51e ANNÉE.
il Juin 1891
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Finances.
l\° 48. Dimanche,
0 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQOIRIT ECNDO.
Yprès, le 13 Juin 1891.
Nous venons de recevoir, ce Vendredi midi,
par un galopin qui nous le remit comme une
simple réclame de marchand forain, le Rapport
du Collège échevinal sur la situation financière de la
mileprésenté la séance du Conseil communal,
le 6 Juin 1891, par M. le Bourgmestre Baron
Surmont de Volsberghe.
Ce rapport, signé B Surmont de Volsberghe,
nous est adressé par M. le Baron Surmont de
Volsberghe lui-même. Nous remercions M. le
Baron gurmont de Volsberghe de cette délicate
attention.
Ce rapport est assez long malheureusement
il n'est pas aussi clair que long, non pas qu'il
cache ce qu'il désire dire, savoir que le déficit
du budget de 1891 est de fr. 48300-00 et le dé
couvert de fr. 75956-45, mais la manière de dé
montrer comment le rapporteur est arrivé ces
chiffres n'est rien moins que claire. Et c'est par
où pêche le document en question.
Comme nous l'avons déjà dit, rien n'est plus
élastique qu'un budget, et comme il est de règle
et de guerre habituelle qu'un parti, succédant
un autre, doit pour l'honneur de sa réputation
future, établir qu'il a repris les affaires en mau
vais état, il est de son devoir d'arranger les
chimres en conséquence. Quand M. Malou suc
cédait M. Frère-Orban, M. Malou critiquait la
gestion financière de M. Frère-Orban et vice-
versa quoique celui-ci avec infiniment plus de
raison que l'autre. Quand M. Beernaert est entré
aux finances après M. Graux, il a promis de
faire autrement que M. Graux, mais il a com
mencé par mettre profit la situation que lui
avait léguée M. Graux, tout en le critiquant.
C'est lerort des ministres catholiques d'empo
cher ce qu'on leur laisse et qu'on a créé force
d'économie et d'entente administrative, mais de
promettre de faire mieux et plus.
Ainsi fera M. Surmont.
Quant faire mieux et plus, c'est une autre
afiaire.
Il trouve une situation au fond prospère et en
tous points brillante, c'est trop beau cela, il
la triturera et l'arrangera de manière cacher
la face de ce budget et mettre en évidence les
petites verrues qu'il pourra y découvrir, et il ne
parlera plus que des tâches de rousseur ou de la
petite verrue, et pas un mot de la beauté du
Vx4t»g*r
Cela n'empêche que pour celui qui met l'en
semble au-dessus du détail* le visag0 s'ifcftefc
beau, sera UyujoagPs beau-en dépit di la.tâche M?
rousseur ou de la vùrrue.
Laissons pour aujourd'hui les détails, allpns
droit au but' au gros de l'affaire et prenons le
taureau par-les cornes. Il s'agit du découvert
de fr. 75936-43, composé, selon l'honorable rap
porteur, de fr. 48300-00, qui est le soi-disant a
'"déficit du budget de 1891 et de fr. 27656-45 prô-
venant de
Vente de terrains, fr. 3488-00
Fondation Pauwels, (1) 2000-00
inondation caisse-Pompiers, 12344-00
Livrets caisse d'épargne, 9824-45
Total fr. 27656-45
Quelques mots d'abord de ces fr. 27656-45. Le
rapport dîl qu'il a été fait de ce capital un em
ploi abusif. Il paraît que ce capital fait partie
du fonds- roulant on aurait pu l'en distraire,
nous n'en disconvenons pas mai3 ce capital ne
fait-il pas ses fonctions L'intérêt de ce capital
ne figure-t-il pas en dépense, tous les ans au
budget, ne reçoit-il pas sa destination régulière
et normale Et s il existait dans un tiroir
matelassé, rapporterait-il plus
11 ne saurait donc être considéré comme per
du ou escamoté, comme on pourrait le croire,
la lecture du rapport. Au fond la ville n'est, pas
lésée d'un centime, peut-être au contraire. Il
n'y a donc ici qu'une question de fôôorme qu'il
est bien facile de redresser. Ces 27656-45 se
retrouveront bien vite en petits tas de pièces de
20 francs ou en billets de banque ou eu fonds
d'Etat, si on tient contempler les tiroirs qui
les contiendront, il suffira de reconstruire ce ca
pital au moyen de l'excédent du compte de
1890, que nous ne connaissons pas, mais qui cer
tainement sera de force y pourvoir. Il n'en a
jamais été autrement, les comptes de la ville
ayant toujours clôturé avec un excédent beau
coup supérieur aux prévisions budgétaires.
Ne grossissons donc pas l'importance de ce
capital.
Reste le déficit de fr. 48300-00 signalé par le
rapport.
Ici nous devons déclarer qu'il nous est difficile
de raisonner sur ce chiffre qui nous est présenté
sans explication aucune. Gomment arrive-t-on
ce déficit Il est probable que l'honorable rap
porteur l'a trouvé par un jeu de chiffres qu'il
saurait au besoin expliquer. Chacun sa manière
de compter et de grouper les chiffres, quitte
voir quelle est la bonne cette manière peut dif
férer et elle différera selon les besoins de la
cause, mais encore une fois, nous regrettons de
n'y voir qu'une somme de 48,300-00 francs, sans
autre explication. Force nous est donc de nous
incliner provisoirement, sauf meilleur avis.
