Chronique locale. L'AMOUR SILENCIEUX. Un nouveau collaborateur du Toekomst. AVIS. Théâtre d'Ypres. Laiteries industrielles. M. de Molinari ajoute que, si le gouvernement l'emporto, on pourra espérer dans un avenir prochain l'écroulement des murailles de Chine élevées par MM. Méline et consorts. Peut-être se fait-il illusion mais il est certain en tout cas que le courant protectionniste a perdu beaucoup de sa force chez nos voisins. Nous ne rapportons pas le discours du trône que chacun aura lu dans les journaux du matin. Mais encore que personne ne l'eût lu, cela ne nous déciderait pas l'imprimer, puisqu'il n'ap prend rien et qu'il nous laisse Gros Jean après comme avant. Peut-être même vaut-il mieux ne pas le lire du tout, puisque sa lecture ne peut donner que des désillusions et que les désillu sions se rencontrent déjà assez nombreuses dans le chemin ordinaire de la vie, sans qu'on aille encore les chercher vingt lieues de chez soi. Décidément, Mons Colaert est non seulement l'homme le plus aimable, le plus poli, le plus accueillant, le plus gracieux et le plus souriant qu'il y ait sous la calotte des.cléricaux c'est encore le plus généreux d'entre tous ses com pères. Il donne ou prête tout le monde l'un un encouragement l'autre une promesse ce- (suite et fis.) lui-ci une poignée de main celui-là un sou rire. Ne sachant rien refuser personne, il prodigue même, défaut d'autre chose, les leurres et les déceptions. On a dit d'un procureur du temps de Boileau Chez Mons Colaert, c'est tout le contraire et on peut dire de lui que Voici maintenant qu'il prête .la caricature. Un concitoyen, qui a été, pendant des années, absent du pays, nous écrit pour nous demander s'il est vrai que, durant ses pérégrinations, on a changé l'uniforme des Ediles et des Ingénieurs. Recevant l'autre jour, dit-il, le Journal en en veloppe d'un 1/4 de saucisses, j'y ai lu qu'au jourd'hui il y a, en ville, quantité d'hommes de 35 ans qui ont jadis porté un sabretels que des gendarmes, des' gardes-civiques, des policiers, sans compter les édiles, les ingénieursetc.... Avant mon départ, ajoute-t-il, les édiles et les ingénieurs portaient l'épée. Est-ce que la mode aurait changé en mon absence Naïf lecteur Eh non mon ami la mode n'a pas changé Mais les hommes ont changé. Grâce certaine élection où se sont accumu lées toutes les fraudes, nous avons aujourd'hui l'Hôtel de Ville des magistrats d'une autre cou leur (et quelle couleur et, parmi eux, un ser- viable échevin qui, voulant être en bons termes avec tout le monde, depuis les plus petits jus qu'aux plus grands, s'est ingénié se montrer agréable même pour les caricaturistes du Toe komsten leur fournissant un réjouissant sujet de plaisanterie. Voyez-vous les édiles et les ingénieurs traînant un sabre, ou chevauchant dessus la façon du général en chef de la Grande Duchesse de Gérol- stein Mais ce sera crever de rire et il n'y aura qu'un éclat dans toute la ville L'Association libérale, réunie en assemblée générale en son local la Bourse Dimanche 6 cl, a reçu communication de son nouveau pro gramme et de son nouveau règlement. Dans le nouveau programme figurent Le suffrage universel sauf les exceptions établir par la loi, la représentation des mino rités, le vote obligatoire, l'instruction obliga toire, le développement des institutions Bociales en faveur des classes laborieuses, etc. Ce programme a été accueilli avec beaucoup de faveur et n'a donné lieu aucune observa tion. Le vote en a été remis une prochaine réunion. L'assemblée a ensuite voté une requête aux membres de la Chambre des Représentants ex primant le vœu de voir consacrer dans la Con stitution le principe du suffrage universel, dans l'intérêt de la paix et de la