Sublic moyen, de la suppression de nos écoles 'adultes et gardiennes 2 Il y a moyen de négocier un emprunt 3 1/2 p. c., intérêts et remboursements, celui-ci s'ef- lectuant au moyen de 66 annuités fixes. Sur 850,000 fr. l'annuité serait ce taux 29,750 fr. Il faut ajouter la somme qu'exigera le nouveau service des eaux personnel, matériel, etc. 8,500 fr. La somme annuelle est donc 38,250. D'autre part il figure au budget: 11,400 fr. pour la dette aux Hospices, 8,480 au Bureau de bienfaisance et 4,000 pour le service des eaux. Soit un total de 23,880 fr. déduire. Il reste donc trouver une somme annuelle de 14,370 fr. Les diverses taxes, les divers impôts ont été examinés successivement et écartés cause des réclamations soulevées d'une part et la situation spéciale où se trouve la ville d'Ypres ville de rentiers, d'autre part. Il tant procéder par voie d'économie et c'est sur le budget de 1 instruction seul qu'on peut eflectuer des économies sérieuses. C'est ainsi que le Collège propose la suppression du Collège communal, d'Écoles gardiennes et d'Adultes. Divers membres appuient M. Brunfaut, d'au tres donnent raison M. le Président. Messieurs, La proposition que nous avons discuter aujourd'hui est une des plus graves (si pas la plus grave) que-la majorité du Conseil ait mises en avant depuis son avènement. 7> Étant données les opinions bien connues de no s collègues catholiques, son dépôt, en tant que question de principe,ne m'a pas surpris; mais ce que je ne comprends pas, c'est que la suppres sion du collège communal, des écoles gardiennes et de l'école d'adultes ait été mise l'ordre du jour d'une manière aussi imprévue, et, pour me servir de l'expression si juste de notre honorable collègue M. de Stuers, d'une façon aussi insi dieuse. x En effet,MM., quant au principe,les différen tes mesures prises depuis deux ans contre l'en seignement primaire, (non remplacement d'institutrices, suppression de l'école gardienne de la rue des Chiens), et la suppression du pensionnat annexé au collège communal et l'école moyenne, donnaient si bien la mesure des sentiments qui animent le parti clérical, qu'il était évident pour tout le monde que, la situation extérieure restant la même, la suppression du collège, en dépit des assurances contraires de M. l'échevin Colaert et des promesses de Mon sieur le Bourgmestre, de contribuer la pros périté de notre établissement d'enseignement moyen, la suppression du collège n'était qu'une question de temps. Mais il m'avait paru que dans les circonstances actuelles, dans la crise politique et sociale dans laquelle nous nous débattons, la question de cette suppression devait être ajournée et sa solution être laissée la décision de nos successeurs. n Nous n'avons plus, en effet, MM. que peu de temps siéger dans cette enceinte. La revision constitutionnelle que plusieurs d'entre vous viennent de voter, (la mort dans l'âme d'ail leurs) a consacré l'avènement delà démocratie au pouvoir le suffrage universel proclamé pour l'élection des membres de la législature, va incessamment être appliqué aux élections com munales. Dans ces conditions, de quel droit, nous, dont pas un peut-être ne reparaitra dans cette enceinte, comment, dis-je, pourrions-nous statuer avec l'autorité que comporte l'impor tance de la mesure, sur une question aussi grave que celle de la destruction de notre enseignement Et cette inconséquence que je vous signale est d'autant plus grave que si l'on observe les faits, l'instruction a toujours été, dans tous les pays, la préoccupation constante de la démocratie. Et puis, quant la suppression elle-même, quelle étrange aberration est la vôtre Vous venez de résoudre en partie la question que les philosophes et les penseurs se posaient il y a déjà longtemps lorsqu'un peuple est privé la fois de ses deux droits fondamentaux le droit de vote et le droit l'instruction, on peut hésiter sur ce qu'il faut lui accorder en premier lieu. Vous, vous lui avez accordé d'abord le droit de vote, sans vous arrêter aux objections qu'on vous a faites que son éducation et son instruction ne le