M0 65. Dimanche,
55e ANNÉE.
6 Août 1895.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
AVIS.
La revision.
L'agriculture et les cléricaux.
Élections.
La pétaudière.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
La Chambre impuissante et bavarde de 1893
vient de terminer la discussion sur article de
la Constitution relatif aux conditions d'éligibi
lité au Sénat, par cette constatation du prési
dent il ne reste plus aucun projet, la discus
sion est donc inutile.
Ainsi la Chambre a été presque unanime
déclarer mauvais et suranné l'art. 56 de la
Constitution. Elle s'est trouvée ensuite dans
l'impossibilité de le modifier.
Les marchandages n ont pas abouti dans les
couloirs.
Le gouvernement qui a successivement aban
donne toutes les idées qu'il a défendues et tous
les systèmes qu'il a prônés, pour se raccrocher
des propositions de hasard, dont il ne con
naissait pas toujours lui-même la portée, a fait
preuve dans certaines questions accessoires
d'une obstination qui confine la sottise.
Le Sénat sera sous le régime démocratique
nouveau, l'organe essentiel sinon exclusif de
la grande propriété.
Pour être èligible, il faudra payer plus de
2000 francs d impôts directs.
Quelques membres de la gauche réclamaient
un eligible par 3,000 habitants, en complétant
la liste des millionnaires qui paient 2000 francs
de contributions directes par celle des citoyens
les plus imposés.
Le gouvernement n'a voulu concéder qu'un
éligible sur 5000 habitants, découvrant le Roi
et proclamant maladroitement que cette me
sure constitue une garantie conservatrice né
cessaire.
S'il en est ainsi, nos institutions sont bien
malades.
Quoi il n'y a en Belgique qu'un citoyen
sur 5000 habitants offrant des garanties con
servatrices suffisantes pour faire partie du
Sénat et ce citoyen ne se rencontre que parmi
les millionnaires
Et c'est en se couvrant de l'autorité royale
qu'un ministre a fait cette déclaration et la
Chambre s'est inclinée
Et c'est dans ces conditions que s'est termi
née l'inepte discussion sur la revision. Jamais
un Parlement ne s'est donné pareil brevet d'in
capacité, sinon d'indignité vis-à-vis d'un gou
vernement sans dignité et sans prestige.
Il ne viendra jamais l'idée de personne de
glorifier la Chambre révisionniste de 1893. On
voudrait plutôt effacer de nos annales toute trace
de son œuvre.
Après la séance de Mardi la Chambre, M.
Anspach a présenté en excellents termes quan
tité d'arguments en faveur de la proposition
qu'il a déposée avec M. Broquet, relative
une nouvelle péréquation cadastrale, ainsi qu'à
une réduction de I impôt foncier. M. Beernaert
s'est empressé d'en combattre le principe, et
ne se contentant pas de celte première preuve
de dévouement rebours en faveur de l'agri
culture, il a pris immédiatement M. Broquet
partie, coupable d'avoir formule un amende
ment au budget extraordinaire.
Cet honorable représentant se faisant l'écho
du Conseil supérieur de l'agriculture et un peu
de tous les agriculteurs, avait demandé dix
millions pour remédier la crise actuelle au
moyen démesures indispensables.
Le chef du cabinet les a repoussées. Il ne
veut pas que l'Etat achète des fourrages, imi
tant en cela le grand-duché de Luxembourg,
et il repousse jusqu'à lidee' de réduire I impôt
foncier. On s'y attendait un peu.
M. Broquet, nullement découragé par la
réponse de M. Beernaert, a riposté:
Malheureusement, la Chambre cléricale a
persisté dans sa première façon d'agir et s'est
empressée de repousser par assis et leve la
proposition Broquet, renvoi une commission
spéciale.
Cette piteuse attitude et le discours de M.
Beernaert donnent supposer que la droite
condamnera également l amendement des dix
militons.
Il est donc entendu que la majorité ne se
préoccupe pas plus des souffrances de l'agri
culture qu'un poisson d'une pomme et que,
complice du gouvernement, elle ne votera au
cun crédit pour diminuer ses souffrances et
atténuer les maux provoques par la sécheresse.
C'est l'affirmation d un égoïsme écœurant
contre lequel s'insurgeront tous les éléments
généreux du pays.
la
Le résultat immédiat de la revision sera
dissolution de tous nos corps politiques.
