Chronique locale. Jean qui pleure et Jean qui rit. Examens universitaires. AVIS. Demain soir, Jeudi, 8 heures,Concert la Grand- place par la musique des Pompiers. Le programme se composera des morceaux qui seront exécutés Ber- gues, au festival de Diman che prochain et au concert du lendemain. I<e modèle du genre est incontestablement M. De Smet de Naeyer, qui se surmène ne pas faite la besogne dont il est chargé. T. N. Un abonné, (ce sont tous abonnés quand ils écnvent un journal), nous demande notre avis sur le retable qui surmonte le nouvel autel de la Vierge de Tuyn. Cela l'intéresse beaucoup, dit- il, surtout que c'est l'école de S1 Luc qui s'est chargée de ce travail. Nous ne pensions pas nous occuper de ce re table qui en somme n'est que l'œuvre, non d'un artiste, mais d'un bon praticien. Cependant, tout bien prendre, il cache des prétentions plus élevées, 1 école de S1 Luc se flattant de faire re naître dans le style gothique la pureté de prin cipes qui n'a été que trop délaissée depuis que la Renaissance s'est substituée en lieu et place de celui-ci. Nous disons donc que, comme plan général, c'est loin d'être mauvais il y a dans l'ensemble un dessin franchement caractéristique, et l'effet, prime vue, est satisfaisant. Seulement, n'ana lysez pas, car les détails, bien et soigneusement exécutés, sont mal conçus il y a disproportion entre les différentes parties. Que signifient, par exemple, ces énormes fleurons qui ornent les rampants des gâbles sous lesquels nichent tous ces sainte Evidemment leur volume est insensé et cela seul est un péché auquel, la place de S1 Luc, nous nous ferions un devoir de remé dier. La chose n'est pas impossible il est plus facile de retrancher que d'ajouter. Quant aux Btatuettes, leur tête n'a de gothique que les frontons qui les abritent. Celui qui a taillé ces figures n a aucune idée du gothique. Par contre les pinacles sont d'un élancé gra cieux. Le panneau de fond présente en bas la ville cPYpres, vue vol d'oiseau. Au-dessus planera la Vierge de Tuyn. L'idée est très heu reuse et d'un mysticisme touchant. Sans épiloguer sur quelques futilités de dé tails dont pourraient s'emparer les archéologues qui réclameraient une plus fidèle reproduction de la ville au quatorzième siècle, nous aimons reconnaître que la disposition générale est ex cellente. Ces toits, ces pignons, ces façades, ces tourelles, ces églises, c'est bien la ville d'Ypres et on s'y retrouve aisément. Nous ajouterons même que cet ouvrage de haut et de demi-relief, par sa mignardise, sa délicate et minutieuse dé coupure, son fini enfin, fera l'admiration des amateurs du joli, et c'est son défaut. Il en est de la sculpture comme du dessin au crayon, comme de la peinture, les contours trop nets et taillés l'emporte-pièce, sont une erreur, parce qu'ils sont contraires la nature. Dans la nature, les objets ne sont pas limités par une ligne raide et sèche, et si ce n'était dépasser les limites de cet article, nous en dirions le pour quoi. Pour cela seul déjà, nous ne saurions don ner une approbation sans réserve ce travail de bénédictin, non pressé d'arriver mais il y a une autre raison, ajouter la première, c'est une raison d'optique et de perspective. Placée comme elle l'est, la ville est vue d'en haut, distance, et cette distance seule imprime déjà du vague, de l'indécis dans le panorama qui se dé roule dans le lointain. Enfin, une dernière re marque et qui dispense de toutes les autres, c'est que les gothiques l'auraient fait autrement, avec Îtlus d'adoucissement. dans les angles et arêtes. )e que l'on voit, c'est du papier coloré et dé coupé, ce n'est pas du bois. Enfin il y a les volets qui attendent leur dé coration. Qui sera chargé de compléter ce tra vail qui rappelle les triptyques desVanEyck,des Bouts, des Vander Goes, etc. Sera-ce Liebaert, si archaïque et si consciencieux Car, rares sont les talents, aujourd'hui, qui se prêtent avec succès ce genre délicat et d'un faire tout par ticulier. <y Et pour finir, nous est-il permis de demander pourquoi on est allé l'étranger pour cette,com mande En supposant qu'on se soit cru obligé de s'adresser un artiste archéologue pour le plan et tadêteir du retable, ce plan et ce dessin et%nt fournis, croit-on qu'on eût été enr peine de trouvai ici des praticiens, des sculpteurs capa bles dTutijr^rétôr et d'exécuter ce dessin Plus d'un, nous le garantissons, une condition, c'est qu'on le payât, non comme un vulgaire sculpteur bonne petite journée, mais un prix rémuné rateur, en rapport avec la délicatesse de l'ou vrage et tel qu'en ont exigé ceux qui ont tra vaillé aux dépens des nôtres. Il n'y a pas trop d'ouvrage pour nos artistes-industriels, en notre ville, pour qu'on les prive du pen qu'ils y pour raient cueillir. Et puis, côté du bénéfice, il y a l'amour-propre. Un dernier mot sur le procès de Zonnebeke, de ce procès qui a tant occupé le canton où l'on se figurait qu'un révisionniste, que les habitants confondent avec les socialistes, n'est que plâtre et que le plâtre n'est fait que pour être nattu. Aussi quelle joie après le désossement de cette tourbe socialiste S'il y avait procès qu'est-ce que cela pouvait faire Le tribunal n'est-il pas catholique Voilà les sottises dont se nourrissaient ces hurluberlus dans la terrine desquels les malins, ceux de der rière le rideau, avaient soufflé ces odieuses excitations. Et, telle était leur confiance dans les assuran ces qu'on leur avait données, que le jour