AVIS TRÈS IMPORTANT.
67. Dimanche,
21 Août 1892
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Nous rappelons tous
nos amis que les listes élec
torales qui doivent servir
l'an prochain aux élections
communales sont affichées
depuis le 15 Août.
Tous les libéraux sont
instamment priés de signa
ler l'Association libérale
les électeurs catholiques
qui figurent indûment sur
ces listes et les libéraux
qui négligeraient de se faire
inscrire.
Les affaires du Congo.
Mort de M. DeWael.
52e année.
6 FRANCS PAR AN.
■riv -s.i aaertctsr. -
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acquihit ecnûo.
ABONNKMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal ^oft^tre adressé averti ton?, ruîTau Beurre, 20.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
at de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Ypres, le 20 Août 1892.
Le conflit qui a surgi entre la France et l'Etat
Indépendant du Congo ne laisse pas de préoc
cuper la' diplomatie européenne, en juger du
moins par le langage de la presse allemande
qui semble prendre un vif intérêt ce débat.
Il est clair, dit aujourd'hui VIndépendance dans
son bulletin politique, que l'Etat du Congo, qui
n'a ni troupes coloniales, ni ressources financiè
res suffisantes, ne pourra tenir tête au soulève
ment des Arabes, s'il s'étend, et n'est pas en
mesure de le comprimer et d'en arrêter le déve
loppement. Cette considération paraît aux jour
naux d'Outre-Rhin de nature inquiéter sérieu
sement les puissances qui ont des intérêts en
Afrique. Tous regardent la situation de l'Etat
Indépendant comme extrêmement grave et très
menacée. Certains d'entre eux parlent déjà de
liquidation La Gazette de Francfort pose net
tement la question il n'y a, dit-elle, que deux
moyens pour sauver l'Etat indépendant et com
battre efficacement le soulèvement arabe l'un
serait la reprise de l'Etat par la Belgique dont il
deviendrait une colonie mais cette éventualité,
elle la considère comme invraisemblable dans les
circonstancesactuelles. L'autre moyenserait une
intervention matérielle et financière delà France
en faveur de l'Etat Indépendant. Mais cette voie
aussi semble impraticable, la France ayant tout
mis en œuvre jusqu'ici pour rendre la vie dure
l'Etat Indépendant et l'on ne peut admettre dès
lors quedu jour au lendemain elle changeât d'at
titude il est au contraire infiniment probable
qu'elle fera fout au monde pour rendre sa ruine
inévitable. Après ces considérations que nous
reproduisons simplement titre d'information,
1 Gazette de Francfort ajoute: a II est vrai que
dans les Compagnies commerciales du Congo, il
y a beaucoup de capitaux français, et l'on com
prend ce point de vue que les Français s'asso
cient la compagnie de celles-ci contre l'Etat
Indépendant. Mais la campagne des Français
vise plus loin... et l'on devine pourquoi la presse
française fait tant de tapage autour de la ques
tion. Le Congo ne peut pas prospérer il ne peut
pas devenir belge, il faut qu'il devienne français.
Et rappelant ce propos le droit de préemption
de la France en cas de liquidation la Gazette
de Francfort conclut qu'en dégoûtant les Belges
de l'annexion, la France prépare les voies au
rachat. Seulement, se demande le journal franc-
fortois, il serait intéressant de savoirsi cette issue
du conflit actuel conviendrait toutes les puis
sances, et si celles-ci consentiraient laisser la
France prendre possession de la presque totalité
de l'Afrique La réponse cette grave interro
gation est réservée l'avenir, mais il n'est pas
douteux qu'au foDd elle est le véritable nœud de
la question congolaise. Et la Gazette de Francfort
invite les gouvernements intéressés suivre de
près le développement du différend franco-con
golais, qui n'intéresse pas seulement que la Bel
gique et la France.
La Gazette Nationale de Berlin émet une autre
hypothèse qui se rapproche de celle du journal
francfortois. L'Allemagne, dit-elle, est satisfaite
de ce qu'elle possède en Afrique et ne tient pas
s'étendre davantage l'intirieai du continent
noir. Mais il n'en est pas de même de la France
et de l'Angleterre ces deux puissances sont en
lutte ouverte et il pourrait se faire qu'ici com
me naguère dans l'Amérique du Nord, l'une des
puissances n'excitât sous main les indigènes
contre l'autre et ne se servit de leur hostilité
l'égard du blanc, contre les intérêts de la puis
sance rivale.
