Chronique locale. A Namur. A l'offrande. tus qui ont été distribués, par l'étalage de pré tendues garanties, des gages que l'on affirmait exister. Ces prospectus ont été répandus partout, par millions d exemplaires, dans les plus petites cabanes, dans les plus modestes chaumières. N'y avait-il pas là, peut-être, quelques francs enlever Voilà des faits que tout le monde a pu constater, que personne ne songera contes ter. Ce n'est pas dans le fait de la distribution des prospectus que l'on pourrait trouver une inexactitude. Voilà un premier point bien établi. Donc exactitude absolue. J'ai qualifié de mensongères les promesses qui ont été faites. Avaient-elles réellement ce carac tère J'ai dit que des garanties énormes avaient été complaisamment étalées. J'ai dit que ces gages, ces hypothèques devaient faire croire, et avaient fait croire un placement de tout repos. Voyons si tout cela n'est pas aussi de la plus scrupuleuse exactitude. Relisons quelques-uns des prospectus auxquels je viens de faire allu sion et, après lecture, vous qualifierez vous- mêmes, messieurs, le procédé je crois que vous le qualifierez plus durement que moi. Relisons donc quelques passages de quelques prospectus. Ici l'orateur passe en revue les prospectus des émissions auxquelles il est fait allusion et recommandant des emprunts pour entreprises qui ont fini par une debàcle. 11 continue en ces termes Et toutes ces opérations ont eu le même sort la suspension de payement Les deux ou trois premiers coupons ont été payés, et payés, sans nul doute, au moyen des fonds mêmes de la souscription. Et cette exactitude dans le payement s'expli que très bien on ne pouvait donner l'éveil, toutes les émissions n'étaient pas faites, il fallait inspirer confiance il restait des dupes faire si 1 on n'avait pas payé les premiers coupons, le {mblic n'aurait plus rien souscrit Mais lorsque 'on a été assuré que l'épargne de notre pays, saignée blanc, commençait voir clair dans toutes ces véreuses opérations, oh alors plus de ménagements garder, pas d'efforts pour payer les intérêts. On a fait banqueroute et la valeur des titres émis baisse de 60, 70, et même 84 p. c.! Vous le voyez, on a eu soin d'allécher le public par les moyens. On disait Ce sont des actions, des obligations, des emprunts qui offrent un repos absolu ce sont des placements de père de famille. On paie 6 p. c. 6 p. c. en or, il y a là des garanties immenses Souscrivez Et l'on souscrivait. Lorsque les fonds des souscriptions ont été encaissés, sont arrivées, tout de suite, les sus pensions de paiement Voyez, dans la cote, le lamentable tableau des obligations dont les coupons sont en souffrance Le nombre en est énorme. On a fait banque route. Ces titres, émis dans les conditions que je vous indiquais, sont tombés de formidable façon. Nous chiffrerons tout l'heure l'importance des pertes Et dire que les prospectus des Cata Marca, des Uruguay et de tant d'autres étaient aussi pompeux, étalaient les mêmes avantages, men taient aussi effrontément Et les Uruguay, émis 82 fr. 50 c., étaient tombés 44 fr. 50 c. fin 1891 les Tramways de Rome, émis 300 francs, étaient tombés 9 fr et tant d'autres affaires qui ont été émises chez nous et qui n'ont laissé derrière elles que la ruine et la désolation Voulez-vous savoir, messieurs, ce que sont devenues les obligations dont je vous parlais tout l'heure et dont je vous ai lu les prospec tus si alléchant Voici leur valeur fin novembre 1891. Il résulte du tableau publié dans les Annales parlementaires, que les Cordoba, payés 13,850,000 francs, valaient, fin novembre 1891, 2,770,000 francs moins value, francs 11,080,000, ou 80 p. c. Sur les Tucuman nous relevons une perte de 58 p. c. de 67 p. c. sur les San Juan de 80 p. c. sur les Corrientes de 74 p. c. sur les Santa-Fé de 84 p. c. sur une autre émission de Cordoba de 65 p. c. sur les Argentins 4 1/2 p. c. et de 78 p. c. sur les Mendoza. Ces huit valeurs, qui ont été payées 282,675,000 francs, étaient cotées, la Bourse de fin novem bre 1891, 76,926,000 francs soit une perte de 205,749,000 francs ou 72 p. c. Il ne s'agit ici que des valeurs dont l'honorable représentant a lu des extraits des prospectus. Il continue Voulez-vous vous faire une idée une idée seulement des pertes subies par notre pays Je dis pertes pour notre pays, parce que je ne Iiarle que d'émissions faites en Belgique, et, on e sait, ces émissions ont été souscrites, pour ainsi dire, par les seuls Belges. Pour vous donner une idée de ces pertes, je ne vous ferai pas le martyrologe de notre épargne nationale ce serait absolument trop long et il me faudrait, pour le faire complet, une centaine de pages peut-être des Annales parlementaires Oh je ne remonterai pas bien haut. Je ne chiffrerai pas les millions que nous ont coûtés et la Banque belge du commerce et de l'industrie, et les émissions Philippart et les émissions des chemins de fer espagnols et des chemins de fer portugais ces derniers ont été surtout ruineux pour notre pays. Je ne parlerai pas de centaines de valeurs du même genre. Je ne parlerai que de quelques emprunts émis en Belgique dans le cours des trois dernières années et dunt un jour nal spécial donnait le relevé il y a quelque temps. Je me bornerai vingt-cinq émissions. Je ne remonterai donc pas au-delà de 1888, et remarquez que je ne relèverai que des émissions faites en 1888,1889 et dans les premiers mois de 1890. Or, ce tableau comprend vingt-cinq em prunts émis en 1888, 1889 et 1890. Ce ne sont pas tous les