LES BAINS DE BADEN,
Chronique parisienne.
Ce malencontreux pont ae trouve établi
l'extrémité de la zone de rouissage et devait
surtout servir au passage des chariots chargés
de lin Or les trois quarts du temps ce sont
précisément ceux-là qui ne peuvent pas passer
cause du trop peu de largeur du pont. Par mo
ments il y a môme un tel encombrement de cha
riots- chargés de lin, qu'il faudrait un piquet de
gendarmerie pour y établir un peu d'ordre.
En outre ce pont, qui est tournant, est plus
souvent ouvert que fermé. Or, comme il doit
livrer passage plus de trois cents chariots par
jour et plus de 4,000 personnes, on voit dans
quelle situation nous nous trouvons ici.
Enfin, il est de plus d'une solidité si problé
matique qu'il ne permet pas de supporter le
poids du tramway vicinal qui vient d être dé
crété pour relier Courtrai Wervicq et Menin.
On voit donc que ce pont est un vrai type a
Fort heureusement sa mort est décidée, et
après une existence de vingt ans il est appelé
disparaître, ce qui n'est pas trop mal pour un
pont qui a coûté près de 80,000 francs.
La démolition de ce chef d'oeuvre va être enta-
méé cette semaine et il sera remplacé par un
pont fixe, en fer, qui aura au moins des pro
portions rationnelles et pratiques.
Son coût est estimé 185,000 1rs. et la durée
du travail fixée 7 mois.
La Société des chemins de fer vicinaux inter
viendra dans la dépense pour une somme de
30,000 1rs pour avoir le droit de passer six fois
par jour sur le nouveau pont.
Par contre notre ville qui a tant se féliciter
de la générosité de nos dirigeants, n'interviendra
que pour la somme fantastique de 10,000 frs.
Généralement les villes interviennent pour
1/4 ou 1/3 dans les dépenses des travaux effec
tués pour compte de l'Etat.
Ici l'intervention ne sera que de 1/18. Le pays
peut bien payer la différence pour une ville qui
a le bonheur d'être représenté par l'honorable
P. Boom.
On se rappelle les clameurs épouvantables
poussées par les feuilles cléricales alors que
les libéraux étaient au pouvoir quand d'a-
venlure le budget de la guerre était augmenté
de soixante-quinze centimes. C'était la dilapi
dation, celait la ruine, cétait l'abomination de
la désolation.
Il faut voir avec quelle désinvolture les mê
mes journaux parlent aujourdhui des petits
millions supplémentaires réclamés la dou
zaine par Beernaert-Onésiphore Oyez le cor-
FEUILLETON.
respondant bruxellois de la sacro-sainte Gazette
de Liège
Les fortifications de la Meuse devaient entraî
ner une dépense de trente-quatre millions nous
voici quarante-deux, nous irons cinquante.
Je ne récrimine pas, je fais de la philosophie et
je me console en disant Le vin est tiré, il
faut le boire. Buvons.
A votre santé, bonne Gazette 1 C'est vrai
ment plaisir de voir comme la philosophie vous
est venue avec les petits profits du pouvoir.
La Commission adminisirative des Hospices
civils, eu séance du 19 Juin dernier, a nommé
comme directeur de l'Orphelinat pour garçons
en cette ville, M. Pauwels, ancien instituteur
communal de Rousbrugghe-Haringhe.
'ARMÉE.
Les nominations suivantes ont eu lieu, savoir:
Dans Vinfanterie.
M. Yan Overstraete, lieutenant l'école régi-
mentaire du 3e de ligne est nommé capitaine en
second de 2e classe.
M. Blanpain, sous-lieutenant au 2e bataillon
du 3e de ligne est promu au grade de lieutenant.
MM. Galasse, adjudant sous-officier et Migeon,
sergent-major au 2e bataillon du 3e de ligne sont
nommés sous-lieutenants.
M. le capitaine en second de Ie classe Preud'-
homme de l'Ecole d'Equitation est nommé ca
pitaine commandant.
MM les lieutenants de Calonne-Beaufaict et
Dutillœul de l'Ecole d'Equitation sont promus
au grade de capitaine en second de 2e classe.
Un fait récent vient de prouver, une fois de
plus, la puissance de la chose imprimée.
La maison Durançon, de Paris, gants, plas
trons, flanelles et cravates, fondée en 1867
dans le faubourg Saint-Honoré, s'étant décidée
liquider, un homme d'affaires des environs lui
envoya un de ses clercs, garçon fort avisé, qui se
chargea de tirer le meilleur parti de la situation.
