Supplément au PROGRÈS D'YPRES du 20 Avril 1893.
NOBLESSE ET BOURGEOISIE
La fête des Persans.
Les chiens infirmiers.
Il a été donné bien des exemples des lolies où
l'homme peut être conduit par le fanatisme reli
gieux. Il en est peu, croyons-nous, qui atteignent
le degré d'horreur de la Fête des Persans, la
quelle seulement de rares Européens ont pu as
sister, qui se célèbre encore de nos jours.
Les spectateurs prennent place le long des
quatre côtés de la cour, derrière une haie de sol
dats au milieu, est une allée libre où passera la
procession. Les murs sont tendus de noir. La
nuit tombe, tout s'assombrit, la cour semble
plus vaste et plus mystérieuse de place en place
s'allument des torches de résine, dont les brus
ques flamboiements lèchent les premières feuil
les des arbres.
On est dans l'attente de quelque chose de
grand les curieux laissent dans leurs verres le
thé parfumé de Perse que leurs hôtes leur ont
servi.
On entend au loin une musique lamentable,
une gamme mineure descendante indéfiniment
répétée, très lente, rythmée de coups de cymba
les et de roulements de tambours.
En tête de la procession marchent tenus en
main trois chevaux le premier est habillé d'une
housse blanche constellée de gouttes sanglantes
deux colombes qui symbolisent les âmes des
martyrs voltigent sur la selle auprès de deux
longues flèches d'or les deux autres sont les
chevaux de bataille de Hussein et de Hassan, et
portent, sur des châles cachemire, les armes des
deux héros, leurs turbans, leurs sabres, leurs
boucliers. Derrière vient la musique et les porte-
étendards. Après, c'est la foule des nézirs, des fi
dèles qui offrent au ciel leur pénitence publique
en rachat de l'iniquité des hommes.
Les premiers s'avancent en rangs serrés, la
poitrine découverte, et se frappent coups ré
guliers, comme pour un mea culpa, en hurlant
Hussein Hassan Les seconds, vêtus de noir,
la tunique coupée dans le dos pour laisser un
carré de chair nu, se donuent la discipline
tour de bras avec un faisceau de chaînes de fer.
Enfin un tumulte, un bruit confus de cris et de
coups annonce l'arrivée des vrais enthousiastes,
de ceux qui donnent leur sang pour apaiser la
colère des saintes victimes. Ils sont deux ou trois
cents sur deux files, enveloppés de la tête aux
pieds dans une large robe blanche, le crâne rasé
ils se tiennent tous embrassés, le bras gauche
passé autour de la ceinture de leur voisin ils
ont dans la main droite un grand sabre deux
tranchants avec lequel ils se tailladent le sommet
de la tête.
A la lueur tremblante des torches, au milieu
de hurlements affreux, on voit ces forcenés os
ciller avec des mouvements de houle tout en
criant d'une voix rauque, ils se frappent avec
tant de force qu'on entend le bruit des coups sur
les crânes le sang jaillit inonde leur visage en
les aveuglant, fait des caillots bruns dans leur
barbe, et ruisselle en un long fleuve rouge sur
leur robe blanche.
Au milieu, entre les deux files, des hommes
armés de bâtons sont chargés de parer les coups
mortels.
Sous nos yeux, un fanatique tombe épuisé
par la perte de son sang on le transporte der
rière nous, on le déshabille, on le lave et on le
remet sur pieds tant bien que mal.
Dans l'assistance, il s'est fait un silence de
mort on n'a plus envie de plaisanter, de causer
avec son voisin on regarde de tous ses yeux le
sauvage que chacun porte en soi se repaît de la
vue du sang vivant, du sang rouge qui coule. A
côté de nous, les fidèles pleurent chaudes lar
mes, sanglotent comme peut sangloter le Ven
dredi Saint une nonne mystique dans la chapelle
de son couvent, devant la Croix en deuil. Deux
gouttes de sang sont tombées sur mes mains,
moi indigne.
