AVIS. 1892. IVos 1-2. Jeudi, 52e ANNÉE. 7 Janvier 1892. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Une leçon pour le clergé. Chronique locale. m 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. L'abondance des matières nous oblige de re mettre un prochain numéro le compte-rendu de la séance du Conseil communal du Samedi, 2 Janvier dernier. Ypres, le 6 Janvier 1892. La presse cléricale évite, avec un soin scru puleux, de faire connaître les paroles d'apaise ment et les conseils de sagesse, qu'un éminent prélat d'Italie, M. Bonomelli, évéque de Cré mone, adressait, il n'y a pas longtemps, aux chrétiens et spécialement aux prêtres de son diocèse Ces conseils sont empreints d'un esprit très large et très tolérant, ils mettent les membres du clergé en garde contre les entraînements de la politique aussi nous semblent-ils bons méditer par ceux qui s'intitulent ici pasteurs dames et ne donnent pas toujours leurs ouailles les bons exemples que M. Bonomelli leur propose. C'est leur intention que nous croyons de voir publier la partie la plus intéressante du sermon de l evéque de Crémone - Voilà qui est parler d'or C'est la vraie doctrine du Christ qu'enseigne cet évéque. Ses paroles de paix seront-elles entendues Nous n'osons l espérer. En mettant le nez la fenêtre pour la pre mière fois en l'an de Jésus-Christ 1892, nous offrons nos lecteurs et amis, de notre air le plus gracieux, tous nos souhaits de bonheur, d'un bonheur compatible avec la triste et injuste situation que leur ont faite neuf mots d'un régime qui fait aussi peu d honneur ses au teurs que peu de plaisir ceux qui sont forcés de le subir. Mais qu'on se console, si Celui qui règle tout ici bas peut avoir eu un moment de distraction, ce moment ne saurait durer et l'œuvre de développement naturel reprendra bien vite son cours. Après les vaches grasses nous avons les vaches maigres et celles-ci se ront, sans trop tarder, remplacées par les pre mières la nature de notie sol les nourrit trop facilement, l'herbe y est trop drue et le climat trop généreux pour que nous soyons condam nés vivre longtemps de la chair d'un troupeau malingre et éthique comme celui qu'on nous sert au grand dam de nos estomacs habitués plus réconfortante nourriture. Il est vrai qu'au dire de nos faiseurs, jadis, les Yprois croupissaient sous la tyran nie de despotes haineux, vindicatifs, into lérants et rétrogrades aujourd'hui c'est le règne de l'émancipation et de la liberté. De quelque côté qu'on tourne les regards, on est stupéfait des immenses préparatifs qui s'amoncèlent de toules parts, en vue de l'exécution des fabriques la grande indus trie réclame parlouL des débouchés et le commerce, resserré dans ses entournures, de mande cor et cri qu'on lui donne les moyens de sepandre librement dans les pays d'outre mer. Partout s'agite la vie, animée, luxuriante, et prête éclater dans sa pléthore. On abat, on restaure, on construit, on perce des rues, on trace des boulevards et la transformation se fait rapide, radicale, tant dans le domaine in tellectuel que matériel. Ce n'est pas encore Athènes pour le cerveau ce n'est pas encore Manchester pour les bras, mais patience, cela viendra, dit-on chaque jour sa peine. Il n'y a que neuf mois que le régime nouveau est instauré, le temps, dirait-on, de tâter le terrain, et déjà que de grandes choses accom plies! Rien qu'à les mettre la file les unes des autres, on en a de quoi fàire une chaîne avec laquelle on pourrait attacher entr'eux tous les élus du 1r Février. Parmi ces belles choses, les unes sontplus im portantes que les autres, naturellement, mais aucune n'est dédaigner. Citons au hasard 1° Comme mesure purement financière, sans arrière-pensée "politique, dommages, pour bris de meubles, payés au Boc, etc. Une bagatelle. 2° Révocation d'un honnête et bon employé de l'Hôtel-de-Ville, remplacé par une ombre d'employé. 3° Suppression du pensionnat du Collège communal et de l'Ecole moyenne. 4° Suppression de l'école gardienne commu nale gratuite. 