Chronique locale. Suppression d'école. Le recrutement de la magistrature. Théâtre d'Ypres. Van Bellinghen Mehaudens, Louis Janssens, Alphonse, et Carlier Pierre, et j'ai usé envers eux des arguments habituels en matière électo rale. Après toute décision prise, aux plus pauvres d'entre eux j'ai donné la pièce de 5 irancs. Les cinq francs aux plus pauvres sont une jolie trouvaille, de la part d'un de ces conservateurs qui veulent élever tontes sortes do barrières de cens, d'habitation ou de capacité, sous prétexte de garantir l'indépendance de l'électeur Citons encore ce passage de la déposition do M. Léon Plaisant Le sieur Barley, J.-B., m'a déclaré également, le 25 Juin, avoir été appelé au couvent où on lui a donné l'ordre, disait-il, de rester chez lui le jour de l'élection et de s'abstenir au vote il n'y a pas con senti. Ce voyant, les sœurs lui ont proposé de con fectionner un bulletin marqué il a refusé. Les sœurs ne réussissant pas, l'ont menacé de reprendre le patrimoine de Rasœur Rosalie Barley, religieuse, et de faire vendre ses immeubles. Vaincu, il a été obligé de promettre de voter pour les catholiques, et c'est alors, pour le lier davantage, qu'on l'a fait jurer sur le Christ en présence du curé Van Eyen. M. De Burlet a été d'avis que tout cela était insuffisant, en régime censitaire, pour faire inva lider une élection. 11 est difficile d'imaginer un aveu plus accablant pour le régime qui va dis paraître. Encore une école primaire supprimée dans notre province Celte fois, c'est l'importante commune de Boesinghe, de l'arrondissement d'Ypres comptant plus de 2,000 habitants qui est autorisée supprimer l'unique école primaire communale. L'arrêté royal qui a paru au Moniteur de Samedi invoque, comme toujours, le petit nombre délèves qui fréquentent cette école. Or, on sait comment les cléricaux s'y prennent pour faire déserter les écoles officielles, dont ils ont cependant la haute surveillance. Mais cela ne suffit pas nos maîtres il faut que l'enseignement en Belgique, soit complè tement aux mains du clergé Combien justes et topiquement vraies, ces paroles de M. Melol, premier avocat général près la Cour de cassation, recherchant dans son discours de rentrée les causes de la multi plicité des appels et trouvant qu'il n'en est pas de plus prolifique que la notoire insuffisance de certains magistrats du premier degré Tout ce passage est lire et méditer Tout cela n'est-il pas d'une effrayante jus tesse et d'une intense actualité. Nous en con naissons tant, de ces magistrats bombardés juges ou substituts sans avoir jamais traité la moindre affaire, sans avoir fourni la moindre preuve de talent, sans avoir puisé dans un stage sérieux la moindre expérience des hom mes et des choses. Braves jeunes gens sans doute, dont nous ne voulons pas médire, pleins de bonnes intentions et de résolutions laborieuses, dont l'avenir fera peut-être d'excellents magistrats, mais qui, l'heure où les recommandations d'une coterie réussissent h leur procurer une position ne connaissent pas le premier mot de leur métier. [Le Libéral). Comme nous l'avions prédit, nos trois ques tions sont restées sans réponses. Employant, comme toujours, des faux-fuyants (voir notre article Deux poids et deux mesures, du 16 Octo bre dr), le Journal d'Ypres ne se gêne même plus pour mettre en jeu une personne qui n'en peut mais. Comme deux de nos questions se rappor taient Ceriez, Henritje fils et Baus, officiers des Pompiers A. M. Clericalium G., il fallait natu rellement s'en prendre aux anciens Pompiers, son cauchemar. Il s'attaque donc un ancien officier des Pompiers qui, prétend-il, aurait été vu, en grande tenue, fraîchement débarqué d'Ypres, l'Hôtel de Ville d'Audenarde et dans l'église de cette ville. Et avec grande malice il demande si, dans notre question, il n'y a pas eu confusion de notre part, si ce n'est pas Audenarde qu'on a vu cet officier (Ceriez, Valentin pour les dames). Non, il n'y a pas