École d'Équitation d'Ypres.
Reprise de la séance publique 7 heures.
Sont approuvés les budgets des écoles primai
res, d'adultes, gardiennes et ménagère, pour
1893. De même que les budgets de l'académie et
de l'école industrielle.
La séance est levée 7 heures 5 minutes.
Ne désirant pas abuser de l'hospitalité que
vous voulez bien m'accorder dans vos colonnes,
je me bornerai rencontrer dans l'ordre de leur
succession, les objections que vous avez oppo
sées mon travail sur les eaux d'Ypres, et qui
toutes (j'espère vous en convaincre) ont pour
bases de simples malentendus bien faciles dé
brouiller.
Je rappellerai tout d'abord très brièvement
les grandes lignes de mon projet d'assainisse
ment de l'étang de Dickebusch, projet qui a
pour but 1°) d'empêcher les dépôts de se former
dans l'étang (ceci vise la végétation qui y meurt)
ou tout au moins les réduire leur minimum,
ceci a trait plus particulièrement au dépôt des
corps (argiles, ocres, sables) amenés des hau
teurs
2°) D'aménager l'étang de manière y trouver
une réserve éventuelle suffisante, tout en empê
chant le développement de la végétation (ci-
dessus visée).
Pour réaliser ces désidérata, je propose a) de
porter l'étang une profondeur telle qu'il ne
puisse plus s'y développer aucune plante aqua
tique;
h) D'établir l'amont un canal de décanta
tion de 1000 mètres de longueur, qui retienne
les matières lourdes (sables, argiles, ocres).
Cette proposition provoque de votre part l'ob
jection suivante Ce bassin devra être bien
7i grand pour retenir les eaux lors des grandes
r> crues un temps assez long pour que la décanta-
tion puisse se faire, s
Je m'empresse de dire qu'il ne saurait être ques
tion de retenir les eaux ni d'obtenir une élimina
tion complète des matières en suspension, mais
seulement un dégrossissement de la matière.
Or, il y a deux modes de décantation
A) Le système intermittent ou par repos absolu de
liquideC'est celui qui d'une manière quasi ab
solue sera appliqué aux eaux en ville, après
leur sortie de la conduite d'amenée et avant leur
élévation dans le château d'eau.
B) Le système continu ou par repos relatif qui ne
saurait prétendre la perfection du précédent,
et qui est celui que j'applique Dickebusch, le
seul applicable du reste l'étang qu'il faut
avant tout alimenter.
Or, le ruisseau en amont a une section infé
rieure un demi-mètre carré soit 0,50. D'autre
part le canal, sans tenir compte de la dérivation
présente une section de 24m,5 soit 49 fois la pré
cédente.
La vitesse sera donc réduite dans la propor
tion de un 49 et plus, puisqu'une partie des
eaux passe par la dérivation.
L'on conçoit aisément, que le fait de réduire
brusquement la vitesse dans une mesure aussi
forte, soit de nature provoquer le dépôt des
matières lourdes telles que le sable, l'ocre et
l'argile ocreuse que nous appellerons, si l'on
veut, les impuretés grossières.
Je ne veux pour preuve de l'effet utile qui
sera obtenu, que la clarification très accentuée
(signalée page 19) que subissent les eaux dans le
ruisseau, depuis le gravier de Kemmel jusqu'à
l'étang, par suite aussi d'une diminution de
vitesse déterminée cette fois par la réduction
de pente du fond.
C'est du reste cette observation qui m'a sug
géré l'idée de provoquer le même phénomène au
moyen d'une autre cause.
11 faut remarquer d'autre part que le fond du
bassin étant séparé par une vanne du fond de
l'étang, les matières précipitées ne sauraient
avoir accès dans celui-ci.
Au surplus le projet du dit canal a obtenu au
sein de la commission spéciale, l'assentiment
très chaleureux de MM. Swarts et Kemna qui,
chimistes distingués tous deux, savent un peu
ce qu'il en est de la précipitation par décanta
tion.