5" Subside de 4000-00 fr. accordé l'école gardienne des nonneltes d'une poche dans l'autre. 6° Réduction du personnel enseignant (fem mes) mesure des démissions ou des déplace ments. 7° Bouleversement et amoindrissement en tous sens, du Corps des Pompiers Déchirement de la musique. 8° Guerre la Commission administrative de l'Académie et principalement son prési dent Remplacement de M. Iweins par M. Colaert. Id. M. Boedt par M. Fraeys. Id. M. G. Lapiere par M. Slruye. M. Colaert absorbant lui seul tous les pou voirs de la Commission et plaçant, de son autorité privée, dos professeurs, etc., sans souci des besoins de l'institution, etc. 9° Fermeture du théâtre flamand, par refus de subside. 10° Suppression des bals populaires, par décision tacite. 11° Adoption de l'école Aloisius. 12° Elimination de M. F. Van Daele, mem bre des Hospices, remplacé par M. Lambin. 13° Elimination de M. Gravet, membre du bu reau de bienfaisance, remplacé par M. Vanden- berghe, avec injonction aux deux nouveaux titulaires de ne pas se mêler de politique, sinon 14° Création sur la crèle de la Hooghe de vastes bassins d'eau d'alimentation de la ville, Dickebusch étant exclusivemefit réservé la grande industrie. Il sera permis aux habitants de la ville, seuls, d'aller s'abreuver aux sources vives et jaillis santes de Zillebeke. Ces sources contenues dans de grandes vasques, en forme de coquilles mul- tilobées et revêtues de malachite au fond et de marbre de Paros aux bords, dépasseront en élégance et en richesse les bassins de Neptune f et ceux des Dauphins de Versailles. A un jour donné, le jour de l'inauguration solennelle, au commandement de M. Colaert, le soleil étalant ses splendeurs sur les ondes cristallines, les nymphes sortiront des bots (les sapinières) et glissant leurs doigts rosés sous les bras de MM. PROGRES vires acquir1t eundo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Çour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le ".estant dé la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossèl, 4i, rue de la Madeleine, et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles. Le prêtre, dit-il, dans ces luttes politiques, n'a rien gagner et a tout perdre. Sort-il vainqueur de la ba taille électorale, ses adversaires vaincus, parfois très in fluents, leurs parents, leurs amis, se réunissent contre lui. Avides de vengeance, ils préparent la revanche et sont prêts user de tous les moyens alors, pour leur résister, le ministre du Dieu de paix est lorcé de chercher partout des alliés, même parmi ceux qui lui font peu d'honneur, afin de sauver le bon parti. Le prêtre est-il vaincu, ceux qui triomphent se font gloire de l'avoir emporté sur l'Eglise ils attaquent et insultent celle-ci et ils n'épargnent rien pour éviter une défaite l'avenir. Ainsi, ou vainqueur ou vaincu, le prêtre se trouve dans la situation la plus douloureuse. Et ce n'est pas tout. O vous, curés de nos paroisses, après ces luttes électorales auxquelles vous avez pris une part active, pouvez-vous désormais exiger ou espérer que les vainqueurs ou les vaincus iront l'église pour assister votre messe ou écouter vos sermons Pouvez-vous croire qu'ils viendront encore voire tribunal confesser leurs péchés, qu'ils recevront humblement vos avis, qu'ils vous appelleront leur lit de mort, comme leur conseil spirituel ou leur père respecté? Pour se l'imaginer, il faudrait ne point connaître la nature humaine, et ce que j'ai vu, cet égard, m'ôte tout doute Nos paroissiens peuveut admettre des remontrances de la part de celui qui se contente d'exercer son ministère spirituel, non de celui qui les aura combattus en matière politique, ce qu'ils considèrent comme une usurpation de pouvoir... Le prêtre doit être l'ami de tous ses paroissiens. Il doit pouvoir apporter tous des paroles de paix et de con solation. Mais comment pourra-t-il le faire, si dans les luttes électorales il a ouvertement combattu ceux qui il doit s'adresser -t»vwaaow*

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 1