Cependant nous savons que pour arriver ce
déficit, l'honorable rapporteur a rayé une somme
de 50,000-00 francs portée au budget, en recette,
du chef de la vente du Palais de Justice et que
d'aucuns prétendent y indûment portée.
Soit. Mettons, (nous sommes de bonne compo
sition) que ces 50,000-00 francs pouvaient, vu le
peu de complaisance que mettrait peut-être la
Province liquider cette affaire, y aient été por
tés comme recette figurative admettons de plus
que strictement pri3, ils ne devaient pas y figu
rer du tout, ou s'ils y figuraient en recettes ils
devaient aussi figurer en dépenses, l'une neutra
lisant l'autre, la situation était-elle perdue pour
pela
Nennir il suffisait de se comporter, pendant
l'exercice. 1891, en conséquence et de regler fès
dépenses sur jqs recettes^ .Qn n'a jamais, sous
r^ùnamistration libérale"' dépensé plus qu'oh
n'avait, au contraire. Pourquoi en aurait-il été
autrement en l'an de grâce 1891
Nous n'avons pas toutes les pièces qu'il nous
faudrait pour établir cette comptabilité dans
tous ses dAàils^et nous n'avons, pour étayer
notre raisonnement d'une façon mathématique
ment précise, puisqu'il s'agit de chiffres, les élé
ments indispensables, mais nous savons, qu'il y
a au budget pour près de 110,000-00 francs de
dépenses extraordinairesOr ces dépenses extraor
dinaires ne sont pas toutes également urgen
tes et nous serions étonné <ju'on n'en pût pas
remettre pour une somme équivalente celle
qu'il faut pôur combler le déficit signalé par M.
Surmont.
Remarquons bien que nous raisonnons tou
jours en prenant pour parole d'évangile ce que
nous dit le rapport, ce que quelques-uns auront
peut-être du mal 'accepter. Mais enfin, nous
admettons le rapport et ne le chicanons pas.
Nous faisons M. Surmont la part aussi large
que possible et malgré tout l'effroi qu'il vou
drait nous inspirer, nous ne parvenons pas
nous sentir pris de la moindre peur. Nous som
mes ainsi faits et pour cela nous avons d'excel
lentes raisons, voici pourquoi
La situation présentée par M. Surmont ne
porte, en définitive, que sur le budget. Il a beau
frapper droite et gauche, exhumer toutes les
petites verrues, son out est de prouver que le
budget se clôture en déficit, et c'est le budget
qui est le bouc émissaire. Nous venons de voir
ce qu'il faut en rabattre.
Mais un budget n'est qu'un budget et ne sau
rait être l'expression exacte d'une situation.
Prévisions, probalités, approximations, tel est le
caractère d'un budget.
Or, ces comptes correspondent rarement aux
budgets sur lesquels ils s'appuient. Ainsi, pour
ne citer les années que nous connaissons, regret
tant de ne pas les avoir toutes pour le moment,
tandis que le budget de 1887 prévoyait un excé
dent de fr. 480-71, le compte de cette année se
clôturait avec un excédent de fr. 45484-79, soit
une différence en faveur de la caisse de fr.
45004-08.
Et c'était l'année où la démolition du bastion
hors la porte de Bailleul avait coûté fr. 30000-00.
Le compte de 1886 se clôturait avec un excé
dent de fr. 77596-00. Nous ne possédons pas le
chiffre prévu au budget, mais coup sûr il ne
ressemblait pas celui réalisé cette année.
Prenons encore le budget de 1889 il se sol
dait avec un boni de fr. 1343-00, tandis que le
compte de la même année se soldait avec un ex
cédent de fr. 4771-22.
Et pour 1890 Quel sera'son excédent,
est certain qu'il y en^aura un"? Le budget pré-"
voyait un boni d% lEN8iyâ*89 et nous ne serions
pas étonnés ai le c&ïnpte de cette même année se
clôturait avec un excédent de 50000 fr.au moins,
et probablement sera.-t-il plus élevé. Or, c'est
avec cet excédant réajy palpable, en bel et boD
argent, que pourra iqarcher M. Surmont. A
moins de casser l'argent coups de marteau, il
devra présenter le compte de 1891 avec un excé
dent ressemblant ceux qu© laissaient ses pré
décesseurs. Et M. Surmont émettrait des prédic
ations sinistres
Ce n'est'donc pas encore la villq saignée blanc
"domine on l'a dit y T
En un mot, M. lé rapporteur au^tif^dû s'en
tenir un peu plus au réel (les comptes) qu'au fie-
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions judiciaires la ligne un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le notant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
Jt rue de l'Enseignement, Bruxelles.
flÇEontrairerifenCà Insertion du rapportetfr qui repro-
chôîèStadministr^tjon communie de ne pas avoir régula
risé'Wfblidations; nous lisortr dans le Rapport sur la
situation des affaires de là ville d'Ypres pour'1886
Jusqu'à ce jour aucune solution n'est intopenue dans,'
cette affaire (l'affaire Pauwels), malgré les fréquents rap-'.
,pels que nous avons adressés M. le Gouverneur de là
Province.
Le compte, c'est-à-dire la balance réelle entre
les dépenses et les recettes d'une année, voilà
l'expression exacte d'une situation, au point de
vue de la gestion de cette année.