J'ajouterai même, puisque vous avez évoqué
le souvenir de mon très regretté ami Eugène
Leboucq, la brillante intelligence duquel je
sui3 heureux de rendre ici le plus sincère hom
mage et dont je tenais connaître l'apprécia
tion avant d'avoir communiqué mes idées tout
autre, que mon projet d'assainissement de
l'étang a reçu sa plus complète approbation.
Une 3eule objection m'a été faite par lui, au
sujet de la possibilité de construire pratique
ment et sans frais exhorbitants la digue établir
au profil 12 en pleine vase, d'autant plus que ce
travail est la base d'une exécution possible des
autres terrassements. Pour toute réponse, il m'a
suffi de lui montrer les profils en travers de la
partie approfondir et qui remontant en pente
douce vers les bords offrent avec facilité un vo
lume de terres franches qui dépasse largement le
nécessaire.
Voilà, je pense, un point établi.
Vous déclarez ne pas comprendre que cette
dérivation soit indispensa le pour alimenter
l'étang pendant un curage éventuel du bassin
t> de décantation.
Et cependant cela est.
En effet dans le cas cité, toute communication
entre l'étang et le ruisseau est interrompue.
La dérivation ne traverse pas l'étang, c'est
vrai, mais elle passe latéralement celui-ci
4 mètres de distance sur un parcours de 300
mètres. Dès lors une tranchée est vite faite et
voilà la dérivation qui alimente l'étang, le pro
blème résolu et évidemment la chose comprise.
Car c'est le seul moyen de permettre une ve
nue d'eau, et puisqu'il est le seul, il est selon
toute apparence indispensable.
A ce propos je relève des anomalies plus im
portantes. Vous me faites dire que, comme
il était aisé de le prévoirj'ai constaté le maxi-
n mum de végétation là où il y a le plus de vase. r>
Ceci est inexact et l'inverse est vrai.
Il faut rectifier et mettre là où il y aie moins
d'eauce qui n'est pas du tout la même chose,
attendu que là où J a végétation est nulle l'enva
sement est en moyenne de 2m,02 lm,90 (page
26).
Il importe au surplus de remarquer que la
profondeur de 3m,50 que je propose de donner
uniformément l'étang n'est pas une donnée fan
taisiste mais qu'elle a été déterminée expérimentale
ment par l'observation directe que les points de
cette profondeur ne présentent aucune apparen
ce de végétation.
Plus loin au 4°) de la 3"" colonne (6 Octobre)
l'on me prête cette assertion horrifique qu'il n'en
coûte rien d'approfondir de 0m,50 une surface de 16
hectares. Ce que j 'ai avancé en réalité, et ce que
je maintiens c'est que dans le cas actuel il faut
le même cube de terrassements pour porter
18.5 hectares 3m,50 que pour en porter 16
4m,00 et que cette dernière solution est préféra
ble parce qu'elle fournit moins d'évaporation,
donne aux eaux plus de profondeur et laisse
productif 2 h. 5 en plus.
Voilà bien toute autre chose plus raisonnable,
semble-t-il
Quant l'abaissement de la prise d'eau, j'aperçois
cette interrogation. Cela ne coûterait-il rien
Oh parfaitement, six cents francs au moins,
car veuillez noter qu'il n'est plus question de
l'agrémenter de chambres prétendument filtran
tes qui se chiffrent par des devis defr. 9500et par
des rendements négatifs. Or, qu'est-ce que fr. 600
devant un devis de terrassement de 300,000 mè
tres cubes Un infiniment petit, donc une quan
tité négligeable et je la néglige.
Passons® la prise d'eau. Vous me faites cri
tiquer le grillage. Mais du tout, j'en prévois
un au contraire (page 33 3) et peut-être vais-je
réemployer le même. Ce que je critique, et
avec raison, c'est la manière dont il est placé et
qui produit peu près le même effet que s'il se
trouvait, pour protéger la prise d'eau, une
lieue de celle-ci. Il laisse en effet entre le mur et
lui une espace de O^O au fond et empêche
rait tout au plus les arbres de passer.
Au surplus veuillez noter que je ne parle abso
lument pas de corps flottants maïs de corps en
suspensionor avec le système actuel ces corps
sont naturellement entrainés vers le fond, où se
trouve (en libre communication avec la vase de l'étang)
la prise d'eau.