Il y a ainsi trois processions, celles des trois
Hâns Persans la fin, on ne sait plus ce qu'on
voit, si tout cela n'est pas un cauchemar. Et ce
pendant, chaque fois que les robes sanglantes
approchent, l'attention se réveille aussi intense
que jamais on est comme fasciné, les yeux fixes
cherchant toujours quelque détail plus horrible
et encore inaperçu.
On vient d'innover dans l'armée allemande
une seconde utilisation des chiens.
Depuis quatre ans on a beaucoup exercé les
dogues au service de garde, mais la fin laquelle
tend l'éducation développant surtout les in
stincts de férocité, on a dû par prudence ne pas
généraliser l'emploi du dogue.
Mais on a imaginé par esprit d'opposition
d'utiliser les danois et certaine race de chiens
d'Ecosse.
Ces animaux, attachés au service d'ambulan
ce, paraîtraient posséder de merveilleuses dispo
sitions rechercner les blessés sur les champs
de bataille, et, en général, dans toute la région
environnant le poste d'ambulance traversant un
pays.
Par quels procédés arrive-t-on dresser les
chiens dans ce but L'officier qui en a pris
l'initiative n'a pas j ugé devoir révéler ce systè
me il paraît simplement que des hommes ont
été éparpillés sur une étendue donnée les
chiens lancés aux recherches suivis d'infirmiers,
ont conduit ces derniers auprès des hommes
couchés au hasard et attendant l'arrivée des in
firmiers guidés par les chiens.
Les expériences répétées ont donné plein suc
cès et un rapport fait au ministre de la guerre
de l'empire, conclut la généralisation de l'em
ploi du chien infirmier.
L'évolution Cycliste.
Le journal le Véloqui s'occupe exclusive
ment, comme son titre l'indique, de vélocipédie,
a eu l'idée de recenser les véiocipédistes qui sor
tiraient en une seule journée de Pans, avant
midi. Cette opération a été faite le Dimanche 16
Avril, par un temps magnifique.
Les cinquante-cinq portes ou poternes de
Paris étaient depuis le matin, six heures, gar
dées vue par les pointeurs du Vélo-; on les
pouvait reconnaître leur brassard vert et
blanc.
lis ont constaté le passage de 3,780 hommes,
190 femmes et 1,569 jeunes gens. Soit un total
de 5,539 cyclistes.
Ce chiffre est inférieur ce que l'on croyait
il ne peut évidemment donner une idée du nom
bre des véiocipédistes qui ont quitté Paris. Dn
grand nombre d'entre eux, en effet, sont sortis
de Paris... par le chemin de fer.
Ce que coûtera l'exposition de Chicago.
Faire grand est un luxe qui coûte cher. Au
début, la dépense totale avait été évaluée soi
xante-quinze millions, mais, suivant la coutume,
les devis originaux devaient être fatalement dé
passés. Il est aujourd'hui hors de doute que les
dépenses atteindront un total d'au moins cent
millions de francs. C'est la première et la plus
certaine des victoires que les géants de Chicago
remporteront sur les Pygmées de l'ancien mon
de... Les Expositions du Champ-de-Mars et de
Vienne n'ont pas coûté plus d'une cinquantaine
de millions. On sait que la première n'a pas don
né de gros bénéfices, et que la seconde s'est sol
dée par un énorme déficit.
Les Américains ont par-dessus tout visé faire
grand. Les dimensions du Palais des Manufactu
res et des Arts libéraux n'avaient encore été
égalées par aucun autre bâtiment construit sur
le globe terrestre. La Galerie des Machines du
Champ-de-Mars, Pans, n'est qu'une maison de
poupées auprès de cet édifice gigantesque dont
la voûte de verre et d'acier recouvre une super
ficie de douze hectares. Cinq cent mille person
nes pourraient se réunir dans cet édifice unique
au monde les cent mille spectateurs qui s'y
trouvaientpendant lesfêtes d'Octobre semblaient
isolés et perdus comme dans un désert. Un spé
culateur a eu l'idée d'acheter en bloc, après la
clôture de l'Exposition, ce bâtiment monstre, de
le transporter New-York et d'en faire un
champ de courses d'hiver.
