L'incendie du lr Juillet.
Avis.
de police et son second qui étaient les pre
miers sur les lieux.
Mais de ce que soient louables tous ces dé
vouements sur la brèche, s'ensuit-il qu'il soit
désirable d'y voir se démener un tas de gens qui,
du métier, n'en connaissent pas le premier mot,
surtout quand, non satisfaits d'offrir leurs bras,
ils ont la prétention d'imposer leur commande
ment Le résultat le plus clair de tant d'ardeur,
c'est, côté d'un secours d'ordinaire très faible,
si pas problématique, qu'ils apportent, il surgit
un surcroit de désordre, déjà naturellement trop
fréquent dans cet affolement général.
En voici un qui, par sa position se croit appelé
tout faire et qui se mêle volontiers de ce qu'il
ne connaît pas. Démarrez, démarrez, crie-t-il
tue-tête Et les Pompiers ne démarrent pas,
Parce qu'il n'y avait pas lieu de démarrer. Les
ompiers savent ce que démarrer veut dire,
dans la langue du métier, et probablement que
ce commandant improvisé ne le sait pas, c'est ce
qui explique comment il employait un terme
impropre. Et tout en courant, comme l'affairé
de Phèdre, le voilà qui s'écrie il faudrait ici
une pompe vapeur.
D'abord on n'a pas de pompe vapeur
Ypres, et ce n'était certes pas le moment d'en
acheter une, stante pede. Mais en eût-on une,
qu'on ne saurait, dans les conditions actuelles de
la distribution d'eau, en faire usage, la pompe
vapeur exigeant un nombre d'atmosphères de
{>ression dont on ne jouit pas ici. A quoi bon
ancer mille, quinze cents litres d'eau en une
minute, quand il n'en arrive que vingt vingt-
cinq dans le même temps
Un peu plus loin, il s'agissait de mettre en
mouvement un levier de pompe, et comment
cela se faisait, nous n'en savons rien toujours
est-il que les hommes qui entouraient cette
pompe ne parvenaient pas lever l'obstacle qui
le retenait. De là un retard. Survient, tout bou
leversé, encore un de ces commandants improvi
sés qui, lui, allait défaire le nœud, en un et
deux
Notre nouveau commandant se trouve tout
court, tout comme les autres, devant cette ques
tion d'Orient, impuissant et ahuri enfoncez avec
une crosse de fusil, clame-t-il Quand arrive ud
pompier, un brigadier et du bout du doigt et
du pouce, lève 1 obstacle et voilà la pompe mise
en mouvement.
Ce commandant improvisé demandait donc
une crosse de fusil, et il n'y avait pas de fusil.
Et la crosse de fusil, y en eût-il eu une, serait
venue propos comme un marteau pour remon
ter une montre répétition.
Ce même nouveau commandant de génération
instantanée, un peu plus tard, se trouvait au
grenier de l'Académie, pendant l'ignition de la
corniche. Pour éteindre ce commencement d'in
cendie, il ordonne un pompier de percer un trou
travers le plancher et d'y passer une lance. Le
pompier lui fait observer que cela ne peut rien
faire, que c'est insensé, ce qu'il commande. Le
commandant n'en insiste que plus fort. Nouveau
refus du pompier. Le commandant met le pompier
en demeure d'obéir le pompier cède.
On a fait un trou au plancher, et ce trou n'a
servi de rien. Mais le commandant était satisfait.
Quels ordres ce commandantsans titre aucun,
avait-il donner
En bas, la cour, vis-à-vis de la porte d'entrée,
est un petit bâtiment qui brûlait la partie su
périeure. Cette fois deux hommes, un pompier
et un sous-officier de l'École d'équitation, reçoi
vent un ordre régulier de monter sur le mur de
l'atelier modèle^ situé gauche en entrant. Ils "y
grimpent, ^giles comme des chats, et y font ce
qui leur avait été commandé. Us y étaientà peine
de quelques instants, survient un autre, étranger
aux pompiers Que faites-vous là, sur ce mur
voulez-vous bien vite descendre.! Et les hommes
descendent. a\
p-
Nous"pourrions en citer d'autreB. Mais assez
pour démontrer quelle premier venu a tort de se
jeter étourdiment au milieu "de manœuvres qu'il
né peut que' troubler et déranger quand il veut
les conduire et que si l'on a besoin de son aide,
et s'il veut s'y prêter, ce qui est incontestable
ment louable, c'est pour se conformer une di
rection unique qui, pour être menée bonne tin,
doit se faire avec calme et intelligence. Mais tous
ces ordres et ces contre-ordres, donnés par le
premier venu, et d'une laçon inconsidérée, lont
plus de mal que de bien.
