N° 50. Dimanche, 51e ANNÉE 21 Juin 1891 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypres, le 20 Juin 1891. La Constitution et les bourgmestres cléricaux. Dans son interpellation relative aux arrêtés in terdisant les meetings, M. Paul Janson a donné lecture de deux documents caractéristiques, qui jettent un jour inattendu sur les singulières pra tiques de certains magistrats communaux. Voici les considérants de l'arrêté pris par le bourgmestre de la commune de Konings-Hoyckt Considérant que, par lettre du 26 mai dernier, datée de Lierre, MM. Vanden Roye, fabricant L. Vermaelen, rentier E. De Groof, ingénieur, et Wellens. notaire, se disant délégués d'un con grès prétendûment progressiste, m'ont annoncé qu'ils comptaient tenir dans notre commune, le dimanche 31 mai, 3 heures de relevée, chez J.-B. Thys, an troisième meeting en faveur de la revision constitutionnelle et du suffrage univer sel Considérant que, le 22 mars et le 10 mai, des réunions de ce genre ont donné lieu des ras semblements et de l'agitation, voire des dés ordres et des méfaits, et que, vp^les disposi- tions"He~ la population, une nouvelle réunion de cette nature causerait inévitablement, sur le ter ritoire de notre commune, de nouveaux désor dres, peut-être plus graves encore, et trouble rait la tranquillité publique Considérant que, tout comme les réunions antérieures, le meeting annoncé est organisé l'exception d'une seule personne, par des étran gers la commune, et que, par conséquent, ce meeting, tout comme les précédents, ne pour rait avoir d'autres résultats que de susciter des querelles entre ces étrangers et nos paisibles ha bitants... n Ce bourgmestre est vraiment extraordinaire.il présume qu'un meeting peut causer des désor dres et au lieu de veiller, comme c'est son devoir, ce aue la tranquillité publique ne soit pas trou blée,ni interdit la réunion. Il s'imagine qu'il peut l'interdire par une sim ple ordonannce de police, et il le fait avec d'au tant plùs de désinvolture que parmi les organi sateurs il ne se trouve qu'un seul de ses administrés Le bourgmestre de Konings-Hoyckt refuse donc de reconnaître aux citoyens belges qui ne sont pas domiciliés dans cette commune les droits - qfKJeur garantit la Constitution. C'est dp Comble-V Le bourgâ!htr£*d'Eefheghem ne le cède en rien soir rofne -.KcTniugs-fibycktVoici comment'.ihinstrffrfleftte Vu la lettre du 3'juiifdernier, signée Van Glabbeke,^d»'Ostende, nous mformantHjr'qu^un. meeting surle suffrage .universel sera donné en cette commune, l'auberge du sieur Van Outry- ve, sous les auspices de ja Société Avant-garde d'Ostende Considérant que, il y a deux mois, le bruit ayant couru ici qu'un meeting erf'Yaveur du suf frage universel aurait lieu en notre commune, cette simple nouvelle a surexcité notre popula tion t. Considérant que la distribution des lettres de convocation# au" jpeeting- annoncé, faite hier par le sieur A. Van -Glabeke, a&nôtionné vive ment la population Considérant que, propos de ce meeting, des désordres et des actes de violence sont craindre dans notre commune Considérant qu'il est du devoir du bourg mestre d'assurer l'ordre et la sûreté publics Vu l'article 95 de la loi communale, la loi du 16-24 août 1790, la loi du 26-27 juin et 3 août 1791. 8 Arrêtons 8 Art. 1er. Le meeting annoncé par le sieur A. Van Glabeke est interdit. 8 Art. 2. Si, nonobstant le présent arrêté, les orateurs essayaient d'organiser un meeting pu blic, l'auberge habitée par Aug Vau Outryve, ou toute autre auberge où les conférenciers se rendraient pour y donner une conférence, serait immédiatement évacuée et fermée, au besoin par la force armée. Les personnes qui en contravention du pré sent arrêté, prendraient la parole en public se ront arrêtées et poursuivies en vertu des lois régissant la matière. Art. 3. Tout rassemblement séditieux sera dispersé par la force publique. 8 Art. 4. Le présent arrêté, publié et affiché, est immédiatement exécutoire. Eerneghem, le 6 juin 1891. 