Chronique locale.
Fanatique dangereux.
Le prince Albert.
L'Alcoolisme.
il règne parmi les fonctionnaires et employés
du département des chemins de fer, la plus
vive indignation, contre les récents exploits de
M. Vandenpeereboom.
Pris d un accès suraigu de fanatisme furieux,
il est parti en guerre contre plusieurs zélés et
dévoues serviteurs de son département.
C'est ainsi que sans tenir compte des services
rendus par M. Jacobs, ex-percepteur du bu
reau de la Bourse, sans se préoccuper du
dévouement qu'il n'avait cessé de montrer
l'Etat pendant trente-huit ans, il l'a cassé pour
des motifs personnels qui n'entachaient nulle
ment sa loyauté, sa dignité, son honneur.
Une affaire privée (un divorce) qui ne regar
dait en rien le département des chemins de fer,
a permis au R. P. d'exercer la plus lâche
vengeance sur un franc maçon I
Depuis il a remis une situation inférieure,
comme il avait fait rétrograder M. Jacobs,
deux commis du département accusés de colla
borer au Chemposleljournal qui a toujours su
flétrir les excès de 1 administration. Accusés
Par qui
En vérité, l'espionnage et la délation sont
1 ordre du jour et portent la perturbation et le
découragement parmi le personnel de cet im
portant ministère.
On cite encore le cas d'un employé qui a été
gratifié de dix jours de punition pour avoir été
soupçonné d'ecrire dans une feuille hebdoma
daire. D'autres mesures sévères sont annoncées,
et fonctionnaires et employés, qui vivent de
leur travail, menacés chaque jour de quelque
délation abominable, tremblent pour leur
avenir.
11 est temps que la Chambre s'occupe des
agissements de M. Vandenpeereboom et y
mette fin. Favorisé par les circonstances, l'at
tention prêtée aux questions révisionnistes, il
a pu donner libre cours son fanatisme dan
gereux.
Lui permettre d'aller plus loin dans cette
voie ce serait méconnaître la liberté de cons
cience et la liberté individuelle audacieuse-
ment violées, ce serait se ranger du côté du
bourreau au lieu de défendre ses victimes.
[Économie).
Du correspondant bruxellois du Journal de
Mons, silhouette dactualité, 1 héritier pré
somptif du trône ayant fait Liège Dimanche
sa première visite la province
Le prince Albert a assisté Jeudi un dîner
intime au mess du 2e régiment de guides. Au
toast qui lui a été porté par le colonel Boël, il
a répondu avec une facilite qui a étonné tous
les officiers présents.
D'ailleurs, le jeune prince s'exprime d a-
bondance, ne cherche presque jamais ses
expressions et émaille sa conversation de sor
ties originales et amusantes. A son âge, le
firince Baudouin, plus timide, n osait guère se
ivrer et se montrait assez réservé. Ce n'est
3u'en approchant de ses vingt ans qu'il était
evenu le brillant officier que l'armee et le
peuple regrettent encore.
Chez le prince Albert, le brio militaire est
inné et il aime dépenser du mouvement et
de la vie dans tous ses exercices. Monte-t-il
cheval,enfourche-t-il une bicyclette, se trouve-
t-il la tête de sa compagnie en promenade
dans les environs de la capitale? 11 aime
prouver qu'il n'a rien d'efféminé dans la nature
et sa crânerie fait plaisir voir.
Après être resté pendant deux ans encore
aux grenadiers, le prince Albert entrera aux
carabiniers et plus lard, sa majorité, nommé
major d'infanterie, il ira résider Anvers, où
il habitera le palais royal de la Place de Meir,
séjour qui durera de quatre cinq ans. Mais
avant que le futur major ne se rende dans la
métropole, il passera encore de l'eau sous le
pont et les projets modifiés permettront peut-
être au prince Albert de ne pas abandonner la
capitale, ce qui est son vœu le plus cher.
Boire sans soif est la seule chose qui dis
tingue l'homme de l'animal.