Dans les cartons du haut de l'arrière-bouti-
que, ce jeune homme, nommé Jules Roseray,
trouva un solde de gants deux boutons d'une
couleur extraordinaire, un vert clair printanier,
qui faisait loucher au bout d'un instant l'impru
dent qui osait fixer les yeux sur ce phénomène
de la teinture.
Qu'est-ce que cela demanda Roseray.
Durançon poussa un profond soupir.
Le plus grand malheur de ma vie, murmu-
ra-t-il. Ces gants datent de l'époque où on se
mit fabriquer diverses teintures par l'aniline.
Un voyageur suédois est venu me séduire. Ces
gants me sont restés pour compte. Une seule
fois, j'en ai vendu une paire un Américain qui
était complètement ivre il est venu me les
rapporter le lendemain et les a jetés sur mon
comptoir en m'accablant d'injures. Je crois
même que cette scène violente a été pour beau
coup dans la fin prématurée de ma pauvre fem
me
Vous avez beaucoup de ces gante-là fit
Roseray.
J'en ai douze grosses, douze fois douze
douzaines.
Et le prix
Le prix ce qu'on voudra. Ils étaient des
tinés être vendus six francs la paire je les ai
affichés 50 centimes, personne n'en a voulu.
Roseray prit un crayon et fit l'addition.
Cinq fois douze, soixante. Douze fois douze,
cent quarante-quatre... Soixante fois cent qua
rante-quatre... nous pourrons nous en tirer.
Comment cela fit Durançon en ouvrant
des grands yeux.
En les vendant.
A qui
Au public qui va venir les enlever dans ce
magasin
Pas possible
Seulement, je veux 20 %sur le brut.
C'est convenu, s'écria Durançon.
Ecrivons, dit Roseray je ne crois qu'aux
conventions écrites.
Le traité fut passé, et, le lendemain, on put
lire dans un journal boulevardier une annonce
ainsi conçue Maison Durançon. Grand arri
vage de gants russes, couleur concombre vert,
la fureur de S'-Pétersbourg. Les commandes
affluent de tous les côtés. La mode est, comme
on sait, la plus despotique des souveraines. Le
prince de Galles n'a pu obtenir que deux paires
de gants concombreet la cour d Autriche vient
d'en faire une commande considérable.
Et, dans le même numéro du journal, se trou
vait l'avis suivant, aux Petites correspondances
y
ZWiSMCH.
(suite et fie).
iu.
Au point de vue toutefois de l'embellissement général,
des hôtels et du confort de la vie moderne, Baden s'est
distinguée surtout dans ce siècle, depuis cinquante ans
elle a plus fait sous ce rapport que pendant les cinq cents
années précédentes. Les anciens bains publics ont disparu
depuis un demi-siècle environ et sont avantageusement
remplacés par plus de 600 bains particuliers, piscines,
etc. Les anciennes installations ont été complètement re
mises neuf et de nouvelles constructions se sont élevées,
en sorte qu'aujourd'hui on compte une vingtaine d'hôtels,
dont quelques-uns superbes, ma foi où tout est disposé
pour recevoir les baigneurs et les curieux. On a songé
toutes les bourses depuis tes mieux garnies jusqu'aux
plus modestes elles se trouveront ici non pas se vider
promptement mais de quoi satisfaire, suivant les cas
aux mille et une exigences de notre civilisation raffinée ou
an besoin d'économie de leurs propriétaires il y a même
n établissement de bain^taiHes pauvres, soutenu par
n fonds spécial, provenootae dons gracieux. Au point de
vue somptueux enfin, on n'd rien négligé pour faire de
Baden une ville de baihi de premier ordre, et des hôtels
luxueusement améoagés, le Casino avec son vaste-parc,
ainsi que de belles et nombreuse^promenades, témoi
gnent d'un vigoureux effort polir ni;ij»teijil' la villersbn
antique réputation. -
Si la meilleure preuve de l'efficacité des bains était
fournie iu moyen âge par le grand nombre de valétudi
naires qrff y accouraient de tous les coins du monde civi
lisé d'alors^ il en est encore absolument de même aujour-
Dans la cavalerie.
