I' Mai 1892.
6 FRANCS PAR AN,
3£sJ
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Polémique cléricale.
Un camouflet nos maîtres
Rester au pouvoir.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
Heures de départ partir du 1 Mai
^Ypres pour
FURNES-YPRES.
4-47 7-27 9-53 1-03
3.47 6-19.
Ypres, le 30 Avril 1892.
Un tics dadas de nos maîtres, les évéques, et
de leurs féaux ou serviteurs, consiste repré
senter les libéraux comme les persécuteurs des
curés et de toute la genle ensoutanée. Cela fait
très bien dans le paysage, un persécuté inspire
la pitié et on agit plus efficacement sur les
esprits faibles et timorés. C'est spécialement
aux époques électorales que les saintes gazettes
retrouvent, dans farmoire aux accessoires,
toute la série de petits et grands articles con
cernant les gueux affamés de chair monacale,
les francs-maçons assoiffés du sang de vicaires,
les libres penseurs repus de fricadelles de
curés.
Les lecteurs de ces calambredainés sacrées
doivent finir par se demander comment la race
des apôtres de l'Eglise résiste un
carnage
aussi complet. Pour des gens persécutés et
martyrises, ces apôtres se portent ravir et les
gueux de libéraux n'ont pas fait, jusqu'ici,
beaucoup de mal la Sainte Eglise apostolique
et romaine. De là se persuader que les soit—
disant martyrs sont des blagueurs, il n'y a pas
loin
On pourrait même, de fil en aiguille, se faire
une idée très exacte de la conduite de ces mar
tyrisés et arriver cette conclusion Ceux qui
crient au voleur ne sont pas toujours les volés.
Y a-t-il, en effet, des gaillards plus raffinés
dans l'art de la persécution que nos tonsurés et
toute leur séquelle? Navons-nous pas la liste
des inventions perfectionnées des tortionnaires
de la Très Sainte Inquisition Chaque jour
encore n'assistons-nous pas un échantillon
des raffinements des oints du Seigneur pour
suivre de leur haine tous ceux qui ne s'incli
nent pas devant eux
lis dénoncent la vindicte publique, du
haut de la chaire de vérité ces libéraux
maudits ils s'échinent trouver le meilleur
moyen de contrecarrer les intérêts matériels de
leurs adversaires politiques, et ont gagné leur
journée quand ils ont réduit un gueux la
misère.
Famille, patrie, rien ne trouve grâce auprès
d'eux tout doit s'incliner devant la supréma
tie de lEglise, devant les ordres du Vatican.
Plus rien n'est sacré pour eux ils font argent
de tout pour arriver leur but un crimc'de-
vient une noble action s'il apporte profit pour
leur caisse ou leur domination.
Et ils s'intitulent des martyrs, des persécutés,
des apôtres de paix et de concorde Apôtres
de paix quand ils poursuivent outrance ceux
qui nient les miracles, dont les héroïnes ont
été condamnées par les tribunaux.
Apôtres de concorde quand ils sèment la
discorde dans les ménages où le mari est libé
ral, quand ils se substituent aux héritiers
gueux.
Puis, pendant les périodes électorales, ils
viendront quémander les voix de ces libéraux,
de ces gueux qu'ils ont vilipendés, spoliés et
persécutés toute Tannée, en faveur de candidats
ayant pour programme la suprématie de cette
Eglise dont ils sont les instruments dociles et
les très humbles serviteurs.
Mais ce programme commence sentir le
moisi et tous les gueux tiendront prouver
bientôt que liberté et justice pour tous est le
programme des vrais citoyens belges.
Et un camouflet international encore I
A la dernière assemblée générale de la Fédé
ration des instituteurs néerlandais, laquelle
étaient représentées 02 sections sur 70 dont
cette Fédération se compose, la motion suivante
a été adoptée I unanimité
L'assemblée générale de la Fédération des
Instituteurs néerlandais, ayant pris connais-
sancede la loi relative aux traitements dat-
tente des instituteurs communaux mis en
disponibilité par suppression d'emploi, ex-
prime ses regrets du procédé du gouverne-
ment belge et manifeste sa sympathie envers
les collègues de la Belgique.
La Patrie l'avoue crûment le programme
de ses amis peut se résumer en trois mots
Rester au pouvoir 1
Rester au pouvoir, disposer de l'assiette au
beurre en faveur de ses bons amis les calotins,
voilà toute l'affaire
Nous nous en doutions bien I
Nommer de grasses sinécures des gens bien
pensants, favoriser les moines et les nonettes,
en détournant leur profit les ressources des
communes et de l'Etat, nous asservir sous le
gouvernement des cures, tel est le programme
clérical dans toute sa simplicité et sa brutalité I
Reste voir si le corps électoral sera disposé
se contenter d'une formule pareille.
On lit dans la Chronique
Aménités cléricales. Mercredi dernier
s est passée, devant la première chambre de la
cour, une jolie scène, bien édifiante.
On plaidait un procès en séparation.
Me Bonnevie venait de terminer sa plaidoi
rie lorsque M® Woeste débuta ainsi
Messieurs, vous venez d'entendre les ar
guments de mon adversaire. II n'est pas possi
ble de greffer plus de calomnies sur plus de
mensonge», pour rappeler une phrase pronon
cée par M. Frère-Orban la Chambre.
M8 Bonnevie, furieux, répliqua
Quand on a affaire M8 Woeste l'au
dience, il a toujours l injure la bouche mais,
au sortir du pretoire, on est toujours sûr qu'il
prétextera de scrupules religieux pour se dé
rober la responsabilité de ses injures.
Le président intervint pour mettre fin ce
débat peu amical, et M8 Woeste se tint coi, ne
demandant pas son reste.
Rentré chez lui, le sympathique converti
aura mis son fiel en bouteilles.
Quel homme II! que le R. P. Boom !!I 11
donne des ordres au soleil, comme feu Josué.
C'est ainsi que XAnnuaire de l'Observatoire
annonce le lever du soleil pour demain, 1r Mai,
quatre heures trente-cinq minutes.
De par la lubie du R. P. Boom, le soleil va
devoir changer l'heure de son lever. Il devra se
lever pour Bruxelles en même temps que pour
Greenwich.
C'est ça qui va faire faire un nez aux cadrans
solaires l
Le R. P. Boom n'a pas songé celà les ca
drans solaires, c'est encore du bon vieux
temps.
Nous avons raconté, d'après le Courrier de
Bruxellesque M. Rousseau, agent des finan
ces, sur le Bas-Congo avait récemment été
attaqué par les indigènes d un village révolté
contre lui et qui auraient coupé les mains et les
pieds de ce malheureux fonctionnaire.
Voici en réalité ce qui s'est passé, dit XIndé
pendance
M. Rousseau, percepteur des impôts, reve
nait d'une tournée en pirogue, au mois de
Janvier dernier, sur la Luculla, affluent du
Chiloango. Des rameurs indigènes l'accompa
gnaient. Il approchait de Boma-Sundi lorsqu'il
remarqua un groupe d'indigènes qui s'avançait
dans les hautes herbes, sur les bords du fleuve,
comme pour une embuscade. M. Rousseau fit
signe ses riverains qu'il venait eux en ami.
Mais ce moment môme un coup de feu reten
tit et M. Rousseau, tué net, tomba de la pirogue
dans le fleuve.
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