Bulletin Financier. Lire la suite la 5me page. teau, est le produit le plus exact, le plus complet, le mieux assorti, le mieux pétri, le plus réussi, du cléri calisme provincial. C'est un précipité parfait de toutes les vanités bébêtes, de toutes les jalousies universelles, de toutes les envies bourgeoises, de toutes les frondes* irraisonnées, de tous les entêtements épais qui grouil lent et ronflent dans ces milieux éminemment intéres sants étudier. Ces stalagmites possèdent des traits généraux qui ne trompent jamais. Il n'est pas besoin d'agir avec eux comme avec les petits chats qu'on jette dans la rivière pour choisir le meilleur. Tous les exem plaires sont égalemment parfaits, garantis. Les éduca teurs spécialistes les ont pris jeunes, quelques semaines après le sevrage. Grâce a un mélange habile et savam ment progressif de sociétéscongréganistes, de retraites, d'initiation aux tripotages électoraux, de confrérie pour la diffusion de la bonne presse, d'apprentissage dans quelques vagues conseils communaux, voire même dans une députation permanente dernière cuisson réser vée aux sujets d'élite ils arrivent donner ces espoirs do chefs-lieux d'arrondissement cléricaux, la patine nécessaire pour constituer des députés selon le patron déterminé depuis de longues années par une expérience séculaire. lin voyez-moi des apôtres disait Saint-François-Xavier évangélisant les Indes. Envoyez-nous de bons enfants s disait son tour, M. Malou, quand on venait de province le consulter pour le choix d'un candidat. Et ce mot bons enfants avait une signification bien amusante et bien topique dans la bouche de ce sceptique raffiné, de finesse si avi sée. Quand, dans des réunions de la droite, il rencon trait quelques résistances, quelque fronde qui nécessi taient l'emploi de son cliché numéro quinze r egrets, dégoûts de la politique, offres de démission mêlés M. Malou disait volontiers ses intimes, après avoir étouffé les criaiileries Ah s'ils étaient tous comme De Kepper Et, en effet, M. De Kepper, un admirable grès flambé de Flandre, l'éternel taciturne, votant toujours comme le gouvernement, muet comme un sbire de Padoue, est resté sans concurrence possible, le modèle éternel des droitiers, le député-bûche. M. Reynaert, toujours prêt aux plus mauvaises be sognes politiques, woesliti déterminé, frondeur, parce que, comme l'A mi du Désordreil trouve pâle et émas- culée la politique qui se fait Bruxelles, préférant les programmes politiques de l'hôtel de ville de Courtrai, a déjà eu divers incidents notables dans sa carrière parlementaire. Il serait encore inconnu, ignoré, quin zième laruette au barreau de Courtrai, si, il y a quelque trente ans, il n'avait eu la chance d'être moitié as sommé dans une bagarre politique en Flandre. Du jour au lendemain, il passa l'état de martyr. On le pro mena de ville en ville, l'œil fortement poché, l'oreille fendue, une molaire sautée dans la bataille, et qu'il portait dans la poche de sou gilet, soigneusement en veloppée dans un morceau de papier. On joua de M. Reynaert décarcassé pendant plusieurs semaines, avec bien plus de succès que jadis du cadavre de Victor Noir ou de Baudin. Le coup de la molaire surtout eut un succès infini. La troupe s'arrêtait dans les villages meeting aux cercles catholiques on exhibait M. Rey naert aux yeux des populations attendries, émues, indi gnées. Si le public résistait l'œil poché ou s'il fallait frapper un grand coup, on dépliait le petit papier et la molaire apparaissait, triomphante. Alorstout était fini. L'enthousiasme prenait des propor tions d'apothéose. Rien ne résistait la molaire Quel succès Et qui ne voudrait, des droitiers d'aujourd'hui, au prix d'une côte enfoncée, d'une molaire perdue, recevoir un ticket d'assurance pour l'obtention garantie d'un siège dans la nouvelle Chambre revisionnée Grâce l'entregent des Barnums qui le mirent ainsi habilement en scène pendant l'agitation qui suivit les accidents politiques de 1864 démission du cabinet Rogier, refus de M. Dechamps de prendre le pouvoir M. Reynaert obtint un siège parlementaire lors de la dissolution du 11 août 1864, après laquelle les libé raux furent maintenus au ministère. Il remplaça M. H. Dumortier dans la députation de Courtrai, composée jusque-là de MM. De Haerne, Tack et Dumortier. Il siégea pour la première fois dans la session extraordi naire du 23 août 1864, et offrit la Chambre les pré misses de son éloquence au mois de juin 1865, dans la discussion du projet de loi portant prorogation .le la loi sur les étrangers. Combattant cette loi, avec M. Van Humbeeck, il développa la thèse intéressante de la né cessité d'une intervention judiciaire pour ratifier les expulsions ce qui lui valut cette observation de M. Tesch, alors ministre de lajustice, qui n'a jamais enten du raillerie