RÉUNION
DE L'ASSOCIATION LIBERALE,
le Dimanche 10 Mai,
58. Dimanche,
51e ANNÉE.
10 Mai 1891
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
A 8 HEURES DU SOIR.
Ypres, le 9 Mai 1891.
Notre bataillon d'infanterie nous a quittés, en
partie, Vendredi matin, l'autre partie, Samedi,
pour Bruxelles.
Selon les instructions, il devait se rendre le 28
courant, Arlon, pour l'exercice au tir. Après le
tir, il allait, dit-on, rejoindre son régiment en
garnison Bruxelles et puis....? Nous ne savons,
probablement ne plus revenir.
Son départ a été précipité par les événements
dans les pays de Liège, Charleroi et Mons. Nous
reviendra-t-il, ou sera-t-il remplacé par un autre
bataillon Nous osons peine l'espérer.
Quant au régiment, avec musique et état-
major, qu'on nous avait promis pour le mois de
Juillet 1887, il y a longtemps que les Yprois en
ont faitrieur deuil, et ils ont raison, car ce beau
régiment doit enco^ être fabriqué.
Plaise Dieu, nous ne disons pas nos repré
sentants, que le bataillon qu'on ne manquera pas
de nous promettre, ne reste en fabrique, comme
le régiment.
Ce sont donc les événements de nos bassins in
dustriels qui commandent cette concentration de
troupes. Quelles seront les suites de ces événe
ments? Personne ne saurait le dire; ils prouvent
tout au moins une chose, c'est l'entente qui
existe entre* les ouvriers et de quoi ils sont
capables.
On ne saurait contester qu'ils forment une force
imposante avec laquelle il faudra désormais
compter et que bien aveugle est celui qui croit
se tirer d'affaire en finassant avec eux.
M. Beernaert n'a-t-il rien se reprocher dans
les faits qui troublent le pays et sont une cause
de ruine
Si, au lieu d'amuser le tapis, (est-ce amuser
qif'il faut dire si, au lieu de biaiser avec les
besoins nouveaux de la société, besoins auxquels
il n'est plus possible de se soustraire si, au lieu
s* comédie en plusieurs actes dans le
sein de la section centrale, if eût franchement
abordé la question, Avêlîle déaiv évident d'abou- v,
tir une revision franche et satisfaisante, les
grèves d'aujourd'hui n'eussent pas eu de raison
d'être et par conséquent n'eussent pas eu lieu.
Que la revision n'eût pas été, l'heure actuelle,
un fait accompli, parachevé, c'est incontestable,
mais au moins elle eût été en train de se faire,
et c'était la seule' satisfaction qu'on pût offrir,
et elle eût été suffisante. On eût vu clair et les
revendications de la classe ouvrière se fussent
tenues pour bridées par la ssuL perspective, du
résultat prochain. Maintenant on voit clair
aussi, mais on voit que M. Beernaert a mis touter
son adresse ne rien faire, et c'est ça qui a mis
le feu aux poudres,nous voulons dire, l'irritation
dans les esprits.
v
Et- quelle est la leçon'qpi ressort de ces événe
ments C'est que l'élargissement du droit élec
toral par l'occupation ou toute autre calembre
daine ne saurait être la panacée qui sauvera le
pays. Ce qu'il faudra réaliser, qu'on le désire ou
non, qu'on y voie un bien ou un mal pour tel ou
tel parti,ce sera le suffrage universel. Tant qu'on
n'aura pas cela, ce sera toujours recommen
cer. Car c'est l'ouvrier qui veut devenir électeur
et de la façon dont il s'y prend, plus moyen de
le lui refuser.
Mais, dit-on, après le suffrage universel, on
demandera la journée de huit heures et après
cela autre chose, et faut-il accorder tout ce que
demande l'ouvrier
La question, en effet, est difficile et le problè
me ne laisse pas que d'être embarrassant. Ce
n'est cependant pas un motif pour perdre son
temps en jongleries et lasser le3 plus pationts. 11
faut toujours faire ce qu'on peut faire. Accorder
le suffrage universel, cela n'est pas au-dessus
des forces du gouvernement il n'en est pas de
même du reste. On peut organiser l'un et être
dans l'impossibilité de faire ie reste. Pas un gou
vernement n'a décrété la journée obligatoire de
huit heures plus d'un a le suffrage universel.
D'ailleurs il en est do3 oiiviieia comme de
beaucoup d'autres; demander le plus pour avoir
le moins est une chose qui se voit tous les jours
§t rien ne dit qu'il n'en soit pas encore ainsi,
dans l'occurrence. D'ailleurs, l'impossible nul
n'est tenu.
