La liberté de l'électeur. L'encapucinement. A Spa. Chronique locale. Aveu. Les élections législatives des 14 et 21 Juin. Il y a un enseignement et une conséquence tirer des scrutins qui ont eu lieu le H et le 21 Juin dans l'arrondissement de Nivelles. Le 14, la liste cléricale contenait le nom de M. Oeburlet, un minisire, qui devait tout prix être élu, peine de faire subir un vérita ble échec au cabinet dont il fait partie. Aussi na-t-on rien négligé pour faire réussir ce candidat. Jamais peut-être la pression et la corruption cléricales n ont-elles été poussées aussi loin. Le candidat gouvernemental a été élu avec une majorité de 67 voix. Ce résultat obtenu, intérêt du gouverne ment dans 1 issue du ballottage était singuliè rement diminue. La propagande s'est ralentie, l'argent corrupteur s'est fait plus rare, et le corps électoral, moins travaillé, abandonné lui-même, a voté selon son sentiment le 21 Juin. Aussi, qu'avons-nous vu? Non seulement la majorité cléricale du 14 s'est effondrée, mais elle s'est changée en une majorité libérale de 157 voix. De tels revirements huit jours d'intervalle suffisent pour faire condamner un régime élec toral. Ces deux chiffres, mis en regard, mon trent ce que I on peut attendre de la fraude et de la pression. Pareil fait ne se produirait certainement plus avec un corps électoral décuplé. Voilà une rubrique qui ne chôme guère chaque jour nous apporte, en effet, une preuve nouvelle de l'encapucinement dans lequel nous nous enfonçons jusquau cou. Une messe a été célébrée Mardi, Bruges, en Ihonneur de saint Louis ou des ballottages, nous ne savons au juste. On a lu, cette occa sion, dans toutes les classes de 1 Athénée, un avis disant que la présence cette messe est OBLIGATOIRE pour tous les élèves non dispen sés du cours de religion. Cet avis ajoutait que les élèves auraient répondre, après l'office, un appel nominal. Voilà comment nul ne peut être contraint d'assister aux cérémonies d'un culte et com ment, Bruges, on entend la revision, avant la lettre, de l'article 15 de la Constitution 1 Un comité provisoire, dont fait partie MM. E. Feron, membre de la Chambre des repré sentants W. de Selys-Longchamps E. Van- dcrvelde E. Richard, conseiller provincial du Brabant F. Cocq, conseiller communal Ixelles, et G. Tosquinet, vient de se constituer Bruxelles, en vue de créer une Ligue contre la corruption électorale. Le taux de la cotisation annuelle est fixé un franc. Les adhésions peuvent être adressées M. G. Tosquinet, rue d'Ecosse, 4, Saint-Gilles. Une assemblée générale des adhérents sera convoquée bref délai. Par suite de la mort de M. Victor Tesch, c'est M. Frere-Orbanqui devient le doyen d'âge des Chambres constituantes. M. Tesch était né en mars 1812 M. Frère-Orban est né en avril de la même année. L'ouverture des Chambres aura lieu, comme nous l'avons déjà dit, le 12 Juillet. On assure aujourd'hui qu'il n'y aura pas de discours du trône, d'où l'on peut conclure que l'accord parfait ne règne pas du tout entre M. Becrnaert et le Roi. Le Roi a eu, hier après-midi, un long enlre- iea avec le rond-de-cuir Pontus, ministre de la guerre, chargé de lire la Chambre les pe tits papiers que lui passent les fonctionnaires supérieurs... lui-même, surtout!... de son département. Un assassinat politique a Ostende Nous avons relaté dans quelles circonstances M. Rau avait, le matin du 14 Juin, été frappé d'un coup de couteau par un fanatique clérical. On nous annonce qu'après une longue agonie, le malheureux a succombé, Mardi soir, vers neuf heures, malgré les soins des trois médecins traitants. Le défunt laisse, la tête de son petit com merce de fruits, sa malheureuse veuve, qui devra seule peiner pour élever ses huit enfants. L'indignation est son comble Ostende, et la police a dû prendre des mesures spéciales pour protéger les abords de la mortuaire, qu'une foule énorme a envahis. Et dire que c'est cette blessure mortelle que les journaux cléricaux ont qualifiée d'ègrati- gnureet qu'il ne s'en est pas trouvé un seul pour flétrir le meurtrier Nous vouons les assassins et ceux qui les dé fendent l'exécration publique. L'enquête gouvernementale dirigée par le Gouverneur de la province de Liège, a établi que l'accusation portée la tribune du Sénat par M. De Coninck contre M. Lebrun, échevin Spa, est fausse. M. De Coninck avait signalé que l'échevin de Spa recevait du directeur des jeux des pots-de-vin de 30,000 francs. Or, cela n'est pas exact. C'est maintenant au tour de M. De Coninck se justifier. Un fait dorénavant acquis l'histoire, grâce l'article aussi prétentieux que vide publié par le Journal d'Ypres sous le titre de Ridiculus mus c'est que M. B., conseiller communal, accompa gné d'un des principaux libraires-imprimeurs- éditeurs de la ville (il ressemble sous ce rapport Br.... tous principaux se sont permis de molester un pauvre diable de domestique qui n'en pouvait mais. Nous disions donc que MM. René B. et Victor N., pour les appeler par leurs initiales, ont in jurié, ou tout au moins molesté, sans raison aucune, un brave homme de domestique appar tenant une Société qui ne leur plaît guère, et qui, du reste, n'est pas précisément instituée pour leur donner des sérénades. En