52e ANNÉE. 10 Avril 1892. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. L'union. Panacée. L'enseignement officiel. l\° 29. Dimanche, lu1 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQUIR1T EUNUO. Heures de départ partir du Octobre cyprès pour Poperingbe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 Y PRES-FU RN ES 7.34 10-20 1-00 4-00 Ypres, le 9 Avril 1892. L'Association libérale de Bruxelles, au mo ment de se réunir, hier, Vendredi soir, a reçu une lettre de M. Grauxde la Ligue. Il résulte de cette lettre et de l'accueil qu'elle a reçu au sein de ['Association, qu'un rappro- chemententre les deux grandsgroupes libéraux de Bruxelles est reconnu indispensable et que des deux côtés on est disposé s'y consacrer de tout cœur. Le dernier mot, jusqu'ici, est donc un accord temporaire où tous les alliés conserveront leur liberté. Il y aura donc pour les élections de Juin une liste dite liste de l'Union libérale. L'Association y mettra les hommes de son choix et la Ligue y mettra les siens et des deux côtés on combattra avec ensemble pour la même cause introduire la Chambre des li béraux, avec des nuances diverses, mais tous libéraux pour empêcher les cléricaux de reviser comme le leur commandent les évêques. A ce prix la victoire n'est pas douteuse. Vous avez remarqué certainement que les or ganes du clergé ne perdent j amais une occasion d'accuser l'éducation libérale de tous les méfaits qui se commettent en notre bon paysde Cocagne. Libéraux, les voleurs libéraux, les escrocs li béraux, les marchands malhonnêtes libéraux, les citoyens indélicats qui font les porte- monnaie, etc., etc. C'est une manière facile de triompher d'ad versaires qui gênent quelque peu les gens d'é glise et leurs ouailles. Ce qui trouble ces excellents porte-cierge, c'est que cette maudite liberté de la presse donne le droit de dévoiler leurs trucs mais ils sentent bien que petit petit la vérité pénètre dans les cerveaux pour en chasser toutes les insanités qu'ils y ont semées. Ils continuent crier que la religion et la mo rale religieuse sont le remède tous les maux dont souffrent les hommes. Mais leur ton commence faiblir. La foi n'y est plus on sent qu'ils ne travaillent plus que pour la boutique. Autour des grandes villes, comme Bruxelles, Gand, Anvers, Bruges, etc., vit une population de travailleurs agricoles qui exploitent les cita dins. Ce sont là, coup sûr, des élèves du clergé, qui ont été élevés religieusement et qui ne con naissent d'autre morale que la morale religieuse. On pourrait même dire qu'ils sont ce que le clergé a produit de plus complet, puisqu'on gé néral ils se laissent surtout guider par l'igno rance et le fanatisme. Le grand désir du clergé, c'est que toute la société soit modelée sur ces excellentes popula tions de la campagne. Le monde, alors, nagerait dans l'eau bénite et dans la félicité. Serait-il cependant indiscret de demander aux organes du clergé comment il se fait que nos bons villageois, trè3 catholiques, fréquentant les églises, faisant leurs pâques avec régularité et ne manquant pas de dire le bénédicité, soient si peu regardants quand il s'agit du bien d'autrui Serait-ce que la morale religieuse n'est pas parvenue leur faire comprendre la différence qu'il y a entre le tien et le mien Il e3t pourtant bien avéré que laitières et fabri cants de beurre sont souvent d'une délicatesse, d'une probité bizarres. Ainsi, la semaine dernière, dans la vieille ville de Van Artevelde, les maraîchers, voyant arri ver en force la police curieuse d'inspecter leur lait et leur beurre, ont planté là leurs marchan dises et ont détallé comme si le diable avait été leurs trousses. Pourquoi ces citoyens et citoy ennes, dont l'honnêteté est l'ouvrage du clergé, qui leur a inculqué la morale religieuse, se sont- ils sauvés avec cette vélocité On dit que c'est parce qu'ils offraient m vente du lait trop bap tisé et du beurre mélangéde graisse c'est-à-dire qu'ils avaient conçu l'idée de tromper le bour geois sur la nature de la marchandise. Les mau vaises langues qualifient même les oies du Sei gneur de filous. Eh bien, est naire I que