en matière de droits du pouvoir central Si votre idée était traduite dans la loi, la Belgique deviendrait le Boiany-Bay de l'Europe En février 1869, M. Reynaert donna la mesure de son sens politique et de l'élévation de ses sentiments dans le discours qu'il prononça en discussion du projet abolissant la contrainte par corps. C'est vraiment cu rieux, car ce morceau indique une cristallisation céré brale d'un genre tout particulier. M. Reyoaert regretta «que le gouvernement, M. Bara était ministre de la justice, et ce projet fut une de ses plus libérales conceptions eût proposé une mesure radicale qui, appuyée comme elle l'était par des motifs absolus, le plaçait dans cette alternative, ou bien d'être logique, de déduire des principes posés les conséquences qu'elles contenaient, d'abroger la faillite, au moins dans ses dispositions liberticides, et ainsi de livrer le commerce au hasard d'une expérimentation péril- leuse ou bien, de pécher contre la logique, d'avoir «deux poids et deux mesures, selon qu'il s'agit delà liberté individuelle, de la liberté civile ou de la liber- té politique, et de se contenter, au moyen d'une con- tradiction flagrante, de saper sa base et de discré- diter définitivement dans l'opinion publique une loi dont l'application est d'une fréquence journalière. C'est vraiment ainsi que l'on doit raisonner l'école de Droit de Bicêtre. Les célèbres incendies cléricaux de Saint-Genois marquèrent dans la vie politique de M. Reynaert. Ces événements eurent de l'écho la tribune parlementaire. A l'occasion de l'instruction judiciaire ouverte ce su jet, et qui amena la condamnation de plusieurs indivi dus, entre autres d'un sieur Depoorter grâcié en 187114 par M Cornesse, des perquisitions avaient été faites dans les bureaux de certains journaux brugeois. M. Reynaert porta leurs protestations au Parlement, et jamais langage plus outrageant pour la magistrature n'a été tenu la Chambre belge. Le débat s'ouvrit le 9 décembro 1868, «M. Reynaert soutient, dit une im- partiale analyse, que c'est la, passion politique qui a dirigé la justice dans l'affaire de St-Genois. Les actes dont on se plaint, les abus que l'on constate se révè- lent comme les manifestations d'un état de choses «général. Leur cause se rattache.un principe, au principe d'intolérance et «l'exclusivisme qui règne dans les sphères gouvernementales et qui trouve dans le ministre de lajustice son expression la plus rigou- reuse. L'implacable sévérité avec laquelle M. Bara écarte des fonctions judiciaires tous ceux qui appar- tiennent l'opinion conservatrice le favoririsme in- juste qu'il pratique au profit de ceux qui rendent, soit a dans les affaires électorales, soit dans les affaires ju- diciaires, des services politiques telle est la cause réelle et fondamentale de cet énervement graduel de la magistrature Cet incroyable langage, un langage de membre de comité de Salut public, fut relevé comme il le méritait, et séance tenante, par M. Bara qui rétablit sous leur véritable jour le caractère des incendies de Saint-Genois, une des plus tristes aventures de l'histoire cléricale. Ce résultat de prédications fanatiques semble aujourd'hui comme un avant-goût des provocations et de la dyna mite officielles de l'affaire Pourbaix-Beernaert. M. Reynaert est bourgmestre de Courtrai. Il est le magistrat qu'il fallait la majorité bien pensante de cette bonne ville. Il y applique simplement sa politi que, traduisant en fait les vengeances féroces et l'im- placabilité qui distinguent les passions de ses partisans. L'honorable bourgmestre a, en fait d'administration, des idées spéciales qui font rêver. Ainsi, il s'est dé claré hostile aux habitations ouvrières parce qu'à Courtrai elles servent de refuge des armées de mendiants, de vagabonds, qui affluent dans cette bonne ville comme des oiseaux de mer attirés par un phare. D'autre part, il est avéré que les bouges de toute espèce se sont tellement multipliés Courtrai que Corinthe semblerait l'asile des vertus les plus pures en comparaison de cette cité flamande. Les cabarets interlopes y abondent. Les journaux de la localité signalent depuis longtemps l'impunité dont paraît jouir l'immoralité Courtrai, et réclament l'intervention du préfet du prétoire pour nettoyer ces écuries d'Augias Pourquoi, dit l'Avenir de Cour- trai, dans son numéro du 14 février dernier, la police n'ouvre-t-elle pas l'œil, le bon, pour pou- voir couper court, avant que les crimes ne soient commis, ces pratiques abusives qui jettent un §i triste jour sur la moralité de notre ville si sainte- ment administrée Les mœurs campagnardes font souvent l'admiration de nos excellents cléricaux. Que l'on consulte, ce sujet, les statistiques ju- diciaires de notre arrondissement, là où le clergé est tout puissant et a l'instruction en main, et