i\° 38. Jeudi,
53e ANNÉE
fi Mai 1893.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Pauvre Woeste
Le quatrième Coquelin.
Les campagnes.
Elections communales.
Casse-cou.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Dans un de nos derniers numéros, relatant
la séance la Chambre des représentants, nous
avons montré MM. Woeste et Vandenpee-
reboom se disant des choses désagréables.
Dans la réponse de Poche-à-fiel Perd-la-
Bouie. (de jolis noms pour des Scioux I) qui
avait posé la question de cabinet, on découvre
cette phrase pittoresque Je proteste contre
ces procédés (la question de confiance) qui sont
contraires l'indépendance et la dignité du
Parlement, etf entends que cela ne dure pas I
Pauvre Woeste 11 entend que cette mau
vaise plaisanterie ne dure pas: mais cétait
avant le vote plural, avant I adoption du sys
tème Nyssens qu'il devait tenir pareil langage.
Se voyant appuyé alors par le seul Colaert,
il s'est bien gardé de se montrer aussi net, aussi
carré. Aujourd'hui, l'infortuné, pavé d'illusions
comme l'enfer de bonnes intentions, s'imagine
sans doute que la majorité va lui revenir. Trop
lard...
Il s'est laissé battre sur !a question du droit
de suffrage après avoir dit et repété que l'heure
du vote plural n était pas arrivée. Elle a sonné
cependant et en sonnant elle a rythmé le glas
funèbre de l'influence de M. Woeste. Il suffira
qu'il dise, comme mardi la Chambre que
cela ne doit pas durer, pourque cela seternisse.
Le discours de M. Lejeune se moquant des
critiques deM. Woeste, n'est— i 1 pas lecorollaire
des discours de M. Vandenpeereboom
M. Woeste n'a plus ni autorité ni pouvoir
sur la droite, et puisqu'il a parlé de durée, on
peut dire qu'il ne durera pas, que c'est un
homme fini, destiné prendre sa retraite
comme... un simple ministre de la guerre après
avoir remisé les canons... de l'église.
Le monde a l'heureuse chance de posséder
une famille célébré de comédiens: Coquelin
aîné, Coquelin cadet,JeanCoquelinet Coquelin-
Lejeune.
Le quatrième n'est pas le moins adroit dans
l'art de bien dire et de travestir sa pensée.
Mais force de répéter les mêmes effets, de
jouer le môme air, il a lassé son public, qui se
prépare le siffler.
L'un des chefs de l'ancienne claque, M.
Woeste, veut le faire tomber dans cette aven
ture tragi-comique, mais, s'élant brouille avec
le directeur du Théâtre national, un certain
Beernaert, il n'a plus aucune influence sur les
chevaliers du lustre et les romains du parterre.
Ceux-ci siffleront quand le moment leur con
viendra,'sans obéir aux ordres de leur ancien
chef ils siffleront inévitablement, lequatrième
Coquelin n'étant plus la hauteur de son rôle.
Tout annonce sa chute prochaine l'impatience
des auditeurs, lenr incrédulité dans son talent,
leur dédain de son manque d'énergie, tout
Bientôt Coquelin-Lcjeune ne sera plus qu'un
souvenir, mais ce n'est pas M. Woeste qu'il
aura dû sa chute... ce sera lui-même.
II est devenu trop mauvais acteur.
Le Courrier de Bruxelles engage les catho
liques s'intéresser de plus près au sort des
campagnards.
Depuis cinquante ans, dit—il, les charges de
la terre ont plus que doublé contribution
foncière, droits d'enregistrement, d hypothèque
ou de succession se montaient, en 1835,
29,172,239 francs ils atteignaient, en 1889,
le total de 66,383,439 fr.
Or, pendant que les charges foncières aug
mentaient ainsi, le revenu de la terre dimi
nuait.
Et le Courrier cite force chiffres l'appui de
sa thèse.
Que les libéraux méditent cette déclaration
d'un adversaire politique
Le Courrier redoute que les paysans exas
pères ne se tournent un jour vers la démocratie.
