Chronique locale. Le gouvernement et le parlement belges. Lorsque le drapeau parait sur le seuil de la porte, les applaudissements et les vivats répétés de la foule, qui se presse dans la rue, saluent son appa rition. i ous admirent ce Drapeau libéral La musique et les tambours entonnent le Salut au Drapeau composé par notre excellent chef M. Deliège. C est vraiment martial Le coup d œil est splendide Le drapeau prend place derrière la musique les cinq ex-maréchaux-des-logis, MM. Louis Rabau, Arthur GrylFon, Amand Vlaemynck, Edouard Degroote et Guillaume Declein, forment la garde d honneur. Sur tout le parcours, la foule, massée sur les trottoirs, acclame. Hue au Beurre, le bureau du Progrès avait arboré le drapeau national pour saluer la bannière libérale son passage. Arrivée place Vandenpeereboom, la colonne s'arrête devant la statue de l ancien Commandant des Pompiers tout le monde se découvre avec une respectueuse émotion, et I harmonie entonne l'Air d'Ypres. Les 3000 personnes présentes ont prouve par leurs applaudissements quelles n'étaient pas indifférentes cette manifestation des Anciens Pompiers pour leur ancien Commandant. Toujours suivie par la même foule, la musique poursuit son itinéraire par la rue de Boesinghe, rue Nouveau Marche au Bois, rue de Dixmude, Grand Place, rue de Thourout, rue Carton, rue de Dixmude, Grand Place, rue des Chiens, rue des Boudeurs, rue des Plats, rue de Lille, rue du Lom bard, rue Dehaerne, rue du Verger, Marché Bas, rue de Lille où elle s'arrête chez le Président, M. Auguste Brunfaut. Là avait lieu une nouvelle céré monie la remise d un diplôme M. Edouard Degroote, ex-maréehal-des-logis des Pompiers pour 30 années de service, et d'un diplôme M. Pierre Fâche, ex-musicien des Pompiers, pour 20 années de service. Le dessin du diplôme est un chef-d'œuvre du la plume de notre ami M. Ange Van Ëeckhout. M Une aubade donnée devant la demeure du président a clôturé la cérémonie officielle. Le soir, un souper, offert aux Anciens Pompiers par les membres de la Commission, était servi au local, Café du Commerce En somme, fête splendide, manifestation grandiose, belle et grande journée Ypres, le 5 Avril 1893. Nous ne connaissons pas de page plus triste de notre existence parlementaire que celle où il faudra écrire le tableau de la discussion de la revision de 1893. Dabord, un gouvernement incapable ou im puissant qui ne gouverne pas, ne propose rien, attend ses inspirations d une majorité rurale, dont l'intelligence politique n'est pas précisé ment la vertu dominante. Ensuite, un ministre qui semble parfois affi cher la prétention de faire du gouvernement personnel avec un entêtement enfantin, après être demeuré des longs mois muet et sans initiative. Un parlement sans esprit pratique, où bien peu de députés viennent régulièrement et moins encore étudient les questions débattre. Quoi de plus triste, en effet, que ces débats où chacun vient son tour, la plupart sans avoir écouté les orateurs précédents et beau coup sans même les avoir entendus, exposer ses idées personnelles, prôner son système et mettre sa personne en évidence, comme si le moindre comparse avait la prétention de jouer le rôle d un chef politique En général on ne va guère la Chambre qu'en passant, sans préparation ni elude des questions politiques et administratives dé battre. On se montre, on se préoccupe de soi et de ses intérêts électoraux, on se soucie comme d une guigne de I avenir du pays. Le Palais de la Nation donne trop souvent le spectacle de la foire aux variétés parlementai res et trop rarement celui d'une assemblée laborieuse où chaque membre travaillerait régulièrement au bien du pays avec désinté ressement et sans arriere-pensée d intérêt personnel. Il a fallu entendre un vieillard de 83 ans, relevant peine de maladie, pour retrouver les accents du patriotismeclairvoyant, oublieux de soi-même et soucieux surtout de l'avenir du pays. Au moment même, cette harangue digne, éloquente, relevant les débats, donnant au pays la vraie note patriotique et pratique, a produit un effet considérable. Mais quel résul tat pratique a-t- elle donne dans cette Chambre où l'on bavarde sans mesure, même quand on n'est pas écouté Aucun. Chacun a gardé ses petites préféren ces et continue défendre son petit système. Les partis s'émiettent. L'esprit de sacrifice a disparu. On ne fait plus de concession. Et c'est le ministre qui a imaginé l accord patriotique des partis qui donne l'exemple en refusant toute concession et en prétendant im poser au pays l'inégalité électorale pour assu rer, par le taux différentiel, la suprématie des rureaux dans le gouvernement On imagine des corps électoraux différents dans un pays simple où le niveau egalitaire français a fait disparaître toutes les anciennes institutions On esquisse vaguement des systèmes électo raux impraticables en affichant la prétention dêtre et de rester un grand ministre. Pauvre gouvernement Pauvre parlement Pauvre pays Telles sont, hélas les réflexions que nous inspirent les débats de