N° 61. Jeudi,
51e ANNÉE
30 Juillet 1891.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
AVIS.
Nous prions instamment
nos amis qui ont droit
figurer sur les listes électo
rales au lr Août, de se pré
senter sans tarder l'Hôtel-
de-Ville et d'y réclamer leur
inscription.
Les caisses diocésaines.
EXCURSIONS EN SUISSE.
De Zurich au Monte Generoso.
Encore.
6 FRANCS PAR AN.
Yprea, le 29 Juillet 1891.
A propos de la rentree en scène judiciaire du
chanoine Bernard, le Précurseur rappelle les
graves paroles prononcées par l'érainent pro
cureur général de Rongé, l'occasion de la
fameuse caisse épiscopale Il est bon de re
mettre un pareil document sous les yeux du
public.
La vérité m'oblige de déclarer, disait ce
magistrat, que, parmi les fondations de la
caisse diocésaine, beaucoup sont irrégulières et
illégales. Plusieurs ont été formées de capitaux
arrachéslaide de manœuvres inavouables
des familles dépouillées au mépris des droits
les plus légitimes. Plus d une fois, dans les
documents rapportés, vous verrez la fraude
s'étaler sans retenue et vous comprendrez alors
le sentiment qui a déterminé Bernard les
conserver avec un soin jaloux... Comment ne
FEUILLETON.
pas flétriren effet, d ^procédés hypocrites et
des expédients erppfeints de déloyautécomme
ceux qui apparaissent dans la lettre adressée,
le 14 Novembre 1862, par le secrétaire Lefèvre
au chanoine Gilly, alors secrétaire de l evêché
de Tournai Comment rester indifférent au
spectacle de Xœuvre frauduleuse concertée
entre M. Mélio, curé de Châtelineau et son
doyen
Quel est le but de ces entreprises et de ces
actes astucieux, sinon de reconstituer lamain-
morte, que l'on a qualifiée avant nous de dan
ger public et de péril social. La conscience se
révolte en présence des spoliations qui ont en
richi la caisse diocésaineet je n'abandonnerai
certes pas la défense le soin de les flétrir.
Représentant de la loi, je ne puis couvrir de
mon silence des abus dont le mépris public,
défaut d'une répression inefficace et impuissan
te, sera le juste châtiment.
Décidément l'argent n'a pas d'odeur... pour
les dévots
y
Voici une histoire vraie qui démontre que le
clergé éprouve une perception très nette de sa
toute-puissance en notre beau pays.
Un scandale s'est produit récemment Mons,
scandale dont s'est occupée presque toute la
presse mais dont le pieux Journal a eu soin de
ne rien dire l
Oh se souvient que certain curé de Courcel-
les, le sieur Rasmond, dont nous avons déjà
parié, fut reconnu coupable, il y a quelques
mois, d'attentats la pudeur sur des fillettes.
Ce bon ecclésiastique, traduit devant le tribu
nal de la pénitence... non, pardon devant la
juridiction correctionnelle, reçut en manièrede
récompense deses actions immondes, condam
nation 5 la prison. Appel fut interjeté, maij la
Cour confirma la décision des premiers juges.
L'ex-curé de Courcelles ne trouva alors rien
de mieux que de se réfugier dans le couvent des
capucins de Mons... Allons, bon! encore une
erreur lisez au milieu de la congrégation des
nonnes attachées l'hôpital civil de Mons pour
le service d'infirmerie.
Oh le cher homme était là fort bien. Kn
effet, la sœur du martyr est supérieure de la
susdite brigade, et vous comprenez qu'elle
ouvrit tout grand les bras pour accueillir son
frère qui avait éprouvé... un grave désagré
ment.
Le grave désagrément est sublime,
n'est-ce pas La trouvaille, je dois l'avouer
humblement n'est pas de moi. C est le Hainaut
journal clérical montois, qui qualifia ainsi
l'odyssée correctionnelle du sieur Rasmond).
Passons.
Donc le bonhomme était choyé, il initiait,
dit-on, les religieuses aux beautés de la musi
que pieuse.
Toutes bonnes choses ont une fin, pourtant,
et Rasmond devait en faire la cruelle expérien
ce. Sous le poids des fers il geint présent, et
il a tout le temps de se livrer d'amères ré
flexions sur les dangers que courent les repré-
LE PROGRÈS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acqtjirit epndo.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement adnainistratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
ont ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
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Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrés Pour
|f -»*tant de Ja Belgique et de l'Etranger I'Agexce Rossel, 44, rue de la Madeleine,
et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Trois nouvelles lignes de montagne.
Les touristes toujours plus nombreux qui arrivent en
Suisse du Nord ou de l'Est font-ordinairement leur pre
mière étape, quelquefois leur premier séjour Zurich, ce
grand rendez-vous international, cette cité de plus en
plus moderne, qui se mire l'extrémité de son beau lac
et d'où l'on peut faire tant de charmantes excursions. La
ville elle-même n'est encore, vrai dire, qu'aux portes
"T^TTes cimes neigeuses, les hauteurs qui dominent son
étroite, mais délicieuse nappe d'eau peuvent peine por
ter.le nom des montagnes mais au-dessus de leurs ver
sants couverts de' vignobles et de leurs vertes courqnnes
g de fofêts Apparaissent et brillent déjà, dans leur éternelle
I sérénité» les blancs sommets de^flgutes-Alpes apportant
au voyageur la première salutation (fer leurs neiges imma-
culées.
jy Le haut pays de Glacis et d'Uri, avec les cimes étince-
lantes de Glarmsch, du Glaridenstock, du Scheerhoorn et
»de laL-Wtndgelle, projette déjà tout son éclat jusque dans
fes" Vues de la ville et si le voyageur s'abandonne la
douce tentation de se faire transporter par l'intéressante
aligne de l'Uelliberg jusqu'au sommet de ce magnifique
nfcoint de vue qui. s'élève ombragé «t hardi, l'Ouest de la
{e, il aura làja meilleure introduction qu'un touriste
(fuisse rêver pour un voyage eiflr Suisse, commeyun avant-
goût des surprises et "des joies que lui réserve'la vaste
i' région des glacièrô'et des abîmes.