Puisse-t-il dire vrai
La solution de la crise n'est pas dans les
droits protecteurs, qui frappent le consomma
teur sans profit reel pour le fermier.
La refonte absolue de nos lois d'impôts est
une réforme urgente.
Il est temps d'imposer avec égalité et équité
la fortune mobilière et les revenus de la terre.
Il y a là. pour le libéralisme démocratique,
une belle lâche accomplir.
Que les craintes du Courrier soient un en
couragement pour nos amis I
L'Indépendance annonce que M. le ministre
de l'intérieur déposera, dans le courant de
celte semaine, sur le bureau de la Chambre
des représentants, un projet de loi prorogeant
d'une année les mandats des conseillers com
munaux.
De sorte que les élections qui devaient avoir
lieu en Octobre 1893 seraient ajournées au
mois d'Octobre 1894.
Une commission chargée de préparer un
projet de loi électoral a été installée hier par
le ministre de l'intérieur.
Elle se compose de MM. Beco, secrétaire
général au ministère de lagriculture, de l'in
dustrie et des travaux publics; Surmont de
Volsberghe, sénateur; Nyssens, Ligy, DeSmet
de Naeyer, représentants; Sauveur, directeur
du ministère de linterieur Scheyven, con
seiller la cour de cassation, etc.
-c
Nous lisons dans la Gazette de Schaerbeek
Nous ne sommes pas d'accord avec nos amis
de la Chambre sur l'excellence de la formule
Nyssens l'avenir seul pourtant peut dire qui
se trompe.
Mais il est un autre point sur lequel nous
voulons attirer immédiatement l'attention de
nos députés Il s'agit de la formule De Harlez,
relative la prochaine loi sur l'enseignement.
M. G. Lorand s'écriait Mardi I'Association
libérale Et voyez comme nous avons fait du
chemin On vient nous, radicaux, proposer
une solution patriotique, nationale de la ques
tion scolaire I iN'est-ce pas un hommage rendu
notre sagesse, notre loyauté etc., etc...
Tout doux, tout doux, M. Lorand.
Qu'est-ce que la proposition De Harlez Le
droit pour les pères de famille de réclamer la
création d écoles leur guise, et l'Etat subsi-
diant toutes ces écoles au prorata du nombre
des élèves, mais imposant son programme, son
inspection aux écoles subsidiees.
Première question Cette solution nationale
est-elle constitutionnelle Non, cent fois non,
pas plus que la loi de 1884 que les libéraux
ont le devoir d'abattre aussitôt leur arrivée au
pouvoir.
Et les radicaux, moins que personne n'ont le
droit d'intervenir dans une solut ion patriotique
nationale, mais contraire la Constitution,
qui dit formellement
L'enseignement est libre toute mesure
préventive est interdite la répression des
délits n'est reglee que par la loi.
Et c'est tout.
Qu'est-ce, dans ce texte, qui autorise seule
ment les députés entreprendre des pourparlers
avec ceux qui veulent soumettre I'enseignement
libre la loi
M. Lorand voudra-t-il bien nous le dire...
Deuxième question L'enseignement libre,
subsidié et inspecté, soumis au programme du
Gouvernement, serait-il encore l'enseignement
libre
Non certes.
Dès lors, pourquoi suivre les errements de
la loi actuellequi subsidie les écoles catholiques?
Et tombe aussi l'argument par lequel vous
prétendez que l'enseignement libre donne
l'impulsion, apporte des perfectionnements aux
écoles officielles quant aux méthodes.
L'Etat a un rôle bien simple jouer dans la
question de l'enseignement. Cela se résume
comme ceci
J'ai pour devoir d'enseigner, tous les
citoyens, la vérité, les choses qu'on ne discute
pas la science, les mathématiques lorthogra-
phe, la lecture.
J'ai pour devoir d'extirper des écoles tout
ce qui divise les hommes et les enfants; l'en
seignement religieux est donc banni de l'école.
LE PROGRÈS
VIRES àCQUIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN; Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays7-00.
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er rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Ypres, le 10 Mai 1893.
L'Instruction publique donnée aux frais de
l'Etat est également réglée par la loi.