la Chambre constituti onnelle Déjà, depuis l'incendié, de cet informe fournil hors la porte de Lille, où nos pompiers ont fait preuve d'une incapacité désespérante, on com mençait être inquiet sur le soi t de nos demeu res, si le feu venait un jour les ébranler sur leur base maintenant on l'est pleinement de puis la nuit du 27 au 28 Mars. On n'entend plus que ça, dès que trois ou quatre citoyens, petits ou grands, se trouvent attablés dans un estami net ou réunion quelconque Moi, je ne me couche plus sans avoir promené mon nez dans tous les coins de la maison, flairant, enreni- fiant, s'il n'existe pas quelque part une échap- v pée de fumée sentant le roussi. C'est que, il n'y a pas dire, mon bel ami, s'il brûlait et si mon petit coffre-fort était léché par les fiam- mes pendant que je m'abandonne toutes les insouciances d'un sommeil réparateur, je ris- querais fort d'être grillé comme Saint Laurent, sans que les pompiers de M. Colaert se sou- 7? cient de moi, pas plus qu'un rouget de son 7» discours sur la révision, t? Voilà ce qui se dit et se répète et non sans raison. C'est qu'en effet, cela devient effrayant. On a quatre-vingt-trois pompiers et quatorze (et encore quels quatorze viennent, en se traî nant, comme des limaçons qu'on a chassés de leur coquille, vingt-cinq minutes après que des bourgeois dévoués, la plupart d'anciens pom piers, ont fait l'œuvre d'extinction qui incombe d'autres, ce n'est guère rassurant, et, sans être une poule mouillée, on est autorisé se mettre sur ses gardes, voyons Vrai, quatorze pompiers, sur quatre-vingt- trois, ont eu le courage d'arriver, Marché au Beurre, une demi-heure après que tout danger avait disparu, et, encore, quand ils sont arrivés, ces carabiniers d'Oftenbach, ils se sont rués sur les bouches eau qu'aucun d eux, pas même le capitaine, ne savait ouvrir. Christiaen, un an cien, le leur a montré et grâce lui le boyau a pu être amorcé. Il est vrai, cela ne servait plus rien, tout danger étant écarté. 7 o Mais il fallait bien faire croire qu'on avait fait quelque chose. On se met donc pomper et jeter de l'eau, non pas seulement sur les cendres mortes mais sur tout ce qui apparaissait leurs yeux encore mal ouverts, et les lances de donner comme des soufflets de baleines. Ce qu'on a abîmé, là, bête ment, je ne vous dis que ça. Et, alors que se démenaient ces carabiniers, une boîte d'allumettes, perdue dans le tas, se prend sur le tard faire mine de flamber, et, vite, la lance braquée sur ce terrible foyer, allait déverser une inondation nouvelle, quand un ex-pompier, prenant tout simplement la boîte, entre Je pouce et l'index, la jette par la fenêtre, avec ce mot, d'une leçon cin glante voilà comment on éteint ce genre d'in cendie Et cela s'adressait au chef, le même qui avait la prétention de conduire les manœu vres lors do l'incendie des magasins de l'Acadé mie Et voilà ces lapins qui croyaient qu'en eux germait et fleurissait le secret des miracles!! Et sur le trottoir, en pleine rue, l'un ou l'au tre pompier, pour ne pas rentrer sans quelque exploit qu'il pût rappeler son actif, applatis- sait sous son talon, un reste de débris de bois qu'un autre, un des premiers sauveteurs, un Christiaen, un brave, celui-là, avait jeté là trois quarts d'heure avant. Fit pendant tout ce temps, un clairon tempê tait tout casser la porte de l'officier du Mar ché au Bétail, pour réveiller, mais vainement, celui qui s'obstinait flirter avec Morphée. Et, on ne s'assurerait pas chez Onraedt, Hallynck et Cie Il n'y a plus que ça, chers concitoyens. Et le téléphone donc. Ah oui, parlons-en du téléphone. 11 y avait autrefois un téléphone, fonctionnant très convenablement, mais il en fallait un autre, pour les catholiques, et, dare dare, peine nos maîtres se sont-ils emparés de l'Hôtel de Ville, que le téléphone libéral est remplacé par un téléphone clérical, signé Cuve- lier. Est-ce qu'il ne faut pas donner de l'ouvrage aux amis A quoi servirait donc l'excédent de recettes délaissé par l'Administration libérale Malheureusement ce qui est clérical ne vaut pas le libéral, et le téléphone clérical subit cette loi, il faut le croire, puisqu'il n'a été d'aucun secours dans la nuit du 27 au 28 Mars, malgré tout le mal qu'on s'est donné pour le faire par ler, toujours trop tard, bien entendu. Ce qui veut dire que même un bon téléphone, aux mains de nos maîtres, n'aurait pas encore servi grand'chose. Tous carabiniers, depuis le téléphone jus qu'aux pompiers. Et le veilleur de nuit, donc Ah oui, le veil leur de nuit Et notre mayor, et no3 échevins, où étaient- ils C'est drôle comme tout cela ho ressemble. En attendant nous voilà bien arrangés. O Monsieur T. Wouters, substitut du Procureur du Roi, Gand, est nommé Procureur du Roi près le Tribunal de première instance séant Ypres, en remplacement de M. Berghman, dé cédé. Le compte-rendu de la fête de la jeune société les Infatigables tnous étant parvenu trop tard, ne pourra être inséré que dans notre prochain n°.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2