55e ANNÉE.
7 liai 1895.
JOURNAL D'YPRES ET DE LARROiYDISSEMENT.
Le vote obligatoire.
Le départ de M. Pontus.
Coquelin-Lejeune.
Garde Civique.
La Rose d'or.
Un vœu des indépendants.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Dans l'Avenir socialnous trouvons un inté
ressant article de M. Mommaert. L'auteur y
soutient la nécessite du vote obligatoire, aussi
bien sous l'empire de la représentation propor
tionnelle que sous l'empire du système majori
taire. Il touche enfin la question de la mise
en pratique du vole obligatoire et indique,
cet égard, le procédé suivant
Le vote obligatoire est-il si difficile organi
ser
Voici une combinaison, dont nous emprun
tons le mécanisme un projet du Conseil d'Etat
de Neuchatel.
Le bureau électoral est muni de caries por
tant le nom de l'electeur, son numéro d ordre,
l'objet et la date de la votation.
Les électeurs qui prennent part au vote re
çoivent leur carte électorale après la mise de
leur bulletin dans l'urne.
Les cartes électorales des absents sont remi
ses, après la votation, l'autorité communale.
Les électeurs ont dix jours pour venir, per
sonnellement, les reprendre chez le receveur
communal en payant une amende de 12 ou
trois francs, suivant qu'ils ont le vote triple,
double ou unique.
Si les cartes n'ont pas été reprises dans les
dix jours et l'amende volontairement payée, les
abstentionnistes récalcitrants seront poursuivis,
avec fraisa leur charge devant le juge de paix.
Les excuses et justifications d'absence sont
d'ailleurs soumises ce magistrat.
Des règlements administratifs préciseront les
moyens de justifier les absences légitimes.
Quant aux citoyens qui auraient abusé de
leur influenceou de leur position pour contrain
dre des électeurs s'abstenir, ils séraient passi
bles de peines graduées déterminer par la loi.
On dira que souvent la condamnation une
amende sera vaine vis-à-vis des pauvres et des
miséreux insaisissables. Cela serait vrai, qu'en
core il n'y aurait pas grand mal. Ce n'est pas
cette calégorie-là qu il importe surtout de trou
ver aux urnes, mais c'est la bourgeoisie, ce
sont les classes aisées qu'il faut déterminé
venir au scrutin.
On objectera qu'une minime amende et une
démarche personnelle pour la payer et retirer
la carte électorale sont insuffisantes comme
sanction. L'exemple de ce qui se passe en ma
tière de garde civique répond cette observa
tion.
Nous nous contentons d'ailleurs ici du paye
ment volontaire et personnel de l'amende, pour
ne pas encombrer de causes de ce genre les pré
toires de nos excellentsjuges de paix.
Le départ du général Pontus du ministère de
la guerre est officiel, le Journal de Bruxelles
annonçant qu iI ne serait pas impossible qu'il
songeât prendre un repos bien mente.
On sait ce que cette phrase nuageuse veut
dire.
Il sera remplacé par le général Brassine, ca
tholique convaincu et militant, et parent de
M. De Burlet.
M Pontus a eu le tort, pendant qu'il était au
pouvoir, de ne pas contraindre la majorité
voter le service personnel. Il aurait dû se mon
trer plus patriote et plus énergique dans cette
grave question qui sera la question dominante
de demain.
Il a faibli, battu en retraite devant M.
Woesle, lâche pied devant l'extrême droite.
Cesl 15 une lourde faute qu'on est en droit de
lui reprocher au nom des intérêts nationaux,
de la defense du territoire et dé l'ordre l'in
térieur.
Il a commis une autre faute en obligeant les
deux meilleurs généraux de larmee, MM. Van
der Smissen et Brialmont, démissionner.
Les remords qu'elles lui apporteront, il les
cuvera inévitablement dans la sinecure qu'il
s'accorde, l'inspection des gardes civiques du
royaume.
Une retraite agreable et dont plusieurs autres
généraux plus méritants auraient voulu.
On affirme de source cléricale que Coquelin-
Lejeune, le violoniste attache au département
de la justice, ne songe pas se retirer. Evidem
ment...