11 verra de là-haut les Alpes se développer, comme un
arc immense, en une couronne majestueuse et variée
infini, du Sentis jusqu'aux Diablerets dans le lointain
pays de Vaud, sommet après sommet, pie après pic, armée
ondulée de solides et blanches montagnes, qui exerce sur
celui qui la contemple pour la première fois, dans
l'éblouissante clarté d'un beau soleil d'été, un charme tel
qu'il se sentira subjugé et qu'il n'aura plus de repos jus
qu'à ce qu'il ait fait son tour plus ample connaissance
avec la fée enchanteresse qui peut lui présenter de pareils
tableaux.
Le chemin le plus direct de Zurich dans le haut pays
de la Suisse centrale est la ligne du Gotthard, qui ser
pente de la base du Rigi jusqu'à la frontière italo-suisse
et met, pour ainsi dire, aux pieds du voyageur, au Nord
et au Sud du groupe central, les scènes de la nature lés
plus grandioses. A l'avenir cette ligne devra d'autant plus
être prise en premier lieu en considération dans l'itiné
raire du touriste que trois nouveaux chemins de fer con
struits en son intention, et actuellement en voie d'exécu-
lion (l'un d'eux est même déjà terminé), viendront se
souder au Gotthard et attireront bientôt l'attention du
monde des touristes de tous les pays.
Prenons donc la voie du Gotthard Après un court
trajet, pendant lequel nous traversons la gracieuse contrée
de Zoug, nous arrivons Rothkreuz, d'où nous nous rap
prochons des flancs escarpés du Rigi. Par l'étroite vallée
d'Arth, où, entre le Rigi et le Rossberg, "Goldeau gît en
seveli, avec ses quatre cents habitants, sous un effroyable
amas de décombres et de ruines, nous atteignons le pays
de Schvvyz l'ombre des rochers du Rigi brille le lac
de Lowerz, au milieu d'un nid de verdure apparaît le vil
lage de Steinen, patrie de Stauffacher, devant nous s'élè
vent les deux pointes élancées des Mythen, nous saluons
le bourg de Schwyz, qui repose délicieusement leur
pied, et dix minutes plus tard nous touchons Brunnen
le classique lac des Quatre-Cantons.
Si jusqu'à présent la course ..était charmante, dès ce
moment elle devient ravissante': te trairtiraverse les
pilliers, les arcs-boutants-des Alpes. Nous pààsoos alter
nativement de quelques instants d'obscurité desRap
pées sur le miroir étincelantdu lac, sur le Rutli, l'agreste
prairie où fut fondée la Confédération suisse, et sur le
massif des glaciers de l'Urirothstock, dont les parois
s'élancent perpendiculairement du lac jusque dans la
région des Alpes.
Depuis Fleulen la vue des lacs ne reposera plus nos
regards du côté Nord, et nous entrons dans la vallée delà
Reuss, en passant devant Altorf, chef-lieu du canton
d'Uri. Des deux côtés de la vallée les cimes s'élèvent tou
jours plus majestueusement jusqu'aux nues, Erstfelden
on met en tête du train les puissantes locomotives de
montagne et le tracé de la voie devient toujours plus
hardi, passant au-dessus d'abîmes vertigineux, dans les
quels mugissent les torrents alpins. Le train passe avec
un bruit de tonnerre travers des tunnels et sur des ponts
pour s'engouffrer Wasen dans le cœur de la montagne
et s'élever, par les fameux tunnels de rebrousseraenl, de
quelques centaines de mètres, de telle sorte que nous
voyons la blanche église du village briller d'abord au-des
sus de nos têtes, puis côté et enfin bien au-dessus de
nous, et que les nombreux contours de la voie nous font
perdre complètement l'orientation. Au-dessus d'Intschi
on jouât d'un coup d'œil de toute oeauté sur la Windgelle,
qui se présente d'une manière imposante. Bientôt nous
voici Gôschenen, l'entrée du grand tunnel du ^har<J.
Ici se ra^ordera la première des nouvelles. .,es indn
quées, saTbir le chemin de fer voie étroit» .,6schenen-$!
Andermatt, qui doit relier l'intéressante et pittoresque
vallée d'Andermatt la ligne centrale
Cette voie aura 1 mètre de largeur, un rayon minimum .-
de 200 m., une pente maximum de 20 et une longueur
de 3,t kilomètres, dont 1 lira, traction ordinaire et 2,7
km. crémaillère. Il Trfhdra percer trois tunnels, d'une
longueur totale de t.rkro. et ies frais sont devisés Fr
l',3jÛO;000.
L'importance de cette ligne pour les touristes consiste
tout d'abord dans le caractère grandijse dfrla nature en
vironnante les Sch&ellenen avec.je" Pont du Diable,