Camarades, debout Manifestation du Dimanche 25 Juin. Il faut les croire. ON DEMANDE L'exacte vérité. Impôts. Messieurs les Président et Membres du Conseil com munal <P Ypres. K Dans la séance du Conseil communal du 17 -Juin, Monsieur le Bourgmestre a proposé de supprimer le Collège communal, les écoles d'a dultes et les écoles gardiennes payantes. (Les écoles gardiennes gratuites l'étant déjà depuis près de deux ans, au profit des écoles des reli gieuses.) La minorité, par l'organe de M. de Stuers d'abord, par celui de M. Brunfaut ensuite, a vi vement protesté contre cette mesure laquelle nul ne pouvait s'attendre, étant données les dé clarations rassurantes avant les élections, et les dispositions bienveillantes manifestées depuis l'égard du corps enseignant. n Aussi, peine répandue en ville, cette nou velle jeta partout la consternation, et un senti ment mal contenu de révolte s'empara des esprits. C'est que la population d'Ypres, dans ses différentes classes, est attachée ses établis sements d'instruction, comme un enfant bien-né son bienfaiteur, comme un fils son père, et elle ne saurait sans frémir y voir porter une main destructrice. Dans l'intérêt de la paix, dans l'intérêt des égards qui doivent régner entre administrateurs et administrés, nous venons prier instamment MM. les membres du Collège et de la majorité du Conseil de ne pas donner suite leur malheu reux projet. S'il faut des économies qu'on les fasse; qu'on cherche des ressources, mais que ce ne soit pas en sacrifiant l'enseignement, le premier des be soins. Nous le savons, des mesures administratives en vue d'impositions nouvelles ont déjà été pro posées et aussitôt repoussées par le cri public mais si ces mesures ont été retirées devant la désapprobation générale, une réprobation autre ment vive, nous disons même, autrement vio lente et dangereuse que la première, a accueilli les dernières et nous ne saurions assez insister pour qu'il en soit tenu compte. D'ailleurs, un principe généralement admis dans les sociétés modernes, c'est qu'on ne saurait sans inconvénients graves, imposer une instruc tion celui qui la repousse, et qu'il doit y avoir des écoles pour tous, en harmonie avec les ten dances diverses de la société. Supprimer les écoles officielles, serait, non seulement livrer l'enseignement tous les hasards de l'inconnu, ce serait en plus une monstruosité aussi grande que de supprimer leurs rivales. En cette matière délicate, liberté pour tous et contrainte nulle part telle doit être notre devise. n Nous avons confiance, Messieurs, qu'il sera fait droit ce grand principe et que les justes réclamations qui surgissent de toutes parts au tour de nous, même parmi les plus modérés, et dont nous nous faisons ici le faible écho, trou veront grâce devant des magistrats qui ne sau raient prendre le rôle de factieux, et qui, mieux éclairés, sauront par respect pour leurs adminis trés, sauvegarder les droits de tous et maintenir la paix, première condition du bonheur d'une nation, Ypres, le 25 Juin 1893. La lecture de cette adresse est couverte par les applaudissements unanimes de toute la salle. Personne n'émettant d'observations sur sa ré daction, le texte de la requête est adopté et est couvert, séance tenante, des signatures des an ciens Échevins, des Conseillers communaux, des Présidents ou Membres de l'Association libérale, du Denier des Ecoles, de l'Union des Anciens Elèves du Collège, du "Willems-Fonds, de la Société de3 Capacitaires, etc. Monsieur Vermeulen demande la parole et s'ex prime en langue flamande. En termes heureux, il appuie énergiquement le discours du Prési dent. Il démontre, comme l'a fait l'orateur pré cédent, que le but de nos maîtres, en détruisant l'enseignement, n'est pas de viser l'économie, que cette question d'économie n'est qu'un pré texte et qu'un leurre. Mais le moment est me naçant A côté de la défense de nos foyers et de nos intérêts matériels, la défense la plus sacrée c'est celle de notre enseignement. Chacun doit déployer sa part d'énergie et engager ses ami3 participer la manifestation du lende main. La jeunesse doit venir nombreuse il faut démontrer qu'il s'agit d'une œuvre sérieuse et qui a l'adhésion générale. Vives acclamations La séance est levée au milieu d'un enthousias me de bon augure. j...gaiCfeGà™' -n. Vers onze heures du matin, environ trois mille personnes de tout âge et appartenant toutes les classes de la Société Yproise, se sont réunies la Petite Plaine, et de là se sont rendues, par la rue des Bouchers et la rue au Beurre, l'Hô tel de Ville. Le cortège, sur tout son parcours, s'avançait calme et digne, entre une double haie de con citoyens visiblement sympathiques. Aucun cri hostile, aucune manifestation bruyante Arrivé l'Hôtel de Ville, le groupe délégué par les ma nifestants pour remettre la pétition Messieurs les Président et membres du Conseil Communal de la ville d'Ypres a été gracieusement reçu par un concierge chargé de représenter notre Père de la Cité Le cortège s'est dissous, en commentant l'évé nement du jour. s—- Par l'organe du Journal d"Ypres, MM. Baus Charles et Van Raes id. nous apprennent que la caisse de grand'mère n'est intervenue en rien dans les frais qu'a nécessités leur participation au Congrès de pompiers tenu dans la capitale de la belle Albion. Le beau commandant, celui qui n'aime