59. Dimanche,
55e ANNtE
14 Mai 1895
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le Sénat Futur.
L'Exposition Internationale
de la Pi esse.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
L'organisation actuelle du Sénat pourrait
suffire, comme satisfaisant les personnes amou
reuses de choses pondératrices et de garanties
conservatrices.
Du moins, depuis soixante et quelques an
nées, cette organisation avait suffi ceux qui
admettaient un Sénat chargé de modérer le
zèle démocratique de la Chambre des repré
sentants...
Maintenant, on trouve le Sénat trop révolu
tionnaire, et on parle de lui limer encore ses
vieux ongles cassés. L'âge de quarante ans et
le cens ne suffisent plus. On cherche d'autres
garanties dans l'élection des pères conscrits.
C'est vers la représentation des intérêts que
les hommes d'Etat ont dirigé leurs vues. Comme
c'était très compliqué, ils se sont dit que cela
devait être très scientifique, et ils se sont mis
barhoter dans la représentation des intérêts
comme des canards dans une mare.
D'autres ont proposé le scrutin uninominal,
c'est-à-dire la division du paysen circonscrip
tions électorales de 80,000 habitants nommant
chacune un sénateur et deux députes. Somme
toute, celait une sorte de représentation des
intérêts et de représentation proportionnelle
la fois fort acceptable.
Mais c'était trop simple pour être scientifique
et, de plus, cela ne donnait pas assez de garan
tie aux conservateurs. Aussi ne s'esl-on guère
arrêté cette idée.
D'un autre côté, on a eu l'idée de limiter
trente-cinq ans l'âge des électeurs sénatoriaux.
Enfin, on a proposé l'élection deux degrés.
La France élit son Sénat par l'élection deux
degrés. Chaque municipalité élit, au prorata
desa population, des délégués auxquels sont
adjoints certains mandataires députés et con
seillers généraux.
On forme ainsi des collèges électoraux éma
nant du suffrage universel, qui ont la charge
de nommer les sénateurs.
C'est pourquoi le Sénat est appelé, chez nos
voisins, le grand conseil des communes de
France.
La commission des XXI du Sénat a rejeté la
représentation des intérêts, le scrutin unino
minal et s'est ralliée, comme nous l'avons dit,
l élection deux degrés.
Seulement, ce ne sera pas le système fran
çais qui sera adopté. En France, les conseils
municipaux sont élus par les citoyens âgés de
vingt et un ans, et leurs délégués émanent donc
du suffrage universel le vrai, pas le plural.
Ici, ce sont les électeurs âgés de trente-cinq
ans seuls qui éliront les électeurs secondaires,
nommés dans la proportion de un sur cent
habitants, élus pour un terme de huit ans, et
choisis parmi les électeurs pluraux
Ce n'est plus aussi démocratique, mais c'est
beaucoup plus scientifique quên France.
On nous a démontré que le suffrage plural
est plus progressiste que le suffrage universel
pur et simple. Attendons on nous expliquera
bien 1 un de ces quatre matins que la chinoiserie
dont nous venons de montrer les beautés vaut
beaucoup mieux que le système français
[Chronique.)
La responsabilité assumée par le Comité exé
cutif était grande. Aucune exposition de ce
genre n'ayant eu lieu jusqu'à ce jour, tout était
prévoir, tout était organiser, et aucun précé
dent ne pouvait venir en aide aux organisateurs.
Aussi l'anxiété de tous ceux qui s'intéressaient
l'œuvre était-elle profonde. Les organisateurs
n'avaient-ils pas entrepris une tâche au-dessus
de leurs forces Echoueraient-ils dans cette
tentative L'avenir seul pouvait répondre et
l'avenir a répondu, le succès de l'exposition est
complet et sa consécration ne peut faire l'objet
d'aucun doute.
On ne se fait pas idée de la somme de travail
qu'a nécessité cette exhibition du nombre de
publications qu'il a fallu classer, des recher
ches auxquelles ont dû se livrer les vaillants qui
avaient pris l'initiative de ce mouvement.
L'historique de l'exposition n'est plus faire,
nous avons ici déjà raconté quels en furent les
promoteurs et le but qu'ils se proposaient d'at
teindre. Mais rien de ce qui touche la Presse
ne pouvant nous laisser indifférents, nous nous
empressons de saisir l'occasion que nous pré
sente l'ouverture do l'exposition émanant d'elle
pour dire quelques mots sur la Presse, en géné
ral, et sur la Presse périodique, en particulier.
Personne ne conteste maintenant la puissance
de la Presse, cette puissance est indéniable, de
vant elle se courbent toutes les autres, aucune
force ne lui résiste et elle triomphe de tous les
obstacles.
La Presse est une, quoiqu'en disent quelques
journalistes qui veulent créer des classifications
parmi nous et cette unité-là est notre seule force.