emprunts émis pendant ces années. Richald en passait et en oubliait beaucoup. Pour ces vingt-cinq emprunts, les souscrip teurs ont verse 628,803,000 francs en or. Au cours du 29 avril 1893, ce capital ne repré sentait plus que 224,585,900 francs, soit une moins value de 404,317,100 francs, plus de 64 p. c. Perte de 404,317,100 francs. M. Richald a terminé dans la séance de Mardi son discours contre les exploiteurs de l'épargné belge. Des différents côtés de la Chambre on a adhéré la conclusion de honorable représen tant de Bruxelles demandant que des mesu res sérieuses soient prises enfin pour empêcher autant qu'il est possible les floueries. M. Delbeke, appuyant M. Richald dans sa campagne contre les émetteurs de valeurs... douteuses, a émis lavis que parmi les mesures législatives prendre on ne ferait pas mal de songer un peu aux journaux. D'accord. Il faut atteindre, en effet, les jour naux qui se font les complices des ravisseurs de l'épargne publique. Mais nous estimons qu'il faut, ayant pareil travail sur le metier parlementaire, faire besogne complète et profiter de la circonstance pour légiférer propos d un las de sénateurs et de représentants qui font argent, dans une foule il entreprises et d'administrations indus trielles, de leur qualité de mandataire de la Nation vieux cliché. Oui, il sera bon quand on mettra la main celte pâte-Richald de songer aussi un peu ces Messieurs du Parlement On lit dans Etoile Belge, sous la rubrique Correspondance particulière en date du 23 Mai On dit le gouvernement très préoccupé du choix faire pour remplacer M. le substitut Stellingwerff. La nomination qui s'impose est celle d'un magistrat qui soit de taille soutenir le poid3 des assises, souvent importantes dans la pro vince. Aussi, dans cet ordre d'idées, aucun des can didats namurois ne paraît devoir recueillir le bénéfice de la faveur ministérielle. La lutte serait établie, dit-on, entre trois avocats liégeois MM. Gonne, Troisfontaine et Schuermans, ce dernier fils du premier président de la cour d'appel de Liège. Quant la place de greffier la justice de paix du canton de Namur-Nord, vacante par suite du décès du titulaire, M. Dermine, elle serait d'ores et déjà dévolue M. Dohet, candi dat-notaire, frère du représentant de l'arrondis sement de Namur. Les concurrents évincés exhalent leurs plaintes en termes amers. Mais ils ont beau dire Pour être député, on n'en est pas moins homme et quand on a fait si souvent les affaires des électeurs, c'est bien le moins que, l'occasion, on fasse un peu celles des siens. Gomme ici donc, d'après les bruits qui cou rent. On lit encore dans la même correspondance Il n'est bruit au palais de justice que d'un petit scandale provoqué par un jeune avocat clérical, trop avide de clientèle. Ce personnage, qui parvient obtenir de temps autre de cer taine presse des articles où ses louanges sont pompeusement célébrées, a estimé que les affai res n'affluaient pas en son étude, en raison de la transcendance de ses capacités. Ainsi que l'avo cat du procès Veauradieuxil avait peut-être des clients, mais ceux-ci n'avaient pas de procès. Dans le but d'obvier la désertion de son cabinet, le Cujas en question s'adressa des huissiers, et leur promit de partager avec eux les honoraires dans toutes les causes qu'ils lui procureraient. Ces procédés, contraires aux règles de la délicatesse et de la dignité professionnelle, fu rent dénoncés au conseil de discipline, qui aura sous peu apprécier la conduite de ce singulier confrère. Pareils procédés sont, paraît-il, encore en usage ailleurs. Mais la justice disciplinaire a parfois, dit-on, d'étranges indulgences. Le membre de la sacrée rédaction du Jour nal 7> spécialement chargé de traduire les indignations de ses compères cause, appa remment, de la disposition de ses épaules, toujours haussées de mépris), ce membre, di sions-nous, s'est fort exclamé au sujet de la conduite de certains messieurs lors de l'offrande durant une messe de requiem. Peut-être bien qu'il n'a pas eu, cette fois et par exception, ab solument tort. D'aucuns opinent, en effet, que lorsqu'on va l'égiise et l'offrande, ce ne doit être que pour s'y comporter comme l'ordinaire des fidèles, et la thèse est, ce nous semble, par faitement soutenable.Mais, sans vouloir prendre parti dans la question, il nous est, ce propos, ressouvenu de la façon dont se conduisait na guère, l'occasion de cette même cérémonie de l'offrande, un dignitaire du culte, décédé il y a quelques années. Nous voulons parler de l'ancien curé-doyen de S1 Martin, feu M. le Chanoine Boone. C'était l'époque de ce qu'on est con venu d'appeler la guerre scolaire. Eh bien donc M. le doyen avait imaginé de refuser la patène tous ceux qui, par devoir de fonction, avaient prêté la main l'exécution de la loi de 1879 (1). Quand il arrivait un de ces coopérateurs, assis tant un service de funérailles, de se rendre l'offrande, M. le doyen officiant ramenait sour noisement le petit vase sur sa chasuble, et laissait filer le personnage sans lui permettre le baiser de paix. C'était chose assez déplaisante, les pre mières fois s'entend car bientôt les ref usés en prirent leur parti et passèrent en observant la distance de leur côté. 11 arriva même cette époque une petite aventure qui amusa tout le [Organe de Mons i t525 -i (1) On sait que M le doyen a eu recours encore d'au tres représailles. S'informer au besoin chez l'honorable Président du Tribunal civil. (N. D. L. R.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2