Tout naturellement on songea cette boutade
de Beaumarc lais quand on parcourt la statisti
que sur la consommation des liquides dans
notre pays. En bières et en liqueurs, vins non
compris, nous dépensons annuellement environ
450 millions de francs d'après les documents
officiels fournis par l'administration des acci
ses, en neuf années, nous avons bu pour 4
milliards 286 millions, toujours sans faire figu
rer les vins dans ce bilan. De 1873 1876, pen
dant ces brillantes années de l industrie, les
salaires ont augmentède 450 millions de francs,
mais la consommation des liquides s'est accrue
d'environ pareille somme, ce qui démontre que
Liebig a versé dans une erreur profonde lors
qu'il a soutenu que l'alcoolisme est issu de la
misère. Il est vrai d'ajouter que les habitudes
d'intempérence contractées par la classe labo
rieuse pendant cette période n'ont pas été aban
données par elle malgré la survenance de la
crise. Mais ce qui effraie surtout c'est le progrès
de l'alcoolisme. Il y a cent cinquante ans les
provinces belges absorbaient environ 500,000
litres d'eau de-vie par année en 1830 la con
sommation montait 18 millions de litres et
aujourd'hui elle atteint 70 millions de litres
sans cesse elle s'accroît quoique la loi sur le
droit de licence ait réduit de 30,000 le nombre
des cabarets. Depuis 1830 nous avons consacré
plus de 7 milliards l'absorption de liqueurs
enivrantes. 11 existe chez nous 100,000ouvriers
qui ingurgitent un demi-litre et 50,000 ou
vriers qui avalent un litre d'eau-de-vie par
jour. Chaque homme majeur boit environ 65
litres par année. Nous possédons un cabaret
par 39 habitants, c'est-à-dire, par 13 citoyens
adultes. Danscertainscantonsdu Hainaut,com
me ceux de Lens et de Pâturages, il se rencon
tre un débit de boissons par 3 et même par 2
maisons ouvrières. Bruxelles en renferme 4500
où il se dépense chaque année, rien quen bie-
res, 45 millions de francs. Mons compte plus
d'estaminets que la Norwege d une population
de 3 millions et demi d habitants, répandue sur
un territoire six fois aussi étendu que la Belgi
que.
Les conséquences d'un semblable régime sont
aisées constater. Elles sont daulant plus ter
ribles que l'ivrogne inocule le virus alcoolique
toute une série de générations. Au Congres de
Paris en 1878 le docteur Lancereaux disait
L'alcoolisme ne disparaît pas toujours avec
l'individu qui en est atteint mais dans un grand
nombre de cas, il se continue dans la progéni
ture et cela sous des formes multiples, indéfi
nies, pour ainsi dire, et qui varient depuis la
simple tendance user des liqueurs fortes jus
qu'à la dégénérescence la plus absolue de l'être
humain. Au même Congrès le Dr Baer, de
Berlin, ajoutait aux observations de son con
frère Le vice de l'ivrognerie n'exerce pas
seulement une influence directe sur la produc
tion des crimes, mais aussi une influence indi
recte parce que les enfants des ivrognes sont
disposés soit par hérédité, soit par éducation,
tomber dans le vice de leurs parents, Aussi
il suffit d'un coup d'œil rapide pour s'assurer
que l'alcoolisme conduit notre pays une dé
chéance physique et une dégradation morale.
Nos prisons regorgent de monde et au dire des
directeurs, plus de 75% des condamnations sont
duesà l'abus des liqueurs fortes.Toutrécemment
M. Le Jeune attribuait l'alcoolisme les 9/10
des 12,000 vagabonds d'habitude que renferme
notre pays. En quelques semaines les bureaux
de bienfaisance épuisent des ressources jadis
largement suffisantes pour une année. Les bud
gets des hôpitaux et des hospices se soldent
continuellement en déficit. Au dire de notre
Ministre de la Justice les maisons d'aliénés sont
trop exigues pour contenir les personnes aux
quelles les excès de boissons fortes ont enlevé
leur raison. Nos ouvriers sont mal logés, mal
nourris, mal habillés, parce que la majeure
fiartie de leurs salaires passe au cabaret. Tous
es ans les conseils de milice constatent que le
sang de notre race s'affaiblit et que sa vigueur
physique s'étiole. D'après un médecin militaire,
M. Petithan, l'intemperance est la cause essen
tielle du peu de développement de l'instruction
de la classe laborieuse un tier-s seulement des
recrues ont une instruction primaire suffisante.
