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Distinction.
Chronique locale.
Séance
de l'Association libérale
du 14 Mai 1892.
Sons le second empire, il y eut également
une commotion soudaine qu'il est inutile de
rappeler en détail, car elle est encore présente
la mémoire de tous. Les éclats des bombes
lancées le 14 janvier 1858 contre la voiture im
périale frappèrent près de cent soixante person
nes hommes, femmes et enfants gisaient san-
glantssurlepavé.Si violente qu ait étél'explosion
du restaurant Véry, qu'est-elle côté de cet
horrible drame, après lequel, a dit un témoin
oculaire,- la rue avait l'aspect d'un champ de
bataille I
La République n'empêche pas en France les
«commotions soudaines, pas plus d'ailleurs
que la monarchie ne les empêche en Belgique,
et nous ne le voyons que trop. Mais l'empire
lui-même, nous semble-t-il, n'est pas un anli-
explosif d une efficacité suffisante, et le prince
Victor n'avait qu'à se souvenir un peu de 1 his—
toire de sa famille pour en avoir la preuve.
Tandis que les jeunes littérateurs s'ingénient,
par snobisme, être moyen-âgeux au superlatif,
que les peintres au biberon préraphaélisent avec
entrain et que des politiciens pleins de candeur,
peine sortis de 1 enfance, voudraient nous ra
mener les maîtrises, les jurandes et le reste, de
bons pères capucins, eux, reprennent carrément
la tradition interrompue depuis les bouleverse
ments de 1789 et de 1848 et mettent en pratique
lés rêves des songe-creux de l'art au maillot, de
la littérature au biberon, de la politique aux cu
lottes fendues.
Pas plus tard qu'au mois de juillet dernier,
dans un village de la Bavière, et non pas en
plein pays catholique, mais là où protestants et
catholiques se coudoyent, la frontière de la
Franconie et de la Souabe, on a procédé dans
toutes les règles l'exorcisme sur un possédé, un
petit garçon de dix ans, qui n'avait pas moins
de dix démons dans le corps, oui, monsieur
C'était une dame protestante qui y avait intro
duit ces hôtes incommodes au moyen de poires
tapées qu'ello lui donna manger. Le malheur,
c'est qu'on ne peut pas la brûler comme sorciè
re c'est vraiment dommage
Quant l'exorcisme, il a été pratiqué en due
forme par un renommé exorciste, le père Auré-
lien, du couvent de Wemding, et avec l'auto
risation des évêquesd'Augsbourgetd'Elchstaett,
les 13 et 14 juillet 1891, ainsi qu'il conste d'un
Ïirocès-verbal parfaitement en règle, dressé par
edit père Aurelien et reproduit par la Gazette de
Cologne.
Cette feuille impie ose insinuer que le jeune
possédé est sujet des attaques d'hystérie, alors
que des témoins dignes de foi ont entendu'les
démons répondre aux questions pressantes de
l'exorciste et que d'aucuns les ont même vus
s'échapper du corps du possédé
11 y a une question scolaire en Italie, ou tout
au moins, Villadose, près de Rovigo. Dans
cette commune, des individus restés inconnus
ont démoli moitié le nouveau local destiné au
service de l'enseignement primaire. Ce n'est pas
la première fois que ces champions de l'obscur
antisme se livrent de pareils exploits, et le
secret est si bien gardé, que les coupables res
tent l'abri des poursuites.
Il paraît qu'en Allemagne, les citoyens sont
encore classés en nobles et en roturiers.
L'Indépendance nous apprend, en effet, dans un
articulet sur la composition de l'armée alleman
de, que vingt-quatre régiments de cette armée
n'ont pas un seul officier roturier
Tous nobles
Quant aux généraux, ils sont 64 roturiers
ce qui équivaut 22 pour cent du nombre total.
Roturier est une injure, dès que le mot
devient un sujet de comparaison avec u nobles
Est-ce que, en Allemagne, on méprise les offi
ciers roturiers
Ce serait bien possible, sous le règne d'un
empereur entiché de sa race et qui se considère
comme un demi-dieu.
