INJECTION PEYRARD,
Plus de Mercure, plus de Copahu ni Cubèbe.
L'injection Peyrard est la seule au monde ne
contenant aucun principe toxique ni caustique,
guérissant réellement en 4 et 6 jours. Rap-
fiort Plusieurs médecins d'Alger ont essayé
Injection Peyrard sur 232 Arabes atteints d é-
coulements récents ou chroniques, dont 80 mala
des depuis plus de 10 ans, 60 depuis 5 ans, 92 de
4 jours 2 ans. Ce résultat inouï a donné 231
guérisons radicales après 6 8 jours de traite
ment. Deuxième essai fait sur 181 Européens a
donné 181 guérisons. Ont constaté l'excellence
les docteurs Belari, Ferrand, Ali-Boulouk, etc.
Chez l'inventeur E. PEYRARD, place du Capi-
tole, Toulouse, et dans toutes les pharmacies.
bles familles de nos Flandres. Deux hommes de talent,
dont le souvenir honore la fois l'administration et la
législature nationales, l'avaient rendu populaire. L'urf,
M. Ernest Vandenpeereboom, oncle du collaborateur
de M'. Beernaert, naquit Courtrai en 1807, fut succes
sivement conseiller provincial, député permanent, com
missaire d'arrondissement, député de Courtrai de 1848
1854. Après avoir vécu dans la retraite jusqu'en
1857, il accepta un mandat des électeurs de Gand qui
le lui renouvelèrent jusqu'en 1870. M. Ernest Vanden
peereboom présida la Chambre, et l'on se souvient
encore de son autorité bienveillante, de son caractère
la fois si modéré et si ferme. Il a laissa la postérité
une étude de droit parlementaire Du gouvernement
représentatif en Belgiquequi donne la mesure de
cet esprit distingué. M. Alphonse Vandenpeereboom,
cousin du ministre actuel, fut élu en 1848 député
pour Ypres, après s'être fait connaître comme conseil
ler communal et échevin de cette antique et noble
cité. Jusqu'en 1876, son mandat législatif lui fut con
tinué sans interruption. Il signala son utile passage
au ministère de l'intérieur par des réformes administra
tives persévéramment accomplies. C'était un homme
de 1830, ayant conservé toute la noblesse d'aspira
tions et de tendances de cette époque cornélienne. Il
y ajoutait le goût du progrès, le sens des choses
venir, la divination du perfectible dans notre civilisa
tion moderne, et des qualités d'historien sagace et de
numismate d'une curiosité toujours en éveil.
L'honorable ministre actuel des chemins de fer a
hérité, sinon des facultés de premier rang de ses deux
remarquables parents, le second surtout, au moins de
Certains traits de caractère qui établissent l'atavisme
3ret la continueté de la race. Jamais époque plus agitée,
«plus troublée, ne produisit homme plus calme. C'est
jiunstoïque, comme M. De Lantsheere, avec lequel sa
I nature a, du reste, bien des points de contact. Mais il
possède en plus que le tranquille et méprisant exécu-
Iteur du journal qu'on ne cite qu'en justice, une foi clé-
Sricale plus sûre d'elle-même et un courage plus net
n dans sa confession publique. Au milieu des appétits
I et des compromissions, aux côtés de divers habitués
ij du chemin de Damas, M. Jules Vandenpeereboom
promène et déclare son zèle clérical qui est resté aussi
ferme, aussi vif que celui des néophytes de la primitive
Eglise. Ses collègues du ministère eux-mêmes, trou
blés, inquiets, jaloux de cette affirmation qui ne craint
ni le ridicule, ni les quolibets, ont maintes fois essayé
de se moquer de ce fidèle des premiers âges, pour
mieux excuser leur conscience intermittente et leur
visage triples volets. Ils se sont toujours heurtés la
sérénité supérieure de l'homme qui ne craint pas d'aller
tous les jours la messe et au salut, mettant ainsi ses
contemporains dans la nécessité de le croire un con
vaincu sincère, sans respect humain, ou un comédien
de génie. Philosophe placide, en tous cas, homme de
sang-froid, qui n'a pas été trahi par la passion, mar
chant dans la vie avec la raideur circonspecte du mon
sieur qui porterait sur la tête un plateau de figurines
de plâtre, et qui met de la coquetterie regretter de
ne pas vivre au temps de Néron, pour servir de réver
bère dans les jardins de ce prince aux goûts violents.