8 Le bourgmestre, 8 D. H. Olliviees. Le roitelet d'Eerneghem interdit un meeting parce que les idées que les orateurs y développe ront ne sont pas sympathiques auxEerneghemois. Il est probable que si tous les Eerneghemois étaient partisans du suffrage universel, les ora teurs progressistes no se donneraient pas la pei ne de les y convertir. Le roitelet d'Eerneghem n'entend pas que l'on contredise ses administrés. On peut les entrete nir des idées qui leur sont chères, et non de cel les qu'ils ignorent ou qu'ils n'aiment pas. En vérité, nous allons très bien, et nous ne comprenons pas que certains cléricaux jettent les hauts cris l'annonce d'une revision légale, puisqu'ils trouvent bon que la Constitution soit revisée, illégalement, tous les jours, dans une foule de communes, par des bourgmestres qui se croient eux seuls une Constituante Enfin, voici le bouquet un de nos confrères Bruxellois assure que le bourgmestre d'Aeltre a interdit, par une ordonance de police, sous peine d'amende, la vente de certains journaux. Si le fait est exact, il couronne dignement la belle campagne menée, l'instigation du clergé, par les bourgmestres dont il s'agit. Il est temps que le parquet s'émeuve, et que des condamnationsméritées rappellent les bourg mestres récalcitrants au respect de nos libertés constitutionnelles. - Mais si le Parquet est lui-même clérical Alors Alors Là cat^st^oçhe dé Baie. Le pont, sur la-Birse qfii sVt efl'ondrê.Dimau- cbe se trouvé1 situé 'environ cinq kilomètres de Bâle, profil Tri té de la rOute cantoûale de Bâle PorrentruyLe paysage qui environne lé théâK tre de la catastrophe est des plus attrayants. La Birse, rivière assez profonde eLù courant rapide, se trouve encaissée entre des ^uontagnes boisées du plus bel aspect. La voie ferrée de Bâle-Paris traverse ce cours d'eau peu avant la gare de Mcenchenstein. C'est de cette station que la catastrophe a été télégraphiée Bâle, car, sur la route, un homme et deux femmes ont été seuls spectateurs de ce terrible drame. Depuis Dimanche soir, c'est une véritable pro cession entre Bâle et Mœnschenstein. On ne ren contre que des parents ou des amis des victimes, déposées la ferme Geigy, qui se trouve cent mètres du pont écroulé. Dans la grange de cet établissement agricole les cadavres sont alignés sur la paille, les membres arrachés, la face tu méfiée et généralement défigurée. Au milieu, sur deux tables en bois, des médecins procèdent l'autopsie. Dans la cour, des cercueils atten dent les morts qui ont subi les dernières et lugu bres formalités. D'après le calcul des billets délivrés, on comp te encore trouver 70 morts, qui sont enfouis dans les wagons entassés les uns sur les autres, au fond de la rivière. Le sauvetage est dirigé par une compagnie du génie militaire. Mais les wagons sont tellement enchevêtrés, les roues, les essieux, tellement tordus que le travail est très lent et aussi dangereux que pénible. Il faut forcément procéder avec une grande prudence, quelque hâte que l'on ait de repêcher les cada vres et surtout de dégager les corps mutilés qui émergent moitié de l'eau, contorsionnés par l'angoisse et la souffrance. Le nombre des blessés est estimé 150 envi ron. Une cinquantaine se trouvent en traitement l'hôpital de Bâle. Malheureusement l'état de plusieurs d'entre eux est tellement grave qu'on craint qu'ils ne puissent supporter les opéra tions nécessitées par leurs fractures. La nuit der nière, trois sont morts des suites des amputations qu'ils ont subies. L'horreur du spectacle sur les lieux du sinistre, ou l'on voit les voitures écrasées dans la rivière mêlées aux débris du pont de fer qui s'est litté ralement rompu et a versé de côté, dépasse tout ce que l'on peut imaginer. Des milliers de curieux contenus par lespompiers, suivent anxieusement les opérations de déblayage. On raconte qu'au moment de la chute, une clameur déchirante partit du train qui s'engouf frait dans le vide. Les témoins de la catastrophe, des villageois qui se trouvaient sur le pont paral lèle au viaduc, disent que ce cri d'angoisse les poursuivra jusqu'au dernier jour de leur vie. Chronique locale. Finances. Beaucoup de bruit pour rien, Nous avons fait voir 'daflÉ-'fios précédents nu-! méros le môhale detopt ce bruit que fait la nou* sellp administration autour du budget qu'elle-» -^st fairetourner par la Province pour se don- ner ^C tnaliù plaisir de chercher la loupe la Tou'tê cetre.comédie n'est qu'une affaire mon tée astucieusement et dont les gros fils apparais sent tous les 'jours de plus en plus clairemSt. Cela a commencé la seance du Conseil commu nal où M. Surmont'devait donner lecture-de son fameux rapport sur la situation de la ville. OG ÈS vires acqdir1t eundo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journa' doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, i, rue de l'Enseignement, Bruxelles.

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Le Progrès (1841-1914) | 1891 | | pagina 1