Il y aura donc, au cours de l'année 1894,
des élections tous les degrés il faudra pour
voir au renouvellement intégral des Chambres
législatives, des Conseils provinciaux et des
Conseils communaux.
La Flandre libérale donne ce propos aux
libéraux des conseils que nous n'hésitons pas
signaler la sérieuse attention de nos Associa
tions politiques.
Il faut donc, dit la Flandreque le parti li
béral se prépare une série de luttes ardentes,
difficiles. Les destinées du pays sont abandon
nées un corps électoral inexpérimenté, qu'on
a tenu jusqu'ici éloigné de la vie publique. Il
se laissera facilement entraîner et dominer. Il
faudra des efforts puissants et répétés pour
l'eclairer sur ses vrais intérêts, ponr le rallier
aux idées de liberté et de progrès.
Il serait grand temps de se préparer ce tra
vail de propagande et d'éducation politiques.
Le gouvernement, se moquant de l'extrême
gauche, qu'il a jouée et dupée pendant la dis
cussion de l'article 53, s'est empressé de re
pousser les propositions Houzeau et Warnant.
De plus, il a découvert sans ménagement et
sans nécessité la Couronne, ce qui est une
preuve de faiblesse ou de lâcheté, comme on
voudra.
Le gouvernement est seul responsable des
actes qu'il pose: en voulant faire partager
cette responsabilité par la Couronne, il man
que tous ses devoirs, il jette le Roi dans la
mêlée des partis, au détriment de sa popularité
et de la dynastie.
Tandis que Fontanorose et son copain Pan
talon aggravent comme plaisir la situation
du pays, suffisamment périlleuse cependant, le
Sénat, de son côté, s annonce comme devant
être d'une intransigeance suraiguë c'est ainsi
que la commission des XXI, quant l'article
56, a décidé de se rallier au cens de 1,500 fr.
et la proportion de 1 èligible sur 5,000 ha
bitants par 8 voix contre 3 et 5 abstentions.
M. Houzeau demandait 1 sur 3,000, M. Vi-
sart 1 sur 4,000 les XXI vont plus loin et ré
clament 1 sur 5,000, se rapprochant de la
disposition de 1830, 1 sur 6,000 habitants.
LE PROGRÈS
VIRES ACQUIRIT ecnik).
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
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le.'.estant de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
A l'occasion de la Fête communale, le Pro
grès ne paraîtra pas Jeudi prochain.
Ypres, le 6 Août 1893.
Si j'en juge par les déclarations faites de tous les côtés
de la Chambre, la réduction de l'impôt foncier est assurée
d'un vole favorable. Cette réduction est trop légitime
pour ne pas faire tomber toutes les résistances, y compris
celle du gouvernement
Je propose de renvoyer le projet une commission spé
ciale composée des membres de la section centrale qui a
examiné la première proposition de M. Anspach.
Celle-ci n'a échoué qu'à cause du mauvais vouloir
évident du gouvernement et parce qu'il fallait, d'après
lui, attendre le rapport relatif la nouvelle péréquation
cadastrale.
Il y a dans le projet de M. Anspach deux questions qui
peuvent être séparées la péréquation cadastrale est né
cessaire, on le reconnaît mais c'est un travail long,
difficile, exigeant trois ou quatre ans au moins. On ne
peut subordonner sa confection la réduction de l'impôt
foncier absolument urgente Si la Chambre décidait, la
suite de M. le ministre des finances, qu'il faut laisser ré
soudre celte question par les Chambres futures, ce serait
le renvoi aux calendes grecques Or, depuis dix ans,
l'agriculture subit une crise intense, et elle est, cette an
née, victime de calamités.
Je propose donc la disjonction de la proposition et un
prompt rapport de la commission sur la question de l'im
pôt foncier. C'est pour hâter ce moment que j'ai proposé
par amendement un crédit de dix millions. On trouvera
des ressources soit dans un impôt sur les valeurs mobi
lières, soit dans le produit des droits d'entrée que propo
sent MM. Melot et consorts.
Mais en attendant, rien n'empêche pour l'exercice cou
rant de prendre sur le budget la réduction de 30 p. c.
La Belgique est assez riche pour faire ce sacrifice en
faveur de l'agriculture si durement éprouvée. La Cham
bre fera ainsi mieux que de payer les agriculteurs en pa
roles, comme on l'a fait jusqu'ici.