Chronique locale. L'ère de/paix. bien, ce semble, le droit de dire notre petit mot Eh bien nous nous permettrons, de rappeler notre représentant plus d'assiduité et, doréna vant, nous noterons ses absences. Nous les avons notées jadis et cela a rendu, momentanément du moins, M. Colaertplus zélé. Nous avons relâché depuis, et lui aussi. A recommencer donc Etre la Chambre, ce n'est pas, Monsieur Co- laert, vous trouver votre chambre, occupé dormir, voire même travailler mais occuper votre siège au Parlement. Nous y tenons et y veillerons. Vous voilà prévenu tâchez de valoir double dans la suite. Le Journal reproche au Progrès d'aimer cri tiquer. Cela n'est pas une réponse. Oui, nous aimons critiquer, mais seulement tout ce qui est criti quable. C'est notre droit d'ailleurs, notre devoir même, et nous en userons largement, sans nous inquiéter de rien, ni de personne. Nous maintenons donc haut et ferme, que l'in demnité de 400 francs, allouée par le Conseil au tenancier que l'on sait, constitue un scandale, et nous défions toute la rédaction du Journal de Srouver, qu'en fait et en droit, la loi du 10 Ven- émiaire fût, même de loin, applicable dans l'occurrence. Nous maintenons encore, que faire renouveler pour cinq ans une taxe que l'on a constamment attaquée et que la précédente administration ne parvenait qu'avec peine faire autoriser pour une année la fois, constitue une fumisterie de primo cartello. Répondre, comme le fait le Journalque ce sont nos amis qui ont maintenu la taxe, ne signi fie rien. Ils l'ont maintenue, oui, parce qu'ils la croyaient bonne. Mais vous autres qui l'avez constamment combattue Ajouter ensuite que c'est sans préjudice au droit d'examen et de revision et que la question de principe est réservée, n'est qu'une mauvaise plaisanterie de plus, une défaite pire que la pre mière. Enfin, nous soutenons toujours, que les agissements de M. le juge Biebuyck, après tou tes les attaques quo le Journal a dirigées contre Messieurs Soenen, Gravet et Van Daele, consti tuent, non seulement une grossière inconséquen ce, mais même un scandale. Jamais MM. Soenen, Gravet et Van Daele n'ont fait partie du Comité de l'Association libé rale jamais ils n'ont pris la porole dans au cune assemblée jamais ils n'ont fait de présen tations de candidatures jamais ils n'ont fait de politique militante. M. Biebuyck, lui, fait partie du Comité de l'Association cléricale; il parle dans les réunions; il a été, quoi qu'on en dise, un des parrains de la candidature de M. Fraeys, et il forme, en somme, au su et au vu de tout le monde,un poli ticien très zélé et très remuant dans le clan clérical. Et il est d'autant plus dangereux qu'il est plus sincèrement dévot. Ce n'est pas lui qui, passant Bruxelles, irait, comme certain criquet de seH amis, grand diseur de patenôtres Ypres, savourer, caché dans une loge du Théâtre des Galeries, le voyage en maillot transparent de la belle Suzette M. Biebuyck, c'est une justice que nous ai mons lui rendre, n'a pas deux moraleB son usage morales privées s'entefid car en politi que Depuis que les cléricaux nogs ont annoncé qu'avec leur avènement allait régner IVre de paix, oa a.'est souvent dqjnandé en quoi pouvait bien conèisJWcette ère. Jusqu'alors on''croyait avoir joui de la paix, puisque de touf temps les citoyens de notre bonne xiil^-d'YpHfe, toufrfc en diAérant d'opinion", les uns libéraux des degrés divers, les autres cléricauf, 'également des degrés divers, s'entendaient assez entr'qux pour se rendre la vie possible toujours, et même souvent agréable que l'ordre n'était que très rarement troublé, et quand il l'était, c'était si peu, si peu, qu'on n'en parlait pas, une tem pête dans un verre d'eau la police avait la vie douce et aisée on ne voyait les gendarmes que près de leur panier salade l'autorité était respectée