Puisque nous en sommes signaler les défauts
d'excès de zèle, disons un mot des raccords
éperons qui articulent les différentes pièces des
boyaux les unes aux autres.
C'est la seconde lois que nous les voyons mis
en usage, et avec tous ceux qui les ont vus
fonctionner, il nous est impossible de leur ac
corder notre admiration. Il faut bien convenir
qu'ils ne tiennent pas leur promesse.
Enfin, un autre enseignement qui ressort de
la nuit du lr Juillet, c'est qu'il serait bon de faire
connaître aux hommes la disposition intérieure
de tous les bâtiments principaux qui appar
tiennent la ville avec tous leurs tenants et
aboutissants. Combien y en avait-il, Mercredi,
qui se retrouvaient dans l'académie
Enfin le tocsin a-t-il sonné temps Est-il
vrai que la grosse cloche de l'heure est restée
muette onze heures Ce qui est certain, c'est
que le tocsin, après avoir frappé quelques coups,
est retombé dans le silence. Nous pensons qu'il
ne suffit pas d'avertir et de se taire dès que les
pompiers sont mis en mouvement, et nous pen
sons que les instructions prescrivent de sonner,
par intervalles, tant qu'il y a du feu visible de la
tour. Cette prescription n'est pas inutile. Tant
qu'un incendie n'est pas éteint, il est bon que
les habitants soient sur le qui-vive. On ne sau
rait dire quelles sont les limites d'un incendie et
jusqu'où il projette ses conséquences. Ne l'a-t-on
pas vu, Mercredi dernier? Des flamèches, grosses
et nombreuses, tombaient sur les maisons situées
jusqu'aux anciens remparts entre la porte de
Menin et la Boulangerie militaire, et sur une
largeur de cinquante quatre-vingtsmètres.Que
de terrains propres recevoir ces flamèches et
prendre feu, sur cet immense espace? Du linge
étendu ou pendu, dans des cours plus ou
moins petites des meules de bois des toits en
réparation et ouverts des fenêtres ouvertes,
etc., etc. Et l'on dort du sommeil du juste, sans
se douter du danger qu'on court. Le tocsin, en
sonnant annonce le péril. On est averti et c'est
là l'origine de cette précaution tutélaire que
nous rappelions tout l'heure et qui a été négli
gée, nous ne savons trop pourquoi. La cloche se
faisant entendre, par continuation, de cinq en
cinq minutes, plus d'un pompier que ne réveille
pas le premier coup de clocne, le serait du sui
vant, et c'est ce qui explique comment quelques
hommes, pleins d'ardeur et de dévouement, ont
regretté de n'avoir pu rejoindre leurs camarades,
faute d'avertissement.
Se figure-t-on un second incendie, pendant
qu'on est en train d'éteindre le premier
Parmi les objets, disparus dans le sauvetage
delà nuit du lr Juillet, il y avait une étude
peinte par Deconinck et représentant le cente
naire Zeure,décédé la fin des années quarante.
Ce n'était pas un chef-d'œuvre, mais une pièce
curieuse comme souvenir historique.On vient de
le retrouver, au milieu d'autres objets que la
panique avait dispersés, mais déchiré. Du papier
collé sur toile. On pourra le restaurer.
L'incendie qui a détruit les magasins de la
ville, situés rue Notre-Dahae, nous suggère quel
ques réflexions. D'abord, le feu n'a pas été vu
pqr le guet de la tour il a fallu qu'on lui télé
phonât du commissariat de police, pour faire
sorbier le tocsin. Les lueurs de l'incendie ont été
aperçus de la cour du .Saumon par M. le docteur
Prévost e|fie n'est que sept minutes après, que
dè premier signal fut donné de la tour. Pourquoi
te .guet n'était-il pas son poste Dormait-il
larme eût retenti, il faut voir ce qu'il entend par
alarme si c'est après l'alarme donnée par les
personnes qui se trouvaient au Saumon, oui, c'est
vrai si c'est après l'alarme donnée par le guet,
non, il se trompe. Le premier coup de tocsin a
été donné immédiatement après 11 1/2 heures.
