i\° 56. Jeudi, 53e ANNÉE 13 Juillet 1893 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. La Revision. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Heures de départ partir du 1' Juillet d'Y près pour Poperinghe, 6-55 8-52 9-03 -9-43 11-50 o— Y PRES-FU RN ES FURNES-YPRES. Nos appréciations sévères de nos législateurs constituants sont confirmées par les evenemen ts. Une majorité conservatrice a dote notre pays du suffrage quasi-universel sous la pression d'un ministre imprévoyant, infatué de lui-même et conduisant, le cœur léger, le pays aux abî mes. On a revisé l'article 47 la suite d'un pacte conclu entre M. Beernaert et M. Féron, sans même songer aux conséquences, sans prévoir les suites des marchandages auxquels on s'est livré pour sauvegardera cette époque l'amour- propre du grand ministre. Ce prétendu ,homme d Etat n'a pas même songe qu'il y avait d'autres articles reviser. Aux conservateurs qui regimbaient sous ses violences et ses menaces, il a montré la perspec tive d'un Sénat modérateur, autrement élu que la Chambre et apportant l'œuvre législative le concours de son expérience et de ses lumiè res de manière empêcher dans l'avenir les soubresauts trop brusques. On vantait la représentation des intérêts et même des fonctions sociales, on parlait d'elec- tion deux degrés pour assurer une sélection plus soignée des candidats et partant une com position meilleure de la haute assemblée. On se grisait de mots qui ne correspondaient rien dans la réalité on vivait au jour le jour sur des illusions. Quand on a voulu organiser le Sénat et sai sir ces fugitives chimères, ellessesontévanouies. Personne n'a pu formuler un projet accepta ble pour la représentation des intérêts dans une société complexe que tous les intérêts y sont mêles au point que le rétablissement des clas ses ou des castes est aujourd hui impossible, fort heureusement d'ailleurs. La représentation des intérêts a fait un la mentable fiasco. L'élection deux degrés n'a pas eu la chance de plaire nos constituants. Celait peut-être la seule garantie possible et pratique après le vole de 1 article 47 par la Chambre. On a voulu en dernière analyse amputer le corps électoral du tiers de ses membres et ne laisser voter pour le Sénat que les électeurs âges de 35 ans. Personne na pu donner une bonne raison pour écarter ainsi de 1 urne élec torale pendantdixansdes électeurs jugés excel lents pour la Chambre, mais devenus brusque ment indignes parce qu il s'agissait d'élire des sénateurs. Pourquoi ne pas proposer l âge de 40 ans pour les électeurs comme pour les élus Le vote 30 ans a echoue. Et l'on a vu le plus intransigeant des membres de la droite, celui qui a déployé le plus de talent pour mettre en relieiTinsullisance,la legerete etl imprévoyance du grand ministre, reprochera la gauche mo- deree de ne pas apportersonconcoursà la droite pour supprimer, quand il s'agit du Sénat, 400,000 électeurs admis pour la Chambre. Le grand ministre a dû confesser qu'il était impossible la Chambre d aboutir. Son alliance avec les radicaux n a dure qu'un jour et il n a pas même eu la prévoyance d'assurer l'achève ment de son œuvre. Jamais gouvernement n'a subi pareils affronts et si bien constate son impuissance. Et la comédie parlementaire va se continuer dans les mêmes conditions, sans études sérieu ses, sans projet prépare, sans plan préconçu, chacun apportant la tribune ses idées person nelles nous allons voir défiler devant nous de très nombreuses catégories deligibles, les unes admises, la plupart écartées. Nous sommes menacés d'une Constitution absurde dans ses détails, parce qu'aucune idee générale n'aura présidé sa confection, parce qu'un ministre présomptueux n'a rien prévu, ni rien préparé. 11 est vrai que nous aurons peut-être le Congo comme colonie. Nous demandons un peu de bon sens pour nos législateurs et un peu moins de verbiages. Une description pittoresque de Champal Le thermomètre a atteint Samedi, Bruxelles trente-quatre degrés l'ombre c'est la plus haute température observée l'ombre au cours de cette tropicale saison et trente-huit degrés au soleil. Une seule fois le thermomètre a dépas sé ce chiffre cette année il s'est récemment éle vé trente-huit degrés cinq. Quoi qu'il en soit, jamais ni au soleil, ni l'ombre, on n'avait ressenti, croyait-on, chaleur aussi torride. Le visage homard, les chairs bouil lies et luisantes de transpiration, congestionnés, les passants, qui s'épongeaient désespérément, semblaient tous voués une insolation. A chaq ue coin de rue s'aggloméraient, l'échine voûtée, des gens transformés en fontaine chaude, s'évaporisant par tous les pores. Arcboutés aux réverbères, ces passants liquéfiés composaient de lamentables groupes. Tandis que les boulevards habituellement les plus aimés évoquaient le morne délaissement des promenades des petites villes, tous les bancs étaient peuplés de malheureux exténués. Quand ces épaves ont-elles repriB le cours de leurs bal lades la dérive Si la journée a été très pénible pour les hu mains obligés de déambuler en pleine fournaise, certes elle a été plus accablante encore pour les chevaux condamnés véhiculer cette masse de gens affalés. Les chevaux souffrent-ils autant de la chaleur que les hommes et doivent-ils dépenser un sur- croitd'énergie pouraccomplirsemblable labeur M. Reul, le savant professeur de l'Ecole vété rinaire, qui j'ai posé cette question, m'a répon du qu'il est indéniable que les chevaux souffrent cruellement d'une température aussi élevée. M. Reul, qui est vétérinaire-conseil des Tram ways bruxellois, a dû faire réintégrer l'écurie plusieurs chevaux épuisés par le travail acca blant qu'ils ont effectué ces jours derniers. Outre l'épuisement, la prostration, l'essouffle ment, ces cnaleurs provoquent chez les chevaux de l'inappétence et de la diarrhée. Par ces températures équatoriales,les chevaux qui boiveut trop digèrent mal, ne parviennent plus rétablir par l'alimentation leurs forces Serdues. Surmenés, excités, affaiblis, le repos ont ils ont tant besoin est au surplus troublé par les mouches qui les harcèlent. A Marseille on protège la tête des pauvres chevaux au moyen d'une sorte d'ombrelle fixée sur le sommet du crâne, comme les panaches des sujets de cirque. Peut-être, si les chaleurs per sistaient, ferait-on bien d'appliquer ce système aux chevaux de Bruxelles. Dans le but de soulager ses chevaux, la Société des Tramways bruxellois leur fait éponger les nasaux et la bouche l'aide d'eau vinaigrée. Le carré de pavés où ils stoppent est aspergé d'eau phéniquée enfin, pour prévenir toute in cursion de microbes, particulièrement redou ter par ces hautes températures, les écuries sont également arrosées l'aide de liquide antisepti que. La journée de Samedi dernier comptera au nombre des plus chaudes que nous ayons eues dans notre pays depuis un demi-siècle. A 2 heu res, le thermomètre marquait Ypres 35 degrés l'ombre, 34 4 heures, et 30 6 heures. La température a été la même le 4 Août 1857. Mais elle a été dépassée d'un dixième de degré le 15 Juin 1858, et de deux degrés le 16 Juillet 1868. Huit jours plus tard, le 22 Juillet, le ther momètre se maintenait encore 31 degrés LE PROGRÈS VIRES ACQCIRIT EUNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre'; 20. 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Ypres, le 12 Juillet 1893. La chaleur.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 1