et pour ce qui est des bagarres de rues, celui qui n'en aurait jamais vu ailleurs ou entendu parler, n'aurait su ce que cela voulait dire. Cela pouvait donc passer pour la paix et, franchement, cela l'était. Mais les cléricaux nous avaient promis mieux. Quoi C'est, comme nous venons de le dire, ce qu'on se demandait, et il y a eu des gens, assez naïfs, pour croire que la paix était autre chose que ce qu'ils avaient connu. Maintenant ils doi vent commencer comprendre le sens exact de ce mot ère de paix. Dimanche, 24 Mai, ils ont assisté l'une des scènes de cette ère de paix. Depuis les journées de 1830, on n'a jamais rien vu de pareil, et cela sous l'œil de l'a u t o r i t On n'a pas pillé, il est vrai, comme en 1830, mais c'était-il moins effrayant En 1830, c'était la lie du peuple qui se livrait tous les excès qu'on sait; Dimanche dernier, c'était une classe plus élevée, plus responsable et sensément mieux elevée, par conséquent plus coupable. Et les provocateurs, et les instigateurs, et les auteurs directs et indirects de ces violences, faut-il le dire Quand nous aurons dit les cho ses telles qu'elles sont, on nous accusera de par ler par passion politique on nous dira que nous parlons par animosité, et que nous char geons injustement nos adversaires de tous les péchés d'Israël. Et cependant mentirons-nous quand nous dirons que le parti clérical compte toute une catégorie de méchants gamins côté de quelques insolents meneurs, mauvais cou cheurs endurcis pour qui les querelles sont pain bénit et les batailles leur champ de gloire, et d'autant plus insolents qu'ils croient pouvoir compter sur l'indulgence de leurs chefs, si pas sur leur admiration. Dans une journée comme celle de dimanche, il est tout naturel que les deux partis prennent l'air. Cela se faisait autrefois, mais sans incon vénients sérieux. Aujourd'hui il n'en va plus de même. Qu'avaient-ils besoin, les cléricaux, de nar guer les libéraux qui se trouvaient la Fleur-de- Lis Qu'avaient-ils besoin d'y entrer Cela seul n'est-il pas chercher querelle Qu'avaient-ils besoin d'entrer Y Aigle d'Or N'est-ce pas, encore une fois, le besoin d'exercer les biceps Les Trois Fleurs-de-Lis, Y Aigle d'Orsont des estaminets où les mameluks de la rue des Chiens et de la rue de Menin ne se rendent guère. Vit- on jamais des bandes de jeunes libéraux enva hir les estaminets cléricaux, surtout aux jours d'effervescence Comment n'en sortirait-il pas des querelles, des bagarres Du café on des cend dans la rue, on crie, on chante, on siffle, on se conspue, on s'échauffe, le sang bouil lonne, on joue de la canne et les coups Ïileuvent, dix gourdins sur un même dos, e jeune M. VDV. en sait quelque chose la mêlée devient générale, tout est confondu, agresseurs et victimeset dans ce fouillis grouillant où les cannes et les bras s'entrecroi sent, les chiens hargneux de la meute cléricale mordent traîtreusement dans les mollets libé raux et il y a du sang. Ç'est Y ère de la paix. La police intervient prudemment. Elle voit clair, elle va bien d'où partent les torts, elle doit réprimer, mais L'autorité aussi est là, mais sa main n'est pas expérimentée, l'œil n'est pas-exercé,que faiïe»>.£. Elle ne sait où donner de la tête. Lés esprits sont tellement montés que l'auto rité même (nous votflond dire «eux qui la repré sentent) n'est plus respectée; par sa présence, au lieu d'être un apaisement, un instrument d'ordre, elle est plutôt un sujet d'irritation. Et c'est Y ère de la paix -vy' Finalëment les libéraux sont mis au;bac et les cléricaux sont paternellement conduits l'un, av.