d'errourc'est bien Bruxelles que nous avons vu le fils d'un excellent libéral décédé il y a quelques années, un jeune homme qui a fait ses études au Collège communal, qui habitait la capitale en 1884, qui était libé ral exalté, qui se nourrissait de petits-frères chaque repas, qui se serait sacrifié pour sup primer le dernier clérical et qui tout-à-coup, pour un motif que nul n'ignore, a fait volte-face et a tourné casaque il joue maintenant le cléri cal, il adore ce qu'il a brûlé et brûle ce qu'il a adoré Quantum mutalus Mais nous nous sommes demandé pourquoi parler d'Audenarde Et comme la curiosité est notre seul défaut, nous avons été aux renseigne ments auprès des anciens officiers des Pompiers. L'un d'eux nous a en efïet déclaré n'avoir été qu'i<»« seule fois en tenue Audenarde, en service, avec la musique des Pompiers qui participait un festival. Sachant quoi le Journal d'Ypres faisait allusion, il nous a raconté, avec prière d'en faire mention dans notre Journal, un fait qui s est passé il y a quelques mois. Un Roulérien qui est venu planter Bes choux Ypres, revenait du marché de Roulers, lors que rencontrant quelques camarades dans son compartiment, il lui prit le besoin, tout naturel chez lui, ce qu il paraît, de blaguer et de débiter quelques petites méchancetés l'adresse de certains adversaires politiques qui méchancetés, ce Roulérien avait raconté, avec force détails qu'un officier des Pompiers, dont il citait le nom, s'était marié Audenarde, revêtu de sa tenue militaire Ces propos ayant été rap porté, M. I).., la personne prise si courageuse ment partio, écrivit cefarceur une lettre (qu'il recommanda pour être bien certain qu'il la recevrait) dans laquelle il lui disait qu'en dé bitant cette méchanceté il savait qu'il mentait. Ce n'était pas très parlementaire, mais M. D.., avait raison de ne pas se gêner avec un individu qui, en pleine place publique de Roulers, un jour de marché, a du se tenir debout sur une table et dire haute et intelligible voix que les propos qu'il avait tenus sur le compte d'un honorable négociant étaient calomnieux Voilà quelles sources Je Journal d'Ypres puise ses renseigne ments Que l'organe de sacristies soit induit en erreur, c'est son affaire, mais ce que nous ne pou vons admettre, c'est que, partant d'une fausse idée, on attaque une personne injustement in criminée. Le Journal parle de petit crevé con naît-il au moins la signification des termes qu'il emploie Un petit crevé est un poseur, un asteck, un qui cherche se donner un ton de dictateur, de potentat. Est-ce le cas chez M. D.., Nous ne le croyons pas. Le Journal d'Ypres a peut-être voulu parler de la taille de M. D.., Mais que voulez-vous, on ne se fait pas soi-même, et puis il y a bien peu d'hommes grands et de grands hommes comme Baus, Henritje fils et Ceriez. Allant plus loin encore dans son système de dénigrement, le Journal d'Ypres raconte qu'un ex-officier de3 Pompiers, regrettant vivement les joies de jadis, endosse tous les Diman ches son uniforme tant aimé Celui qui accou che de pareilles vétilles, serait naïf s'il n'était idiot. Le Journal a réussi une fois de plus faire rire ses dépens. Avec tout cela nous constatons que nos ques tions sont restées sans réponses. Nous avons vu ces jours derniers un individu que tout Ypres connaît sous le surnom d'une couleur qui ressemble celle de la carotte. Cet intéressant personnage, membre de la clique du K.K., non content de recevoir de temps en temps des horions de se3 concitoyens, a senti le besoin de s'en taire distribuer par des campa gnards, sur la route de Kemmel. Il a été mis hors de combat avec un œil au beurre noir. C'est sans doute, comme toujours, le résultat de sa mauvaise langue, car il ne veut pas faire de procès parce qu'il n'a pas d'argent. Nous aurons, ce soir, sur notre scène, pour les débuts de la Troupe de Vaudeville, sous la di rection de MM. Fontenelle et Richet, une bril lante représentation de deux