prospérité du pays. Une requête semblable a été adressée aux membres de la gauche par le canal du Président de la Fédération libérale. Les membres de l'Association libérale peuvent se procurer lo nouveau projet de programme et de règlement an siège de la Société, Café de la Bourse. Nous croyons n'avoir pas faire de réclames en faveur de la représentation de Jeudi, car déjà on s'empresse d'enlever les places. Tout le monde voudra voir THÉRÈSE RA QUIN, l'œuvre si dramatique et si intéressante d'enile ZOLA. Tous les journaux font les plus vifs éloges de l'interprétation et surtout de Mmea Noelly et Desnoyers. Au Châtelet et Sedan, on a engagé la troupe Milliaud pour de nouvelles représentations. On se disputera donc les places Jeudi. Bureaux 7 1/4 heures. Rideau 7 3/4 heures. Le 16 de ce mois, la troupe Fontenelle vien dra nous donner 1) LE DÉPUTÉ DE BOMBIGNAC 2) GRUIGOISE. Société pour la propagation de renseignement par l'aspect. - YPRES. Samedi 12 Novembre 1892, conférence avec projections photographiques-lumineuses, donnée en la Salle de Spectacle (Place Vandenpeere- boom), 8 heures du soir. sujet VOYAGE EN HOLLANDE: par M. G.-D. Minnaert, professeur de l'école normale de l'Etat Gand. pour le comité P.S. Toute personne étrangère la Société paye un droit d'entrée de 1 fr. C'est au Baron Peers d'Oostcamp, cette an cienne famille des Flandres, connue depuis des siècles pour son attachement l'agriculture que revient l'honneur de lïntroduction des laiteries mécaniques en Belgique. Excellent progrès et grande économie pour le Landman Celle de 423.7i8.000 francs, elle s'est élevée 430,374.000 fr, en 1892, au lieu de diminuer d'uu tiers ou de moitié, comme l'avaient prédit les hommes pratiques du protection nisme. En revanche, les exportations des produits fabriqués sont tombées de 1,187.129,000 1,164,822,000 fr. Additionnez ces deux différences et vous trouverez au compte du travail national une perte de 29,153,000 fr. Au point de vue financier, ç'a été bien pis. Tandis que, d'après les calculs de M. Méline, les nouveaux tarifs de vaient donner au minimum une plus-value de recettes douanières de 125 130 millions et que le gouvernement, en se fiant ces calculs infaillibles, avait grossi ses pré visions budgétaires d'une centaine de millions, les recettes douanières ont diminué. Bref, c'est une faillite, pour ne pas dire une banque route. En présence de ces résultats si peu d'accord avec les promesses des entrepreneurs de protection, les intérêts atteints ou désappointés se sont émus et ont commencé prolester contre un régime qui leur apporte la réalité de la misère après les avoir bercés de l'illusion de la fortune. Ce commencement de débâcle du protectionnisme pa raît avoir encouragé le cabinet prendre une attitude plus ferme vis-à-vis des partisans du bloc intangible. Dans un banquet que lui a offert la chambre de commerce de Saint-Etienne, M. Jules Hoche a déclaré, en termes formels, que le cabinet était résolu défendre, au prix même de son existence, la convention franco-suisse. 4) sabre de mon père (Joseph Prudhomme). FEl'ILLETON. III Pendant que nous traversions la place Saint-Sulpice, pour aller de la mairie l'église, nous méditions, en con fondant nos réflexions, mon ami et moi. Quel intérieur que ce ménage silencieux, pu la parole ne s'échangerait qu avec l'aide toute-puissante des yeux Nous ne songions pas la moindre épigramme sur cette femme qui ne pourrait pas faire de cancans dans le voisi nage, ni sur cet homme qui ne pourrait conter fleurette personne. Nous songions au duo d'amour qui avait été le prélude du mariage. Le regard de la jeune tille avait-il été prompt mettre sa lumière ardente sur les lèvres du jeune homme et le faire parler Et