iV> 92. Jeudi, 17 Novembre 1892. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. AVIS IMPORTANT. AVIS. Le Torchon brûle. Les fêles universitaires de Garni. 32e ANNÉE PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Les membres de l'Association libérale peuvent se procurer le nouveau projet de programme et de règlement au siège de la Société, Café de la Bourse. Ypees, le 16 Novembre 1892. Les divisions s'aigrissent et s'accentuent entre les vieux cléricaux et les jeunes défenseurs de la démocratie chrétienne. Si les premiers per sistent dans leur résistance au courant nouveau, les seconds tiennent plus que jamais la réali sation de leur réve, la constitution d'un parti ouvrier catholique, et veulent imposer aux an ciens leur manière de voir et leur programme vivement teinté de socialisme. Lisez la mise en demeure que lance une feuille démocratique chrétienne aux vieux con servateurs catholiques Ainsi, c'est au nom des principes mômes du catholicisme que les jeunes somment les vieux de se rallier au programme du socialisme chré tien, sorti des délibérations du Congrès des li gues démocratiques (cléricales) et ils les me nacent, en cas de relus, de les rejeter du sein du parti, comme de vulgaires mécréants et des traîtres Tiens liens nous sommes loin du temps où les bardes sacrés faisaient du libéralisme le père de toutes les doctrines socialistes Voici maintenant qu'on nous présente le ca tholicisme comme devant présider la révolu tion sociale, annoncée par les Marx et les La- salle. Et on ne paraît pas devoir s'arrêter aux ba gatelles de la porte on fait de sacrilèges insi nuations contre la propriété et le capital on montre la velleilé de s'en prendre aux principes mêmes de la société 1 11 faut que les jeunes gens se sentent bien forts pour tenir un langage aussi hautain, aussi absolu, aussi intransigeant. La Gazette de Liège proteste, mais avec timi dité et réserve L'Indépendance ayant rapporté que M. Bon- chelli, sous-secrétaire d'Etat instruction pu blique en Italie, dans un discours adressé ses électeurs, a établi que les traitements des insti tuteurs sont en souffrance dans trenle-et-une provinces et que ces fonctionnaires, pour ne pas mourir de faim, escomptentà des taux illusoires leurs mandats de paiement, la Patrie demande quelles plaintes, quelles invectives ne pousse raient pas les feuilles maçonniques belges si no tre gouvernement catholique agissait l'égard des instituteurs, comme le gouvernement ita lien Mais nos gouvernants cléricaux ont fait bien plus fort que cela, quoique dans l'adresse, en réponse au discours du Trône, il soit dit que par l effet de la double impulsion de l'autorité publique ci de la liberté, la population des éco les primaires ne cesse d'augmenter, il n'en reste pas moins vrai que depuis l'avènement des clé ricaux 880 écoles communales, 228 écoles gar diennes et 1079 écoles d'adultes ont été suppri mées et que par suite de ces mesures 1047 instituteurs ont été révoqués. Au lieu de laisser les traitements de ces insti tuteurs et de ces institutrices en souffrance, nos bons cléricaux les ont d'abord considérablement diminués et complètement supprimés dans la suite. Nous sommes persuadé que nos instituteurs auraient préféré le régime italien si toutefois il est vrai ce dont nous doutons. Gand, 13 Novembre. M. De Burlet est arrivé ici une heure pour les fêtes universitaires. Il n'y avait pas une âme àlagare, rien qu'ungranddéploiement de police. Au gouvernement provincial, où le ministre est descendu, personne non plus. A l'arrivée du ministre, pas plus qu'à son en trée l'Université, aucune manifestation ne s'est produite. Le recteur M. Motte, a pris la parole pour faire l'historique de l'enseignement supérieur Gand depuis le seizième siècle. Il a insisté sur la période hollandaise de cette histoire et paye un tribut de reconnaissance la mémoire de Guil laume 1er. Les allusions de M. Motte aux sacrifices im portants et répétés de la ville de Gand pour son Université et au relèvement de l'enseignement supérieur sous le règne de Léopold lr en 1835, ont été vivement applaudies, de même que le passage du discours rectoral relatif l'œuvre du gouvernement dont M. Van Humbeeck fut le ministre de l'instruction publique. Tout en constatant la prospérité del'Université et son brillant renom en Europe et dans le Nou veau-Monde, le recteur a déclaré déplorer pro fondément les imperfections de la loi de 1890 et les menaces dont elle est grosse pour l'avenir. (Longs