Chronique locale.
N° 17. Dimanche,
55e ANNÉE.
26 Février 1895.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Bulletin politique.
M. De Lantsheere.
Un exploit de M. Woeste.
M. Surmont au Sénat.
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PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acqcirit ecndo.
1 1
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On mande du Caire, que plusieurs changements vont
se produire dans le ministère, Riaz-pacha a pris déjà
l'instruction publique tout en conservant le portefeuille
de l'intérieur.
Les relations entre le Khédive et lord Cromer sont
très satisfaisantes en ce moment.
On informe de Rome que M. de Zerbi député qui était
impliqué dans les poursuites relatives aux scandales
des banques vient de mourir.
Cette mort cause une émotion énorme dans les cer
cles parlementaires et politiques.
On s'attend la chute du ministère.
De Saint-Pétersbourg on mande que malgré le froid
une statistique montre que le choléra a recommencé
ses ravages.
Les Gouverneurs des provinces Russes ont reçu du
ministère de l'intérieur l'ordre de faire exécuter dans
les villes, bourgs et villages de leur juridiction toutes
les mesures d'assainissement capables de conjurer l'ex
plosion possible d'une épidémie de choléra au prin
temps.
Les funérailles du banquier Bleuchioeder ont eu lieu
hier Berlin. Malgré ce qu'en disent plusieurs journaux
Italiens, on ignore absolument Berlin le projet que
l'empereur Guillaume aurait formé de se rendre Rome
pour assister aux fêtes des noces d'argent du roi Hum-
bert et de la reine Marguerite.
A Belfast le bill du home rule de M. Gladstone a
soulevé de violentes protestations. Il a été dit dans une
réunion qu'il n'y avait d'autre alternative qu'uim union
complète avec la Grande Bretagne ou une indépendance
complète pour l'Irlande, et qu'il faut résister, par tous
les moyens, au bill de M. Gladstone.
La grève des ouvriers filateurs du Lancashère con
tinue une conférence aura lieu demain Manchester
entre les grévistes et les patrons.
La nouvelle du prochain mariage du Prince Ferdi
nand de Bulgarie a été accueillie avec faveur par la
presse Européenne, qui y voit l'assurance du maintien
de la situation actuelle dans ce pays.
Ypres, le 25 Février 1893.
Nous touchons l'heure suprême de la revi
sion sans qu'on puisse dire ce qu'il adviendra.
Y aura-t-il entente, et s'il y a accord, avec qui
le gouvernement signera-t-il un traite d'al
liance momentané Mystère.... Personne n'en
sait rien. Libéraux modérés et progressistes
repoussent avec énergie et la même ardeur le
taux différentiel de l'habitation. Si celui-ci est
maintenu, en dépit de l'attitude du pays et du
désir du roi de voir la revision aboutir, ce sera
la dissolution. L'accord dépend donc unique
ment de M. Beernaert. On croit quelque coup
de théâtre qui rapprochera les partis au cours
de la discussion. Ce sont là des rumeurs en
1 air mais s il venait se produire, ce ne se
rait évidemment qu'à la fin du débat, après
que les chefs des diverses fractions auraient
exposé leurs idées et détaillé leurs systèmes.
Nous devons nous attendre une nouvelle
édition de la discussion qui a eu lieu chez les
XXI de la Chambre, où chacun a défini sa
doctrine électorale sans vouloir sérieusement
la modifier. Les évolutions ne se produiront
qu'au dernier moment, on peut en être certain;
aussi les séances n'offriront-elles un intérêt
puissant qu'au moment où de part et d'autre
des lentauves suprêmes se feront pour faire
aboutir I oeuvre révisionniste.
M. Beernaert, paraît-il, ouvrira le débat et
exposera les vues du gouvernement en mainte
nant l'habitation, le taux différentiel, toutes
ses dernieres propositions. S'il cède, ce sera
donc au moment où il faudra conclure.
Tout entêtement de sa part aurait les suites
les plus funestes. 11 n'est nullement dit, dans
cette hypothèse, qu'il serait suivi par la majo
rité, qui a une peur bleue de la dissolution.
Tout ceci pour bien démontrer que I on avait
tort de croire des événements importants dès
les premières séances, la fin seule du débat
étant capable de les provoquer.