Le reste est l'avenant la statue de la Répu
blique, dont les pieds seulsémergentaujourd'hui
au-dessus des eaux bleues du lac Michigan, aura
trente cinq mètres de hauteur, et une des ma
chines affectées au service de l'éclairage électri
que a une puissance de quatorze mille chevaux.
L'exposition compte déjà de nombreuses vic
times. Au 13 Décembre dernier, la statistique
des accidents survenus depuis l'ouverture des
travaux donne des résultats inquiétants vingt-
trois décès, deux mille quatre-vingt douze bles
sures ayant exigé des opérations chirurgicales
plus ou moins graves et dix-sept cent trois ma
lades.
A ce bilan, où ne figurent que des ouvriers
employés auxtravauxde l'Exposition, il convient
d'ajouter soixante-six spectateurs qui ont été
blessés ou moitié étouffée pendant les fêtes du
mois d'Octobre.
Les Anglais sont pratiques.
Us viennent d'inaugurer les cartes de visite
en aluminium.
A quand le papier lettre en fer-blanc et les
pains cacheter en cuivre
La carte de visite en métal n'a, d'ailleurs, rien
de repoussant, sauf le cas de discussion. On vous
demande votre carte vous jetez un carré d'alu
minium dans l'œil de votre adversaire. Pour peu
qu'il ait celui-ci poché, les témoins arrangent
l'affaire, sous prétexte que les conditions du
combat ne sont plus égales.
Le colonel du 192e réunit un grand dîner plu
sieurs officiers du régiment. Le capitaine Z...,
le plus ancien de son bataillon, est au nombre
des invités et se trouve, table, presque en face
de l'amphitryon.
Après le potage, le capitaine, plus accoutumé
aux festins de la pension qu'aux dîners d'appa
rat, n'oublie pas ses précautions ordinaires il
prend le plus grand des verres alignés devant lui,
souffle dedans et l'essuie avec soin.
Le colonel a vu le mouvement il croit une
négligence du service et fait signe un domesti
que.
Celui-ci s'empresse d'enlever le verre et d'en
apporter un autre. Le vieux héros le regarde
avec de grands yeux... et il recommence son opé
ration.
Nouveau signe du colonel, plus énergique que
le premier. Nouvelle substitution du verre par
le serviteur ahuri. Mais, cette fois, le capitaine,
impatienté, se tourne brusquement vers le do
mestique
Sacrebleu lui dit-il en fronçant les sour
cils, est-ce que tu te figures que je m'en vais es
suyer comme ça toute ta vaisselle
ROBERT de BEAUCOURT de NOORTVELDE,
Prix 3 francs.
(La vit Contemporaine.)
soaw>
jii»
M." MEIER, dentiste de Courtrai, a l'honneur d'infor
mer l'honorable public et sa nombreuseclientèle que son
cabinet dentaire est transféré chez M"" veuveVAN Kemmel,
Grand'PIace, o, Ypres, où il sera consulter tous les Same
dis, comme d'habitude, de 9 heures du matin, 2 heures
de relevée.
DE LA
PAR
COMPRENANT EN OUTRE
L'Héraldique, Titres de Noblesse, Liste des
nobles, Particule nobiliaire, Histoire du clergé,
Corporations, Epitaphes, Tombeaux, Recherches
généalogiques et sphragistiques, la Médecine,
l'Origine des noms patronymiques et ses sur
noms, manière d'établir les filiations, Etat-
civil ancien et moderne, Etymologie, Patois,
Idiome, Paléographie, Villes d'eaux d'Été et
d'Hiver, etc.
Écrire l'auteur Mariakerke-Ostende.