Appl.) Il a rappelé le souvenir de Laurent (Applaudissements) et rendu hommago Léo pold II, digne successeur de son père. (Longues acclamations.) M. Lippens a prononcé ensuite un discours dans lequel il a constaté les progrès de l'instruc tion publique Gand, malgré la suppression des subsides officiels. (Applaudissements). L'Université et la ville de Gand, a-t-il dit, ont une aspiration commune le bien de l'humanité, le développement des esprits. Le gouvernement dont faisait partie M. Van Humbeeck a largement protégé l'instruction pu blique Gand, notamment par la création de l'Institut des sciences. Après avoir fait l'éloge du corps professoral, M. Lippens a formé des vœux pour la prospérité de l'Université. En quelques mots, M. le recteur Motte a ré pondu, se déclarant heureux de constater l'union intime de la ville de Gand et de son Université. Le recteur de l'Université de Leyde, accueilli Ear une longue ovation a lu alors une adresse en ollandais, du sénat de l'Université de Leyde au sénat universitaire de Gand. 11 a fait un brillant éloge de l'enseignement belge. Le recteur de l'Université de Bonn, dont la diction est remarquable, déclare son tour qu'il apporte l'Université de Gand les félicitations de sa sœur germaine. 8 Au-dessus des divisions politiques, dit-il, règne l'union universelle des esprits. (Longs applaudissements.) Le recteur de l'Université de Lille, également salué de vifs applaudissements, adresse un salut fraternel l'Université de Gand, avec l'expres sion de ses sympathies et ses souhaits de prospé rité. Les Flandres, dit-il, sont une terre fertile pour l'instruction jusque dans ses profondeurs noires, l'ombre de ses vieux beffrois, la Flandre du Nord et du Midi marche dans la voie du pro grès intellectuel. L'enseignement universitaire va être réformé en France. Lorsque Lille fêtera la réorganisation de son Université, l'orateur espère qu'on viendra célébrer cette solennité là- bas avec toute la cordialité qui préside au jubilé universitaire de Gand. Ce discours vibrant a été accueilli par de lon gues acclamations. Pendant l'exécution musicale qui termine la cérémonie, M. De Burlet s'agite sur son fauteuil. On se demande si le ministre parlera ou ne par lera pas. Il se décide pour l'abstention ce qui est sage. A sa sortie M. De Burlet est l'objet de quel ques acclamations, vite noyées dans un concert de huées assourdissantes. Le monde officiel est sorti avec empressement lorsque le ministre est monté en voiture. Le charivari a alors recom mencé. Puis, la foule s'est écoulée paisiblement, tan dis que la police gagnait le théâtre où a lieu le banquet. C'est dans la salle des Redoutes qu'il a lieu. M. De Burlet, son arrivée, est vigoureuse ment hué. Les étudiants catholiques et libéraux lancent tour de rôle des cris de: A bas et Vive la calotte. La police fait circuler. Au banquet où la presse n'était pas invitée, l'arrivée du ministre n'a provoqué aucune mani festation. Tout s'est passé sans incident. Au des- LE PROGRES tires acquirit eundo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrês Pour restant de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles. LE PROGRÈS sera envoyé gratuitement jusqu'au premier Janvier prochain, aux personnes qui s'abon neront, pour une année, dater de cette époque. Le peuple demande aujourd'hui une part plus large dans l'influence politique et sociale, une portion plus équi table dans la répartition de la richesse. Sa demande est légitime. Le privilège accordé jusqu'ici la classe bour geoise ne trouve aucune justification dans les principes ca tholiques. De plus, il serait actuellement aussi maladroit qu'injuste de refuser au peuple ce qu'il réclame légitime ment. Dès lors, le parti catholique ne peut, sans cesser d'être le parti catholique tout court, se refuser adopter au moins après un examen impartial, le programme de la Ligue. Que s'il voulait rejeter ce programme et identifier sa cause avec une organisation économique ou politique qui constitue un privilège en faveur de la bourgeoisie, soit pour le suffrage, soit pour l'impôt, soit pour la milice, soit pour la propriété, soit pour le capital, il commettrait une faute énorme, cesserait d'être comme il fût, ne pour rait légitimement se prétendre catholique pur et simple et justifierait la constitution d'un parti entièrement distinct de lui, le parti de la démocratie chrétienne. wMaaaw».

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Le Progrès (1841-1914) | 1892 | | pagina 1