cela n'est pas extraordi- Pourquoi la panacée du clergé produit-elle de pareils résultats sur la conscience des croyants Les paysans qui essayent de tromper leur clientèle seraient-ils, par hasard, des libéraux déguisés, qui vont la messe et font leurs pâ ques pour tâcher, par cette hypocrisie, de cou vrir la sainte Eglise d'ignominie Nous le demandons aux papiers cléricaux qui font tous les jours l'éloge de la panacée reli gieuse :Comment est-il possiblequ'une éducation aussi parfaite, avec délices éternelles pour les bons, et rôtissage éternel pour les mauvais, ne parvient pas ce résultat bien modeste incul ■ce quer l'idée geois du tien et du mien nos bons villa- Cette question est certes de nature jeter le trouble dans un esprit sensé. D'autant pins que Rome, son pape, ses princes et ses soldats déclarent comme un seul prêtre que l'unique moyen de pacifier le monde et de faire rentrer les hommes dans la bonne voie, c'est justement d'imiter les braves ruraux et de se jeter corps et âme dans les bras de la sainte Église. Cette assertion rend perplexe alors que cha que semaine nos bons villageois se font prendre en flagrant délit de tentative de vol les falsifi cateurs ne sont-ils pas, au moral, assimilés aux voleurs Que l'un ou l'autre de nos confrères croyants veuille bien nous tirer du doute où nous sommes, cause de cette maudite morale indépendante qui s'insurge contre celle du clergé... Que quel qu'un nous explique ce contraste entre les pré ceptes de l'honnêteté religieuse et les faits qu'elle produit. Nous ne demandons qu'à être converti. Mai3, sapristi il faut cependant d'au tres miracles que ceux qui se manifestent jour nellement autour de nous pour nous entraîner dans la bonne voie. Vaincu par l'évidence et la force de la vérité, le journal clérical flamand Het Volkconsidéré comme le gendre du Bien public, rend, par l'or gane d'un ancien instituteur, un éclatant hom mage la supériorité des écoles officielles il confesse que les éloges dont la presse cléricale a pris l'habitude de bombarder les écoles catholi ques, ne sont pas mérités et que les succès de ces écoles ne sont que l'effet de trucs et de mani gances, ainsi que les journaux libéraux n'ont cessé de le soutenir. L'ancien instituteur s'exprime dans les termes suivants, où éclate une forte conviction long temps contenue par les misérables calculs de la politiquaille cléricale LE PROGRES ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. A. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. 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Mais quoi bon changer la situation J'estime qu'il vaut mieux regarder le péril en face, et je n'hésite pas plus longtemps dire ce que j'ai sur le cœur L'enseignement catholique a, depuis 1884, été battu plusieurs fois, aplati plat geslagen) par l'enseignement officiel voila la cruel le vérité. Entendons-nous. L'enseignement catholique comprend des écoles libres et des écoles adoptées. Les premières l'emportent chaque année, et M. Woeste, la Chambre, ne laisse pas passer une occasion de chanter victoire Eh bien, les statistiques sont trompeuses et même le savant M. Woeste se laisse induire en erreur par elles. Les écoles libres n'étant pas obligées de prendre part aux concours officiels annuels, celles qui n'ont que de mauvais éléments, des élèves faibles, se gardent bien d'al ler étaler dans les concours leur insuffisance et leur infé riorité. De sorte que parmi les écoles, ce sont les bonnes ou plutôt les meilleures qui entrent en lice avec toutes les autres écoles indistinctement, officielles ou adoptées, bon nes ou mauvaises car pour les écoles officielles ou adoptées la participation aux concours est obligatoire. On comprend que, dans ces conditions, la comparai son n'est pas possible. Et il est ridicule, vraiment, de crier victoire La comparaison ne peut raisonnablemeut être faite qu'entre les écoles adoptées, d'une part, et les écoles officielles, d'autre part. Or, nous le constatons avec douleur, les résultats de chaque année mettent les premières bien l'arrière des secondes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 1