Libérale
55e ANNÉE.
29 Juin 1895.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
de l'arrondissement d'Ypres-
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 24 JUIN 1893.
La séance est ouverte vers 9 heures du soir,
sous la présidence de M. Cornette. Le comité
est au complet.
La grande salle de la Bourse présente un as
pect fort animé. Les membres de l'Association
ont voulu témoigner, par leur affluence, de l'in
térêt qu'ils attachent la question du jour la
question de la suppression des écoles communa
les.
Voilà un exemple réconfortant, et qui nous
laisse espérer que la majorité actuelle com
prendra toute l'horreur de l'acte auquel on la
convie et que, mieux avisée, elle saura faire ren
trer dans les cartons ce malencontreux projet,
pour toujours.
Cependant, ne nous endormons pas. Cette
fois, il ne s'agit pas seulement du Collège com
munal, ce qui est déjà infiniment trop, il s'agit
encore des écoles gardiennes payantes de Mme
Juncker et de Mme D'Hazeleire et des écoles
d'adultes. Déjà on a supprimé l'école gardienne
gratuite et on l'a transportée aux sœurs, espérant
qu'en tuant la pépinière, l'école primaire mour
rait d'elle-même. Ce qui nous est réservé pour
plus tard, il n'est pas difficile de le deviner.
Et sous quel prétexte, cet odieux sacrifice se
rait-il perpétré Pour motif d'économie, dit-on,
pour créer les ressources nécessaires aux dépen
ses que nécessitera le supplément de la distribu
tion d'eau. Il faut faire des économies Erreur,
faux prétexte, mensonge
Des économies Nos maîtres sont-ils donc si
économes Qu'ont-ils fait des excédents que
l'administration libérale leur a laissés L'ex
cédent a disparu il y a plus, on constatera
bientôt un déficit, et ils n'ont encore rien fait,
aucun travail de quelque importance. Que sera-
ce quand ils feront quelque chose, si toutefois
ils font jamais quelque chose Des économies
Mais il est facile de prédire que quand ils auront
démoli notre enseignement, il ne restera pas un
son pour couvrir les dépenses auxquelles ces
prétendues économies devront pourvoir. Des
économies Est-ce faire des économies sur l'en
seignement que de retirer, comme on l'a vu,
4000 fr. de l'école gardienne D'Hazeleire et d'en
doter les sœurs de l'ex-écoie Lamotte Sans
compter l'hôtel Hynderick dont jouissent ces
excellentes sœurs et où on logera un concierge
qu'il faudra payer Qu'a-t-on fait aux Pom
piers Sans parler des nouvelles pompes qui ont
coûté plusieurs milliers de francs, dépense folio
au dire des anciens pompiers qui manœuvraient
parfaitement avec leur outillage, est-ce de
l'économie que cette augmentation d'hommes,
de tambours et de clairons Pourquoi ce luxe
A voir cet appareil tapageur, ne dirait-on pas
un régiment français marchant,non l'incendie,
mais l'assaut de la tour de Malakoft Et c'est
de l'économie cela
Nos maîtres sont occjjpés organiser une
école de musique. Une école de musique, c'est
très bien quand on a l'argent disponible, mais
ce n'est pas le cas. On ne détruit pas les écoles
primaires, les humanités, pour jouer du violon.
Le violon après le livre, la flûte après l'arith
métique, voilà ce que fait une administration
qui comprend ses devoirs.
Quand on aura supprimé les instituteurs et les
institutrices, il faudra leur payer un traitement
d'attente. Là où J'on paie aujourd'hui 1200 fr.,
il faudra en payer 100O. Il est joli le profit Et
quand on aura fait ce bel ouvrage, on subsidiera
les écoles S1 Joseph, S1 Aloïs, et toutes celles
qu'on adoptera. Et les 8000 francs que coûte le
Collège, au dire de Messieurs Iweins, Begerem,
Breyne et consorts, ne suffiront pas pour faire
face ces postes nouveaux. Et l'on aura du
même coup perdu les subsides du gouverne
ment ainsi qu'un personnel de professeurs et
d'instituteurs qui tous dépensent en ville ce
qu'ils ont. Mais cela ne fait rien, la ville est
riche et les maisons n'ont qu'à être habitées par
les rats, s'il n'y a plus de ménages pour les
occuper.
Et toutes nos belles institutions qui font la
gloire et l'honneur de notre antique cité auront
disparu, et la ville descendra au rang de nos
plus sombres bourgs-pourris Voilà l'avenir.
Je n'examine pas, dit le Président, s'il n'y a
pas certaines économies faire dans certaines
écoles, ce qui est possible, la rigueur, mais
une chose évidente, indiscutable, c'est que les
gaspillages aux Pompiers, l'école de musique,
les traitements d'attente dette obligatoire
les subsides qui vont déjà aux petites sœurs et
ceux qui y trouveront leur destination ulté
rieure, mangeront amplement ce qu'on aura en
levé l'enseignement, et on sera sans enseigne
ment public, et on n'aura pas encore un
maravédis pour les eaux alimentaires
Ce n'est donc pas par esprit d'économie qu'on
détruit le Collège et qu'ou supprime les écoles
gardiennes. Le motif, le vrai motif, le Journal
d'Ypres ne le cache pas il le dit en toutes let
tres. Voici ce que nous lisons dans son numéro
du 21 Juin: C'est la ferme intention qu'ils (les
cléricaux) ont manifestée de donner enfin satisfac-
Entendez-vous les adversaires politiquesVoilà
ce qu'ils craignent. Ce ne sont pa3 les dépenses
qui les préoccupent ils le prouvent du reste
tous les jours ce sont les libéraux, et c'est le
Journal d'Ypres qui le dit, et il ne l'aurait pas
dit, que nous l'aurions bien su tout de même.