l'on verra quelles mœurs on a la campagne. L'on prétend souvent que la ^ntemplation de la nature pousse les âmes simples a la pratique de la vertu. Que serait-ce donc, Courtrai, si elle n'y poussait pas En fous cas, voilà de l'occupation pour M. Reynaert, dit le pieux. Lui qui se signe en en trant au Waux-Hall, qui anathématise si comique- ment son digne collègue de Poperinghe, le sémillant M. Berten, un pilier de l'ancien Eden de Bruxelles, il devrait bien demander des conseils M. Jules Burlet, ancien bourgmestre de Nivelles. Celui-ci pos sède en effet des spécifiques admirables pour rétablir et maintenir la pudeur publique. Sinon un commis saire spécial est tout indiqué pour nettoyer les bour biers qui illustrentl'administration actuelle de Courtrai. Naturellement, on raconte en Flandre quelques anecdotes choisies, dont M Reynaert a été le héros. La meilleure est le discours qu'il aurait prononcé il y a une trentaine d'années dans une réunion électo rale du crû. 11 y a dit, en parlant de la création des chemins de fer dans les Flandres, qu'il ne fal lait pas multiplier outre mesure les voies ferrées, parce que cela pourrait troubler la digestion des in nombrables bestiaux paissant dans ces contrées'.!!!!! Anerie valant celle d'un sénateur, M. Cassiers. qui, la séance du 26 mai 1863, dit que le rachat du péage de l'Escaut était une mystification et coûterait plus de soixante millions au trésor public M. Rey naert eut aussi un joli succès pendant la session de 1879-80, dans une des sèctions de la Chambre. Emporté par le feu de la discussion, il déclara tout coup sans rime ni raison, que les ministres et les libéraux dirigeants de cette époque étaient tous des francs-maçonsQuelqu'un demanda, après la séance, M. Reynaert pourquoi il avait fait cette sortie. Il répondit que pendant son discours, il avait vu M. Olin regarder M. Van Humheeck en se grattant le nez. M. Reynaert avait pris ce geste pour un signe ma çonnique Bon enfant! comme disait M. Malou. M. Reynaert, c'est son meilleur titre de gloire, est un travailleur et il a des goûts de publiciste. Il a réuni en deux volumes, édités Paris, un mélange d'études de droit public sur la discipline parlemen taire en usage dans les pays d'Europe. Il possède aussi son actif divers articles de revues et, pen dant quelque temps, a fourni certains journaux cléricaux des renseignements sur les sections et le train-train de la Chambre. Ce travail de reporter lui plaisait, d'autant plus que, selon toutes les ap parences, il l'exécutait l'œil. n I OOO i Les affaires sont des plus limitées cette semaine notre marché terme. Paris, encore sous l'impulsion produite par les menées anarchistes, nous fait parvenir des cours faibles. A Berlin le rouble est en baisse. Ici les reports se sont faits très facilement, les engage ments étant excessivement limités et l'argent très abon dant. L'Espagnol se traite 58 1/2 environ le Turc 19.35 le Saragosse 158 1/2 les recettes de la 2e semaine sont en diminution de frs. 317.000 Varsovie 512. Très peu d'affaires la Corbeille. Nos renies 3 1/2 sont très voulues le Mai 101.65. Les Bruxelles et les Anvers sont plus faibles les pre mières reculent 100 3/8 les secondes 99.25. Peu de cours en obligations revenu fixe. En actions de banques, seule la Banque de Bruxelles est recherchée de 585 595. La nationale reste 3060 et la caisse d'annuités est lourde 1417.50. Le rapport que vient de publier le crédit général Lié geois sur l'exercice écoulé, accuse une situation brillante et prospère. Le compte deprofits et pertes s'est elevé au crédit frs. 2.451.897.58 et au débit frs. 1.645.961.23 laissant un bénéfice net de frs. 805.936,35 répartir comme suit: A la réserve frs. 50 000-00 17 50 aux 40.000 actions frs. 700.000 l'administration frs. 25336.35. Le fonds de réserve s'élève donc frs. 600.000. Le fonds de prévision de moins value sur le portefeuille créé en 1890, reste frs. 1.500.000. Il est entré en 1891 104.259 effets pour frs. 75.809. Les comptes courants s'élevaient au 31 Décembre 1891 frs. 19.405.145.66 et le 31 Décembre 1890 frs. 15.384.5m1 .62, soit une augmentation de frs. 4.020.264.04. Rien de particulier en chemins de fer et tramways. Les turin avancent 234 1/2 on est mieux disposé l'égard des valeurs sidérurgiques. La providence monte 1495 le Sud de Cliatelineau 315. Les charbonnages sont station- naires et peu traités. Les usines zinc sont généralement faibles l'asturienne recule 4125, la vieille montagne 517.50. Par contre, la nouvelle montagne progresse 525. L'Austro cote 1400. On est lourd en auxiliaires et en métallurgique. En ac tions étrangère les rumelange qui sans raison étaient tom bés 600 remontent 625. Le brésil est très recherché 59. Norfolk and Western Gold Bonds 94.25 95. C

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 3