Bien entendu qu'en raisonnant comme nous le
faisons, nous ne faisons que èohstater un fait,
une chose qui nous enserre- et qu'il n'appartient
plus aucun homme d'Etat de méconnaître ou
d'enrayer. Le mouvement existe. Il existe parce
qu'on y a poussé et parce qu'en définitive, il
n'est que l'imitation de ce qui existe nos por
tes. Quelqu'un a-t-il mieux mettre en place
Qu'il le dise, il aura bien mérité du pays.
Car il s'en faut que tout le monde soit parti
san du suffrage universel.il est des libéraux, bon
teint, avec l'esprit largement ouvert aux réfor
mes, que cette large réforme effraie. Et il y a vrai
ment de quoi, quand on a en vue, et la chose en
vaut la peine, le progrès dans le bon sens du
a mot. Car que sont ces masses que le suffrage
universel mènerait au scrutin
On dit bien que dans les grandes villes, que
dans les pays industriels, les libéraux ont tout
gagp.er. C'est possible et la suite nous le dé
montrerait plus clairement. Mais dans les pays
flamands, da'hs les pays de la moedertaalen
serait-il de même
Les partisans* del#ia revision jusqîf'au suffrage
universel ont-ils été a Bruges cette -sçnaaine et y
ont-ils vu la processionc(u. Saint Saûg Si oui,
ils ont dû contempler (fîin oeil inquiçt cette mas^y^"
ae compacte de crétins qui necompagnSIéfit et
^aaivaientja procession; et siaprès cela,ils craàaat*
.^PlfSA'est avec çes types i'un antre âge qu'on
^organiser et fortifier le gtffti libéral, ik.
tiens qui faisaient l'ornement le ,pRis ô'hoïsi de
cette procession et qui suivaient leS saints de
bois dont ils ne différaient qu'en ce que ceux-ci
sont portés tandis qu'eux marchaient sur leurs
pieds. Et combien de cette catégorie n'en est-il
pas resté dans leurs villages, car tous n'y étaient
pas, quelque nombreux qu'ils fussent.
Ce sont cependant là les matériaux au moyen
desquels on veut élever l'édifice social.
Alors faut-il les employer, si telle est leur
structure La logique répond non, mais les faits
répliquent qu'il n'y a pas moyen de faire autre
ment.
Bientôt nous verrons qui aura raison, la logi
que ou les faits.
On sait quelle collection copieuse de cousins
et de neveux le bon M. de Lantsheere casa
lors de son passage au ministère. Ce saint
homme était une providence pour sa famille.
Plus lard, il devint une providence pour lui-
même et s'introduisit dans le plantureux fro
mage de la Banque nationale. On pouvait croire
qu'il s'en tiendrait là. Erneur profonde. Voici
en effet ce que nous lisons duns les Nouvelles
du Jour
Il y a quelques jours, un colonel d'état-
major de la garde-civique de Bruxelles a été
amené donner sa démission, dans les circon
stances sur lesquelles nous n'avons pas reve
nir.
11 va falloir pourvoir cette vacance. Pro
bablement, pour ce grade fortement galonné
et panache, il s'est produit de nombreuses
compétitions mais le siège du gouvernement
est fait, le successeur du colonel Allard est
choisi.
Le nom du favorisé, noùs pourrions le
donner en mille chercher tous les officiers
de la garde civique, ils ne le devineraient pas.
On s'apprête nommer l'emploi vacant...
M. de Lantsheere, "fils du président de la
Chambre
M. de Lantsheere fils, peine majeur, de
meurant Ixelles quoique domicilie Bruxel
les, simple garde de la première légion, sera
nommé colonel d'état-major de la garde civique
si le toile général, que ne manqueront pas de
soulever nos révélations ne réussit étouffer
dans l'œuf le projet de nos maîtres, emuèchehc
ce scandale.
Nousf allons W^KV^dSTamsi qu'on entend
organiser la garde Civique qui, d'après nos gou-
vernants, sentit consiSétïê paAeux comme la
réserve cte l^rmée acWve.
Ofl "démoralise les officies», on désorganisa
le service, on var cher^ef*l^j®écrues pour les
hauts grades dans lës.sacrisiies.
C'est, du. propre.
Nous lisons dan? Nation
Le général- Vander Spaissen fait deman
der M. Woeste, par ^entremise de dèux
témoins, des explication^ sus les paroles vrai
ment excessives,qtùLa prononcées Vendredi
la Chambre l'adresse des seize généraux in
terviewés par l'Etoile.
LE PROG
vires acqdirit eundo.
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