-.c tous les honneurs, dûs àjgri'Yang, au Fto- magSuisse, un second au brffeàu de police où il est mis en liberté avant d'en avoir franchi le seuil, d'autres tapent dru sur un libéral qu'on conduit au poste, et la police semble un moment placée sous la conduite d'un jeune forcené armé d'une grosse trique cléricale, toute de circon stance. On se bat ici, on se chamaille là Y Ai gle on casse des tables, des vitres, des verres, (alo, alo, loi de vendémiaire et toute la soirée se passe en hurlements, en chamailleries et en taperies qui font de Y ère de la paix le plus beau désordre qu'on ait jamais vu. Et cela date depuis les élections du 19 Octobre et ça va toujours de mieux en mieux. Que tout cela va-t-il devenir Nous n'avons aucune envie d'attiser un feu qui n'est déjà que trop violent, mais il nous est bien permis de demander nos maîtres s'ils comprennent maintenant que ce n'est pas tout d'être soutenu par des énergumènes sans scru pule et sans mesure que ce n'est pas tout d'a voir le pouvoir, il faut que les amis sur lesquels on s'appuie soient élevés bonne école et n'aient pas l'esprit faussé par des suggestions trompeu ses et exclusives que le pouvoir n'est une chose respectée que pour autant que sa source soit pure et que jamais la force et la violence n'ont engendré l'ordre et la paix. Ah tout n'est pas rose dans ce bas monde, et d'autant moinB rose qu'on emploie plus de papier rose. i^jj^jjjiCOEnTrw- Après l'élection de Dimanche, quelques dra peaux, en très petit nombre, ont été arborés. Mais quels drapeaux De vraies loques en général. Nous en avons vu un notamment, rue au Beurre, tellement noir et tellement malpropre, qu'on lui eut donné le propriétaire pour hampe que cela n'aurait point fait disparate. On a beaucoup remarqué, Dimanche dernier, Ïiendant que les vainqueurs du matin fêtaient eur triomphe devant la maison du nouveau Conseiller provincial, quatre gendarmes, con duits par M. Berghman, plus mort que vif, s'avançant gravement au milieu de la foule, peu habituée ces exhibitions pandoresques, et on se posait la question de savoir 1° ce que venait faire là cette patrouille d'un nouveau genre, 2° quel est maintenant le nouveau chef de la police On se disait aussi que c'était M. Berghman qui avait été quérir la police. En vertu de quoi, en qualité de quoi Y a-t-il maintenant plusieurs chefs de police, et l'officier de l'état-civil est-il devenu le chef de la police Qu'est-ce que tout cela signifie Allons, allons, Monsieur Berghman, ne vous laissez pas mettre dedans. Cet étalage de bonnets poil est une nouveauté qu'on ne continuera pas, il faut l'espérer. Depuis cinquante ans que les libéraux ont occupé le pouvoir, vit-on jamais ce déploiement de forces pour maintenir l'ordre La présence du Bourg mestre, dans les cas rares où cela parut nécessai re,a toujours suffi assurer l'ordre et l'interven tion des gendarmes eût été une atteinte portée la dignité du premier magistrat qui, d'ailleurs, répondait de tout. Depuis quelque temps, il semble que les choses ont changé et, nous avons vu, la fin de l'administration libérale, et com me une humiliation gratuitement infligée la police locale, les gendarmes requis par le par quet, en dépit de toutes les règles administrati ves, se promener sur la Grand'Place des heures durant, alors qu'il n'y avait pas un chat fouet ter. Ne renouvelons pas ces exhibitionsqui t? moignent d'un excès de zèle et qui, dans les circonstances oq elles se produisent, sont plutôt une excitation qu'un calmant.-'" Le Concert organisé par les libéraux cet hiver au profit dès pauvres et remis forcément, par Âiite de circonstances diverses, aura lieu le JTOmanche, 31 de ce mois, en la Grande Salle de lAigle d'Or. Nous recevons Pépître qui suit On continue jouer du gendarme en.... gen darme ce qui semble. '*•- C'est croire, «l'en partant, M. Huyttens a laissé ici son esprit. Note d'un Jlâneur.) S: -.T»»ae9Qaaon»»i' Monsieur l'Éditeur du Pbogrès, Brigadier, répoDdit Pandore

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Le Progrès (1841-1914) | 1891 | | pagina 2