A dix-neuf ans, M. Jules Vandenpeereboom éton
nait le monde par sa màturilé, comme il surprend
encore aujourd'hui par son imperturbable quakérisme
clérical. C'était en 1862 le jeune lévite entrait
l'Université de Louvain, faisait des logarithmes et
préparait une édition expurgée des Pandectes, l'âge
où l'on fait des vers. Il n'était cependant pas cham-
bromane, comme M. Woeste au contraire, il aimait
le café, les réunions où il plaçait des sermons naïfs sur
la Portioncule et autres grands mystères, que ces col
lègues écoutaient jusqu'au bout pour avoir le plaisir de
lui verser ensuite un bock dans la nuque. Elève de
mérite, bloqueur obstiné, enjolivant ses thèses et ses
études de notes, de recherches, d'aperçus personnels,
il sortit de Y Aima mater en 1865, après avoir subi un
examen cum summa laude. Il prêta serment devant la
Cour d'appel de Gand, dont le premier président d'alors
feu Lelièvre, frère de l'ancien député libéral de Namur,
lui souhaita cordialement les succès des aiués de
sa famille et son stage terminé, s'inscrivit au bar
reau de Courtrai, sa ville natale.
C'est pendant ces quatre années .le stage 1865-
1869 que se place un incident peu connu et jamais
éclairci de la vie de M. Jules Vandenpeereboom. Un
beau matin, il disparut de Gand sans que personne de
sa famille sût ce qui lui était arrivé avant son départ,
il vendit ses meubles, son attirail, puis s'évanouit
sans laisser de traces. Cette éclipse inexplicable durait
deux mois environ, lorsqu'un jour on reçut de lui une
lettre datée d'Angleterre, annonçant son prochain re
tour. Il revint, en effet, au jour dit, et reprit sa vie
comme si rien ne se fût passé. Quelle énigme cache
cette fugue de jeunesse L'amour, une douce vision
longtemps poursuivie et subitement saisie dans sa réa
lité, a-t-elle réussi captiver, pendant deux mois,
ce clérical en carton-pierre Quelle Clorinde aurait
donc fait choir cette impitoyable virginité Ou bien,
cet obscur voyage n'a-t-il été qu'une de ces retraites
pieuses, d'un ascétisme particulier, tel qu'on les passe
dans certains monastères d'Ecosse oiv des Cornouailles,
l'usage de ceux qui trouvent trop douce la règle de
l'abbé de Raincy Nous espérons que nos successeurs
en histoire parlementaire sauront approfondir ce doux
ou terrible mystère qui en rappelle un autre, dont le
frère de M. le ministre des chemins de fer a été jadis
le héros. Il était substitut du procureur du Roi An
vers, quand, un beau soir, il disparut aussi prestement
que l'honorable député de Courtrai. Des recherches fu
rent faites partout on finit par découvrir notre magis
trat... dans un couvent de capucins
Après une courte apparition au conseil communal
de sa ville natale, M. Jules Vandenpeereboom obtint un
mandat de député en 1878, lors de la répartition d'un
quatrième siège au collège électoral de Courtrai. Il
entra la Chambre le jour même où s'ouvrit la ses
sion extraordinaire convoquée en juillet 1878 par le
cabinet libéral que le scrutin de juin venait de porter
aux affaires. Son rôle dans l'opposition est connu. Le
premier discours politiquequ'ilprononça, en avril 1879,
dans la discussion générale du projet de loi sur l'ensei
gnement primaire, donna immédiatement la note de
son talent et la marque de son esprit, il exposait la doc
trine cléricale la plus pure la plus claire, avec la même
sincérité qu'un antre orateur très caractéristique de la
droite, M. Struye, mais avec une modération de lan
gage et une simple politesse qui le mirent en une po
sition part, le distinguent des menus oieaux hurleurs
de la droite.