Après des milliers d'autopsies l'hôpital St Jean
Bruxelles, MM, Crocq et Carpentier ont con
clu que 80 des malades succombant sur les
grabats de cet établissement sont des alcooli
sés. Tout semble concourir pour justifier cette
sinistre prédiction du Dr Lefebvre de Louvain
dans son Élude de la Folie Nos populations
glissent sur une pente plus ou moins rapide
vers une barbarie nouvelle qu'on peut appeler
la barbarie alcoolique. X.
Le compte-rendu du Concert suivi de Redoute
donné par la société des Anciens Pompiers do
cette ville, nous étant parvenu trop tard, ne
pourra être inséré que dans notre prochain
numéro.
J'ai reçu, comme beaucoup de mes conci
toyens, sous une enveloppe portant le timbre de
Bruxelles et une adresse écrite par une main de
femme, la caricature dirigée contre notre nou
veau Major de la Garde Civique.
Une fois de plus, nos cléricaux se sont fourré,
et jusqu'au coude, le doigt dans l'œil.
On fait un grief l'honorable commandant,
que l'on essaie d'humilier, de ce qu'il est mar
chand de spiritueux.... Et les cléricaux ont
beaucoup ri, paraît-il, de cette spirituelle plai
santerie.
Mais tous ces faux adorateurs de certain
personnage d'or qu'il est inutile de nommer,
ignorent donc que, passé 75 ou 80 ans, le grand-
père de ce morguant petit monsieur, portant
surnom nobiliaire aujourd'hui, tenait,dans cette
même rue de Lille, du même côté, mais plus
haut, dans la maison actuellement occupée par
M. Fol-De Breyne, un débit de liqueurs exacte
ment pareil celui de M. Toussaert
S'ils l'ignorent, les vieux du terroir le savent
et le peuvent certifier. Le petit sire lui-même,
du reste, encore qu'il s'efforce d'oublier et sur
tout de faire oublier qu'il a eu un homme
d'esprit comme ancêtre, ne pourrait nier la
chose. Les temps sont trop proches encore,
et la roture est marque tenace, en dépit des ar
moiries, des blasons et de la poudre aux yeux.
M. Toussaert, nous en sommes sûr, ne se sera
guère ému de la caricature en question, ni de la
menace du levensschets qui doit suivre. Il sait
qu'il n'y a pas de sots métiers, mais seulement
de sottes gens, et, parmi les plus sots, ceux qui
rougissent du nom de leurs pères et les adula
teurs de ces descendants honteux. Il y a, au
milieu de tous ces individus, d'autres biogra
phies recueillir, et, bien plus intéressantes que
celle qu'on promet.
Un dernier mot.
Le libelle jaune porte, comme lieu d'origine
Lith. De Kak, Namur. La caque sentant toujours
le hareng, personne, notre connaissance, ne
s'est mépris sur la vraie provenance de l'impri
mé. 11 émane, naturellement et nécessairement,
de la même source que le honteux billet cachez-
vous tricheurs d'il y a trois ans c.-à-d. de
cette officine, aussi vénale qu'endettée, dont les
huissiers sont les clients les plus assidus et où
on fait plus de protêts que d'annonces de ma
riage. De Kak et O dans toute la signification
du mot tout ce qu'il y a de plus Kak dans
les deux Flandres
Veuillez recevoir, etc.
jaaaqoaam—
Monsieur l'Éditeur,