Chronique locale. Nous apprenons l'in stant, sans rien connaître d'officiel, que nos élections communales sont annulées. S'il en est ainsi, ce n'est pas nous qui nous en plain drons. Allons, les amis unss, deuss, troiss, en avant, sus aux cléricaux Au Conseil Communal. Question peut-être indiscrète. C'est se demander dans quel pays nous vi vons c'est cependant là la politique modérée du cléricalisme, c'est de celte manière qu'on entend la représentation de tous les intérêts et comment on entend administrer tout le pays par celte modération qui a la faveur de soule ver l'indignation de tous les honnêtes gens qui ont encore assez d indépendance pour ne pas vouloir être conduit par le nez de leur direc teur spirituel. Nous le répétons, celte politique scandaleuse doit disparaître et nous ne saunons assez nous unir cette fin. Le mal social nous enlace de tous côtés. Pour nous en rendre maître nous n'oublierons plus jamais que L'union fait la force. i ««CCCCOCfrw C'en est fini, même dans la presse cléricale, de la legende qui faisait du cléricalisme un préservatif souverain contre linvasion du socialisme. Commentant une élection pour le Conseil des prud'hommes, qui vient d'avoir lieu Alost, et où le candidat socialiste a battu haut la main le candidat congréganiste le Bien public s'écrie Pour peu important qu'il soit, ce petit fait n'en est pas moins un indice très significatif de l'état d'âme de la population ouvrière. Qu'on renouvelle l'expérience ailleurs, dans tous les centres industriels, même en pays flamand. Par tout, ou presque partout, le résultat sera aussi affligeant. Exceptons toutefois Saint-Nicolas, où le parti ouvrier catholique est organisé d'une façon solide, et pourra tenir tête, le cas échéant, l'assaut du socialisme. L'Economie déduit des commentaires du Bien public les conclusions que voici Si le Bien public veut relire sa propre collec tion, il y trouvera des centaines d'articles dans lesquels il développait cette thèse, que le socia lisme était la conséquence du libéralisme -, que l'enseignement officiel était la principale cause du progrès des doctrines socialistes que seul l'enseignement religieux pouvait opposer une digue ces doctrines, etc. Et aujourd'hui, que nous apprend ce même journal Dans ces Flandres où l'enseignement officiel a été détruit, où presque toutes les écoles sont livrées aux congréganistes, où le clergé règne en maître absolu, les doctrines socialistes se sont propagées tel point qu'il y a tout juste une ville, une seule, où leurs partisans se trou vent encore en minorité partout ailleurs elles ont pour elles l'immense majorité des popula tions. Quel aveu Et quel éclatant démenti le Bien public donne ses articles d'autrefois A voir ce tentpas de pour eux, nos élections communales seront an nulées et ils se conduisent en conséquence. Pen dant que le Journal d'Ypres fait le mort, histoire d'endormir les gens, ses limiers se livrent, com me leur nature le leur commande, toutes les manœuvres de la corruption la plus effrénée. On fait annuler les élections, sous prétexte que le secret ou la sincérité du vote n'a pas été suffisamment respecté entretemps on se livre, Sour soi, toutes les turpitudes, aux plus odieux es marchandages, celui des consciences. Ce spectacle est écœurant et ne fait que soulever l'indignation générale, non pas seulement parmi les gens qui, par leur position, échappent ce genre de tentatives, mais par ceux memes, les petits, qu'on cherche engluer par ces appas déshonorants. Il y a encore assez d'honnêteté, Dieu merci,, parmi nos classes inférieures, pour que la cor ruption n'ait pas auprès d'elles, le succès <^ue nos saints hommes politiques en attendent. D un côté corrompre, violenter, faire tout au monde pour enlever aux électeurs leur caractère de vérité et de sincérité, et de l'autre élever les plus misérables chicanes, contre les agissements de leurs adversaires, sous-prétexte de respect pour la légalité, voilà en deux mots, la morale prati Îui se passe, les catholiques ne dou= a décision que prendra M. Mélot quée par nos aimables cléricaux. Le public ne s y laisse pas prendre et est bien décidé don ner, ces tripatouilleurs émérites, la leçon qu'ils méritent. Aussi est-il impatient de se re trouver devant l'urne. Le châtiment sera sévère mais juste, et dire, que nos bons cléricaux ne s'en doutent pas, au moins cela semble-t-il ainsi. Nous disions donc que le travail de corruption qui se fait chez une certaine catégorie d élec teurs dépasse tout ce qu'on a jamais vu, jus qu'ici. Nous sommes parfaitement au courant de ce qui se fait et il ne se passe pas de jour qu'on ne nous signale un exploit nouveau mais 1 hon nêteté, reprenant son empire, plus d'un électeur nous demande ce qu'il doit faire quand il se trouve devant un billet de cinquante francs (le plus souvent ce sont simples promesses accep ter ou refuser Le cas est embarrassant et nous déclarons, sans ambages, qu'il nous laisse quelque fois dans une perplexité grande. S'il ne fallait envisager que la fin, nous dirions prenez et votez contre eux ce ne serait que conforme la morale cléricale mais la morale libérale dit refusez et votez contre eux. Chez les catholiques on peut tromper, pour les libéraux tromper est un péché. Maintenant, puisqu'il faut conclure, que faire? Selon la morale cléricale, tromper accepter le billet et enfoncer les cléricaux, qui y