deneus; c'est moi qui
ai introduit le système afin d'inspirer des jeunes gens,
malheureusement et nécessairement, beaucoup trop tôt et
trop longtemps livrés eux-mêmes et au mauvais esprit
qui règne dans les ateliers de métiers, le sentiment de la
discipline, le respect des supérieurs et de l'autorité; afin
encore d'améliorer l'état sanitaire et de développer les for
ces physiques; enfin, aussi, pour préparer l'instruction
militaire, rendre la vie militaire plus douce,et faciliter l'ac
cès aux grades, des jeunes gens que la conscription au
jourd'hui, le service personnel inévitablement plus tard,
versent chaque année dans l'armée nationale! Si le
Gouvernement et la législature prenaient cœur d'orga
niser l'instruction militaire dans tous les établissements
d'instruction, quelle réduction considérable ne pourrait-on
pas introduire aussitôt dans la durée du service de la mi
lice; et quel bienfait ne serait ce point pour les familles
des classes laborieuses Vôtre insinuation ne saurait
donc nous atteindre
Il reste, M. le Représentant, votre imputation quant
la prétendue chanson des orphelins, et votreinvitation aux
électeurs et aux parents, aller voir l'église de Saint
Pierre, aux jours réglementaires de confession et de
communion, pour savoir quel esprit domine l'Ecole,
ce qu'ils ont en attendre, et ce qu'ils ont en crain-
dre
Il est une chose vraiment étonnante, c'est que les per
sonnes absolument étrangères une administration ou
un établissement, ont toujours la prétention de connaître
ce qui s'y passe, infiniment mieux que ceux qui ont le
mandat de gérer ou de surveiller cette administration ou
cet établissement Eh bien nous, Membres de la Com
mission des Hospices, déclarons avec M. le Directeur De
neus ignorer le fait que vous articulez et nous ajoutons
que nous ne pouvons supposer où vous auriez pu, vous ou
vos amis politiques, avoir entendu les orphelins en géné
ral chanter la chanson que vous renseignez et qui serait
devenu celle de l'orphelinat! Ce n'est pointdans les rues,
lorsqu'ils se rendent leur atelier nous les avons tous
suffisamment-vu cireuler, cette fin, paisiblement, en vil
le. Ce n'est pas non plus, dans leurs promenades en corps;
ce n'est pas davantage dans l'établissement même le
personnel dirigeant et surveillant ne le tolérerait pas!
Dans leurs récréations les adultes n'en ont pour ainsi
dire point; et ce serait de la part des adultes seuls que le
fait pourrait avoir une signification! serait-ce l'atelier de
leur patron, en ville? Nous ne pourrions en être responsa
bles et ne pourrions l'empêcher Nous savons, parfaite
ment, que l'apprentissage en ville est plein de dangers de
toute espèce et la question de la création d'ateliers d'appren
tissage, dans l'établissement même, a été soulevée plus
d'une fois, depuis 21 ans que je fais partie de l'Administra
tion des Hospices; M. Deneus l'a étudiée lui-même, spon
tanément, sans mandat de notre part, frappé qu'il était
des défauts de l'apprentissage au dehors, mais toujours,
on a abouti celte conclusion que, pour un personnel
adulte d'une trentaine d'orphelins, la création d'ateliers de
métiers multiples, était impraticable
Monsieur le Directeur nous a déclaré qu'un jour, l'oc
casion d'une fête, les élèves avaient chanté dans la cour de
l'Orphelinat; mais il affirme que les chansons étaient tou
tes autres que van 't ongediert der papen Si c'st là le
grief, vous ne le signalez pas de auditu proprio Mon
sieur le Représentant vous affirmez par ouï dire; et nous
n'avons point confiance dans les dires de mouchards, en
nemis de parti-pris de notre Administration
Quant l'attitude dee Orphelins l'église de S1
Pierre aux jours de confession et de communion, votre
insinuation est encore basée sur des racontars car
ce n'est pas vous qui êtes allé vous poster en pèrsonne
l'église, pour surveiller nos pensionnaires s'agi
rait-il par hasard, de l'une ou de l'autre gaminerie
d'enfant? Dans quelle réunion d'écoliers, même entrés
dans l'adolescence, n'en constate-t-on point L'on
nous dit que, pour être édifiés sur l'attitude de gamins
l'église, nous pourrions aller voir, la même église
de St. Pierre, le personnel élèves d'une école catholi
que qui fréquente cette église de même que nos orphe
lins; et on nous assure que la comparaison ne serait
pas au désavantage de nos pupilles
Je crois avoir rencontré et réfuté toutes les accusa-
sations que vous avez articulées contre notre Admi
nistration; et, de bonne foi, vous devriez reconnaître
que vous vous êtes imprudemment, témérairement
avancé Pourfendre des adversaires coup de phrases
ronflantes et creuses dans un meeting électoral, pro
duit beaucoup d'effet et provoque des applaudisse
ments facilement obtenus 1 Il s'agit de savoir si cet