Les amis de M. VVoeste mènent une formi
dable campagne contre M. De Lantsheere,
président de la Chambre, parce qu il s'est con
tenté (contenté est superbe I) de rappeler
l'ordre M. Brialmont lors de la séance de Ven
dredi, sans sévir contre M. Anspach. Avec
raison l'honorable député de Thuin a pu dire
que M Woeste avait manque tous les devoirs
de I bonneur et aux devoirs de sa profession en
parlant de la sale aventure galante la
Chambre, outrageant ainsi un officier supé
rieur qui ne pouvait se défendre et mettant en
cause, de la façon la plus lâche, une femme,
une inconnue, qu'il livrait aux curiosités pas
sionnées du public.
M. De Lantsheere n'a pas rappelé l'ordre
M. Anspach et il a bien fait. Il a trouvé, sans
doute, que M. Woeste avait manqué des sen
timents qui doivent êlre respectés. Son silence
est la condamnation du député d'Alost.
Celui-ci ne s'y trompe pas de là sa colère
contre M. De Lantsheere et les imprécations
inopportunes, car elles donnent une impor
tance caractéristique au rôle joué par le prési
dent de la Chambre. Plus elles deviendront
violentes, plus ce rôle grandira comme la
flétrissure qui a, ce jour-là, marqué le leader
de la droite d'une trace indélébile.
A la Chambre, il a été question d'un incident
où M. Woeste, le séraphique, avait constitué
des témoins. La Chronique a fait des recher
ches et donne de cette affaire évoquée par
M. Anspach, les détails suivants
Dans une discussion suscitée, le 13 Dé
cembre 1877, au sujet du respect réserve aux
autorites en général par les cléricaux, M. Bara
rappela, comme exemple, qu'en 1871, dans la
Revue généraleM. Woeste avait appelé M.
Jules Anspach magistrat prévaricateur. iM.
Woeste prit la parole et maintint indirectement
son appréciation de 1871sans que le président
M. Thibaut intervint. M. Jules Anspach
demanda la protection présidentielle contre M.
Woeste, qui aggravait ainsi son injure en la
rééditant six ans d intervalle. Refus du prési
dent. M. Anspach déclara alors qu'il saurait se
proléger lui-même. Echange de témoins.
M. Woeste, qui, aujourd'hui, invoque sa
foi de chrétien, constitua MM. Jacobs et de
Zerézo. Les pourparlers furent rapidement
menés. Le 14 Décembre, M. Allard, témoin de
M. Anspach, l'autre était M. De Brouckere,
actuellement sénateur annonça que l'affaire
était arrangée pacifiquement. (Naturellement,
avec M. Woeste).
Cet incident prouve que M. Woeste, s'il a un
assez mauvais caractère, compose avec sa bile
des qu'on menace de lui tirer les oreilles.
Il composa ce jour-là et retira son expression
inqualifiable.
Et cette sympathie pour les écoles officielles
est telle que M. Surmont a éprouvé, une fois de
plus au Sénat, le besoin de développer son thè
me favori protection égale aux écoles libres et
aux écoles officielles. Or, protection égale pour
tous les genres d'établissements d'instruction,
on sait ce que cela veut dire, et il n'est personne
qui n'entrevoie, dans cette théorie de l'égalité,
la destruction, dans un bref délai, de l'instruc
tion publique, ou l'Etat hors l'école, grâce
l'abus d'influence de nos tonsurés de toute cou
leur et de toute robe.
Et qu'on n'aille pas invoquer M. J. Simon,
qui a dit un jour, ce qu'il ne répéterait plus
aujourd'hui, que l'Etat a préparer sa destitu
tion dans le département de l'enseignement. Ce
sont là idées théoriques faisant l'initiative
privée la part qui lui reviendrait dans des cir
constances que dans un rêve lointain, mais in
certain, un philosophe ou un idéologue peut es
quisser comme un nommage au progrès illimité.
Mais, nous n'en sommes pas là, et l'Etat hors
l'école, aujourd'hui, loin d'être un bien, ne se
rait que le retour l'état de choses ancien, et
LE PROGRÈS
L'Etal hors l'école, c'est la thèse des pointus
de la droite dont M. Lammens est le prototype
et M. Surmont l'infatigable acolyte. Passe
pour M. Lammens qui n'a pas nous rendre
compte des idées extrêmes qu'il professe et
dont la position, en cette circonstance, est
nette mais il n'en est pas de même pour M. le
baron Surmont de Volsberghe, Bourgmestre
d'Ypres, protecteur attitré des écoles officielles
et président de tous nos établissements d'instruc
tion publique. Conçoit-on un président des
écoles officielles, n'ayant pour ces écoles que
tout juste ce qu'il faut de sympathie que la dose
que lui prescrivent les lois auxquelles il ne sau
rait se soustraire sans se mettre en révolte ou
verte avec les devoirs de sa fonction