seront pour leur vingt-cinq ou cinquante francs. Selon la morale libérale n'en rien faire refuser et voter comme la conscience le dicte. Comme c'est la morale cléricale qui sauve, c'est l'électeur choisir. La séance d'hier au soir n'a pas manqué d'une certaine gaîté. Il s'agissait d'approuver le compte de la ville pour l'année 1889. M. Colaert, s'étant abstenu au vote, fut inter pellé sur les motifs de son abstention... Après s'être défendu sur ce point, soutenant qu'il ne pouvait être tenu de motiver son at titude, il finit par dire qu'il s'abstenait pour les mêmes motifs qu'il avait fait valoir lors du vote sur les comptes précédents. Mais M. le Président lui fit bientôt remarquer que, bien au contraire, il avait, dans des séances qu'il précisait, approuvé, et le compte de 1887, et celui de 1888... Après cela, ajouta le f.f. en souriant, c'est affaire vous de concilier vos votes variables d'année en année et vos appro bations des comptes avec vos rejets des budgets. Qui fut penaud, on le devine. Ah ça, Contrôleur vous feriez bien de vous contrôler parfois vous-même; cela devient même absolument nécessaire. A la séance de Vendredi dernier du Conseil communal, M. l'Echevin Cornette a donné com munication d'un projet de réorganisation de l'ad ministration des pompes funèbres. Selon ce projet, les pompes funèbres intervien draient dans l'inhumation des indigents. Il y aurait un corbillard exclusivement réservé cette catégorie, et la ville en supporterait les frais. Voilà, pour le fond. Les détails, nous les ferons connaître ultérieurement. Ce que nous tenons constater, et ce dont nous félicitons l'ho norable Echevin, c'est l'amélioration qui sera, dans la suite, apportée dans un service qui lais sait beaucoup désirer, et la haute pensée qui l'a inspirée. C'est de la charité libérale, si l'on veut, mais de la bonne et on ne saurait trop y applaudir. C'est en même temps une bonne réponse au Journal <1 F près, qui a demandé vingt et trente lois, en riant quand la nomination du direc teur des pompes funèbres On parle en ville de certaines poursuites. Mais quand donc verrons-nous entamer celles au sujet des violences commises sur des libéraux dans la soirée du 12 Octobre On disait dans le public qu'elles ne se feraient qu'après les élections. Mais les élections ont eu lieu et...l'on n'a rien vu venir. Est-ce pour après.... les nouvelles Mais les poursuites commencées alors Pourquoi les unes avant ou pendant, les autres après Le Journal, qui n'est jamais embarrassé, sauf quand il doit cure la vérité, prendrait sa four chette d'arlequin et crierait décorations, sièges, os décharnés Mais ce sont là des pasquinades et non des raisons. Au fait, il y a tant de choses inexplicables en ce monde, et, tout bien pensé, le mieux encore est de jeter sa langue aux chiens. «icgJi" Tartuffe, acte IV, scène VIII. On voudrait qu'il en fût également ainsi Ypres, et les permanents et facétieux instru ments de la calotte y donneraient, l'occasion, un bon coup de main. Si l'on pouvait réussir, comme on verrait l'a- risto Surmenteur jubiler Brouwers s'apprête même déjà couvrir les Bonzes sacrés de lau riers et de fleurs Quelles agapes on ferait Mais de grâce, dans l'intérêt de l'hygiène publi que, que l'on joigne aux amphores pour le vin et au traditionnel vase d'eau bénite, un baquet d'acide phénique, afin que le goupillon puisse l'aise batifoler partout. En attendant, ce sont nos officiers qui ne sont pas satisfaits. En vue d'intimider les Yprois et d'élections nouvelles, on avait mis dans le pain de sucre de Pontus, que, pour des motifs de stratégie sacrée, le bataillon d'Ypres devait immédiatement être déplacé et ce fut naturellement, parmi les offi ciers, qui chercherait d'abord, ses apparte ments dans la future garnison. Mais, sauf parmi les Jocrisses les plus incurables, il y eut Ypres un toile tellement général, que les raisons stra tégiques, le coup ayant râté, furent remi sées comme un vulgaire plan de Benedeck. Après avoir crié sur les toits passez muscade, on murmure maintenant muscade repassez. Vous reculez donc, Tartuffes, devant la répro bation publique, et n'osez, pour le moment, essayer de transformer nos sympathiques, intelli gents et braves officiers en simples volants de raquette A quand une nouvelle fumisterie Mais qu'espéraient donc nos histrions de ces ineptes menées et qui voulaient-ilB en faire accroire en souffletant un corps électoral d'élite comme celui de la ville d'Ypres La volonté du Ciel soit faite en toutes choses, mais, même sous le doyenné de M. Boone, s'ima ginerait-on de faire dérailler le bon sens des électeurs Yprois et de les métamorphoser en moutons de ranurge, l'instar de ceux de Voor- mezeele, Thielt et Wervicq C'est vrai, M. Boone, capable et expert dans l'art de scruter la conscience, jeune et insinuant d'ailleurs, exercera de l'influence, mais seule ment dans un certain milieu de femmes et, par une circonstance favorable, présidera, s'il le veut, ainsi que ses vénérables collaborateurs, l'occasion de l'Epiphanie, de petites réunions intimes, où, conformément aux traditions, on va Après, soit, bien que l'on ne saisisse point la raison plausible de cette postériorité. C'est vous d'en sortir, vous qui parlez en maître, La maison m'appartient, je le ferai connaître.

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Le Progrès (1841-1914) | 1890 | | pagina 2