lui, comment avait-il gagné la confiance de la jeune fille Leur attitude était si confiante, leur joie si intime, qu'ils s'étaient, sans doute, confessés l'un l'autre, sincèrement et bien des fois, avant de se mettre la main dans la main et d'aller la mairie. Mou ami me jura que rien n'avait gâté le poème délicat de ces deux amants qui c voyaient leur voix et qui ne l'entendaient pas. Lui était un peu poète et avait fait des Qu'il eut du buvetier emportédes serviettes. Plutôt que de rentrer au logis les mains nette*. Plutôt que de rentrer au logis la main pleine, Il irait, sans broncher, jusqu'à se mettre en gêne. vers sa fiancée, qui n'avaient rien de choquant pour les oreilles ouvertes. Elle avait répondu en prose, et ils invo quaient, elle et lui, dans leurs épanchements, les serments échangés les yeux dans les yeux. Après tout, l'amour qui vient ainsi par l'approfondisse ment des regards n'est-il pas le vrai, l'inaltérable amour? Comment pourraient-ils ne plus l'entendre, eux qui s'entendent si particulièrement bien, sans le charme, la càlinerie, l'hypocrisie de la voix Oui, ils étaient pâles de la mélancolie de leur amour, de leur effort pour amincir de leurs lèvres et de leurs yeux la muraille qui resterait entre eux sans doute, ils s'ai meraient jusqu'à la fin sans doute, ils auraient conti nuellement ce beau spectacle, dont parle La Bruyère, de leurs visages réciproques mais ils n'auraient jamais, ja mais, l'harmonie douce dout parle aussi le moraliste la voix de l'être qu'on aime La méthode moderne, la vie avait poussé le milacle aussi bien que possible ilss'aimaient, ils se comprenaient, mais ils ne s'entendraient jamais se dire qu'ils s'aimaient. Quand ils vieilliraient, quand leurs yeux s'affaibliraient, comment pourraient-ils causer?Si l'un d'eux devenait aveugle, quelle épouvantable solitude pour celui-là qui pourrait encore interroger sans recevoir jamais de répon se Mais peut-être que le -souffle de leurs lèvres rappro chées aurait encore un langage, et au heu de le boire par les yeux, ils le boiraient par la bouche. Nous nous disions tout cela, et bien d'autres choses en core, en montant les marches de l'église. Tournée MiHiaud. Thérèse Raquin. Troupe Fontenelle. Le Secrétaire, Eugène VEULEMANS. Il n'y eut pas d'orgue. Ce langage-là n'a pas de mimi que pour se faire percevoir il n'y eut pas de sermon, parce que le prêtre pensa sans doute que ce seraient des paroles perdues. On les bénit, et je n'eus jamais tant de foi qu'en souhaitant qu'ils fussent réellement bénis. Dans la sacristie, on défila silencieusement Quelques-uns ce pendant parlèrent distinctement, en se faisant regarder, de leur voix singulière, et moi je m'arrêtai pour prononcer, avec une accentuation spéciale, quelques mots qui furent compris et auxquels on répondit. J'étais fier et j'étais bien ému. IV Ce mariage m'était resté dans l'esprit plus d'une fois je fus tenté d'en faire un roman il méritait un poème. Quelques mois après, mon ami, qui me parlait souvent de ce joli mariage silencieux, m'annonça la position inté ressante de la femme mais l'approche du dénouement, la mère fut prise d'une angoisse terrible, dont son mari fit la confidence mon ami. Ils ne redoutaient guère que leur enfant fût muet, mais ils s'-étaient mis tout coup s'imaginer que non seule ment il serait sourd-muet comme ses père et mère, mais qu'encore il serait aveugle. Aveugle alors ils auraient dans leurs bras un malheu reux être auquel ils ne pourraient rien communiquer de cette tendresse qui s'était élargie entre eux et qui devait déborder sur les autres ils n'en recevraient rien cette chose vivante ne vivrait pas de l'âme et ne saurait jamais

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 2