Sour vos propres enfants, ou de les envoyer
ans une autre ville, dans un de ces pensionnats
que tout récemment encore vous condamniez
avec Jules Simon, en disant que le meilleur des
établissements de ce genre ne vaut rien.
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choisir pour chasser encore quelques fonction
naires de la ville Ce serait, avouez-le, une insi
gne maladresse
D'ailleurs, la suppression du Collège com
munal nous amènera-t-elle un dégrèvement des
charges communales Ce serait lolie que de le
croire
A peine aurez-vous voté la suppression,
qu'on nous demandera le patronage pour le
Collège épiscopal. Et comme un patronage ne se
conçoit pas sans l'octroi d'un suDside, on nous
invitera voter une petite subvention pour l'éta
blissement de la rue de Menin. Cette subven
tion, il faudra bien la mettre en rapport avec le
subside accordé aux écoles gardiennes auxquel
les on a donné 5,000 fr. par an et nous voilà
tout de suite une somme de 8,000 fr. 10,000
fr. qui s'engloutira dans la caisse diocésaine sans
que les Yprois en voient jamais un rouge liard
dépensé chez eux. Nous ne gagnerons rien au
change
i Et puis, Messieurs, est-il bien exact, comme
on le prétend, que le Collège S1 Vincent de Paul
soit suffisant pour les besoins de la population
Est-il la hauteur voulue Je ne le crois pas.
Je dirai même très catégoriquement avec beau
coup de bons catholiques, qu'il ne l'est pas.
L'Enseignement des sciences exactes y est
absolument incomplet les professeurs sont
dans l'impossibilité de préparer des élèves
l'entrée des diverses écoles spéciales et l'école
militaire. Vous savez tous, Messieurs, que les
I'eunes gens qui, ayant fréquenté le Collège de
a rue de Menin, ont voulu suivre ces carrières,
ont dû, sous peine d'un échec certain, ou entrer
dans des établissements étrangers ou s'adresser
notre Collège communal.
Voilà, du coup, quantité de carrières fermées
nos jeunes gens, carrières qui, l'heure ac
tuelle, en présence de l'encombrement des pro
fessions libérales, sont précisément celles aux
quelles nous devrions pousser nos enfants pour
préparer des hommes capables d'aller plus tard
au loin, par de là les mers, en même temps que
se créer une position, agrandir l'influence et la
prospérité de la patrie.
Nous nous trouverons donc, Messieurs, dans
cette singulière alternative ou de devoir envoyer
nos fils dans un Collège dont vous ne voulez pas
Vous le voyez, Messieurs, tout, dans l'ordre
matériel, milite en faveur du maintien du Collè
ge communal. Si, comme je l'ai dit en commen
çant mon discours, je ne croyais pas pouvoir,
raison de mon peu d'éloquence, espérer vous
convertir mes idées sur la question de l'ensei
gnement de l'Etat, j'espère cependant que les
raisons d'utilité pratique que j'ai développées et
qui sont irréfutables, vous commanderont au
moins de surseoir au vote de la proposition. Ce
que je ne puis obtenir de vos convictions, je
r au rai peut-être de votre prudence et de votre
modération. Songez l'avenir, ceux qui, dans
peu de temps peut-être, nous auront remplacés
ici songez aux conséquences pour votre petite
ville déjà si éprouvée, de l'éloignement de nou
veaux fonctionnaires songez un peu aussi
nos enfants que nous voudrions, avec tant de
passion, diriger nous-mêmes dans leurs études
et dans le choix d'une carrière. Songez que vous
réclamez constamment la liberté d'éducation
pour vos enfants vous, et laissez-nous, au
moins, la faculté de ne pas devoir envoyer les
nôtres dans des établissements que, certes, nous
respectons, mais qui ne présentent pas, nos
Îreux, les mêmes garanties que notre vieux Col-
ège communal, qui nous devons, tous, ce que
nous sommes et où nous voudrions voir nos fils
grandir sous l'influence des souvenirs de leurs
anciens et sous la direction de maîtres, dignes
successeurs de ceux qui nous ont dirigés.