Faire ici l'historique de la Presse, serait trop
long et notre cadre est trop restreint pour que
nous nous étendions beaucoup sur ce sujet,
d'ailleurs nos lecteurs savent comme nous
combien de haine et de rancune elle a dû résis
ter, combien de périls elle a su échapper et
combien de résistances elle a usées. Aucun pays
du inonde ne se dérobe son contrôle, aucun
autocrate ne lutte ouvertement avec elle, elle
est une et indivisible et rien ne prévaut contre
elle.
L'exposition qui vient de s'ouvrir, démontre
toute évidence la puissance de la Presse, les
milliers de journaux réunis dans les salles du
Musée Moderne en sont les preuves vivantes.
L'exposition nous montre parla production de
la Presse qu'aucune question ne lui est indiffé
rente. Le nombre des journaux périodiques est
immense et la lumière que répand la Presse spé
ciale sur les connaissances et les besoins de l'hu
manité a faitd'elle le véritable phare du progrès. I
Aussi tous ceux qui dans notre pays s'occupent
des questions scientifiques et économiques, ont-
ils tenu reconnaître l'utilité de la Presse en
honorant de leur présence l'ouverture de son
exposition.
MM. De Bruyn, Ministre de l'agriculture de
l'industrie et des travaux publics Woeste et
Guillery, Ministres d'Etat Graux, Huysmans,
Eugène Robert, Bergé, le Ll Général Brialmont,
membres de la Chambre des Représentants
Mesdach de ter Kiele, le Ll Général Vicomte
Jolly, aide de camp de Sa Majesté le Roi Mon
seigneur Simon, aumônier de la Cour et nombre
d'autres personnages assistaient la séance d'ou
verture, tous ont été unanimes reconnaître que
le but poursuivi en faisant cette exposition était
atteint, qu'il y avait autre chose qu'une exhi
bition de journaux dans les cinq salles du Musée
Moderne.
Nous tenons rendre hommage aux hommes
dévoués qui ayant conçu l'idée de cette exposi
tion ont aidé son édification. Comme nous le
disions le travail qu'a nécessité le recollement et
la classification des milliers de journaux que
nous voyons l'exposition a été considérable, il
eut été facile, certes d'en réunir un bien plus
grand nombre, MM. Vanden Broeck, Van Kol-
leghem, Warzée, le Dr Guilmot Mertens qui avec
tant de compétence collectionnent ces produc
tions de l'intelligence, auraient pu en masser
vingt fois plus, mais ces Messieurs n'ont pas
voulu éblouir les visiteurs de l'exposition par la
quantité des matériaux assemblés, ils ont voulu,
et ont atteint leur but, mettre sous leurs yeux
tout ce qui pouvait intéresser la généralité des
hommes.
MM. Liévin Coppin, Président du Comité
exécutif Hoyois, Vice-Président Charlier et
Guilmot Edg. secrétaires généraux ;Alph. Corné,
Dr Emile Gilson. secrétaires Mertens, Bossut H.
Dumont J. J. Ghysels, E. Gorissen, J. Kloth, J.
Lambeau, Legros, Lepère, E. Neve, Périlleux,
membres du Comité et J. Vandenbroeck Vice-
Président J. Van Rolleghem, Directeur des
fêtes aidés de M. Dumont ont surmonté de tels
obstacles, vaincu tant de difficultés que cette
exposition est pour eux plus qu'une victoire.
MM. Vergote, Gouverneur de la Province;
E. Greyson, Directeur Général au Ministère de
l'Intérieur, M. A. J. Germain Directeur Général
au même ministère, M. Solvay industriel A. et F.
Vanderborght industriel, M. H. Jullien indus
triel, Xavier Olin, F. Vimenet industriel et O.
Chandelon, en leur qualité de Membres d'hon
neur ont puissamment contribué au succès de
l'exposition et ont droit la reconnaissance de
toute la Presse.
La journée du 8 Mai a ouvert une nouvelle voie
et cette date restera marquée dans les fastes de
la Presse.
L'aspect général de l'exposition e6t très origi
nal et sort de la banalité, quelques palmiers jet
tent une note gaie qui contraste avec l'austérité
des panneaux exposés ou les journaux sont fixés.
La décoration de la salle des fêtes est réussie
et fait honneur M. Delhaye l'artiste peintre
bien connu.
M. Vergote gouverneur du Brabant a longue
ment examiné les collections il s'est entretenu
avec le Président du Comité et plusieurs Mem
bres de celui-ci.
L'exposition va être complétée par de nom
breuses collections annoncées des pays d'outre-
LE PROGRÈS
tires acqcjirit fccndo.
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Idem. Pour le restant du pays7-00.
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Ypres, le 13 Mai 1893.