pièces comiques, les plus grands succès du jour LE PETIT LUDOVIC, comédie bouffe en trois actes do Crisafulli, et UNE FILLE TERRIBLE, coméd:e en un acte de Lambert Thiboust. Nous engageons vivement les amateurs as sister cette belle représentation, nous leur assurons d'avance qu'ils y passeront une agréa ble soirée. Le spectacle commencera 7 1/2 heureB pré cises et sera terminé 10 1/2 heures. Jeudi, 3 Novembre prochain, Mrae THÉNARD donnera sur notre scène une seule et -unique représentation. Les amateurs de théâtre doivent encore se rappeler les charmantes soirées que nous a fait passer dans le temps Mme Thénard et desquelles tout le monde a conservé un agréable souvenir aussi osons-nous espérer que cette fois encore, notre Salle de Théâtre sera comble, car de telles représentations valent vraiment la peine d'être Le meilleur moyen de diminuer le nombre des appels serait de lâcher d'augmenter le nombre des bons juge- menls. Pour mériter celte qualification, il ne suffit pas que le jugement soit bien rendu sur le tond de la contesta- lion, il faut encore que ses motifs de fait soient exempls de loute erreur, et qu'il n'essaye pas de renforcer des raisons juridiques déterminâmes par des considérations accessoires, surabondantes et qui peuvent prêter la controverse. Ce sont les défauts de la cuirasse par les- quels on cherchera l'atteindre Quoique sans impor- lance réelle, ces sortes d'imperfections expliquent très souvent le recours devant le juge supérieur. Il fut un temps, ceux de mon âge ne l'ont pas ou- blié, où le barreau de Bruxelles plaidait devant une chambre du tribunal ainsi composée Président M. De Longé assesseurs, MM. De Itongé et Girardin. Ce sont là des noms que j'aime vous rappeler, certain que vous saluerez avec un respect justement mérité le grand souvenir de votre ancien premier président et de vos anciens collègues. Croit-on que la cour d'appel ait eu connaître beaucoup de leurs décisions Que l'on pût rencontrer dans les jugements sortis de leur plume l'une ou l'autre de ces imperfections qui provoquent l'appel El s'il fallait admettre que quelques-unes de leurs décisions ont été réformées, n'oserait-on pas affir- mer que la réformation a dû se justifier par la produc- lion de moyens nouveaux ou de pièces nouvelles Certes, la loi ne peut faire que tous nos tribunaux soient composés de pareils magistrats toutefois, il lui serait possible de demander ceux qui entrent dans la carrière de plus sérieuses garanties d'aptitude. Pourêire admis aux fonctions de notaire ce n'est pas assez que de produire un diplôme il faut avoir tra- vaillé chez un notaire pendant quatre ans, sans interrup- tion, la dernière année en qualité de maître clerc. La loi exige ainsi qne les fonctionnaires, appelés rédiger les actes, aient des connaissances pratiques «complètes; pour être nommés, ils doivent avoir été capables de diriger une élude. Et celui qui va statuer sur le mérite de ces actes, que demande la loi Elle lui demande de posséder le diplôme de docteur en droit et d'avoir suivi le Barreau pendant deux ans. Cette dernière condition n'implique même pas que le candidat ait traité ou qu'il ait aidé traiter une seule affaire contentieuse. Il se peut donc que le premier dos- sier. examiné par lui, soit celui du premier procès confié son rapport, et qu'il rédige les considérants d'un jugement sans avoir jamais essayé de libeller des motifs de conclusions. La loi n'oublie-t-elle pas que pour le juge des études théoriques, quelque bonnes qu'on les suppose, sont in- suffisantes si elles ne sont soutenues par la connaissan- ce des affaires Au double point de vue du fond du jugement, des imperfections de rédaction, dont je viens de parler, et de leurs conséquences, il semble qu'on pourrait trouver là une des causes de cette multiplicité d'appels qui ar- rête tant de procès. ont l'heur de ne pas lui plaire. Entre autre —o-oG^de-*»

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 2