Modes civiques. L'Exposition d'Anvers. Le ballottage de Laeken. La question musulmane en Afrique. AVIS. M. Hanssens interpellera le gouvernement sur les mesures prendre cause de la sécheresse. L'interpellation est fixée la semaine prochai ne. La séance a été remise Mardi. Il est question, en haut lieu, de modifier l uniforme de la garde civique. On supprimerait l'honnête et bon trois François, accusé de ne pas avoir lallure assez militaire. On le remplacerait par le képi pompon de l'armée française, dont le principal avantage est de ne protéger ni contre la pluie, ni contre le soleil. Le collet de la vareuse serait l'avenir droit au lieu d'être rabattu. Bref, on retomberait dans les anciens travers consistant h vouloir donner aux bourgeois l'air soldat. A cela se bornerait la réorganisation de la garde civique. Tant pis I Enfin l'on commence parler de l'exposition d'Anvers Les travaux vont prendre une nou velle allure. Les deux grands blocs formant l'un les Halles de l'Industrie, l'autre les Halles aux Machines, sont entièrement clôturés et les en trepreneurs ont pu mettre la main l'oeuvre. Ce sont les Aciéries d'Angleur qui ont pris les devants. La plupart des piliers de fondation des Halles aux Machines sont creusés profon deur, et les fondations de la façade vers le Musée sont commencées. Dans le bloc des Halles de l'Industrie, on a commence Jeudi malin la pose des voies fer rées, et ce travail, pour lequel on doit exécuter un remblai de 18,000 mètres cubes de terre, est mené avec une célérité telle qu partir d'aujourd hui quatre cinq trains de quarante wagons rouleront sur toute la longueur de la grande galerie centrale. Plus de 500 mètres de voies ont été posés en trois jours. Les entrepreneurs des Halles de Industrie comptent commencer leurs fouilles cette se maine. Les approvisionnements de matériaux sont faits. Hier matin est arrivé au département de l'intérieur l'arrêté royal validant le scrutin de ballottage qui a eu lieu Laeken le 30 Avril dernier. On sait que le ballottage avait été cassé par la députation permanente et que le gouverneur,sur l'ordre du ministre de l'intérieur, avait pris son recours au Roi. Aux termes de l'art. 263, 3, du code électo ral, le Roi devait statuer dans la quinzaine dater du pourvoi. Le délai expirait dans l'es pèce le 31 Mai, et la députation, n'ayant pas reçu l'arrêté royal de validation cette date, devait immédiatement notifier sa décision elle, c'est-à-dire l'invalidation du ballottage, au con seil communal de Laeken. La députation permanente devait donc, le 1er Juin au plus tard, ordonner la convocation du corps électoral pour procéder un nouveau bal lottage. Elle a tardé le faire aussi en a-t-on profité en haut lieu pour annuler sa décision, après le terme légal. L'arrêté royal, il est vrai, est daté du 30 Mai, mais il n'en est moins constant que son existence n'a été connue du département de l'intérieur lui- même qu'à la date du 2 Juin, soit deux jours après le délai fatal. Il en résulte que les élus du ballottage ne sont pas régulièrement nommés et que les déci- SL' sions auxquelles ils prendront part pourront être arguées de nullité. Cela promet de beaux jours pour les avocats. Le Temps a publié la relation du voyage de la mission Maistre, qui vient de parcourir une partie de la zone qui séparé le Congo du Niger, et il a tait précéder ce récit d'un article surTls- lam dans l'Afrique Centrale, dû la plume du chef de lexpedition. Fait intéressant noter, M. Maistre partage entièrement la manière de voir de notre com patriote Jérôme Becker l'endroit des musul mans d'Afrique. Il constate que ceux du Baghir- mi et de l'Adamoua, avec lesquels la mission a été en contact direct, et ceux du Bornou et du Sakoto, avec lesquels elle s'est trouvée en rela tion, ont eu vis-à-vis d'elle une attitude Îileine de franchise et de loyauté et lui ont ait un accueil des plus cordiaux. Comme l'explorateur belge, M. Maistre trouve que le développement de llslam amène dans ces pays un progrès considérable. Telles peu plades, hier encore en proie la barbarie, chez qui la conception politique et sociale ne dépas sait pas la famille et le village, chez lesquelles la guerre intestine régnait l'état endémique, ces peuplades, aujourd hui sous la dépendance d'un souverain musulman, sont dans un état de civilisation certainement supérieur celui des populations que l'Islam n'a pas encore attein tes. Reconnaissant d'ailleurs que la conquête mu sulmane ne va pas sans provoquer de prime abord des ruines et des effusions de sang. M. Maistre n'en est pas moins d avis que, la civili sation musulmane marquant un indéniable pro grès sur les rudimenlsdorganisationsociale des fétichistes, la sagesse politique commande d accepter l'organisation musulmane là où elle s'est établie. Il faut, dit-il, s'en servir au lieu de la com battre, et se borner simplement, pour le mo ment. enrayer la traite et le recrutement des esclaves, comme nous l avons fait dans nos pos sessions africaines du Nord et de Ouest. H nous a paru curieux et aussi nécessaire de montrer que l'avis du capitaine Becker est par tagé par un explorateur français. Sans vouloir prendre parti dansja discussion au sujet de l'utilité ou du danger de l'influence musulmane, nous ne laisserons pas