Dans mon système, dans lequel le grillage est
la bagatelle cette prise est protégée par une en
ceinte, étanche sur 2 faces, adossée au mur et
offrant sur la 3"*® face un vannage mobile l'abri
des vents. Elle donne accès l'eau par une ou
verture faible et au niveau fixer suivant la
température extérieure.
J'empêche donc l'accès des vases et ne four
nis la canalisation qu'une eau de surface par
faitement décantée.
11 ne saurait donc plus être question de cham
bre quelconque destinée retenir les corps qui
ont échappé au premier obstacle. Tout sera
retenu l'amont de celui-ci.
Quant la planche VI, qui en fournit les détails
elle n'est pas jointe au rapport, c'est vrai. Pas
plus que les plans et détails du château d'eau ni
d'autres éléments dont la reproduction eut été
onéreuse. Mais faut-il une imagination bien
vive pour se représenter une enceinte rectangu
laire de planches adossées un mur et ayant une
ouverture sur l'une de ces faces
Mais pardon je n'y vois que des inconvénients et
des plus graves et pas un seul avantage.
C'est une cause absolue de corruption, un
milieu fermentation des plus dangereux, qu'il
faudrait curer deux fois par jour, et l'on ne sau
rait la supprimer assez vite qui veut me lire
en sera convaincu.
Quant aflîrmer que le filtrage (bien conditionné)
est une opération illusoire. C'est une de ces audaces
que les travaux de Koch, Pasteur, Van Ermen-
gen, Blas, Miquel, Lindley et bien d'autres ont
réfréné expérimentalement d'une manière abso
lument péremptoire. En petit, on a les bougies
Cloamberlandt, en grand les filtres sable et ces
deux procédés ont fourni des résultats absolu-
ments incontestés par les sommités compétentes.
E. TEMMERMAN.
Sous le titre Statuomanie, la Fédération artisti
que du 9 Octobre critique le triste emplacement
que l'autorité communale a désigné la statue
de M. Alphonse Vandenpeereboom, comme
dénaturant un des plus beaux coins delà vieille
cité flamande, une des rares cités qui, en Belgi
que, a conservé son caractère moyenâgeux.
Selon la Fédération, ce monument élevé l'an-
gle de l'église Saint-Martin, dans un petit
n square entourant la majestueuse église, fait
7> que celle-ci a perdu tout son caractère d'art et
7i de mysticité par l'exposition de cette statue se
détachant en blanc, un blanc crayeux
épouvantable sur l'appareil gris, doux,
n presque incolore, tant il est patiné par le
temps, du temple. Or, voilà évidemment un
7! impair qu'il faut réparer d'urgence. Comment
7i peut-on l'avoir commis C'est là une question
7i laquelle on ne saurait répondre qu'en incri-
7) minant le bon goût d'aucuns et le rôle d'ac-
cusateur public ne nous convient pas.
7i Mais nous avons le droit, droit impres-
criptible, puisque nous faisons du journalisme
n artistique de protester contre un acte de
vandalisme inconscient, et c'est ce que nous
n faisons.
7i Si l'on veut au moyen d'une statue tout-à-
7i fait quelconque, comme il y en a, hélas tant
a sur nos places publiques, glorifier M. Alphonse
a Vandenpeereboom, qu'on le glorifie, mais
a pour Dieu, que ce ne soit pas en anéantissant
l'aspect pittoresque d'un des plus jolis coins
a d'une des plus jolies villes anciennes de la
a Belgique
a A la Commission du monument interve-
a nir. a
Cette critique d'un des organes les plu3 auto
risés confirme la mauvaise impression qu'a res
sentie le public yprois la vue du malheureux
emplacement où se trouve relégué le grand ci
toyen, le plus populaire que la ville ait jamais
possédé. (Communiqué).
La ltevue des Deux Mondes publie un inté
ressant article de M. T. Musany, sur l'enseigne
ment de l'équitalion en France. Nous y trouvons
Monsievr le Rédacteur en Chef,
Passons la dérivation.
Dèvasement de l'étang.
La chambre filtrante. L'on me fait dire que j'y
vois plus d'inconvénients que d'avantages. a
(La suite et fin au prochain numéro).