pas la parade, le 3me échevin de la ville, l'excellent chef des Jiremen Yprois, a été là-bas l'Ecole et, au dire du Journaly a fait une ample moisson de renseignements dont il saura l'occasion faire bénéficier le corps placé sous ses ordres. Nous ne doutons nullement qu'il en sera fait ain si. Mais M. Charles, s'il porte l'aigrette par dévouement, devrait publier un rapport sur ce Congrès nous l'avons demandé dans notre avant dernier numéro. Le.... Journal a répondu cette demande en disant que si nous tenons tellement voir paraître un rapport nous n'avons qu'à nous aboucher avec le brav'commandant et lui faire des offres convenablesNous savions que le 3me échevin était marchand de fer, placeur de poêles l'Académie et dans d'autres établisse ments de la ville, fournisseur de coffre-forts, de bouches incendies.... etc., etc.,etc., mais nous ignorions complètement qu'il fût marchand de rapports au fait, il n'y a pas de sots métiers, il n'y a que des sottes gens. Si nous demandons voir paraître un rapport, c'est dans l'intérêt de tous les Yprois qui sont les premiers intéressés, puisque ce sont les bourgeois qui éteignent les incendies et écartent tout danger avant même toute apparition d'un casque. Si vous tenez tellement àvendre votre rapport, M. Baus, adressez-vous vos amis de l'Hôtel de Ville quelques centaines de francs ajoutés aux 40.000 frs que nous a coûté le corps des pom piers dans l'espace d'un an et demi, ne fera pas l'affaire. Du reste les hommes de la nuit du 1er Février 1891 ont besoin de vous, ils n'oseraient rien vous refuser, vous leur êtes de trop grande utilité dès que vous jetez votre aigrette dans la balance, ils plient, ils cèdent. Abouchez-vous donc avec M. le baron, qui vous donnez, de temps autre, des conseils qui sont fidèlement suivis, et vous trouverez acquéreur. La caisse communale vous aura ainsi, d une façon détour née, payé vos frais d'excursion. En parlant de M. Van Raes, nous avions dit, ce que personne en ville n'ignore, qu'autrefois il était libéral. Le Journal appelle cela une mal adresse. 11 est évident, dit-il, que si le médecin en question avait jamais été libéral, il n'aurait pu appartenir qu'à l'espèce intelligente du libé ralisme. L'e3pèce intelligente du libéralisme se nourrit donc, comme le faisait anciennement M. Van Raes, de curés et de petits-frères L'aveu est retenir. Le Journal ajoute que le parti libéral a été déshonoré par le changement de casaque de M. Van Raes Ouf n'en parlons plus. Acquéreur pour le rapport du Congrès de pom piers tenu Londres. S'adresser, avec des offres convenablesrue de Lille, Ypres. Les curés leur ont dit La fin justifie les moyens. Et mettant en pratique la perfidie et la mau vaise foi qui résultent de l'Ecole cléricale, ils produisent, au sujet des établissements mena cés, des calculs grossièrement faux qui seraient ridicules et burlesques s'ils n'étaient odieux et écœurants Voici, encore une fois, pour ce qui concerne le Collège, la situation vraie L'Etat intervient dans les frais pour 1 2,000 fr., la ville pour 8000 fr. Le personnel du Collège laisse ses appointe ments en ville la suppression de cet établisse ment obligerait les parents des élèves faire l'étranger des dépenses qu'ils sont forcés de faire ici. En sorte que pour la petite somme de 8,000 fr. si bien placés, ces traîtres aux intérêts intel lectuels et matériels de leurs concitoyens, vou draient d'un seul et brutal coup, enlever au mouvement de la ville, qui n'est déjà pas si grand, la somme, bon an mal an, de 40,000 fr. Fanatisme Ou démence Ils disent encore que, si on leur donne carte blanche, si on leur laisse supprimer le Collège communal, la ville ne sera pas imposée. Ils mentent La petite somme de 8,000 francs n'est rien côté de la somme énorme, 800,000fr, qu'ils réclament elle serait absolument insuffi sante pour payer l'intérêt de cet emprunt en pro jet, de sorte que, s'ils ne résistent, les Yprois, non seulement, perdront leurCollège communal mais subiront encore les impôts. S'adressant aux ouvriers, ils opposent la ques tion des eaux celle de l'instruction, essayant de les abuser ils voudraient fausser, mal éta blir, faire dévier le débat. La question de l'eau, l'hygiène du peuple, comme celle de l'Instruction, ce capital des pauvres, ne doivent pas être séparées. Elles sont toutes deux populaires et démocratiques au plus haut point. Les séparer n'est ni franc, ni hon nête. S'ils étaient réellement les amis du peuple, au lieu de faire payer par l'Instruction du peu ple les frais del eau du peuple, au lieu de léser d'un côté le peuple pour lui faire plaisir de l'autre, ils songeraient d'autres mesures. Frappant plus haut et moins en bas, ils recour raient peut-être des impôts progressifs sur le superflu, le luxe. Mais, pour cela, ils sont trop égoïstes et n'aiment pas assez le peuple. C'est Samedi prochain que les élus de la fraude et de la tricherie veulent perpétrer le plus abo minable des crimes Destruction de l'enseigne ment populaire M. le Bourgmestre Surmont osera-t-il faire faillite la promesse qu'il a faite et l'engage ment d'honneur qu'il a pris de ne jamais tou cher nos établissements d'instruction qui font l'honneur et la gloire de notre chère ville d'Ypres CAMARADES, DEBOUT Rendez-vous, Samedi 4 heures L'Hôtel de Ville.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2