M. J. Vandenpeereboom, parlant de sa place d'alors
qui en faisait le voisin de M. Bara, avait la silhouette
singulière que ferait un zéro coupé en deux, dans le sens
vertical. La tête enfoncée dans les épaules, légèrement
penchée en avant, le dos rond, le ventre fuyant, le
bras gauche replié contre la poitrine, le bras droit
se détendant en un geste isochrone, l'index lancé en
avant, démonstratif, la voix contonneuse, lourde,
mais s'imposant l'oreille, dans le tranquille et sobre
développement d'une pensée tenace et sévèrement mû
rie. Les journalistes de la tribune adoraient M. Van-
denpeerebsom, parce qu'il était très aisé suivre dans
ses lentes et logiques amplifications. Il fit sa spécialité
des discussions des budgets de la justice, où son cléri
calisme sans mélange s'épendait l'aise. On se rappelle
son attitude dans l'affaire fameuse ou questionnaire
pour lps examens électoraux. M. Van Humbéeck posa
la question de confiance. Il obtint deux voix de majori
té le prince de Chimay, votant avec la gauche par
pure bétise, sans savoir ce qu'il faisait, et M. Vanden
peereboom qui déclara ne pas pouvoir suivre la droite
dans l'interprétation byzantine qu'elle faisait des ques
tions dont le ministre acceptait la responsabilité. Cette
déclaration fut applaudie par les libéraux.
En 1884, au lendemain des élections législatives,
M. Malou fut chargé de constituer un cabinet. M. Jules
Vandenpeereboom était le neveu du chef de la droite,
(1) et dès le premier jour, il fut décidé dans l'esprit de
celui-ci que le député de Courtrai aurait un portefeuil
le. M. Malou avait convoqué également MM. Jacobs,
Beernaert et Woeste, et les réunions préparatoires se
tenaient rue de la Loi 47, en son hôtel particulier. Elles
durèrent plusieurs jours, par la difficulté de trouver
d'autres candidats pour compléter un cabinet potable,
et de constituer un département spécial pour M. Beer
naert, qui déclarait ne pas vouloir d'un portefeuille
politique Un jour, il était décidé que M. Woeste allait
l'intérieur, M. Jacobs la justice le lendemain,
cette combinaison était renversée. A tous ces concilia
bules, M. Vandenpeereboom assistait silencieux, tran
quille, ne paraissant s'intéresser aucune de ces
manigances, sùr d'avoir toujours une part du gâteau.
C'était l'en-cas, le bouche-trou. Un beau matin, M.
Malou, agacé de ces traverses dans lesquelles se trou
vait la main de M. Beernaert, tripatouillant, trahis
sant les uns et les autres, visant déjà l'avenir, réunit
tout son monde chez lui, et déclara qu'il fallait en finir.
On se répartit définitivement les portefeuilles comme
ils le furent dans le cabinet de juin 1884, M. Woeste
la justice, M Jacobs l'intérieur, M. Malou aux finan
ces, etc. Restait M. Vandenpeereboom, se tenant com
me toujours un peu en arrière du groupe, attendant...
Et vous, Jules, vous prendrez les chemins de
fer, fit M. Malou en se tournant vers son neveu.
Oui, mon oncle dit doucement le neveu résigné.
Le R. P. Boom était fait.
(I) Erreur. M. Malou était un arrière-cousin.
Le ministère a changé M. Vandenpeereboom du tout
au tout. Est-ce la responsabilité du pouvoir, la satisfac
tion de la victoire, la jouissance du commandement, un
sentiment d'absolutisme longtemps caché sous une
humilité affectée, nous ne savons; mais les plus intimes
anlis du député de Courtrai ont été stupéfaits, au bout
de trois mois, du changement qui s'était produit dans
cette nature qui paraissait en pain d epices,tout au plus.