Voilà bien du machiavélisme, mais il faut
convenir que les récents incidents de l'Ouganda
fournissent l'hypothèse de la Nationalzeitung
un semblant de fondement. Le côté le plus in
téressant de l'article de la Nationalzeitung,
c'est linvilation qu'elle adresse, elle aussi, aux
puissances de se solidariser dans linlérètde la
civilisation, pour sauver l'œuvre du Congo d'un
désastre.
Les derniers événements ont naturellement
produit une pénible sensation ailleurs encore
que dans les cercles africanistes proprement
dits.
Ils ont vivement impressionné notre monde
parlementaire qui ne saurait se des intéresser
des affaires du Congo, depuis l'intervention du
trésor national au profit de l'Etat indépendant
en vertu d'un accord qui fait hypothetiquement
de l'Etat libre une future colonie belge. A en
croire de vagues rumeurs qui circulent depuis
quelques jours, cette impression est même telle
qu'elle pourrait influer sur les sentiments de la
Chambre, l'égard du projet de revision de
l'article 1er de la Constitution, article qui déter
mine le territoire de la Belgique et qu'il s'agit
de modifier de façon permettre notre pays
d'acquérir ou de fonder éventuellement des co
lonies.
Ou lit dans un journal de Berlin, la Gazette
de Foss
Le roi des Belges est engagé au Congo dans
des difficultés inextricables. Les sacrifices pé
cuniaires qu'il a dû faire ont atteint une limite
difficilement franchissable.
Le roi Lôopold devrait céder le Congo la
France. En lui faisant ce cadeau, il ne lui ren
drait pas service, car tous ces immenses terri
toires qu'on a accoutumé décéder sur la carte
ne confèrent pas la souveraineté. La seule colo
nisation pratique est celle partant des côtes et
étendant son influence vers l'intérieur, en pro
portion des ressources dont elle dispose. Les
nègres ont maintenant des fusils perfectionnés
et ils savent s'en servir.
Nous lisons dans FIndépendance
Il est fort probable qu'à la suite des nouvel
les inquiétantes qui arrivent de Saint-Péters
bourg sur l'épidémie de choléra, le nombre des
adhérents au congrès des chemins de fer se
trouvera forcément réduit. Une lettre circulai
re envoyée par le ministre des chemins de fer
aux adhérents belges a refroidi le zele de quel
ques-uns. Cette lettre annonce que depuis l'ap
parition du choléra Saint-Pelersbourg, le
nombre des décès s'est élevé cent cinquante.
Les préliminaires du congrès s'ouvrent jeudi.
Un certain nomffre de Belges sont partis. Mais
ils n'ont pas caché leur intention de s'arrêter
qui Berlin, qui Vienne, si l'épidémie conti
nue se propager.
On compte que sur les cent cinquante ad
hérents belges, soixante-quinze environ seront
présents i ouverture des travaux, lundi pro
chain.
L'événement prévu s'est réalisé. M. Léopold
De Wael, bourgmestre d'Anvers, dont on avait
annoncé prématurément la mort, est décédé
Mercredi trois heures de l'après-midi, des
suites de la seconde attaque d'appoplexie qui
l'a surpris le jour môme où devait sortir le
fMiidjuweel, l'organisation duquel il prenait
un si vif intérêt.
Jusqu'au dernier moment, il est resté son
poste, car, la veille encore, il recevait l'Hôtel
de Ville, les membres de trois Congrès réunis
Anvers. Mais il n'était plu? qij# lombre de
lui-même et pour tous un dénouement fatal
semblait proche.
Léopold De Wael était entré assez tard dans
la politique. Il avait bien siégé au Conseil pro
vincial, parmi les élus du Meeting, mais c'est
en 1872 seulement, lors du trois centième an
niversaire de la prise de la Brielle, qu'on le vit
se dessiner.
C'était au beau temps des grandes luttes poli
tiques, où les Gueux d'Anvers, récemment con
stitués, passionnaient l'opinion et secouaient la
torpeur de la grande ville endormie sous le joug
clérical.
Ce fut un magnifique réveil. Avec Ferdinand
Van der Taelen et Auguste Michiels, ces deux
vaillants disparus avant lui, Léopold DeWael
parcourait Anvers, haranguant les bourgeois
sur la voie publique et révélant, dans les as
semblées, une éloquence entraînante qu'on ne
lui soupçonnait pas. C'est lui qui, dans un
grand meeting des Variétés, inventa le fameux