Ces considérations sur la liberté des pères de
famille, que vous avez promis de respecter, s'ap
pliquent également aux écoles gardiennes. Je
me bornerai donc les rappeler en parlant de
ces établissements, et j'y ajouterai cette autre
considération que les écoles gardiennes sont la
pépinière de nos écoles communales, et que,
prononcer aujourd'hui leur suppression, c est
faire le premier pas vers la suppression de la
Looye et des écoles de filles.
Oh vous chercherez vous en défendre
Vous protesterez ici, et dans votre presse, et
dans vos brochures, et par vos manifestes, vos
placards et vos affiches
Mais vos protestations seront vaines Per
sonne ne les prendra au sérieux. Le passé nous
est ici, hélas un triste mais sûr garant de l'ave
nir.
Je proteste au nom de mes collègues et au
mien, contre ces procédés, contre l'attentat que
vous voulez perpétrer aujourd'hui, et contre
celui plus grand encore que vous réservez pour
l'avenir
Et, quant l'Ecole d'adultes, comment pou-
vez-vous prétendre qu'elle fait double emploi
avec l'Ecole industrielle? Tout le monde connaît
le but des écoles d'adultes. Permettre aux jeunes
gens qui ont terminé les cours de l'école pri
maire, d'entretenir les connaissances acquises
pendant leur jeune âge et permettre ceux qui
n'ont pas ou le bonheur de fréquenter l'école,
étant enfant, d'acquérir une instruction élémen
taire.
a Ce double but, notre école d'adultes l'a
atteint. Elle a rendu la classe ouvrière d'im
menses services, en l'absence surtout de toute
institution similaire et j'affirme que sa sup
pression causerait un vide que l'Ecole indus
trielle ne peut combler, car celle-ci a des visées
bien différentes. Elle a pour but de développer
l'instruction professionnelle de l'apprenti, de
l'ouvrier, au moyen de cours théoriques et pra
tiques dont le programme n'a rien de commun
avec celui de l'école d'adultes.
Il suffit de comparer les programmes pour
être complètement édifié sur ce point.
a Votre proposition ne se justifie donc pas.
Elle ne s'explique que par votre désir de tout
abattre, de tout démolir de ce qui pendant de
longues années a fait l'honneur et la gloire de
la ville
a Mais j'entends votre objection
Si vous maintenez tout ce qui existe, si
vous ne faites pas d'économies sur le chapitre
de l enseignement, le seul qui soit susceptible
de réductions, cest que vous ne voulez pas
nous aider résoudre la question des
eaux !ll
a Je réponds J'ai comme vous, Messieurs,
et nous avons tous, le désir et la volonté de trou
ver la solution de cette importante question.
Mais je crois que nous pouvons la résoudre sans
avoir recours aux moyens extrêmes que vous
préconisez, sans froisser les sentiments res
pectables d'une grande partie de la population,
sans chasser d'Ypres un groupe de fonction
naires dont le départ sera, comme je le disais
tantôt, une nouvelle cause d'appauvrissement,
et sans condamer tout jamais des établisse
ments d'instruction qui ont" rendu tant de servi
ces et qûi sont appelés en rendre encore.
La conversion de la dette et la réalisation de
terrains aujourd'hui improductifs sont des
moyens que Monsieur Vermeulen et moi nous
avons déjà maintes fois signalés votre atten
tion pour vous procurer le9 ressources nécessai
res la réalisation des travaux d'hygiène qui
sont dans les vœux de tous les habitants.
Peut-être y en a-t-il d'autres
Monsieur le Bourgmestre y fait une discrète
allusion dans son rapport.
Examinons-les ensemble, et, mettant de côté
la vieille question du libéral et du clérical,
travaillons ensemble en bons et vrais Yprois,
comme des enfants d'une même mère pour le
bien et le bonheur de la cité.
La question de l'Enseignement aura son
heure bientôt. Partout on s'en occupe avec ar
deur, avec passion, et bientôt, j'en ai la convic
tion sortira d'une législature nouvelle, élue par
le peuple souverain, une loi qui mettra fin
toutes nos divisions, toutes nos querelles si
âpres, si irritantes, et qui permettra tous,
catholiques et libéraux, d'envoyer leurs enfants
dans des écoles vraiment nationales, ou ils ac
querront, en même temps que les éléments de la
science et les principes de la justice, le respect
des droits, de la liberté et des croyances de cha
cun
Cette heure, attendons-là, Messieurs elle ne
tardera pas
a La question n'est pas de savoir si nous aurons
de bonne eau ou de bonnes écoles
Il nous faut l'un et l'autre. De l'eau potable
en abondance et des écoles pour tout le monde.