Mariage. Une jeune veuve, 23 ans, très
jolie, deux millions de dot,désire contracter une
nouvelle union avec'un homme de 25 40 ans,
de bonne compagnie et d'un aspect agréable. La
jeune dame se trouvera après-demain Mardi, de
trois quatre heures, sur la terrasse des Tuile
ries, devant l'Orangerie. Le prétendant devra,
d'hui. Les 8 10,200 baigneurs (14,000 hôtes,1 qui s'y
rencontrent actuellement chaque année appartiennent
toutes les nations Suisse (allemande, française et ita
lienne), France et Belgique, Allemagne, Autriche, Angle
terre, Amérique, Italie, Russie, Hollande, Suède, Espagne
(dans l'ordre d'importance, peu près) etc. On entend
donc résonner sur les bords romantiques de la Ummat
presque tous idiomes connus de l'Europe et de l'Améri
que, parmi lesquels dominent cependant pour ceux
qui aiment l'exactitude l'allemand et le français, plutôt
celte dernière laDgue peut-être pendant la haute saison
(Juin-Septembre). Bien entendu que, dans celle rapide
statistique, je fais abstraction des dialectes.
La démonstration la plus décisive encore de la vertu
de ces eaux nous est fournie par leur analyse chimique
notre époque c'est toujours la science qu'appartient
le dernier mot. Cette analyse nous apprend en effet qu'el
les sont riches en sulfate de soude, chlorure de calcium,
etc., etc., que les gaz des sources contiennent le 34 pour
cent d'acide carbonique, encore une fois etc. il y en a
ainsi toute une page dont je serai enchanté de vous faire
grâce. Nos oreilles, nous autres profanes, sont peu faites
pour toutes ces expressions dont MM. nos savants se plai
sent orner les forces intimes de la nature il nous suffira
donc amplement de savoir que les eaux de Badçn sont
essentiellement, de par la science chimique, sulfureuses,
•chlorurées et sodiques.
Je u'eq finirais également pas, si je voulais vous énumé-
rer tooffcS./es maladies ou toutes les misères inhérentes
notre pauvre nature hun^ie»*.que»fes4paux de Baden ont
pour mcsïoa -de faire,disparaître.-C'est ici, du reste, que
l'auteur est embarrassé. Sj,4én'etSéf; je les indique toute:
c'est positivement lonjf et (jtgtijieux si j'en cite quef.-
ques-urfêsseulement, je cours le risque de faire erreur oir
d'en oublier -d'essentielles. Et cependant, c'est un point
capital, très'capital même; je m'exécuterai doneyen fai
sant passer rapidement sous j^s yeux, comme dâ#s un
kaléidoscope, ies titres des groupes des dites maladiès ou
les plus connues seulement, renvoyant qui de droit pour
tous les renseignements de détail, savoir dans quelles
conditions, dans quels cas, quel degré de la maladie,
etc., la guérison peut être opérée groupe des affections
rhumatismales, groupe des affections goutteuses et de la
goutte rhumatismale, troubles fonctionnels et nerveuxtels
que suites de fractures, luxations, foulures, certaines for
mes de crampes et de névralgies (crampes des écrivains,
des artistes, et atrophie de certains muscles), affections des
muqueuses des voies respiratoires base rhumatismale et
goutteuse (catarrhe chronique du pharynx et de l'estomac),
intoxications métalliques; c'est suffisant, je pense;
plus, certaines maladies qu'il ne m'appartient pas de dé-
terminer ici.
La position de Baden est également centrale au peint
de vue des chemins de fer internationaux. Les trains vous
conduisent ici directement de Bâle, de Waldshut, de
Zurich et du lac de Constance, de Berne, Neuçhâtei et
Genève, de Lucernqyet du Gotthard enfin, c'est àf-dire de
l'Allemagne, de fA-Strichè, de la Suisse française et de
l'Oberland bernois, de la France et4e ritatiè.'-Cétte situa
tion si favorable explique du reste leucaractère toujours
plus cosmopolite de la popàlotion .jdéïbains.
*"En somme^séjour agréable/^pnfortable et réconfortant,
que je ne puis que recommaocfli-'chaleureusement tous
égards, aussi bien aux voyageurs de toute dénomination
qu'aux personnes souffrantes Ces dernières peuvent fort
bign au.,besoin y faire une cure préparatoire de printemps,
ou"enCoré, si l'air vif des hautes Alpes,-recommandé par
le médecin, les a trop éprouvées,'wenir s'y réchauffer aux
doux rayons du soleil d automne pendant .quelques semai
nes, avant de rentrer dans la sphère ordinaire de la vie.
Chacun est assuré de trouver ici belle nature, bon gîte et
soins assidus qu'on se le dise, et que Baden ait la place
A laquelle elle a droit une place d.'bônnejtif inscrite
et soulignée au crayon rouge sur C$3efaire de chaque
touriste qui se respecte y E. L.