Mais la question n'est plus là... La vérité
vraie, c'est que la droite ne veut plus du minis
tre de la justice, qu'elle accuse de mollesse et
de paresse.
Puisqu'il ne désire pas s'en aller de son plein
gré, elle le fera sauter. Elle cherche en ce mo
ment le terrain favorable l'explosion, le bud
get de la justice ne lui paraissant pas propice
pourexcculer le grand ami d'Edmond Picard.
Et elle finira par le trouver... Coquelin-Le
jeune ne fera plus donc nos delices que pendant
quelques jours et il est temps de savourer la
Chambre ses dernières coquelinades.
On vient de distribuer !e texte de la propo
sition de loi développée l'aulrejour la Chambre
par M. Anspach-Puissant.
M. Anspach n'ayant pas l'espoir de voir voter
d'ici longtemps une reorganisation complète
de la garde civique qui augmenterait les cor
vées imposéesauxgardes, propose de voter, en
attendant, un certain nombre de mesures des
tinées porter remède des lacunes et des
inconvénients bien constatés de la loi del8i8.
Pour favoriser la formation et le recrutement
des corps spéciaux, M Anspach propose de ré
duire le temps de service pour ceux qui en font
partie.
Pour rendre la discipline plus stricte, il in
stitue la permanence des grades et l'obligation
d'un examen préalable pour les officiers.
L'élection quinquennale serait supprimée, et
tout officier reelu après cinq ans de fonctions
serait, lors de cette seconde élection, nommé
vie.
Le projet s'occupe ensuite de remédier aux
inconvénients qu'aurait celte mesure en organi
sant les moyens de priver de leurs grades les ti
tulaires qui deviennent indignes ou incapables
de les remplir.
La Rose d'or ne tardera pas être envoyée
la Reine des belges. Le joaillier pontifical, le
chevalier Tanfant, a déjà reçu ordre de prépa
rer ce symbole du céleste jardin de la mysti
que Jérusalem, (hum
Cette Rose d'or se compose d'une sorte de
calice reposant sur un socle triangulaire deux
étages. Ce calice est bordé d'un écusson aux
armes papales, d'où émerge une touffe de roses,
parmi lesquelles, l une, plus grande et plus épa
nouie que les autres, est baignée d'une rosée de
diamants. Dans le cœur de cette dernière est
déposée une petite cachette, par où sont intro
duits, au moment de la bénédiction, le baume et
les parfums.
Autrefois, quand les papes habitaient le pa
lais de Latran, ils se rendaient le quatrième
Dimanche du carême l'église de Sainte-Croix-
de-Jérusalem. En montant cheval ils pre
naient de la main gauche une Rose d'or qu'ils
fiortaient jusqu'à la basilique prochaine, où ils
a bénissaient. Au retour, le pape portait encore
lui-même la Rose d'or jusqu'au palais. Le préfet
de Rome l'aidait descendre de cheval en te
nant l'étrier genoux, et, comme récompense
de ces bons offices, le pontife lui remettait la
Rose.
Ce cérémonial est tombé en désuétude. On
n'en rapporte que deux exemples récents en
1827, le pape Léon XII, et en 1837, le pape Gré
goire XVI accomplirent de la sorte cette céré
monie.
On ne connaît rien de très précis sur les origi
nes de cette coutume on se borne dire qu'elle
est très ancienne. Co rite remonterait Léon IX,
soit au milieu du neuvième siècle, et peut-être
plus haut.
La Rose est donnée de nos jours aux femmes.
Ajoutons que Léon X la donna Charle3-Quint.
Les indépendants bruxellois se sont réunis
Mardi soir et après un débat peu intéressant
ont formulé le vœu suivant
La Fédération des indépendants émet le
vœu de voir appliquer au Sénat et la com
mune la représentation des intérêts
Confirmant ses décisions antérieures, elle
forme le vœu de voir les Chambres constituan
tes établir le vole obligatoire, le vote la com
mune et la représentation tous les degrés.
l\° 57. Dimanche,
LE PROGRÈS
vires acqu1kit ec.ndo.
ABONNEMENT PAR AN; Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces; la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
cl 2, nie de l'Enseignement, Bruxelles.
Ypres, le 6 Mai 1893.