rendraient pas apte peut-être remplir de nou veaux devoirs. Et vous voulez maintenant le priver des moyens de se mettre la hauteur de sa nouvelle mission, d'acquérir cette science que le régime démocratique est seul favoriser, développer, lui donner son plein et entier essor n Ne croyez pas cependant, MM., que je me pose ici uniquement en champion de la démocra tie. Je parle aussi en représentant de la bour geoisie Yproise qui depuis de si longues géné rations est allée puiser dans notre vieux collège communal la science avec l'amour du travail. Aussi n'est-ce pas sana émotion,sans une grande crainte même de ne pas suffire la tâche, que je me vois obligé de porter la parole au nom de ces centaines d'anciens élèves dispersés dans tout le pays, de ces hommes, occupant les plus hautes positions dans toutes les sphères de l'activité humaine, de ces hommes qui, il y a un an peine, s'inscrivaient avec tant d'empressement la société des anciens élèves du collège com munal, témoignant ainsi de leur gratitude envers les anciennes administrations qui se sont succé dées ici et de leur espoir de voir grandir et pros pérer notre Aima Mater sous une administration nouvelle n C'est, qu'en effet, MM., cette Aima Mater, elle était digne de toute notre affection, dé toute notre reconnaissance Fondée il y a plus de 100 ans, nous y avons vu une succession de professeurs d'élite prodi guer notre jeunesse les fruits de leur savoir et de leur expérience, leur apprendre outre la science des livres celle de la conduite de la vie et qui, en même temps qu'ils préparaient des élèves brillants dont - les succès dans les con cours généraux et les universités sont encore présents toutes les mémoires, nous formaient des hommes honnêtes, probes et indépendants. Aussi, MM., comprené-je et comprendrez- vous peut-être avec moi l'émoi de tous ceux qui, formés par les Altmeyer, les Metzdorf, les Gor- rissen, les Navez, les Maertens, les "Wyers, les Siebers, les Vercamer, les Yan Heugen, les Kilsdonk et tant d'autres, occupent aujour d'hui, comme je vous le disais tantôt, grâce de tels professeurs, les positions les plus di verses, depuis les places de conseiller la cour de cassation et de professeur d'université, ou de général de notre armée, jusqu'aux fonctions plus humbles d'employé des postes ou des accises. D'ailleurs, cette question touche un des plus graves problèmes qui s'agitent dans notre pays depuis 1830 et au sujet duquel la discussion a atteint un degré d'acuité extraordinaire c'est celle de savoir si l'État ou les pouvoirs publics qui le représentent, doivent organiser un ensei gnement. n Messieurs, je ne m'attarderai pas combat tre les sophismes que vous avez déjà entendus bien des fois sur ce sujet de la part des catholi ques en général et de M. le Bourgmestre en particulier. Ce dernier, tout récemment encore, au Sénat, réclamait la déchéance de l'État en cette matière, alors que nous, libéraux, nous considérons son intervention comme primordiale dans l'état de nos mœurs et de notre civilisa tion. Je me bornerai vous dire que je suis de ceux qui pensent avec un illustre historien et philosophe Anglais Macaulay, que l'État qui a le droit de punir a aussi le devoir d'instruire que je Buis de ceux qui estiment que la liberté laissée l'individu en cette matière, ne peut avoir pour conséquence, de la part de l'État, d'abandonner sa mission gouvernementale tutélaire, intéres sant si vivement la société entière que je suis de ceux qui, voulant leB études fortes et élevées, n'acceptent de monopole ni pour l'État, ni pour les particuliers, parce que le monopole a tou jours porté un coup mortel aux établissements d'instruction, quelle qu'en fût l'origine connue, en général, toutes les branches d'industrie quelconque qu'enfin, je pense avec l'illustre constituant Joseph Lebeau, «qu'à côté de l'ensei- gnement privé, la constitution a voulu qu'il y eût n un enseignement public qui servit de modèle aux établissements libres, stimulant leur zèle, les obli- n géant se tenir constamment la hauteur des pro- x grès de la science et réalisant ainsi