N° 39. Dimanche,
52e ANNÉE.
15 Mai 1892.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ÉLECTION PROVINCIALE
Revue politique.
L'union Liège.
Le style, c'est l'homme.
Ravachol, Ravaillac.
6 FRANCS PAR AN.
COLLÈGE ÉLECTORAL
tm
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ÀCQUIRIT EUNDO.
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(H Hi-c de l'Enseignement, Bruxelles.
DES CANTONS D'YPRES.
DU 22 MAI 1892.
Le Président du Bureau principal a l'hon
neur de porter la connaissance de MM. les
électeurs, qu'il recevra les propositions de
candidats, leurs acceptations et les listes des
témoins et suppléants qu ils auront désignés
le Dimanche 15 et le Lundi 16 Mai 1892, de 1
4 heures de l'après-midi, en la Chambre du
Conseil au Palais de Justice.
Passé ce délai, aucune proposition ou accep
tation de candidature et aucune désignation
de témoins ne sera plus recevable.
A partir du Mardi 17 Mai 1892, pourront
prendre communication, au môme lieu et aux
mêmes heures, de la liste officiel le des candi
dats, ces candidats eux-mêmes ainsi que les
électeurs qui les ont présentés.
Ypres, le 9 Mai 1892.
[x Président
j. iweaxs
On peut maintenant apprécier dans leur en
semble les élections municipales qui viennent
d'avoir lieu en France. Les résultats des ballotta
ges sont connus en effet, ils confirment le scrutin
du 1er mai. Les républicains ont remporté une
nouvelle et décisive victoire. Réactionnaires et
socialistes ont été mis en pleine déroute.
Sur 359 chefs-lieux de département ou d'ar
rondissement, 322 ont élu un conseil républicain.
Les républicains ont gagné 18 chefs-lieux et n'en
ont perdu que trois. A Troyes, Roanne et
Saint-Etienne, le conseil municipal socialiste a
été remplacé par un conseil républicain. Les
socialistes n'ont emporté un succès sérieux qu'à
Roubaix, où leur liste a passé plus de mille
voix de majorité.
Cette victoire des républicains est une vérita
ble victoire.conservatrice. Les électeurs se sont
prononcés, avec la majorité écrasante qu'on vient
de voir, contre les révolutionnaires de droite et
contre les révolutionnaires de gauche. Les mo
narchistes et les cléricaux paient ainsi la faute
qu'ils ont commise en déclarant la guerre aux
institutions que le pays s'est données. Ce n'est
pas seulement le Pape qui, dans des documents
solennels, leur crie Yrous manquez vos de
voirs de citoyens c'est la presque unanimité
du corps électoral qui leur inflige uue défaite
aussi écrasante que méritée. Les socialistes
partagent la défaite des réactionnaires avec les
quels ils avaient fait alliance dans plusieurs vil
les du Midi. En somme, les scrutins des 1er et 8
niai sont un triomphe pour la cause de l'ordre.
Le conseil des ministres, réuni l'Elysée sous
la présidence de M. Carnot, a décidé d'ouvrir un
crédit supplémentaire en vue de mettre la
charge de l'Etat les indemnités payer aux vic
times, propriétaires et locataires, des trois explo
sions exécutées Paris par les anarchistes. Le
crédit s'élève 300,000 francs environ. Les dé
gâts s'élèvent, pour lamaison delà rue deClichy-
232,000 Ir. pour la maison duboulevard Saint-
Germain,50,000 fr. etpourle restaurant Véry,
7,000 fr. Les mesures prendre l'égard de la
veuve et de la fille du malheureux Véry feront
l'objet d'un projet de loi particulier. On deman
dera pour elles soit un capital, soit une rente qui
leur sera servie par l'Etat.
Ypres, le 14 Mai 1892.
Il n'y aura pas, dimanche, d'assemblée géné
rale de l'Association libérale de Liège.
Il parait et tout le monde s'en félicitera
que libéraux avancés et libéraux modérés
ont recule, au dernier moment, devant la res
ponsabilité d'une scission.
Chacun a tire son épingle du jeu, les ordres
du jour présentés par les huit», par les pro
gressistes, par le comité, disparu, et, table
nette ayant été faite de toutes les causes de di
vision, il se fait qu'on est tout étonné de con
stater une chose, bizarre, savoir que les
libéraux se détestent bien moins qu'on le
croyait.
Le 29 mai aura lieu une réunion ordinaire
pour le choix des candidats, et l'union sera
scellée... au grand dam des cléricaux, obliges
de rengainer leurs idées de bataille.