Maintenant jugez et dites-nous s'il leur faut
des esclaves ou des hommes libres
Car cet enseignement, parce qu'il n'est pas
donné par des petites sœurs ou des hommes en
robe longue, est-il si mauvais, est-il si funeste,
comme on voudrait le faire croire Quand je
vois, rien qu'à ne parler que du Collège commu
nal, ce qu'il a produit, je trouve partout, dans
toutes les carrières, des hommes marquants et
qui n'ont dû leur instruction qu'à ce maudit
Collège. Dans la magistrature, je trouve d'an
ciens élèves la Cour de Cassation, dans les
Cours d'appel, dans les tribunaux inférieurs
dans l'armée on compte des généraux, des colo
nels, des officiers de tous grades dans le génie
civil, des ingénieurs, des conducteurs dans
l'enseignement, des professeurs d'Université,
d'Athénée, etc. la Chambre, des représen
tants catholiques je dis bien, des représen
tants catholiques je connais même des
curés formés ce satané Collège et plus près
de nous, l'Hôtel de Ville, au Conseil commu
nal, n'y a-t-il pas des membres très remuants de
la majorité cléricale Et c'est un mauvais Col
lège, cela, qui produit de pareils fruits
Et le Collège épiscopal, puisqu'il est bien
permis d'en dire un mot, est-il donc la fine
fleur de la science Comment se fait-il que
quand un élève de cet établissement cher au
cœur de nos maîtres, se met dans la tête d'abor
der l'école militaire, le génie civil, les ponts et
chaussées, ou simplement se propose d'entrer
dans l'administration des chemins de fer et
télégraphes, comment se fait-il qu'il doive,
pour sa préparation, s'adresser l'un ou l'autre
professeur de cet infect Collège communal
Je n'en dirai pas davantage, mais quand j'exa
mine froidement la situation, je ne puis croire
qu'à l'Hôtel de Ville on soit assez aveugle pour
ne pas voir toute l'horreur du coup de parti
qu'on y médite, et qu'on ne s'y décide pas enfin
détourner ce glaive de vengeance qui est sus
pendu sur nos têtes.
De notre côté nous ne négligerons rien de ce
qui peut sauver l'enseignement du bûcher qui
est là prêt le dévorer, et nous nous proposons
de porter, nous-mêmes, l'Hôtel de Ville,
l'adres3e dont voici le contenu.
Un membre demande si le Bourgmestre
sera là pour recevoir la délégation
Le Président. Il parait que non et c'est
fâcheux.
Un membre. Il se dérobe. (Cris, mur
mures).
Le président donne lecture du document en
question.
11 est conçu dans les termes que voici
l\° 52. Jeudi,
LE PROGRÈS
VIRES AC0CJIR1T KENDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
*•- 11 a, '4k
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Proches Pour
le rcxttnt de la Belgique et de l'Etranger I'Acence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Monsieur le Président prend la parole et, dans
un discours très écouté, que nous regrettons de
ne pouvoir reproduire en entier, il annonce qu'il
se renfermera dans la question brûlante du mo
ment il expose que jamais la ville d'Ypres ne
s'est trouvée en face d'un malheur aussi grand
que celui dont elle est menacée et qui, s'il se
réalisait, la frapperait la fois dans sa prospé
rité matérielle, intellectuelle et morale. Cepen
dant une ritantien analogue s'est présentée, il y
a longtemps de cela c'était avant 1840. Alors
aussi, le Conseil communal avait une majorité
catholique, et cette majorité avait, comme celle
qui nous gouverne, décidé la ruine dn Collège
pour laisser le monopole de l'enseignement au
Collège épiscopal qui venait d'être créé. La
prospérité du Collège communal portait ombra
ge aux purs de l'époque le Conseil était réuni,
appelé délibérer sur ce passionnant objet.
L'anxiété était grande. Il fallait trancher la
question, et, les votes paraissant acquis cette
œuvre de destruction, on allait procéder l'exé
cution finale, quand, par un coup providentiel,
une voix se détacha de la majorité, et le Collège
fut sauvé. 11 n'y eut partout en ville qu'un cri,
un cri d'allégresse, un cri de délivrance. Grâce
cet homme de bien qui se refusa cette fla
grante injustice, depuis lors le Collège a conti
nué sa mission d'éducation et d'instruction, la
satisfaction de la grande majorité de la popula
tion Yproise.
n tion aux longues et justes réclamations des catholi-
n quesen les exonérant d'une charge aussi accablante
qu'injuste celle de soutenir un enseignement dont
ils ne veulent pas pour leurs enfants et QUI NE
n SERT QU'A FORMER DE FUTURS A D-
VERS A IRE S POLITIQUES.