Décidément le vingt et unième pître du bien
heureux Journal JYpres tient absolument
dénigrer et couler la Société de VEnseignement
par l aspect si chère son cœur au début. Pas de
Saroles assez flatteuses, pas d'éloges assez ron-
ants d'abord pas de mots plus acerbes, pas de
critiques plus injustes maintenant. D'où pro
vient ce revirementVc'est bien simple. La société
qui a pour devise l'enseignement large, sans
idées mesquines, mais sans aucune tendance
politique dans l'un ou l'autre sens, a eu le mal
heur de s'attirer une remontrance absurde de la
Leur
part du petit Monsieur qui s'était maladroite
ment érigé en censeur et en critique d'art.
Elle a protesté, et le petit Monsieur s'est vu
bafoué de toutes parts. Critiquer la reproduction
ou la vue photographiée d'une œuvre d'art, c'est
critiquer l'œuvre elle-même, c'est critiquer l'art
lui-même. Où a-t-on jamais trouvé un père de
famille qui ait hésité de conduire ses enfants
dans un musée Ici Ypres même, les pères de
famille honnêtes ne vont-ils pas visiter
l'Hôtel-de-ville où se trouvent d'admirables
statues de Fiers qui, pour le déshabillé, ne le
cèdent en rien Psyché et VAmour? Et ce
seraient-là des exhibitions scandaleuses Le
ment par l'aspect
images de sainteté Toujours est-il, nous le
répétons, que le petit Monsieur s'est couvert de
ridicule et qu'actuellement il se venge. Mais
qu'il continue se venger La Société ne s'en
portera que mieux, car tous les gens sensés et
intelligents s'apercevront de l'injustice de ces
attaques et protesteront, par leur assiduité aux
conférences, contre ces morsures injustifiables.
Siègent au bureau MM. Cornette président
Bossaert, Brunfaut, D'hont, Maleveys, Onraet,
Poupart, Rubbrecht, Yan Eecke, Vermeulen,
Yerschaeve, Victoor et Laheyne, secrétaire.
L'assemblée est peu nombreuse, comme si le
corps électoral ne prenait aux élections qui se
préparent qu'un intérêt tout-à-fait secondaire.
M. Cornetteprésident, fait ressortir que l'as
semblée est réunie afin de décider s'il y a lieu de
lutter prochainement pour les élections provin
ciales et pour la Constituante. De la lutte,
on sait ce qu'il y a attendre ce sont les
mêmes électeurs qui nous ont déjà battus,
qui devront voter de nouveau et qui, indubi
tablement, nous battront encore. Plus tard,
quand le corps électoral sera reformé, nous
nous trouverons en présence de trois élections
différentes les élections législatives, les élec
tions provinciales et les élections communales.
Conservons pour ce moment-là nos ressources
qui trouveront leur emploi plus efficacement
que maintenant. Yotre Comité propose l'ab
stention. Il est vrai de dire qu'il y a eu des
débats ce sujet au sein du Comité, mais la
majorité s'est prononcée pour l'abstention. Ce
qui a surtout guidé cette majorité, c'est ceci
Y a-t-il des candidats En trouvera-t-on Et
sans savoir quoi s'en tenir sur ce point peut-
on décider de lutter L'avis du Comité est né-
tatif. Si, cependant, l'assemblée générale en
écidait autrement, peut-elle faire un civet de
lièvre sans lièvre
On dit toujours la lutte c'est la vie. Cette
phrase effet pourrait parfois être retour
née, car il arrive aussi que la lutte c'est la mort.
Il faut voir si on a quelque chose gagner la
lutte. Et cette fois on n'a rien gagner même
pour l'avenir, puisque le corps électoral sera
modifié profondément et que nous avons au con
traire tout intérêt réserver nos forces pour la
triple bataille qui s'engagera sur ce terrain nou
veau.