L'un n'exclut pas l'autre.
n Que diriez-vous, si demain les représentants
d'un arrondissement quelconque, réclamant la
construction d'un pont ou d'un chemin de fer,
le gouvernement répondait Soit, vous aurez
votre pont ou votre chemin de fer, mais comme
je n'ai pas d'argent, vous devrez voter en même
temps la suppression des crédits affectés la
restauration des édifices du culte, ou la réduc
tion des dépenses militaires, ou la suppression
d'un laboratoire agricole ou d'une autre institu
tion quelconque.
La vérité est que l'on peut très-bien avoir de
bonne eau, en même temps que de bonnes écoles.
Le tout est de s'entendre sur les moyeus de créer
des ressources et de faire des économies.
Cherchons, avec le désir sincère, de part et
d'autre, d'aboutir, et je suis convaincu que nous
aboutirons.
Il y a quinze jours, M. le Bourgmestre nous
disait en quels termes il s'était adressé aux édiles
de Wytscnaete, pour obtenir leur adhésion au
projet de chemin de fer vicinal qui doit relier
cette commune toutes les localités de l'arron
dissement.
Messieurs, leur disait-il, vous n'avez pas
le droit de priver la moitié de la commune des
n avantages que procure un chemin de fer vici-
nal, sous prétexte que, d'après vous, l'autre
moitié de la commune s'imagine qu'elle n'en
retirera aucun profit ou bénéfice.
Il ne s'agissait là, il est vrai, que d'une ques
tion d'intérêt matériel.
Mais avec combien plus de force, plus de
uissance encore s'applique une question d'or-
re moral le langage de M. le Bourgmestre.
Aussi je vous le dis mon tour, Messieurs, vous
n'avez pas le droit de priver une grande partie
de la population Yproise des établissements
d'instruction actuellement existants, sous pré
texte qu'ils déplaisent l'autre moitié de la
population,ou qu'ils gênent quelques uns d'entre
vous.
Vous ne serez pas plus rebelles ce langage
que les édiles de Wytschaete ne l'ont été aux
justes observations de notre bourgmestre et,
comme eux, conciliant tous les intérêts, vous ne
supprimerez pas nos écoles, vous ferez sur les
budgets scolaires les économies qui vous paraî
tront réalisables sans entraver la marche des
services, ni l'existence des institutions.
Un dernier mot
Il y a quelques jours, a été collée sur tous les
murs de la ville, une affiche reproduisant un
discours prononcé en 1884 par Monsieur le Baron
Surmont de Yolsberghe qui briguait, cette
époque, l'honneur de siéger parmi nous, et que
1 opinion catholique désignait déjà comme le
futur bourgmestre de la ville.
Voici ce discours, Messieurs, dont l'impor
tance grandit encore quand on songe qu'il fut
prononcé au lendemain de la loi du 20 Septem
bre 1884 un moment donc, où le parti catho
lique triomphant ne cachait pas ses visées et
annonçait urbi et orbi son intention de réduire
néant l'enseignement officiel.
Je reproduis textuellement les paroles de Mon
sieur le Bourgmestre.
d De même que vous avez préparé la suppres
sion du Collège communal, en fermant, dès
votre arrivée au pouvoir, les portes du pension
nat de même vous méditez et préparez la sup
pression de notre enseignement primaire en
fermant les portes de nos écoles gardiennes et
de nos jardins d'enfants.
a Nous vous y aiderons.
Et ce sujet permettez-moi de réfuter un bruit répan-
du par nos adversaires. Sentant combien l'opinion se
tourne contre eux, ils nous calomnient. Nous allons,
disent-ils, révoquer tous les fonctionnaires de l'Hôtel de
Ville, renvoyer tous les ouvriers, tous les employés de
l'administration. Nous voulons, si nous arrivons au pou-
voir, supprimer le Collège Communal, l'Ecole movenue
et toutes les Ecoles primaires et renvoyer tous les pro-
fesseurs, les instituteurs. Est-ee assez absurde