de faire re marquer que si peut-être on s'était borné l'envisager sous l'angle qu'on pourrait qualifier d'opportuniste, on se fût facilement mis d'ac cord. Il semble, en effet, résulter des témoigna ges contraditoires des explorateurs que, dans certaines parties de l Afrique centrale, là où le monde musulman n'est pas d'un fanatisme ou tré, il rend d'incontestables services la civili sation, mais qu'il en est tout autrement dans certaines parties du Congo belge, entre autres. Ainsi que dans bien d'autres choses en ce bas monde, tout est relatif dans la question musul mane en Afrique. C'est sans doute ce qu on aura oublié au cours de la discussion et ce qui l'a si singulièrement embrouillée pour nous autres profanes. L'Exposition de Chicago. Encore un extrait d'une lettre de Chicago Je ne surprendrai personne, en déclarant qu'à l'occasion de l'Exposition on a furieuse ment boomé. Les imaginations se sont donné car rière. D'ingénieux calculateurs ont établi, quelques centaines près, le chiffre des visiteurs qui pourraient, en un jour, passer dans les tour niquets de la World's Fair. Sur ce point toutes les précautions avaient été prises. La flottille de steamers était en mesure de transporter de huit dix mille personnes l'heure, les trains de Y Illi La statistique officielle a ramené ces magistra les fantaisies dans les limites d'une réalité plus modeste. Elle constate que, le Lundi lr Mai, jour de l'ouverture, 141,000 personnes ont fran chi l'enceinte de Jackson park. Si l'on y ajoute le public non payant, fonctionnaires, exposants, ouvriers et employés de tout genre, ou arrive 200,000 en chiffres ronds. Le lendemain, ce nombre avait singulièrement fléchi. Il tombait 14,000, et je ne crois pas qu'il se soit relevé sensiblement depuis, bien que le temps soit rela tivement beau. Réparti sur un espace aussi con sidérable, ce public paraît bien clairsemé. Pour animer les carrefours et les places, les palais, les jardins, les canaux sinueux de la ville blanche, il faudrait une affluence de deux ou trois cent mille promeneurs. Encore y circuleraient-ils l'aise. Aujourd'hui cela semble vide. Les maga sins, les banques, les usines, clos en l'honneur de l'inauguration, sont de nouveau en pleine fièvre. Chicago a ressaisi son peuple de spécula teurs, d'ouvriers et de commis. Les représentants des divers Etats de l'Union, accourus pour as sister aux têtes, ont regagné leur ranch ou leur mine. Mêlés aux délégués étrangers, ils ont donné la fête le cachet cosmopolite. Cosmopo litisme spécial pourtant, dont l'Amérique fait peu près tous les frais. L'Europe n'a pas encore donné. A supposer qu'elle se décide, ce ne sera pas, j'imagine, avant un mois ou deux. Les na tionaux, de leur côté, attendront selon toute ap parence que la saison soit plus favorable, l'Ex position complètement installée. Les barbes en broussaille, les faces bronzées du Texas et de l'Arizona ont disparu. On n'aper çoit plus, errant sous les péristyles, dans les al lées du parc, par petits groupes, qu'une popula tion dont le ton neutre s'harmonise avec celui de la campagne qui se déroule perte de vue autour de Chicago, plate et nue, encore engour die par l'hiver. Ces gens déambulent pas lents, sans gaieté, prenant leur plaisir en silence. Rien de l'épanouissement, de la joie expansive des foules lâchées dans le Champ de Mars des clients de l'agence Cook visitant un musée. Ce musée prend, d'heure en heure, meilleur air. La pluie a cessé le soleil brille, avivant la pâle verdure des pelouses, faisant monter les sèves et jaillir les premières pousses. Les stucs sèchent les taches lépreuses s'effacent aux frontons des palais les terrassiers, secondés par les rouleaux vapeur, achèvent d'affermir les chaussées. Dans les salles, l'ensemble est encore élastique, mais, sur plus d'un point, un com mencement d'ordre apparaît. Pour se conformer au désir d'un certain nom bre de Sociétés qui ne se trouvaient pas encore en mesure de prendre une détermination défini tive, le Comité d'organisation du Concours international musical de Grenoble vient de décider que les adhésions seraient reçues jus- u'au 10 Juin inclusivement, prorogeant ainsi e dix jours le délai primitivement indiqué. Malgré leur bonne volonté, il est impossible aux organisateurs d'accorder un délai plus long, les convenances s'y opposent, autant que divers engagements précédemment pris. Les Sociétés intéressées voudront bien les excuser, et faire le nécessaire pour que les formalités imposées en cas d'adhésion soient accomplies par elles en temps utile. Donc, le 10 Juin au soir, on ne recevra plus d'adhésions pour le beau concours de Grenoble. Les Sociétés retardataires feront bien de méditer cette date si elles veulent éviter le regret d'avoir manqué l'occasion de participer l'une des plus belles fêtes populaires artisti ques de l'année. M. Cuziat, pharmacien Corlay, a commis, la semaine dernière, une erreur qui a eu de dou loureuses conséquences. nois Central et de VElcvated railroad, quatre fois autant, sans parler des compagnies de tramways câble et chevaux, au total un million de voyageurs véhiculés entre l'aube et la nuit. C'est beaucoup, même pour Chicago. «O0& "fr Fatale erreur d'un pharmacien.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2