Chronique locale. Piquant. Glorieux Anniversaire. la loi générale du 26 Août 1822, et de restituer les droits perçus sur les sucres déclarés en tran sit qui ont été perdus par suite de l'abordage dans l'Escaut du bateau Cornelis. le 31 Août 1891. M. van der Bruggen a développé la proposi tion de loi qu'il a déposée avec MM. Meeus, De Smet de Naeyer, deMoreau et Liénaert, et qui a pour objet de modifier le régime successoral des petits héritages. La proposition de loi est prise en considéra tion sans discussion et renvoyée l'examen d'une commission spéciale nommer par le bureau. Puis, dans la discussion du budget de l'agri culture, on a parlé de l'assurance du bétail, de la situation lamentablede l'agriculture (constate n° 179), laquelle on pourrait remedier en frappant les ceréales de droits d'entrée, d'une plus équitable répartition de l'impôt foncier, du développement de renseignement agricole, des distributions d'eaux, de la corruption des eaux de lEspierre, des mesures prendre con tre la tuberculose, etc etc. La note humoristique de la séance a été don née par M. Fris. Empruntant M. De Bruyn ses formes ora toires, M. Fris a parlé de la vache laitière dé sirée par un grand nombre d'agriculteurs il a demandé que Ion déchargeât les taureaux du droit dentree, et dapres lui, le seul moyen de faire rapporter quelque chose l'agriculture est de faire faire du beurre dans l'arrondisse ment de Heyst-op-den-Berg El là-dessus ont s'est séparé jusqu'à demain. M. Woeste, saint homme, s'est élevé avec violence Vendredi dernier, contre le duel et le duelliste il a fulmine contre le scandale du duel au nom de l'Eglise et du dogme catholi ques... Or, parmi les trois personnes bien pensantes que le gouvernement clérical a choisies pour aller au Vatican féliciter le souverain pontife l'occasion de sa fêle jubilaire, il y en a deux qui ont été poursuivies pour cause de duel. Pas de chance, M. Woeste I 11 y a, aujourd'hui, deux ans que la ville d'Ypresaété témoin d'une des plus honteuses gredineries dont le parti clérical, qui en a tant son bilan, se soit rendu coupable n'importe quelle époque et dans n'importe quel pays le triomphe aux élections par la corruption l'as- saut et l'enlèvement de l'Hôtel de Ville par l'ar gent et la trahison Et ce parti sans vergogne et sans pudeur ap pelle cela une date mémorable, et continue en rappeler le souvenir comme celui d'une glorieuse journée ou d'une action d'héroïque éclat Glorieuse journée que cette inoubliable nuit de la veille, dont les ténèbres sentirent ramper au milieu d'elles, comme des serpents dans les marais, ces indignes émissaires, allant, moitié ivres, les mains et les poches remplies d'argent, surprendre les électeurs dans la gêne, marchan der leur suffrage et acheter leur conscience Allons Carcasson Un fulgurant article sur ce célèbre exploit Et vous, Monsieur le Doyen, entonnez un nou veau Te Devm et faites dire de nouvelles messes en action de grâces On ne s'arrête pas mi-chemin dans de sem blables voies Nous constatons que le Journal dTpres n'a pas fait connaître la condamnation du nommé Copin. Au lieu d'acquittement, il lui aurait fallu dire libération. Ainsi s'exprime l'organe de Loyola et il croit avoir mis ses lecteurs au courant en se bornant constater que le jugement intervenu a été réformé en appel. S'il en est un seul parmi nous qui eût trouvé ce trait d'Escobard, qu'il se lève, nous serions curieux de le voir. Il faut avoir pour son public le mépris le plus profond, pour s'en ficher avec cette désinvolture. Par contre, la pieuse feuille croit se rattraper en étant plus explicite quand il s'agit d'éclabousser le tribunal qui n'a pas répondu son attente. Acquitter tous les catho liques, voilà ce qui s'appellerait un tribunal juste et tel qu'il en faudrait partout. Malheureu sement ils ne sont pas de cette pâte pourrie, dès lors, ils ne méritent plus qu'anathème, et la bile se déverse comme dans la géhenne des porte faix. Il est édifiant le spectacle et c'est bien là qu'éclate la grandeur de vues, la moralité de ce défenseur de l'ordre et de la société. Avilir la magistrature, la vilipender, l'abaisser aux yeux des sacristains, parce qu'elle sert la justice, non les petits intérêts politiques. Quel abaissement, quelle perversion du sens moral Un tel journal vaut-il encore la peine qu'on lui réponde Car sa bonne foi, son respect pour la vérité est tout dans cette aberration de lan gage, et il ne s'en doute même pas, le malheu reux Toutefois qu'il apprenne, s'il lui reste le brin de cervelle nécessaire pour le comprendre, que La Justice, le glaive en main, Est un pouvoir autre qu'humain Contre les feuilles inciviles. Elle seule fait l'ordre, et les mots du Journal N'ont que des bruits inutiles S'ils ne sont appuyés du plus pur sens moral. Société pour la propagation de renseignement par l'aspect. Sujet: La Beauté humaine. Ce titre alléchant a réuni, Samedi 28 dr, une grande salle dont beaucoup de dames. Cela se conçoit. En quoi consiste la beauté humaine Suis-je beau Suis-je belle Suis-je belle est surtout la question qui se pose chez ce sexe qui, par tradition et pour des causes intimes qu'il est inutile de développer, a le privilège d'être dé coré du nom de t eau. C'est ce qui explique la présence de ce grand nombre de dames. Les dames aiment bien voir proclamer par une autorité ce que la science et l'art classent dans cette catégorie. M. Edmond-Louis de Taeye est venu exposer, probablement la grande stupéfaction de quel ques-unes de ces dames et même un peu aussi la confusion de quelques faux beaux, ce qu'on doit entendre, psychologiquement, physique ment et moralement, par beauté humaine. M. E.