Je sais bien que pour justifier la lutte on
invoque souvent l'exemple de nos adversaires
qui y sont arrivés finalement. Mais on oublie
que nos adversaires doivent leur position non
la lutte, ils ont profité des modifications succes
sives qui ont été apportées dans la composition
du corps électoral et le 19 Octobre 1890 a mon
tré que malgré les avantages que leur ont ap
portés les abaissements du cens et les extensions
du droit électoral au capacitariat, ils avaient
reculé sur 1887 et s'ils sont arrivés au lr Fé
vrier 1891, tout le monde sait parfaitement que
ce n'est pas la lutte, telle qu'on l'entend dans le
camp libéral,qui a amené les cléricaux l'Hôtel-
de-Ville, mais toute autre chose, on sait quoi.
M. Devettere soutient que les paroles de l'hono
rable président sont de nature ravir tout espoir
aux libéraux.
M. le notaire Van Eecke (Wervicq) préconise la
lutte même avec la certitude d'un échec. Il
s'agit de semer pour récoltor plus tard. Si nous
nous abstenions, nous serions peut-être les seuls
de tout le pays libéral. L'union se fait partout
entre libéraux de toutes les nuances. Tous veu
lent réagir dans le même sens le large déploie
ment du drapeau démocratique. Nous n'avons
aucune raison sérieuse pour nous montrer si re
tardataires.
M. Cornetteprésident, répond et combat les
deux discours précédents. A M. Devettere, il
répond qu'il ne voit pas l'utilité de présenter les
choses sous un jour faux, que les fanfaronnades
ne servent rien.
Quant M. Van Eecke, lui, plus que tout
autre devrait savoir comment on récolte en se
mant, c'est-à-dire en luttant. M. Van Eecke a
lutté pour récolter et plus il luttait, plus il per
dait de terrain, tel point qu'à Wervicq on ne
lutte plus.
On pourrait citer plusieurs exemples de ce
genre.
Après cela, il tient faire savoir que
la résolution du Comité n'a pas été prise
sans avoir bien examiné la situation, il ajoute
que le Comité se réunit régulièrement tous les
mois et que c'est bien dans l'intérêt du parti
u'on s'est arrêté la solution qu'il a l'honneur,
e présenter l'assemblée.
M. Vermeulen croit que nous avons plus de
chance que jamais de lutter. De même que la
proposition, au sein de notre Association libé
rale, de lutter pour les élections la Consti
tuante paraît actuellement une utopie, de même
la première proposition de revision faite na
guère, au sein du Congrès progressiste, a com
mencé par soulever une violente opposition.
Aujourd'hui cependant, et grâce aux efforts et
1 énergie de ses promoteurs, l'idée de la revi
sion s'est implantée même chez ses plus rudes
adversaires.
L'orateur propose le vote de l'ordre du jour
suivant
Considérant qu'une large et démocratique
extension du droit de suffrage est nécessaire.
Considérant qu'il importe que les intérêts
de toutes les classes de la société soient repré
sentés dans les Chambres législatives.
L'Association libérale d'Ypres émet le vœu
que toutes les forces du libéralisme s'unissent
pour faire modifier la Constitution de façon
permettre l'attribution du droit de vote tous
les citoyens que la loi ne déclare pas incapables
ou indignes.
Elle décide de lutter avec cette plateform
aux élections pour la Constituante.
M. Cornetteprésident, fait observer que le
vote de cet ordre du jour ne peut venir qu'en
seconde ligne. La question principale, la ques
tion pour laquelle l'assemblée se trouve réunie,
c'est celle de savoir s'il y aura lieu de lutter,
sous condition toutefois de trouver des candi
dats.
Après un échange d'observations entre quel
ques membres de l'assemblée au sujet de l'op
portunité d'un premier et d'un second vote, la
question bien posée par M. le Président, et net
tement formulée par lui, de savoir s'il y aurait
lieu de lutter pour les élections prochaines la
Constituante, (les élections provinciales étant
sans importance), ce, sous réserve d'adhésion de
candidats éventuels, est mise aux voix.
La grande majorité vote oui.
Après ce vote, M. Vermeulen demande l'as
semblée de voter sur l'ordre du jour dont il avait
donné lecture. Cet ordre du jour est adopté sans
contestation.
La séance est levée.
ca