L'entêté se révélait sous l'enfant de chœur, l'impérieux
bureaucrate sous l'ancien avocat d'affaires, le bruyant
rond-de-cuir sous le pacifique habitué des Mille-Colonnes
et de la Taverne Goldschmidt, la schlague remplaçait
le goupillon. M. Vandenpeereboom a poussé l'extrê
me toutes les réformes qu'il a décrétées dans son très
encombrant ministère. L'économie outrance a amené
la situation actuelle du matériel, où l'on voit des por
tières tomber toutes seules de wagons voyageurs au
temps d'arrêt la réduction du personnel a produit ces
trains internationaux se trompant de route, et filant de
Louvain sur Bruxelles au lieu de suivre la voie régu
lière de Malines la cléricature sans contrôle des nomi
nations tous les degrés, le repos dominical et la messe
obligatoires, poussés j usqu'à l'insenséisme, déterminent
des cas comme celui que le docteur Desmeth a dû ré
cemment signaler dans son cours de médecine mentale,
d'un aiguilleur de la gare du Nord, préposé au Saxby,
et qui avait passé cinq ans dans un asile d'aliénés! Inu
tile d'insister sur les coups de tête qui sont en même
temps des injustices flagrantes, commises envers des
fonctionnaires éminents de l'administration. Le souve
nir de M. Gondry doit quelquefois traverser les exa
mens de conscience de M. Vandenpeereboom.
Où, notre avis, le tempérament actuel de notre mi
nistre des chemins de fer s'est manifesté le mieux, c'est
dans la composition de son cabinet particulier. Il eut
d'abord comme principal collaborateur, un fonctionnaire
de mérite, qui avait déjà rempli des fonctions analogues
sous la direction de M. Beernaert. M. Vandenpeereboom
s'en sépara assez vite. Il prit alors un secrétaire parti
culier courtraisien qui, au bout de quelque temps, trou
va le poste suffisamment désagréable pour se faire
transvaser la direction des chemins de fer concédés.
Aujourd'hui, M. Vandenpeereboom a pour chef de cabi
net un brave homme tout simple, un garde-convoi en
possession du diplôme d'ingénieur, qui ne gêne ni son
ministre ni personne. Quelques jeunes rédacteurs de
lettres d'avis complètent le secrétariat. M. Vandenpee
reboom seul, tranche toutes les questions, examine tous
les dossiers, s'occupe de tous les détails, sait peut et
veut tout. C'est l'absolutisme naïf, godiche, qui amène
les déraillements et détraque un département entier.
Cet avocat de mérite, têtu comme un vieux bouquin
des Alpes Noriques, cet homme de talent qui a mal
compris son affaire et s'use dans les accessoires d'une
administration qui de jour en jour lui échappe davan
tage, a des goûts délicats que sa famille lui a légués.
Il aime non seulement les antiquités, les meubles fla
mands, les étains anciens, les cuivres de forme rare
mais aussi les belles reliures signées des maîtres de cet
art recherché qui, dans notre pays, a si peu de fidèles.
M. Vandenpeereboom possède, sous ce dernier rapport,
des pièces de toute beauté qu'on a pu admirer diver
ses expositions. Quant ses meubles, étains et cuivres,
nous craignons que, bien souvent, il n'ait été refait.
On nous a cité ce propos des exemples qui prouvent
que, dans ces dernières spécialités, M. Vandenpeere
boom est d'une naïveté extrême. Presque tous les soirs,
au sortir de la chapelle Salazar, qui reçoit les oraisons
de l'homme-locomotive expression du Bien Public
M. Jules Vandenpeereboom se rend chez l'un ou
l'autre de nos antiquaires. Il aime causer ainsi, tout
en examinant de vieux objets, admirant un rétable,
palpant un grés cérame, soupesant une cannette en
étain. Ce sont ses récréations, ses extras, ses débau
ches, les jours où cet excellent cœur croque sans pitié
de jeunes téléphonistes, coupables de plaisanteries
internationales un peu lestes. Etoile Belge.)
EX-PHARMACIEN A ALGER