effet, M. B. fraternisant avec N., voit arriver le groom des u Anciens Pompiers et s'écrie sur un ton dérisoire Quel est cet hom me ou Quel est cet individu A quoi l'autre répond sur le même ton, et de façon se faire entendre C'est le chic garçon do la mu sique des badigeonneurs Ne sont-ce pas là des exclamations hautement blessantes pour un inoffensif passant A preuve, c'est que celui-ci a immédiatement ressenti l'offense et a protesté. Si, au dire du Journal d'Ypres, il ne s'e3t agi là que d'une espièglerie, toujours est-il que cette espièglerie frise fort la gaminerie, et que ce n'était pas M. B., investi d'un mandat public, se la permettre ou l'autoriser. Voyez-vous deux libéraux, notoirement con nus comme libéraux, passant côté du cabare- tier du Cercle Catholique, et échangeant haute voix les réflexions suivantes D. Qui est cet individu R. C'est le fameux patron du K.K. Le patron du Cercle Catholique se considére rait bon droit comme injurié, et cet irascible patron, (on le connaît assez pour savoir que ce n'est pas un modèle de longanimité) n'aurait garde de conserver l'attitude calme, paisible et polio du digne groom d'une Société où l irritabilité, la colère et la violence sont en honneur Quand, dernièrement, des enfants ont inter pellé M. Henri 1..., passant rue des Chiens, le Journal d'Ypres n'a pas eu assez d'encre pour in vectiver ces POLISSONS contre lesquels il demandait justice tous les points cardinaux. Que doit-on dire alors de ces deux grands enfants (termes mitigés) qui échangent haute voix des observations blessantes au sujet d'un ouvrier qui passe, et qui tournent en dérision les modestes fonctions qu'il occupe L'apostrophe n'a pas été directe, dit le Journal nous le vou lons bien. Mais l'apostrophe directe n'est pas un élément constitutif de 1 mjure; il peut même y avoir des injures par gestes. Si l'article du Progrès intitulé Deux mal élevés a paru virulent Messieurs du Journal d'Ypres, c'est qu'il a été écrit sous le coup d'une indignation que légitimait un manque de respect aussi flagrant l'égard d'un hom me du peuple, et cela de la part de deux personnes fort au-dessus de lui.Du reste, Mes sieurs du Journal d'Ypres, ne vous plaignez pas trop de la virulence du Progrès, car vous avez admirablement pris votre revanche. Goûtez- moi ces perles polémique dévergondée, la meute du Progrès, du Weekbladetc., odieux organes d'un parti digne d'eux (c'est, ma foi, tout le parti libéral gui est mis en jeu pompiers de la pompe espèce d'Arabe, âne, mélange de chien, de vipère, de coq, d'ours et de bouc, malotru Doux Seigneur Vous avez donc tenu absolument, Messieurs du Journal, avoir le dernier mot en fait de ter mes galants et d'expres3ions choisies Allez, vous l'avez. Les journaux cléricaux en général et le Jour nal d'Ypres en particulier, pour lesquels le men songe est un culte, chantent victoire. A les lire, tous leurs vœux sont exaucés. Quoique n'ayant Eas les deux tiers des voix la Chambre et au énat, ils reviseront leur manière ou bien ils ne reviseront pas. Ce n'est pas plus difficile que cela Avant les élections, les cléricaux avaient une majorité de 29 voix au Sénat et de 50 voix la Chambre. Après les élections, la majorité cléri cale tombe 16 voix pour le Sénat et 33 voix pour la Chambre. Ces chiffres sont éloquents tout un chacun verra quels sont les vainqueurs. Le parti libéral n'avait qu'un but empêcher le3 cléricaux d'avoir les deux tiers des voix. Le but est atteint donc nous sommes satisfaits. La majorité devra compter avec la minorité et ne pourra rien faire sans elle. L'idée de revision fait de jour en jour plus d'adeptes. Les cléricaux ont été forcés de voter le principe de la revision con stitutionnelle, ils seront forcés d'aller jusqu'au bout c'est la volonté du pays. S'ils résistent cette volonté, ils pourraient bien s'apercevoir qu'en réalité la Roche Tarpéienne est près du Capitole. Le Journal d'Ypres dit qu'il y a deux ou trois scrutins qui ont été viciés par les fraudes de nos ad versaires et qui pourraient fort bien être invalidés par les Chambres. Faut-il être éhonté pour écrire de la sorte. Et c'est le Journal d'Ypres qui a vu de très près les élections du lr Février 1891 qui ose parler de fraudes électorales Il est vrai de dire que, quand on a vu l'indigne comédie jouée par le gouvernement pour annuler nos élections communales du 19 Octobre 1890; quand on a vu la majorité cléricale de la Chambre témoi gner sa confiance au ministre Beernaert, qui recevait chez lui, minuit, le dynamitard Léo nard Pourbaix, l'excitateur de la révolte; quand on a vu un ministre du Roi, traduire en cour d'assises une victime de Pourbaix, Hector Con- reur, qu'il savait être innocent, on doit s'atten dre tout. Nous sommes convaincus que nos maîtres ne reculeraient pas pour commettre une ji Nou3 n'écrivons pas ces quelques lignes sous l'empire de la haine ou de la colère, et, malgré le sentiment de révolte que nous inspirent les grossièretés du Journal d Yprts, grossièretés qui dépassent de mille coudées ce qu'il pourrait y avoir eu d'acerbe ou de mordant dans l'article paru au Progrèsnous nous bornerons raison ner très froidement.

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 2