Comme Bruxelles, modérés et avancés con
serveront leurs opinions personnelles, sans
chercher les imposer aux camarades d'en
face. Cela laissera le champ libre aux uns et
aux autres pour conclure, la Constituante,
une union plus étroite sur une formuje unique,
après l'échec des formules particulières. la
bonne.heure! Voilàqui cadre bien avccleprinci-
pe primordial du libéralisme la liberté d'exa
men, et avec les nécessites les plus urgentes de
la politique, qui sont de maintenir la concorde
dans nos rangs et de courir sus la réaction
avec ensemble, d'un bout du pays l'autre.
Ainsi disparaissent, l'une après l'autre, les
difficultés qui étaient si nombreuses, il y a deux
mois encore, sur le chemin de notre parti,
tandis que les obstacles s'entassent sous les pas
du cléricalisme, plus divisé en ce moment que
nous ne l'avons jamais été.
Allons, il y aura encore de beaux jours pour
nos idées, et le 14 Juin 1892 verra remonter au
pinacle le libéralisme, qui en a été précipité
par sa faute le 10 Juin 1884.
Nous avons une revanche prendre. Mainte
nant, nous la tenons, car tous les atouts sont
en notre jeu. Chronique
Nous disons quelques mots, dans notre revue
politique de ce jour,du résultat général des élec
tions municipales qui viennent d'avoir lieu en
France. Ces élections ont été une véritable dé
route pour le parti socialiste Roubaix seule
ment il a obtenu un succès sérieux partout
ailleurs il a perdu du terrain.
La Flandre libérait fait ce propos les réflexions
que voici
Les socialistes français voient leur force diminuée. Leur
déconvenue contient un enseignement qui ne doit pas être
perdu. Nos cléricaux d'ici clament que les socialistes de
mandent le suffrage universel pour bouleverser la société.
On voit que cette réforme ne paraît guère de nature réa
liser leurs espérances Loin de bouleverser les autres,
c'est eux-mêmes que le suffrage universel atteint et décime.
Nos conservateurs feront, nous semble-t-il, d'utiles
réflexions en comparant ce sujet ce qui se passe en Bel
gique et en France. Dans ce dernier pays, les socialistes
sont en pleine décadence. Et ici?
Ecoutez le Bien public lui-même, qui se lamente au
sujet des élections des prud'hommes ouvriers qui viennent
d'avoir lieu Bruxelles. A ces élections, les socialistes ont
battu les cléricaux avec une majorité de 900 voix. Le ré
sultat marque un recul de 300 voix pour les ouvriers
catholiques depuis le 20 décembre dernier. Le Bien public
trouve que le résultat n'est pas encourageant. Il entreprend
de l'expliquer. A son avis, les socialistes profitent de la
faveur dont jouit, parmi la partie remuante de la popu-
■t lation ouvrière, la campagne pour le suffrage universel.
Il avoue que celte campagne est le principal ressort
de la propagande socialiste.
En d'autres termes, en France où on a le suffrage uni
versel, les socialistes perdent du terrain ils en gagnent
au contraire en Belgique, où on n'a pas et où on refuse le
suffrage universel
Le véritable intérêt des conservateurs serait de décréter
le plus tôt possible, sans ruser encore et sans lanterner, le
suffrage de tous. Mais il y a un autre côté de la question.
En faisant du suffrage universel un épouvantail pour les
gens paisibles et la préface du bouleversement de la société,
les catholiques savent bien qu'ils accroissent la puissance
du mouvement socialiste lui-même. Mais leur objectif n'est
pas là. Ce qu'ils veulent, c'est l'emporter sur les libéraux,
en les dénonçant cause de leur adhésion au suffrage uni
versel, comme les alliés des hommes du désordre et de
l'anarchie Leur but est simplement une malhonnête ma-
nœuvreélectorale.
Les élections passées, ce résultat atteint, ils se démas
queront probablement. Mais, en attendant, ils auront tout
fait, au témoignage du Bien public lui-même, pour déve
lopper la puissance du parti socialiste.
i uoci i
M. De Burlel, ministre de l'intérieur par la
grâce de M. Beernaert, est allé haranguer les
électeurs de Nivelles, auxquels il a dit entre
autre chose
a II y a quinze jours, j'ai dit qu'en qualité de
membre du gouvernement, vous comprenez
toutes les réserves auxquelles je suis tenu...
Quelle grammaire, mon doux Jésus C'était
donc l auditoire qui est membre du gouverne
ment, puisque c'est en cette qualité qu'il devait
comprendre les réserves de l'orateur...
Délicieux baragouin
Presque les mêmes noms.
L'un hystérique social, l'autre fanatique clé
rical.*
L'un rêvant l'anéantissement de lordre de
choses établi, le retour la barbarie primitive.
L'autre ardent servir l'Église romaine et
courber le monde sous son joug.
LE
PROGRES