l'idée, but de x la liberté d'enseignement) que le gouvernement du x monde intellectuel doit appartenir aux intelligen- x ces. x x Ajoutez cela que les établissements publics offrent l'instruction presque gratuitement une foule d'élèves, et non les moins méritants bien souvent, qui sans cette ressource en seraient peut-être privés, et vous aurez succinctement résumé les considérations, je dirai philosophi ques, sur lesquelles je m'appuie pour combattre la proposition. Mais, malheureusement, de ce côté, la majo rité a sans doute son siège fait, c'est pour elle d'ailleurs une question de parti. Il faut avant tout tuer la concurrence dont feu Mgr Malou, l'ancien évêque de Bruges, n'a pu avoir raison jadis. x Peut-être d'autres arguments, que j'appelle rais volontiers des arguments de clocher, con vaincront-ils mes collègues de la majorité Vous dites, tout d'abord x Je remarque avant tout que le nombre d'élè ves n'a pas diminué depuis l'arrivée des catholi ques au pouvoir ceci, pour répondre, en pas sant, une accusation souvent lancée contre l'ancienne administration, que l'on usait de pression auprès des parents pour les forcer envoyer leurs enfants au Collège communal Mais que coûte le Collège la ville Je trouve au dernier compte, celui de 1892, que la somme des dépenses faites s'élève fr. 25,278-58. Mais je trouve aussi que, du même chef, l'Etat nous octroyé un subside ordinaire de 12,850 fr., un subside extraordinaire et tem- {toraire de fr. 1,012-50, que les rétributions sco- aires, dont le taux pourrait d'ailleurs être majoré je pense, entrent dans les recettes jus qu'à concurrence de fr. 1,725-00 que le boni des comptes antérieurs s'élève fr. 1,568-93, de telle façon que la part d'intervention de la caisse communale ne dépasse pas fr. 9,289-10. Or, si nous tqnons compte de ce qu'il y a au Collège un personnel de 9 professeurs, je ne vise pas ceux qui remplissent en même temps des fonctions l'Ecole moyenne, résidant en ville, y occupant maison ou quartier, y dépen sant tout leur traitement, je suis en droit de dire que la ville fait une bonne spéculation sur la Caisse de l'Etat elle donne, comme on dit vulgairement, un œuf pour un bœuf. Et il me semble, Messieurs, qu'il y a déjà assez de mai sons et d'appartements vacants en ville, pour que nous n'allions pas de gaîté de cœur, en aug menter le nombre. On a successivement réduit la garnison au fantôme qui nous en reste encore, malgré toutes les démarches et les influences mises enjeu pen dant ces dernières années. On parle chaque instant de l'exode de l'Ecole d'Equitation pour Tervueren, et c'est ce moment que vous allez M. Brunfaut remarque que le rapport de M. le Bourgmestre, promis pour le Mardi ou le Mercredi après la dernière séance, n'a été distri bué que huit jours plus tard. Le temps a man qué pour l'étudier complètement. M. le Président croit que M. Brunfaut est dans l'erreur le délai était trop court pour l'impri mer et le distribuer. M. Brunfaut soutient l'exactitude de ce qu'il avance. M. Brunfaut demande la parole et lit un dis cours conçu en ces termes La démocratie et la science sonten effet comme le disait si éloquemment Paul Janson dans la mémorable discussion de la loi de 1879 sur l'enseignement primaire, étroitement unies dans un même lut, travaillant de concert cette grande chose qui est aujourd'hui la grande préoccupation de tous les esprits éclairés l'amélioration de la condition morale, matérielle, intellectuelle et politique de tous ceux quidans l'organisation sociale actuelle sont, des degrés diversaux prises avec les maux qu'enfantent la misère et l'ignorance. Je le de mande encore, de quel droit enlèverez-vous aux nouvelles couches sociales que vous venez d'élever, l'occasion de s'expliquer sur une ques tion aussi importante Pourquoi ne pas la lui laisser trancher éc plèine connaissance de cause et l'obliger peut-être réédifier au prix de grands sacrifices, les monuments que vous vou iez abattre aujourd'hui Le Collège coûte trop cher pour le nombre d'élèves x qu'il contient, x

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2