Chronique locale. Les cléricaux l'œuvre. Examens universitaires. Exposition. Promotion. Le quorum indispensable n'ayant pas été at teint, la proposition est repoussee. M. Amédée Visart et M. Dohet ayant ensuite retiré leurs sysleuaes respectifs, rien n'a été fait. La suite de la discussion a été remise Mardi. Nous lisons dans [Economie de Tournai Dans sa dernière seance, le Conseil commu nal dïpres, composé en partie de cléricaux fanatiques, a supprimé le collège communal, deux ecoles gardiennes et une ecole dadultes. Cettegrave décision a été prise une voix de majorité, lechevin Colaert, catholique pointu cependant, ayant refusé de s'associer une mesure de guerre aussi odieuse. Ils ont pu pénétrer dans l'Hôtel de Ville d Y"près par la petite porte du ballottage au moyen de fraudes et de manœuvres indignes. Dans leurs professions de foi, ils annonçaient qu'ils respecteraient les écoles, qu'ils les gar deraient, mus du désir de plaire la popula tion et de ne pas se montrer hostiles l'ensei gnement. A peine avaient-ils doublé le cap électoral qu'ils déchiraient leurs promesses et prépa raient le coup de parti qu'ils viennent de con sommer. Si des élections avaient eu lieu en Octobre, les Y'prois, indignes, les auraient chassés de I Hôtel de Ville coups de bulletins de vote. Cette opération de salubrité publique est mal heureusement ajournée d'un an. par suite de la prorogation des Conseils Y'pres est donc condamnée supporter jusqu'en Octobre 1894 1 oppression cléricale et toutes ses conséquen ces. Plaignons cette infortunée cité... et effor- çons-nous de n'avoir jamais le même sort. Tels sont nos adversaires l'oeuvre I M. Eugène Struye, pour convaincre ses col lègues déjà résolus a cru devoir traiter la question des établissements d'instruction en supputant les sous et deniers y consacrés. Com me arithmétique élémentaire, c'est peut-être une façon de traiter ces questions et de les mettre la portée des béguines et des sous-sacristains encore faudrait-il que l'arithmétique fût juste, ce que n'est pas celle de M. Struye. Ce mince mérite, M. Struye ne l'a même pas, comment veut-on qu'il comprenne un mot d'une question aussi grave et surtout qu'il la traite avec une certaine compétence A ce propos, nous avons entendu poser un autre point d'interrogation, et on se demandait si ce Monsieur, si fort en évaluation arithmétique, avait calculé ce que vaut un représentant la hauteur de sa mis sion et par suite ce que vaut, par exemple, un représentant de son poil et de sa taille Mais n'insistons pas sur ces misères et, au lieu de suivre l'honorable conseiller sur le ter rain d'épicier où il s'est placé, prenons la ques tion de plus haut, comme il convient et laissons le terre-à-terre aux limaçons qui ne voient pas au-delà de leurs antennes. Qu'est-ce qui fait une ville Quelles sont les conditions requises pour qu'une ville mérite ce nom Quelles sont les obligations qui incom bent une agglomération d'hommes qui ont la prétention de s'élever au-dessus des conditions ordinaires d'un village Qu'est-ce qui fait l'in- tellectualité de cette agglomération Qu'est-ce qui y répand la vie, y élève le niveau moral, en fait un centre actif, éveillé, civilisé, policé, raf finé C'est tout ce qui contribue adoucir les mœurs, polir l'esprit, développer l'intelli gence ce sont les Universités ce sont les Athé nées ou les Collèges défaut des premiers ce sont les écoles moyennes, les écoles primaires pour garçons et pour filles aux différents degrés; ce sont les écoles de dessin, les écoles indus trielles, les écoles de musique ce sont les mu sées ce sont aussi les monuments publics et, plus ils sont grandioses et imposants, plus leur action bienfaisante se fait sentir. A calculer ce que coûtent ces derniers, il n'est pas impossible de le faire, mais ce qu'ils rapportent en sous et deniers, pas un épicier, pas même M. Struye, ne saurait le dire. Mais ce qui est certain, c'est que leur influence est immense et que la civilisation reculerait de plusieurs longueurs si, par un mal heur qui n'est pas craindre, ils disparaissaient tout d'un coup de la surface du globe. Pas n'est besoin de nous appesantir longue ment sur cette vérité qui a toute l'évidence d'un axiome. Mais ce qui est vrai des monuments pu blics, l'est, plus forte raison, des établis sements d'instruction. Et, sans nous étendre sur la question de savoir ce qu'il importe le plus de conserver, ou les établissements d'in struction moyenne ou ceux d'enseignement infé rieur, question secondaire pour notre thèse actuelle, nul ne nous contredira parmi ceux dont le cerveau n'est pas l'état de cristallisa tion inerte, quand nous dirons que méconnaître les bienfaits d'un établissement d'instruction moyenne supérieure et se sentir incapable d'y consacrer les ressources nécessaires, c'est tour ner le dos la civilisation et s'avouer atteint d'une oblitération morale qui frise l'idiotie. Mais, répondront les tortues de l'Hôtel de Ville nous avons notre Collège, nous avons le Collège épiscopal Tant que vous