-L. de Taeye l'a fait en philosophe, en historien, en artiste. Il l'a dit en causeur char mant, nullement pédagogue, simplement, agré ablement, clairement et souvent spirituelle ment. Sa thèse fondamentale est que la beauté est une chose relative, changeante selon l'époque, les moeurs, la religion. Le beau des temps anti ques n'est pas le beau du moyen-âge, et celui-ci n'est pas le beau d'aujourd'hui. Aujourd'hui même, le beau du campagnard n'est pas le beau du citadin. Les champs plats, pour le villa- eois, sont magnifiques quand ils s'étendent ans l'horizon, dépouillés de toute végétation luxueusement arborescente pour l'homme de goût, pour l'artiste, les arbres, les buissons, les accidents de terrain, la variété et les coupures d'horizon donnent au tableau le pittoresque, l'inattendu, l'irrégulier, qui en sont la véritable beauté, celle-ci étant le contre-pied de la froide monotonie. Le paysan aime dans sa payse une nature opu lente, rougeaude, massive le citadin, la dis tinction, l'élégance, une certaine sveltesse et la délicatesse saine des formes. Pour le Congolais, par exemple, les fétiches ont toute son admiration. Pour nous ils sont af freux. M. do Taeye en projette un exemplaire lardé de clous. Mais au-dessus de tout cela, même en recon naissant que la beauté absolue n'est pas formu lée dans un code immuable, il y a et il y aura toujours un ensemble de traits, de formes, qui sera le type, plus ou moins incontestable, en dehors duquel le bon goût n'ira pas prendre ses règles d'esthétique. Chez les Grecs, la beauté consistait dans la plastique proprement dite. La statuaire fut son apogée au siècle de Périclès. Beauté des formes, proportions et vigueur, forment la trilogie aca démique du grand siècle. Il ne nous en reste qu6 des copies. Jamais plus aucune époque n'a atteint ces hauteurs auxquelles le Paganisme n'était pas étranger Les formes étaient idéalisées et Phi dias faisait des divinités calmes et sereines. Plus tard l'art se transforme et fléchit. Il devient pluB humain. Nous commencerons par Y Apollon du Belvédère remarquable par son élégance, sa stature élancée, la gracieuseté de la pose, l'harmonie générale. Voici un chef-d'oeuvre de Praxitèle la Phrynéson idole, dont il a fait sa Vénus de Cnide. La Vénus de Milo, eu égard son sexe, est déjà d'une ampleur plus charnelle, toutefois admirable. Le Laocoontout beau qu'il est, grand, ample, vigoureux, massif, ouvre l'ère de la décadence. Ce n'eBt déjà plus l'ère de Périclès. On ne sau rait voir le Laocoon sans songer de grands maîtres flamands du XVIme siècle, mais moins lourd, moins massif, moins charnu, plus esthé tique. 11 y a des muscles, abondamment, mais plus fins, plus détaillés, plus élastiques, plus nerveux, si on peut le dire. Le Discobole est la plus grande expression de la force nerveuse, servie par des muscles d'ai rain. C'est l'agilité et la force prête dévorer l'espace et se jouer des obstacles. Il y a le Germanicusla Vénus accroupiela Vénus la Pomme, la Vénus au Bain, etc., qui tous rentrent dans ce que les Grecs appellent, et nous leur suite, la beauté. Mais cette beauté, comme l'a dit en commen çant M. de Taeye, est presque matérielle elle 69t physique, c est-à-dire, corporelle. La tête ou pour mieux dire le visage, la face, ne dit pas grand'chose. C'est que chez les Grecs, la grande préoccupation, c'était la valeur corporelle. Chez nous, modernes, le plus beau corps n'est guère prisé quand il n'est pas servi par 1 intelli gence. Il faut que l'intelligence brille dans le visage, pour qu'on accorde l'homme la beauté. Pas d'intelligence, pas de beauté. Bête et beau ne se comprend pas de nos jours. Déjà, au moyen-âge, cette distinction était faite. Le Christ en croix, décharné, fluet et de formes peu esthétiques, est beau par l'expression de douleur. Il y a dans cette figure qui souffre une âme qui parle. Les figures grecques ne parlaient pas les yeux, surface unie, rare ment et peine estompées d'un cercle presque imperceptible, n'ajoutaient rien l'expression froide ou nulle de la face. C'est le fond de la conférence. M. de Taeye, comme détails, s'est étendu, au cours de ses dé monstrations, qui toutes étaient appuyées de projections très lumineuses, sur les différentes proportions du corps huit hauteurs de tête, dans le corps, chez les Grecs classiques, 7 1/2 et même 7 plus tard sur les divisions de la tête en elle-même, etc., etc. Puis passant aux variantes de la figure, depuis le nez retroussé dans lequel il pleut, jusqu'au nez en courbin ou d'aigle qui happe après le morceau qu'on met en bouche, il fait ressortir la différence du petit minois, de la jolie frimousse, avec la belle figure régulière, proportionnée, i i Hercule Farnèsetype de l'énergie virile. C'est la force imposante, merveilleusement et imposamment pondérée. La tête est petite, les épaules larges, la musculature puissante.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2