Le sous-lieutenant des Pompiers, M. Arthur
Dalmote, qui habite rue de l'Etoile, est arrivé
sur les lieux du sinistre quatre minutes après,
aussitôt suivi par M. le Commandant Auguste
Brunfaut qui, étant au Café Sultan, s'était
rendu, lui, au magasin du matériel d'incendie
et accourait avec la première pompe. Voilà
l'exacte vérité.
Les bourgeois et les militaires ont été d'une
grande utilité pour les Pompiers. Mais, comme
il arrive souvent dans ces circonstances, il y a eu
beaucoup de zèlefactice. Bien des person
nes se faisaient remarquer par leursexcen
tricités on eût dit qu'elles escomptaient une
petite décoration pour acte de courage. Nous en
avons vu une qui se tenait cheval sur le faîte
du toit de l'Académie. Que faisait-elle là Une
autre voulait s'emparer de la lance qu'un Pom
pier, prêt monter l'échelle, tenait la main,
fout cela, c'est de la farce. Le dévouement est
une très belle chose, mais il n'est rien lorsqu'il
est intéressé et fait avec ostentation.
Une autre remarque. Pendant que le feu exer
çait ses ravages, nous avons entendu quelques
messieurs qui donnaient des ordres tort et
travers.Il y en a même qui se sont emparés d'une
pompe et qui l'ont conduite dans un endroit où
elle n'avait que faire. C'est très regrettable. Les
officiers des Pompiers, seuls, ont la responsabi
lité en cas d'incendie c'est donc eux seuls qui
doivent donner les ordres pour la bonne marche
des opérations. Il n'est dès lors pas admissible
qu'une tierce personne vienne se mêler de cho
ses qu'elle ne connaît paB. A chacun son métier
et les vaches seront bien gardées.
Le corps des Pompiers a droit toute notre
reconnaissance. Les officiers n'ont pas quitté un
instant cette fournaise. Ils n'ont abandonné
l'Académie que le lendemain matin 11 heures,
lorsque tout était éteint et que tout danger avait
disparu. C'était leur devoir, mais aussi ce de
voir est venu se joindre un véritable dévoue
ment.
--TTnoon-im n 11
Les bureaux de la poste sont transférés de la
Grand'Place, rue de Dixmude, dans l'ancienne
maison Vanden Bogaerde. Pour combien de
temps y seront-ils Ces malheureux bureaux
ont déjà été ballottés tant de fois, qu'on peut
dire qu'il y a du bohème dans leur existence.
Dans les années trente, ils étaient au bout de
la rue au Beurre, actuellement couvent Struye
ou Sainte Famille. De là, ils ont été transférés,
rue au Beurre, actuellement les magasins Giboin-
Tibaux. De là, Grand'Place, actuellement
Mlle Vermeulen. De là, rue des Bouchers, ac
tuellement Mme veuve Vandermeersch-Santens.
De là, encore rue des Bouchers, actuellement
Mme de Villers. De là, rue de Boesinghe, ac
tuellement M. Flamant. De là, Grand'Place,
d'où finalement rue de Dixmude.
Cela s'appelle la poste. On ne saura donc ja
mais donner la poste, de poste fixe.
Le concert donné par les Pompiers, Dimanche
soir, sur la Grand'Place, a été contrarié par le
mauvais temps. C'est fâcheux, car le program
me était bien choisi et l'ensemble et l'exécution
très soignés.
Le jeune Beirnaert s'est fait entendre pour la
première fois en public, dans la Travûfa. Le
jeune cornet piston a le son moelleux et.doux;
grande pureté de ton, note juste. TpçS bien, M
Beirnaert, cela promet,:
Cet après-ïnidi, vers deux heures, un train
manœuvrant daiîb notre gare a tamponné et
écrasé un ouvrier d'une trentaine d'années.
Le cadavrfe de cet ouvrier a été transporté
l'hôpital.
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Une liste de souscription au banquet qui sera
offert, lè 9 Août prochain, M. lé Gouverneur
de la province, est déposée au secrétariat com
munal.
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