même des plaidoiries, dont ils n'ont rien compris, le Mardi soir, en rentrant ornés de fleurs, de ru bans et de loques multicolores, montés sur leur quadrige, ils firent retentir l'air de leurs cris de triomphe. A l'entrée du village ils furent salués par des amis qui venaient leur serrer la main, en les complimentant, comme un retour des Croisades. C'était trop tôt escompter la victoire. Le pro noncé était remis au Jeudi. Ce n'était que partie remise, tous la joie Tous Jean qui rient. Le Jeudi arrive et l'on sait le reste. Métamor phose complète. Déconfiture et grincements, gémissements, pleurs et beuglements. On jure et on tempête on menace et on accuse on maudit les instigateurs toute la gamme de la révolte. Hélas trop tard. De son côté, le Journal d'Y grès s'attendait un j ugement dans le genre de Nous ouï les diverses parties, chacune en ses moyens; n Attendu qu'il résulte de la plaidoirie de Me Colaert que l'accusation formulée contre la ménagerie de Zonnebeke n'est fondée ni en droit ni en fait Qu'il résulte de l'écrasante démonstration faite par ce foudre d'éloquence et dont chaque mot était un jet de lumière aveuglante devant lequel le tribunal devait, qu'il le voulût ou non, baisser la paupière, que les soi-disant vic times des tigres de Zonnebeke ne sont, tout bien considéré, que des promeneurs de torches incendiaires, des pillards et des assassins Qu'il suffit d'entendre leurs défenseurs, leurs complices, pour se convaincre que leurs clients ont avalé la queue de Robespierre et que c'est ça qui remue dans leur ventre Qu'avec des brandons de discorde de ce cali bre, la société ne saurait résister une heure de plus Que toutes les bases de notre ci-devant heureux pays sont ébranlées, telle enseigne que déjà cet ébranlement se communique aux fauteuils du tribunal qui, au lieu de se sentir assis sur des sièges fixes, reposant sur un sol ferme et sûr, éprouve de temps en temps de légers trem blements précurseurs, (le tribunal le comprend maintenantjae désastres sociaux plus profonds qui atteindront sous peu le reste du pays. n Attenta, ^d'autre part, que c'est en vain que MMtt^ «wwentier, De Bruyn, Heynderickx go%¥^les pillardo-incendiaro-assassins, et La- eyné pour la partie civile, pour se donner des airs de patriotes, baragouinent dans la moe- dertaal quelques lieux communs, dont, d'ail leurs, le petit fils de Démosthènes a fait prompte justice n Entendu le ministère public en ses conclu sions Renvoyons les moutons de Zonnebeke de la plainte, condamnons les pétroleurs Criem, Temperman et Mortier aux dépens. Le jugement comme on sait, n'a pas été préci sément comme l'avait espéré le Journal. Aussi il n'en revient pas. Il ne sait comment le qualifier. Ce que le tribunal a fait, c'est bien et ce n'est pas bien. Si sévère qu'ait été le tribunal dit-il, nous considérons son jugement comme rendu n en stricte justice c'est Jean qui rit et nous n'ajoutons pas foi la rumeur publique qui attribue l'intervention de hautes influen- n ces la sévérité des juges, n C'est Jean qui n pleure. Sans doute, nous nous attendions voir le tribunal prononcer quelques peines contre les plus coupables. C'est Jean qui rit. Mais étant donné les circonstances dans les- quelles les faits s'étaient produits, les provoca- tions, les exaspérations étant donné les anté- cédents des prévenus, étant donné les juge- ments intervenus dans des causes analogues, pour des faits plus graves que ceux de Zonne- beke, nous nous étions attendus voir appli- quer le minimum de la peine en même temps que les bénéfices de la loi sur la condamnation conditionnelle. C'est Jean qui pleure. Si le tribunal a cru devoir être plus sévère, c'est, croyons-nous, parce qu'il a voulu préve- nir le renouvellement de pareils désordres, si explicables fussent-ils. C'est Jean qui rit. Nous ne contestons pas la j ustesse du prin- cipe qui a dû guider les juges, nous ne les n blâmons pas de leur sévérité. C'est encore Jean qui rit. Mais nous regrettons vivement qu'il n'y ait pas partout des juges aussi inté- gres, appliquant dans les cas analogues les mêmes principes. C'est Jean qui pleure et finit en pleurant. M. Alfred Yandelanoitte de notre ville vient de passer avec distinctiondevant le jury de Gand, ses deux derniers examens de médecine. Nos cordiales félicitations au jeune docteur et sa famille. t Voilà qui termine dignement toute une suite de bonnes études. M. Vandelanoitte fut un des meilleurs élèves de notre collège communal où, d'année en année, il remportait les premiers prix. Ses succès l'Université n'ont pas été moin dre tous examens avec distinction. Que de bons élèves notre collège communal a fournis aux études supérieures >«*iVWUWanu f Le mois d'Août, cher aux Écoliers et un peu aussi leurs Professeurs, est consacra partout aux excursions et aux voyages. Mais ou aller Anvers, dont toutes les installations mariti mes et tous les monuments - sont aujourd'hui achevés^ est une des villes les-plus intéressantes visitQ£.; Outre ses inactions habituelles, elle offrira pendant le mois d Jîoût un intérêt tout particu lier. Vv Le 4 Août en effet, l'une des Sociétés d'agré ment des plus en vogue le Palais de l'industrie, procédera l'ouverture d'une exposition Indus trielle et Commerciale une grande fête sera donnée cette occasion, jj»' Tous gens qui pleurent. 9 n n n 9 n n 9 9 n n n n n 9 n Tl Les Fêtes d'Anvers.

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Le Progrès (1841-1914) | 1891 | | pagina 2