voudrez, s'il vous suffit, nous il ne saurait convenir, ni suffire. Un enseigne ment exclusif et directement dirigé dans le sens d'une église déterminée ne saurait nous conve nir. Un enseignement où les livres sont jalouse ment expurgés par quelque jésuite la dévotion de Rome un enseignement où les classiques sont estropiés où les mathématiques sont en infériorité marquée où les sciences sont peine entrevues pour la forme par le petit bout de la lunette, par crainte de la vérité hé térodoxe, un pareil enseignement ne saurait nous suffire nous étions habitués mieux et de ce mieux nous ne saurions nous passer sans déchoir. Ah Seigneur, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. On lit dans Y Indépendance du 20 Juillet Un avocat japonais Bruxelles Nous venons de compter, parmi nos distingués visiteurs exotiques, un avocat japonais, M. J. Shimidzu, docteur en droit de l'Université impé riale de Tokio. M. Shimidzu, qui vientd'étudier pendant deux ans Londres le droit occidental, termine son séjour en Europe par un voyage sur le continent. Il a passé trois semaines Paris avant de faire Bruxelles un séjour qui prend fin demain. Nous avons eu l'occasion de le rencontrer et l'impression qu'il emporte de Bruxelles Berlin sa troisième étape est assez piquante pour que nous la reproduisions textuellement J'ai visité hier votre palais de justice. Il n'y a rien d'aussi majestueux en ce genre, soit Paris, soit Londres, et cela fixe mes idées sur la Belgique. Suivant moi, le caractère même d'un peuple, ses tendances sociales, les préférences que lui indique son tempérament, doivent se refléter fatalement dans le plus grandiose de ses édifices. Du fait même que Bruxelles a édifié un si monumental palais de justice, je conclus que la justice passionne particulièrement les Belges, que la loi y est bien administrée, respectée, ai mée et obéie. De même, Londres, j'ai été ame né penser que l'Angleterre place au-deseus de tout, L'amour de ses institutions parlementaires et de sa religion, parce que les deux plus magni fiques édifices de la capitale sont le palais de Westminster et la cathédrale de Saint-Paul, tan dis que chez les Parisiens le goût des arts d'ima gination doit tout prédominer, puisque le plus riche monument de Paris moderne est l'Opéra. Ce que le journal bruxellois ignore, c'est que Monsieur Shimidzu s'est donné la peine de pous ser une pointe Ypres, et qu'en apprenant les hauts faits de nos maîtres, il n'a pas man qué de dire supprimer un Collège communal, n'importe pour quelle raison ou sous quelque prétexte d'économie que ce soit, jamais je n'ai vu cela. J'ai parcouru l'Inde, l'Amérique et l'Europe et ce phénomène m'était inconnu. Puis il a écrit sur son calepin Ypres Hôtel de Ville remarquable habité par des crétins. Il vient d'être fondé Ypres une Société de Patronage des condamnés libérés et des enfants moralement abandonnés. Cette œuvre de bien faisance a pour but de prévenir la récidive en moralisant les condamnés et en les protégeant contre les occasions de rechute. Elle a égale ment pour objet de soustraire aux influences pernicieuses auxquelles ils sont exposés les en fants qui, par suite des vices de leurs parents ou de toute autre cause, se voient privés de toute éducation. La Société comprend un Comité actif et des Membres protecteurs. Le Comité est provisoirement composé de MM. Merghelynck, Commissaire d'arrondisse ment, Président d'honneur Tyberghein, Juge de Paix, Président Ollevier, Juge, Vice-Prési dent Dumortier, Substitut, Secrétaire L. Boedt, particulier Bossaert, Avocat Colaert, Avocat, Membre de la Chambre des Représen tants Iweins, Avocat; J. Lagrange, Docteur en médecine Leroux, Avocat Vandaele, Juge d'instruction Van den Berghe, industriel, et Wouters, Procureur du Roi, Membres. Nous enregistrons avec plaisir le brillant suc cès obtenu par Monsieur Pierre NOLF, ancien élève du Collège communal d'Ypres. Ayant quitté notre établissement d'instruction moyen ne, il y a trois ans seulement, il vient de passer AVEC LA PLUS GRANDE DISTINCTION, de vant le Jury de Liège, son second examen de candidature en médecine, chirurgie et accou chements. Monsieur Joseph JUSTICE, ancien élève du Collège Communal d'Ypres, vient de passer AVEC DISTINCTION, devant le Jury de Gand, son deuxième examen de Doctorat en médecine, chirurgie et accouchements. Nous leur adressons nos plus sincères félici tations. A l'occasion de la Tuindag, la société Strijd naar Laumeren donnera une grande exposition, la Salle Bleue, du 6 au 27 Août 1893, avec le bienveillant concours de l'autorité communale. Indépendamment des artistes de la ville, déjà plusieurs artistes distingués et d'une réputation universelle, entre autres un lr prix de Rome, se sont fait inscrire pour prendre une large part cette Exposition. En résumé, on peut s'attendre tout ce qu'il y a de plus attrayant. Nous apprenons que, sous peu, M. Pierre Bouquet sera nommé Chevalier de l'Ordre de Léopold, pour services rendus.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2